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Chroniques
12 enfants dans des boites
Par Synda Tajine
12/03/2019 | 15:59
4 min
12 enfants dans des boites

 

La ville de Bruxelles a décidé de planter un arbre, quelque part dans le monde, pour chaque nouveau-né sur son territoire. Ainsi, les parents de chaque bébé né à Bruxelles recevront avec l’acte de naissance de leur enfant, une carte d’identité de son arbre. Une jolie manière de suivre l’évolution d’un arbre en même temps que celle de son enfant et de le sensibiliser en même temps aux problématiques environnementales.

En Tunisie, 12 familles ont reçu - ou recevront - 12 boites en carton contenant le cadavre de leur nouveau-né mort, sans même savoir pourquoi. Là où la dignité humaine n’est pas très précieuse, on attache peu d’intérêt à la symbolique et aux convenances.

Mais donner la chair de sa chair, un bébé attendu par les parents depuis au moins plusieurs mois, dans une vulgaire boite en carton qui aurait servi à transporter des marchandises ne devrait pas vous choquer. Non, car il s’agit même d’une « pratique courante », à entendre la directrice générale de la Santé. Une pratique qui est loin d’être récente. Il paraitrait que, selon des études psychologiques, il serait moins traumatisant pour un parent de recevoir son enfant dans une petite boite. Qu’ainsi, les parents ne seraient pas en contact direct avec le corps et que l’impact du retour à la maison avec son enfant mort serait moindre.

 

Cette pratique n’est certes pas propre à la Tunisie. Dans d’autres pays, dans les campements de réfugiés ou en zone de guerre, on rend les nouveau-nés morts à leurs parents dans des cartons. Famine, malaria, accouchement difficile ou enfant prématuré, parfois les conditions sanitaires dans certains campements ne permettent pas de porter secours à ces enfants. Parfois, les familles sont dans l’incapacité de récupérer leurs enfants tout de suite et on est obligés de les leur déposer dans des boites en attendant que le parent soit en mesure de venir le récupérer. Parfois, la mère vient accoucher seule, ou a d’autres enfants sur les bras, et ne peut transporter par elle-même un bébé enveloppé dans un drap.

Qu’on remette des corps d’enfants dans des cartons pourrait peut-être (et encore) s’expliquer dans un campement de fortune, dans des pays aux conditions difficiles mais pas en Tunisie. Pays des droits de l’homme, des libertés individuelles, de la meilleure constitution au monde, de la révolution étincelle du printemps arabe, du Prix Nobel de la paix…

Dire que l’Etat tue ses enfants et les livre dans des boites est tout sauf du vulgaire populisme. Le drame des nouveau-nés, s’il est affreusement choquant, n’est certes ni imprévisible ni isolé. Dans ces hôpitaux où on vous traite comme du bétail, où les malades sont entassés, humiliés et agressés sans conditions minimales d’hygiène et de sécurité. Dans ces hôpitaux où les médecins sont dépassés, travaillent en risquant leur sécurité et sont obligés de gérer des cas pas possibles dans des conditions plus que précaires, comment s’étonner que la bombe finisse par exploser ?

 

12 nouveau-nés sont morts cette semaine. Il y a quelques semaines un enfant ayant subi une opération à cœur ouvert a été transporté sur les bras dans les escaliers de l’hôpital étant donné que l’ascenseur était en panne. Il y a quelques mois, des centaines de personnes ont fait face à une pénurie de médicaments sans précédent. Il y a quelques années, des malades ont reçu des stents périmés. Ce ne sont que des histoires parmi d’autres, tout sauf des cas isolés.

Les médecins les plus téméraires, les plus engagés, ceux qui n’ont pas peur de bousiller leurs cordes vocales et de perdre la raison, sont las de hurler. Ils finissent, un à un, par laisser tomber, par lâcher prise et par abandonner car la gangrène est trop avancée, car les problèmes les dépassent et qu’ils ne peuvent désormais plus rien faire. « Nous finirons par nous essouffler si personne ne prend le relai », lâche l’un d’eux aujourd’hui, dépité.

Cela fait en effet des années que les médecins dénoncent l’état catastrophique des établissements de la santé publique, mais qu’aucune mesure suffisamment efficace n’a été prise pour y remédier. Des histoires à vous glacer le sang font désormais partie du folklore. Des histoires à peine croyables ont été partagées en masse aujourd’hui par de jeunes médecins à travers le hashtag #balancetonhopital qui est rapidement devenu viral sur les réseaux.

 

En attendant, le département de la Santé n’arrive à retenir aucun ministre. 12 ministres se sont succédé en l’espace de 8 ans. Des CV divers et variés et des implications tout aussi diverses et variées. Aucun d’eux n’a eu le temps nécessaire de donner un coup de pied dans la fourmilière, mais plusieurs d’entre eux ont eu l’occasion de faire empirer les choses. En attendant, les 12 nouveau-nés ne resteront pas un cas isolé et les petits corps continueront à être remis dans des boites…

Par Synda Tajine
12/03/2019 | 15:59
4 min
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Commentaires (8)

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Microbio
| 13-03-2019 16:06
Véritables tâches des médecins (2. Partie )

Il en va de même pour la coordination des soins aux patients. Une évaluation régulière orientée vers un objectif et des discussions régulières et ouvertes avec les participants soulignent les problèmes. La solution n'est pas laissée au hasard, à l'initiative individuelle ou à la tolérance du patient.
Pour les groupes de patients, les directives sont définies au niveau des preuves et la mise en '?uvre est préparée et mise en '?uvre avec tous les participants.
La hiérarchie des médecins devrait être définie de manière fonctionnelle, en tenant compte du fait que la compétence sociale est plus importante pour le gestionnaire que pour le médecin. Il faut veiller à ce que les conditions de travail soient humaines 24 heures sur 24.
Les décisions médicales devraient être aussi libres que possible de la "circonstance" selon laquelle le patient est traité en ambulatoire ou en hospitalisation. Cette question dépend de la gravité de la maladie, du caractère invasif de la procédure, de l'état du patient et de facteurs sociaux. Les soins de longue durée sans problèmes médicaux particuliers devraient conduire à un renforcement des soins dans un réseau de santé et non à une médecine plus intensive.
Une rémunération complexe peut consister en un salaire de base et standard pour le niveau médical et le niveau médical spécialisé, complété par des majorations de succès convenues et une sorte de redevances.
Dans l'état actuel des différents domaines de la pratique médicale et de l'hôpital, il existe des problèmes d'interface:
- médicalement selon des normes différentes;
- financièrement par différents payeurs avec des "transactions à la charge de tiers" et
- problèmes de communication, transmission d'informations ou manque de compréhension mutuelle.
Les problèmes médicaux peuvent être réduits grâce à des lignes directrices élaborées conjointement et à leur évaluation, y compris des perturbations de la communication par le biais de contacts réguliers entre les hiérarchies. Les problèmes financiers doivent être résolus à un niveau différent.
De plus, il doit y avoir une communication régulière et une procédure équitable pour traiter les conflits. La motivation première du niveau de gestion doit coïncider avec celle du niveau de performance. Cela favorise la confiance mutuelle et donc la qualité et l'efficacité.

Médecin specialiste pratiquant en Allémagne

Microbio
| 13-03-2019 16:05
Véritables tâches des médecins (1. Partie )
Les devoirs du médecin sont les mêmes partout: il doit reconnaître et guérir les maladies, soulager l'inconfort et prolonger la vie. Il est seul responsable de sa conscience et soumis aux règles de l'art médical. Cette fonction est indépendante de la localisation de son activité, que ce soit à l'hôpital, dans la pratique ou dans un réseau de soins de santé.
Le médecin joue un rôle clé dans les soins de santé. La prise en charge des personnes malades est une activité complexe et responsable, qui est donc soumise à des règles spéciales et à une obligation particulière. Les associations médicales doivent veiller au nom de l'Etat à ce que les médecins fassent leur travail correctement. La responsabilité sociale de la profession médicale est grande.
Le docteur a le pouvoir. Il définit ce qui est encore en bonne santé ou déjà malade. Il définit le contenu du médicament à ses patients et organise les services nécessaires au traitement. La science médicale est à la base de ce principe. Dans le cas idéal, elle donne des résultats objectifs et des instructions qui sont confirmées dans la pratique. Avec ce pouvoir de définition et de délégation, le médecin est le facteur central de la qualité du service fourni et des coûts.
Comment se fait la "bonne médecine"? - Premièrement, grâce aux connaissances acquises par le biais d'études, du perfectionnement et de la formation, de contacts ciblés avec d'autres médecins et de lectures ou de recherches ciblées.
Deuxièmement, grâce aux compétences résultant des études, de la formation, des professeurs de médecine et de la pratique professionnelle et, troisièmement, de l'expérience - résultant de la pratique professionnelle, de la personnalité du médecin et, en particulier, de sa capacité d'écoute et d'apprentissage. Une certaine humilité est plus importante que l'arrogance.
Troisièmement, le médecin a besoin de temps pour le patient. Les fréquences d'horloge par défaut pour l'utilisation des salles d'opération ou des salles d'examen sont éthiquement discutables ou, au mieux, appropriées comme référence.
Quatrièmement, le médecin a besoin d'être informé de ses résultats et de la satisfaction de ses patients. Le médecin veut non seulement faire quelque chose de bien, mais aussi réussir. L'entreprise médicale actuelle ne favorise que l'actionisme jusqu´á la perte de la conscience. Cinquièmement: il a droit à un paiement équitable. Sans cela, il se rendra compte du manque de respect pour ses performances et ajustera ses performances à son salaire.
Sixièmement: le médecin a besoin de liberté, il doit avoir la possibilité de s'exprimer pour pouvoir adapter ou améliorer ses conditions de travail, il a besoin de sécurité et il doit avoir une perspective de carrière.
Idéalement, la médecine ressemble à ceci: Les objectifs du patient et les modes de traitement sont discutés et définis avant le traitement. Les facteurs médicaux, sociaux et économiques pertinents sont continuellement évalués et comparés aux résultats du traitement. Les données commerciales et médicales servent ainsi à obtenir des informations sur la qualité et les efforts du traitement. Grâce à ce "contrôle médical", un retour d'information est rendu possible, ce qui permet une adaptation et une optimisation systématiques du comportement médical.

DHEJ
| 13-03-2019 13:26
Est-ce l'erreur des médecins qui veulent MANAGER l'hôpital chassant les ING'?NIEURS?

L'hôpital n'est pas à la portée des médecins alors un peu de modestie et laisser les ING'?NIEURS faire tourner l'hôpital!

observator
| 13-03-2019 09:00
La base de tous nos drames est la corruption
qui sevit dans le pays.

Nour
| 12-03-2019 22:12
Nous sommes en 2019, à 30 mn d'avion de l'europe ! Comment des scènes aussi scandaleuses dignes d'un pays du tiers monde existent !
Tout est sale, corrompu, que des voleurs, menteurs, fainéants dans de pays.
Toutes ces images de bébés dans des cartons font le tour du monde ainsi que celles montrant l'etat des hôpitaux.
Avez vous adressé un courrier avec des photos à tous les pays qui envoient par millions de l'argent ?
Avez vous préparé un dossier avec les faits relatés par les medecins, les photos tragiques des hôpitaux au 1er ministre et au président ? Quelle honte de gouverner un pays et d'assister à cela.
Vraiment, je suis très choquée et très en colère de voir cette situation.
Quand la Tunisie va se décider à faire des campagnes de propreté à la télévision ? Il faut éduquer, apprendre aux gens les règles de base pour éviter toutes ces maladies qui engendrent des décès.

Ali la pointe
| 12-03-2019 19:50
Cette affaire de cartons s'était déjà posée avec le mort né de Sousse et la résidente arrêtée . Apparemment la leçon n'a pas été retenue. C'est l'Etat depuis Ben Ali qui torpille l'hôpital public en tolérant un fleuve de malversations et de magouilles et en diluant les responsabilités, dans les commissions et les procédures. Quoi de plus normal qu'aujourd'hui, au nom des impératifs budgétaires et des équilibres financiers, il coule?

Microbio
| 12-03-2019 18:18
La vérité sur la cause de la mort des nouveau-nés est déjà MORTE et bien ENTEREE.

Très vite, les nouveau-nés ont été livrés, à leurs parents (dans des cartons !) et ont malheureusement été enterrés beaucoup trop vite,
j'en ai bien peur!
La seule preuve - ARGUMENT JURIDIQUE ET SCIENTIFIQUE - a été rapidement mise sous la terre: Selon les informations dont je dispose, aucune hémoculture n'a été pratiquée par les nouveau-nés pendant les septicemies!.
Donc, sans l´ isolement de bactéries dans le sang des patients, on ne peurra condamner personne et surtout pas légalement .
Maintenant, le public et la presse naïve sont nourris et constamment envoyés sur les scènes secondaires et à des commissions!
Je n'ai pas entendu parler du manque de culture de sang qui devrait être fait en URGENCE pendant la maladie des patients!
Ces investigations visant à identifier des Bacteries nosocomiales, à proximité des patients à l'hôpital sans connaître les résultats microbiologiques des hémocultures ou des sécrétions des voies respiratoires supérieures, c´est prendre toute la poupulation pour des con..
Il faut savoir que les germes environnementaux - ou les bactéries et champignons nosocomiaux - sont TOUJOURS partout, sur les tables les portables, les stetoscopes.. dans un hôpital facilement détectables.
Tout ne va, sûrement pas, servir la vérité, mais "pour ne pas admettre des fautes professionnelles!" : Les examens microbiologiques nécessaires n'ont pas été effectués et donc on a uniquement qu´une suspicion de diagnostic et pas d'antibiothérapie adéquate pour le traitement des Patients!

Au tribunal, on dois prouver que la bactérie présente dans le sang des patients et isolée au laboratoire est IDENTIQUE avec la bactérie isolée dans la zone hospitalière: Morphologiquement, sérologiquement, biochimiquement et même génétiquement.
Cette commission coûtera de l'argent mais en aucun cas elle va présenter une réponse satisfaisante pour les parents concernés et le public tunisien!

Spécialiste en microbiologie, virologie et infectiologie
Resident et encore pratiquant en Allemagne depuis 36 ans.

mansour
| 12-03-2019 18:18
dans 12 boites-rouges-sang-empoisonnés