Dernières news
Mezri Haddad écrit une lettre ouverte à Leila Ben Ali

{legende_image}
L’écrivain et ancien ambassadeur de Tunisie auprès de l’Unesco, vient de publier une lettre ouverte à Leïla Ben Ali au lendemain de la parution de son ouvrage « Ma vérité ».
Ci-après la lettre en intégralité :
« Je viens de finir la lecture de votre livre et avant de me le procurer, je savais bien qu’il ne contiendrait pas des révélations fracassantes. En tout cas, pas pour moi ou pour les initiés. Tout au plus quelques historiettes dont la majorité des Tunisiens raffole, comme d’ailleurs la plupart des peuples. Après tout, les Tunisiens ont bien apprécié le témoignage hautement historique de votre ex cuisinier et ils ont été impressionnés par ses analyses magistralement politiques.
Que vous cherchiez à vous défendre et à laver « l’honneur » de votre famille, cela se comprend fort bien. Vous maintenez ainsi votre rang oligarchique de cheftaine d’une tribu dont vous avez suscité les faits et couvert les méfaits, et dont plusieurs membres sont aujourd’hui en prison, pour certains arbitrairement et pour d’autres justement.
Mais que vous cherchiez, à partir des « lieux saints », à propager des contre-vérités malsaines, cela prouve assurément que vous n’avez pas changé, nonobstant les épreuves subies et la cruauté de l’exil.
Vous écrivez dans votre livre (p. 129) que le dauphin de Ben Ali, celui qui devait lui succéder, est Kamel Morjane, en ajoutant malicieusement que celui-ci « n’a pas trouvé meilleur moyen pour faire oublier son ancien engagement auprès de Ben Ali que de m’accuser personnellement en prétendant que je lorgnais sur la Présidence ».
Réflexe de vierge effarouchée ou ultime manœuvre pour disqualifier l’homme qui devait, en effet, succéder à Ben Ali si vous n’aviez pas déployé tout votre talent de manipulatrice manipulée par Abdelwahab Abdallah, pour annihiler ce projet salutaire de mettre à la tête de la Tunisie un homme aussi compétent, aussi intègre et aussi patriote que Kamel Morjane.
Comme Wassila Ben Ammar à une certaine époque et Saïda Sassi les trois dernières années du règne sénescent et gérontocratique de Bourguiba, vous avez joué auprès de votre époux un rôle extrêmement nuisible et destructeur. Par ignorance, par envie maladive et, surtout, par ambition.
Oui Madame, vous avez fait le même rêve qu’Eva Peron après avoir développé les mêmes vices qu’Imelda Marcos. Vous avez d’abord pensé à Hédi Jilani, puis à l’islamiste light Sakhr El-Matéri, avant de vous dire pourquoi pas moi ? Vos courtisans, notamment Abdelwahab Abdallah, et même certains stratèges américains, vous ont persuadé que votre accession au pouvoir suprême est possible, voire même souhaitable. Première femme à devenir présidente d’un Etat musulman, cela passerait comme une lettre à la poste. Comme je l’avais démontré dans mon dernier livre, le véritable complot contre la Tunisie était la succession de l’épouse à l’époux.
Vous savez très bien que, contrairement à Bourguiba qui a su se séparer de son épouse par Raison d’Etat, Ben Ali a été sous votre emprise jusqu’à la dernière minute de son règne. Si tel n’était pas le cas, il aurait fait ce que je lui avais conseillé de faire le 10 janvier 2011 : ordonner l’arrestation de Belhassen et Imed Trabelsi. Je n’ai pas eu le courage de lui demander qu’il divorce comme son illustre prédécesseur.
Je n’ai pas besoin d’être aussi proche d’Allah que vous de là où vous êtes pour compatir au sort de votre famille en Tunisie. Dans une démocratie digne de ce nom, ils ont droit à une justice souveraine et équitable. Dans un Etat présidé par un aussi vaillant « militant » des droits de l’homme, le traitement humiliant et dégradant réservé aux membres de votre famille est une honte, une faute morale impardonnable. J’abhorre la haine et j’exècre la vengeance.
Mais ne cherchez pas à vous dédouaner du mal que vous avez fait à ce pays et du préjudice énorme que vous avez porté à votre mari. Profitez bien de cette proximité divine pour purifier votre âme. Je ne vous jette ni la première ni la dernière pierre, mais je vous dis qu’on ne peut pas être et avoir été. »
Mezri HADDAD, ancien Ambassadeur de la Tunisie auprès de l’UNESCO.
sur le fil
Commentaires