Plus de 137 mille élèves ont commencé, aujourd’hui, à passer les épreuves du fameux baccalauréat dans son édition 2023. Malheureusement, ils sont loin d’aborder cette épreuve sous les meilleurs auspices. Du côté du ministère de l’Education, il est clair que tout va bien dans le meilleur des mondes : les épreuves sont assurées au niveau sécuritaire, un effort a été fourni pour tenter de circonscrire la triche aux examens et un accord in extremis a été trouvé avec le syndicat de l’enseignement secondaire. Sur le plan logistique, la machine est rodée depuis des années : l’armée s’occupe d’acheminer et de sécuriser les sujets d’examen, les centres de correction sont connus et tout ce qui concerne les convocations des élèves s’est déroulé sans problèmes.
Toutefois, il faut bien se rendre à l’évidence : il s’agit d‘une génération ravagée et parfois même dégoutée qui se présente aujourd’hui à cette épreuve si hautement symbolique pour les familles et pour la société tunisiennes. Les futurs bacheliers de cette année ont fait les frais de la pire rentrée scolaire qu’a vécue le pays depuis des décennies. Les élèves qui n’ont pas pu commencer les cours le 15 septembre se comptent par centaines de milliers à cause de la grève des enseignants suppléants qui ont refusé de dispenser les cours sans être payés. En termes d’apprentissage et de journées effectives de cours, la Tunisie est en passe de battre tous les records. Selon des chiffres non officiels, l’élève tunisien n’accumulerait, en moyenne, que près de deux mois de cours effectifs sur l’ensemble de l’année scolaire.
On se doit également de rappeler que l’élève tunisien a vécu, cette année, sur le rythme du bras de fer qui s’est installé entre les syndicats de l’éducation et leur ministère de tutelle. Dans une sorte d’innovation concernant les formes de protestation, les syndicats ont choisi la rétention des notes. Cela a eu l’avantage de ne pas perturber les cours et l’apprentissage autant que le ferait une grève classique, mais cela a quand même eu un impact sur les élèves qui ont eu des difficultés à faire le suivi d’une année scolaire qui avait débuté de manière catastrophique. La rétention des notes pendant l’ensemble de l’année scolaire a eu pour effet de perturber le travail normal de l’administration et a participé à déliter, encore plus, l’ambiance de laisser-aller et de chaos dans laquelle baignent les établissements éducatifs, particulièrement les collèges et les lycées. Les témoignages des enseignants sur cette ambiance sont glaçants, entre consommation de drogues et d’alcool de manière tout à fait normalisée jusqu’à la violence la plus abjecte contre le cadre enseignant. Pour exemple, l’élève d’un collège à Kairouan avait pour plan de brûler vifs le directeur du collège ainsi que son surveillant général…
D’un autre côté, n’oublions pas qu’il s’agit de la génération qui a vécu sa scolarité au rythme des grèves et des décisions de Lassad Yakoubi. Pas une seule année scolaire qui ne soit passée dans la tranquillité et la sérénité, pas une seule année scolaire où l’on n’ait pas enregistré de mouvements de protestations sous diverses. La question de la légitimité des revendications n’est pas notre objet, mais il faut admettre que n’importe quel mouvement syndical de protestation a, forcément et inéluctablement, un impact sur la scolarité des enfants. Par ailleurs, c’est aussi la génération qui a vu sa formation académique grandement perturbée par la pandémie de coronavirus et tout ce qui s’en est suivi comme mesures drastiques. Il faut dire qu’à l’époque, l’Etat tunisien suspendait facilement les cours dans le cadre de la phobie du virus.
Au final, il est légitime de s’interroger sur la somme de connaissances acquises par les élèves durant leurs années d’étude pour affronter aujourd’hui cette épreuve du baccalauréat. Avec quel bagage intellectuel envoyons-nous les élèves sur les bancs de la faculté ? Et de là, avec quelles armes partirons-ils à la conquête d’un monde du travail en perpétuel changement ? Ces questions restent entières en Tunisie alors que tous les intervenants dans le secteur de l’éducation constatent avec amertume la chute vertigineuse du niveau des élèves et des étudiants, comme s’il s’agissait d’une chute inéluctable à laquelle on ne pouvait rien. La réussite de l’année scolaire, pour les autorités, se résume au respect d’un certain nombre d’impératifs administratifs comme la date de la rentrée ou celle de la tenue des examens avec des tableaux remplis de notes et de moyennes. On s’extasiera par la suite devant des taux de réussite qui ne veulent plus dire grand-chose en attendant la prochaine fournée d’élèves qui passeront le bac.
Comme la lutte contre la corruption ou pour l’environnement, l’éducation fait partie de ces sujets dont s’occupe de façon saisonnière à l’occasion des examens nationaux. Rares sont ceux qui admettent que tout notre système éducatif est devenu obsolète depuis des décennies et qu’il est rongé par les inégalités et l’injustice. Le président de la République a évoqué un projet de conseil supérieur de l’éducation et de l’enseignement. Non seulement il s’agit d’un conseil purement consultatif, mais en plus il tarde à voir le jour bien qu’il soit une exigence constitutionnelle, selon le souhait du chef de l’Etat. On se targue depuis des années d’avoir comme seule richesse l’élément humain, mais on ne fait rien pour garder cette richesse et la développer. Dans l’éducation comme dans d’autres domaines, nous sommes restés prisonniers des slogans et des beaux discours.
On ne dit pas « on passe un concours « mais on se présente à un concours ; si on le passe tant mieux mais là c'est une histoire de travail et de circonstances favorables.
Pour la suite, le fond c'est un mélange de théories farfelues... Depuis quand Business News est pour la légalisation des stupéfiants ? Donc c'est une accusation fausse.
Pour le reste, quand on a rien à dire, on se met à insulter sans commenter le fond fort à propos de Mr. Achouri: la constatation claire et nette que l'état de l'enseignement en Tunisie est délabré, le niveau des élèvesne cesse de baisser et de pointer que les erreurs sont partagées entre les autorités et le syndicat avec ses grèves à répétition. Le texte est clair et simple à lire mais parcourant votre commentaire, je comprends au contraire que l'enseignement en Tunisie a failli, vous en êtes la preuve.