Une lettre a été remise hier, vendredi 2 octobre 2020, par des membres de l’Assemblée constituante au président de l’ARP, Rached Ghannouchi, dans laquelle ils contestent la publication du rapport des délibérations de l’ANC avec une préface qu’il a lui-même signée.

Les constituants ont estimé que Rached Ghannouchi n’a ni la légitimité historique ni morale de préfacer le recueil des interventions et des travaux de l’ANC.

Voici le texte de la lettre, publiée par l’ancienne constituante, Nadia Chaâbane :

« Nous, constituants signataires de cette lettre, venons de prendre connaissance de la publication des séances plénières de l’ANC en trois volumes dans lesquels sont consignés les débats et délibérations de l’Assemblée nationale constituante, de 2012 à 2014.

Ce document est non seulement précieux pour les chercheurs et les historiens mais il est incontournable pour les magistrats de la cour constitutionnelle qui auront à interpréter la loi fondamentale. Ce qui est inadmissible, c’est qu’il soit préfacé et signé par vous, Président actuel de l'ARP qui n'avez aucune légitimité historique ni morale pour le faire.

Que vous soyez à la tête de l’ARP ne vous autorise pas à vous arroger le droit de préfacer une œuvre à laquelle vous n’avez nullement participé, c’est un acte grave et un détournement de l’histoire à votre profit. C’est une usurpation du statut du président de l’ANC et une confiscation de l’histoire et de la mémoire du peuple tunisien. Nous contestons cette décision unilatérale et abusive et nous la condamnons. Seul le président de l’ANC a la légitimité de préfacer cette publication.

Cette histoire ne vous appartient pas, elle a été écrite au prix de beaucoup de sacrifices et de martyrs dont feu Mohamed Brahmi notre collègue constituant

Être président de l’ARP ne fait pas de vous quelqu’un au-dessus de tout et ne vous dispense pas du respect de la mémoire collective, des convenances et des hommes et femmes qui ont été les véritables acteurs et qui ont participé à l’élaboration et la rédaction de cette constitution.

Nous, constituants, partie prenante de cette page de l’histoire de notre pays, refusons cette usurpation et demandons le retrait de cette préface de l’ensemble des exemplaires qui ont fait l’objet de ce tirage ».

M.B.Z