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Youssef Chahed, ballon d'essai ou véritable candidat ?
02/08/2016 | 16:17
7 min
Youssef Chahed, ballon d'essai ou véritable candidat ?

Fuité par Carthage, son nom a circulé comme une trainée de poudre ce lundi 1er août en fin d’après-midi. Bien qu’aucune source autorisée n’ait officiellement dit que Youssef Chahed est le nouveau chef du gouvernement, les hommes politiques ont rebondi immédiatement sur cette fuite médiatique pour approuver, désapprouver ou critiquer. Qu’en est-il réellement ?

 

Le Tunisien veut tout et son contraire. Cette vérité de La Palice s’est vérifiée encore une fois après la vraie fausse annonce de la nomination de Youssef Chahed en qualité de chef du gouvernement. Les mêmes qui évoquaient régulièrement les quadras Matteo Renzi et Justin Trudeau, pour dire que la Tunisie de l’après-révolution mérite un jeune chef de gouvernement, étaient au premier rang ce lundi 1er août pour dénoncer la nomination d’un inexpérimenté à la tête du gouvernement d’un pays en crise.

Les mêmes qui ne trouvaient aucun problème à ce que Rafik Abdessalem, gendre direct de Rached Ghannouchi, soit ministre des Affaires étrangères au gouvernement de la troïka 1, criaient au scandale que Youssef Chahed soit membre de la famille (lointaine et par alliance) de Béji Caïd Essebsi.

Et les mêmes qui exigeaient que le nouveau chef du gouvernement soit issu de Nidaa Tounes étaient remontés que l’on choisisse une personne ayant rejoint le parti sur le tard. En attendant que l’on trouve un remède définitif à notre schizophrénie, de plus en plus aigüe, qu’en est-il réellement de cette nomination qui pourrait n’être qu’un ballon d’essai ? Une tactique du président de la République pour évaluer les réactions et pousser les critiques à leurs derniers retranchements avant de leur présenter un candidat qui les confond dans leurs contradictions et leur retire toute objection. La formule a déjà été essayée par le passé, et avec succès, avec la nomination des deux derniers titulaires du poste, Habib Essid et Mehdi Jomâa.

 

Pour le moment, on n’en est pas là. Au vu des critiques ciblant le candidat, il n’y a pas vraiment de quoi fouetter un chat. Rien de sérieux en somme et beaucoup d’intox.

La critique principale concerne le lien de parenté supposé de Youssef Chahed avec Béji Caïd Essebsi. A propos de ce point, c’est le directeur de la communication de la présidence, Moez Sinaoui, qui donne la précision à Business News : « Le gendre du président est le frère de l’épouse de l’oncle de Youssef Chahed », nous dit-il. Que chacun essaie de trouver dans sa propre famille ce lien de parenté pour évaluer le degré de proximité...

L’autre argument est le fait que Youssef Chahed ait rejoint Nidaa sur le tard. Ce qui est vrai, mais ce n’est pas si tard que cela puisque l’intéressé a participé à toute la campagne de Nidaa Tounes et de la présidentielle. Auparavant, il était en effet à l’un de ces micro-partis nés comme des champignons après la révolution, « la voix du centre », avant de passer ensuite à Al Joumhouri. Après les différends assez sérieux entre les dirigeants d’un côté et la famille Chebbi de l’autre, Youssef Chahed a fini par rejoindre Nidaa, à l’instar de Said Aïdi et Selim Azzabi.

Dans la foulée, on évoque l’échec de sa médiation et sa feuille de route pour la résolution du conflit interne de Nidaa Tounes. Il avait déjà été mandaté par le président de la République pour constituer une commission (commission des 13) et régler les problèmes internes de Nidaa Tounes. C’était juste avant le congrès de Sousse. Un échec qui est enregistré pour Youssef Chahed mais les connaisseurs et les observateurs avérés savent qu’il n’a aucune responsabilité dans la bataille rangée qui fait rage au sein du parti.

Le dernier point relatif à l’expérience est de mauvaise foi puisque la scène tunisienne, et en raison de l’historique du pays, n’a pas vraiment de jeunes hommes politiques à la fois expérimentés et n’appartenant pas à l’ancien régime.

Une chose est sûre, c’est qu’il y a de l’ambiance depuis 24 heures sur la scène politique, aussi bien du côté du pouvoir que de l’opposition. 

 

Il y a ceux qui, comme de coutume et pour ne pas changer, en profitent pour descendre la présidence en transmettant les fausses informations. Ainsi donc, le cas d’Irada, d’Attayar et d’un bon pan d’islamistes radicaux, qui crient sur tous les toits que Youssef Chahed est le gendre du président. Les démentis successifs n’ont naturellement aucun remède pour des gens dont la mauvaise foi et l’absence totale de crédibilité n’est plus à démontrer.

Il y a par ailleurs ceux qui disent une chose aujourd’hui et son contraire le lendemain. C’est le cas de l’UPL étonné lundi de cette désignation et approbateur mardi.

Du côté des gens sensés, on relève la question de l’expérience et la nécessité que le président de la République élargisse ses consultations avec les partis prenant part au gouvernement d’union nationale à cette question de l’identité du chef du gouvernement. Entendez par là, nous avons notre candidat qui est meilleur et plus expérimenté que celui du président. A la tête des propositions intéressantes de noms supposés être expérimentés, on peut citer pêle-mêle, Ahmed Néjib Chebbi, Yassine Brahim, etc.

Pour ce qui est des cadres de Nidaa, on réfute ce parachutage (présenté mezza voce comme familial) et on insiste à ce que l’on mette Néji Jelloul ou, à la limite, Khemais Jhinaoui.

 

Depuis la médiatisation de l’information, ou du ballon d’essai, Béji Caïd Essebsi observe l’effervescence de la scène politique tunisienne avec intérêt. Faut-il en rire ou en pleurer ?  

Avant d’en arriver là, le président de la République a eu une longue série de consultations avec les partis, d’abord, mais aussi avec des personnalités politiques et des leaders d’opinion parmi les hommes et femmes de médias. Ces consultations ont duré de longues heures, parfois épuisantes, et ont permis à Béji Caïd Essebsi de confirmer son idée sur cette Vérité de La Palice : non seulement le Tunisien veut tout et son contraire, mais il lui arrive aussi de dire tout et son contraire. Ainsi donc, parmi les hommes de médias présents à l’un des trois petits déjeuners offerts par le président, nous avons eu à constater que certains figurant parmi les virulents critiques du président et les donneurs de leçons chevronnés, se montrer soudain dociles face à lui. Tellement dociles qu’on lui a carrément dit : « nous sommes tes enfants ! », alors que publiquement ils ne cessaient de lui donner des leçons et de dénigrer sa politique. L’inverse est toute aussi vrai, les hommes de médias parmi ceux catalogués être proches de BCE se sont soudain montrés critiques face à lui.

C’est la même chose du côté des partis politiques, ils se taisent devant le président de la République, mais deviennent violemment critiques devant l’opinion publique.

 

La nouvelle étape pour Béji Caïd Essebsi est de lancer le pavé dans la mare ce lundi avec le nom de Youssef Chahed. Tout dépendra du degré d’acceptation ou pas de l’idée. La règle première établie pour cette nomination est que le candidat soit accepté par tous. Ou, du moins, qu’il ne soit pas rejeté. C’est ce qu’il a en tout cas dit et répété lors du petit-déjeuner organisé avec les hommes de médias. 

Après avoir bien analysé ce brainstorming, observé les hypocrisies des uns et les contradictions des autres, Béji Caïd Essebsi va prendre sa décision. S’il n’est pas fortement critiqué, Youssef Chahed passera.  

Autrement, il va proposer le nom caché dans son chapeau, depuis des mois avant même l’entame du processus d’éjection de Habib Essid. Il aura pris soin, au préalable de pousser tout le monde à sa propre contradiction afin que le nom-mystère fasse l’objet de consensus ou, au pire des cas, ne fasse l’objet d’aucun rejet.

A l’heure de la rédaction de ces lignes, et au vu des informations en notre possession et des différentes réactions des principales forces pesant sur la scène (Nidaa, Ennahdha, Afek, UGTT et Utica), le nom de Youssef Chahed n’a vraisemblablement rien d’un ballon d’essai. Ce sera lui le nom qui devrait être dévoilé mercredi 3 août 2016 coïncidant avec le 113ème anniversaire du leader suprême Habib Bourguiba.

 

Raouf Ben Hédi

02/08/2016 | 16:17
7 min
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Commentaires (17)

Commenter

Maryem
| 03-08-2016 11:48
La premiere preoccupation des citoyens Tunisiens c est de degager ce vieux loups edentes de Carthage,il nous a bien
trompes pour ne pas dire escrocques.Ni le sort des chomeurs,ni l etat de notre economie,ni la situation sociale des travailleurs ne le preoccupe,tout ce qu il veut c est nous imposer ses proches pour se saisir du pouvoir avec
et le partager avec Ennahdha de Ghannouchi......le pays court de grands risques.

Angel
| 03-08-2016 11:12
A propos de Youssef Chahed prochain premier ministre on a vanté surtout le choix de la jeunesse mais....
Ce "jeune" qui a grandi dans un milieu politisé et aisé
- a-t-il jamais parcouru la Tunisie profonde?
- Connait-t-il le sud, ses clans, sa contrebande, son noyautage par et pour Daech?
- Comment va-t-il empècher la partition du pays?
- est-il au courant de la pauvreté?
- A-t-il vu la mauvaise prise en charge scolaire?
- connait-il l'état de santé des citoyens?
- connait-il la corruption qui est le "seul" moyen d'avancer pour certains?
- voit-il la saleté du pays?
- va-t-il interdire le nikab?
- comment compte t-il réorienter les mentalités tordues?
- compte-t-il rendre un cerveau sain au citoyen?
- défendra-t-il réellement les acquis de la femme?
- représente-t-il un leader pour la Tunisie?
et surtout....
- Fait-il bien ses 5 prières quotidiennes pour plaire à ghanouchi????

Montygolikely
| 03-08-2016 09:07
Au poste de Premier Ministre qui va nommer la progéniture la plus proche à un poste gouvernemental, c-est à dire le fils de qui nous savons à la tête d'un ministère régalien (Intérieur, Défense, Affaires Etrangères, etc.)...
Si c'est ce scénario à "la Ben Ali" qui est en train de se dessiner, tout pète à la rentrée...

DHEJ
| 03-08-2016 09:00
Yousso CHAHED n'ayant pas obtenu le renouvellement de la confiance par l 'ARP est réputé DÉMISSIONNAIRE par conséquence il ne peut être charé pour former un nouveau gouvernement et c'est la constitution qui le dit!


Yousso CHAHED doit sortir pour démentir et refuser le poste!


Une prise de position qui donne du sens à notre pays s'il est un État de Droit


Un État méprisé par le Clown de Carthage.


Salsa il KLIBI doit lui donner conseil après compréhension!

Nephentes
| 03-08-2016 08:15
Nommer ce blanc-bec sans véritable expérience de gouvernance à l'échelle nationale est une insulte à ce pays et à son histoire.

Cela démontre une fois de plus à quel point Si Habib Essid n'en déplaise à ses détracteurs inconséquents, un homme précieux.

Un Serviteur de la Tunisie de l'ancienne école, un vrai Patriote connaisseur des rouages de l'État qui petit à petit commençait à redresser ce pays.

Il faut se débarrasser de la clique BCE ; trop c'est trop.

Canalou
| 03-08-2016 07:04
Bce n a pas cherche beaucoup et s est servi dans son entourage proche .est ce que c est innocent de la part d un baron de la politique ? je crois plutot que nous somme naifs et que le scenario de nidaa revient en plus grand et que c ressemble a la guerre des milices sans armes mais avec des tactiques de renards wahabos turcs

Mounir
| 02-08-2016 23:42
Le jour ou les lobbies ont voulu faire main mise sur le monde, ils ont mis à la tête des états unis un imbécile facilement manipulable, maniables, malléable, bref le parfait petit idiot de service qui content d'être à son poste irait jusqu'à se vendre lui même!
C'est ce que me rappelle ce jeune youseef chahed!
Le vieux Beji a trouvé le parfait dindon de la farce!

JAGHMOUN
| 02-08-2016 19:48
sauf que l'homme a un bemol le coup de
grace au maire de rades pour absence
aux obseques d'un citoyen.
manque des reformes des collectivités
locales,peu de presidents provisoires
des municipalités ecartés pour abus.
absence de controles et d'inspections
des wilayas,delegations et mairies,juste
a son nez,la capitale tunis est une
tragedie de saleté,insalubrité,desordre
laxisme,delinquance,etalages anarchiques
on vend meme du hindi a l'avenue bourguiba,ivresse,ordures,ruines,
le maire de tunis dort intouchable et
le wali de tunis parachuté d'un cabinet
d'avocat douteux ne peut rien car il ne
connait rien du systeme et du job.
chahed n'a rien fait pour une petite
tache,serait il capable de gerer un
pays agonisant,menacé de tout part
chomage,vie chere,terrorisme,corruption
bandetisme,absenteisme,archaisme,fuite
des capitaux,endettement atroce,impayés
trafics illegaux des marchandises,
ordures,poubelles,pollutions,sous
developpement,precarité,constructions
anarchiques et frauduleuses,mairies
dirigées par des incompetents vereux.
walis et delegués a bras croisés.
800 000 fonctionnaires avec 5% qui
bossent et ont une rentabilité,le reste
touche l'argent de l'etat en ne bougeant
pas de chez lui ou dans son epicerie de
secours.
des caisses vides cnam,cnss,cnrps,
caisse des credits aux collectivités
deficitaire de 850 milliards partis
dans les draps de ben ali,les faux
avenues de l'environnement,le fest et
fast du 7 novembre et surtout dans les
poches des maires kawadas courtisans
dont plusieurs sont encore en poste.

Lynx
| 02-08-2016 19:37
Le 30/7, j'avais déjà écrit que cette nomination était acquise (BCE à l'école de Bourguiba) . Les communiqués des partis après le vote de l'ARP, pour des concertations approfondies pour un gouvernement d'union nationale ne sont qu'un leurre pour camoufler le jeu pernicieux de BCE. Sa décision était déjà prise et les citoyens continueront à croire qu'on fait tout pour leur bien.
Dieu seul sait ce qui nous attend encore. On va tout droit vers une faillite des institutions. Et on regardera passivement le partage du gâteau par des partis affamés. Des vautours et des charognes.

marin aux ailes de vent
| 02-08-2016 18:48
A-t-il la capacité de gerer les crises? Est-il en mesure de dire non aux partis? A-t-il une vision et un charisme capables de federer?ira-t-il jusqu'au bout dans la lutte contre la corruption et contre le blanchiment? Pourra-t-il faire ameliorer le quotidien du tunisien et permettre a la classe moyenne de redevenir le moteur de l'economie? C est ce que les tunisiens attendent d'un premier ministre quelqu'il soit.