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SUR LE FIL
Une révision budgétaire est inévitable
Par Houcine Ben Achour
11/03/2022 | 11:30
3 min
Une révision budgétaire est inévitable

 

Ceux qui soutiennent que le gouvernement n’est pas arrivé à boucler le budget 2021, mettant implicitement en doute sa capacité à tenir ses objectifs budgétaires pour l’année 2022, auraient-ils tort de l’affirmer, aujourd’hui encore ? Dès lors que le ministère des Finances demeure muet sur le sujet, cela suggère confirmation. Les résultats provisoires d’exécution du budget pour l’année 2021 auraient dû être publiés à la fin du mois de janvier 2022. Ils ne le sont pas encore. Quelles en sont les raisons ? La pandémie ne peut constituer l’unique motif d’un retard de près d’un mois et demi. Depuis quelques temps, le ministère a pris ses aises par rapport aux exigences qu’impose la Norme spéciale de diffusion des données (NSDD), un standard international adopté par la Tunisie depuis 2001, facilitant l’analyse comparative des données de finances publiques au niveau international. L’une de ses exigences concerne l’établissement d’un calendrier précis de diffusion des données statistiques des finances publiques. Exemple : Les résultats d’exécution du budget de l’Etat durant le mois de janvier de cette année aurait du paraître à la fin de février 2022. On les attend toujours. Il en est de même des données sur la dette publique. Les statistiques d’endettement public s’arrêtent au premier semestre 2021. On attend toujours celles du 3e trimestre 2021 qui auraient dû être publiées depuis novembre 2021. Il est normal que l’accumulation de ces retards instille le doute.

 

Pourtant, les indicateurs de recettes et de dépenses du budget de l’Etat durant les 11 mois 2021 reflètent quelques signaux positifs par rapport aux données budgétaires inscrites dans la loi de finances complémentaires 2022. Le déficit budgétaire serait de l’ordre de 6,1 milliards de dinars durant les 11 mois 2022 alors que le gouvernement prévoit un solde budgétaire d’environ 10,4 milliards de dinars (8,3% du PIB) sur l’ensemble de l’année 2021.

 

Certes, les recettes fiscales et non fiscales seraient certainement moindres que celles prévues par la loi de finances complémentaire. Cependant, les dépenses le seraient aussi et dans des proportions relativement importante. La grosse économie se situerait au niveau des dépenses d’intervention (Subventions aux produits, aides financières directes, etc.). Elles n’ont nécessité que 6,9 milliards de dinars sur les 11 mois de 2021 pour une estimation de dépense annuelle de près de 13 milliards de dinars. Du coup, ce sont les besoins de financement qui afficheraient un recul par rapport aux prévisions du gouvernement. Fin novembre 2021, ils s’établissaient à 15,2 milliards de dinars contre plus de 21 milliards prévus en année pleine. En fin de compte, c’est l’encours de la dette qui devrait s’inscrire en baisse par rapport aux estimations budgétaires contenues dans la loi de finances complémentaires 2021. Fin novembre 2021, l’encours de la dette ne représentait que 81,6% du PIB alors que l’on attend un ratio de 85,6% à la fin de l’année 2021.

Ce relatif relâchement des tensions budgétaires par rapport au pessimisme ambiant qui a entouré la loi de finances complémentaire 2021 ne semble pas réjouir le gouvernement quand bien même il suggérerait que le bouclage du budget 2021 est quasi-assuré. Et pour cause, tout cela rendrait moins performant les objectifs budgétaires pour l’année en cours fixés par le gouvernement.

 

En tout cas, une révision budgétaire apparait inévitable. Elle l’était déjà, compte tenu de l’évolution de la conjoncture internationale. Le conflit russo-ukrainien va impacter lourdement les finances publiques et extérieures du pays. Avec un cours moyen du baril de pétrole à 150 dollars, une envolée sans précédent des cours des matières premières et particulièrement des céréales, c’est le budget alloué à la subvention qui risque d’exploser. Quoiqu’il en soit, le Tunisien devra y mettre de sa poche plus encore qu’il n’est prévu initialement. 

   

Par Houcine Ben Achour
11/03/2022 | 11:30
3 min
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Commentaires
zozo Zohra
MFI
a posté le 12-03-2022 à 10:34
ARGENTINE. Explosion de colère hier lors d'une grande manifestation devant le Congrès à Buenos Aires contre l'accord conclu avec le FMI pour le refinancement de la dette, synonyme de mesures économiques défavorables aux plus précaires. Un peu partout dans le monde, les plus pauvres vont payer les crises sanitaires, financières et militaires des grandes puissances, qui eux, continuent de s'enrichir...
DHEJ
Révision budgétaire, pas uniquement
a posté le 12-03-2022 à 09:25
Révolution agricole!