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Chroniques
Sous l’œil du président
08/04/2018 | 19:00
3 min

Par Sofiene Ben Hamida

 

La réunion tenue samedi à Carthage sous la présidence du chef de l’Etat a été le fait saillant de cette fin de semaine mais a suscité beaucoup d’interrogations. La participation restrictive des trois présidences et des deux organisations nationales aux travaux de cette réunion ne renseigne nullement sur son cadre, ni sur son contenu et encore moins sur ses objectifs et ses conclusions.

 

La présidence de la République, s’étant limitée à la publication d’une photo de la réunion et d’un texte sommaire, a entretenu l’opacité et ouvert la porte aux interprétations multiples et contradictoires autour du cadre, du contenu et de l’efficacité de cette réunion.

 

Concernant les participants à cette réunion, l’absence du chef du parti islamiste a été fortement remarquée. Certains ont vu dans cette absence la confirmation d’une rupture consommée entre la Ennahdha et Nidaa. Cette interprétation se base sur un discours fortement discordant entre les représentants des deux partis au pouvoir depuis le démarrage du processus électoral en vue des élections municipales qui auront lieu le 6 mai prochain. Cette discordance a connu son paroxysme à l’occasion du vote à propos de la prolongation du mandat de l’IVD au sein de l’ARP. Le bloc parlementaire de Nidaa a voté massivement contre la prolongation du mandat de l’IVD et a tenu à sanctionner lourdement sa présidente, alors que le bloc islamiste se sentant floué par son allié au pouvoir a boycotté le vote. Cette interprétation est privilégiée essentiellement par ceux qui, après plus de trois ans, n’arrivent toujours pas à digérer le rapprochement entre le Nidaa et la Ennahdha  et leur alliance stratégique imposée à tous par Béji Caid Essebsi et Rached Ghannouchi.

 

Face à eux, d’autres minimisent l’absence du cheikh en mettant en avant l’absence de tous les représentants des partis politiques signataires du pacte de Carthage, y compris le représentant de Nidaa. Pour eux, la non participation des partis politiques à cette réunion est la preuve que la crise actuelle, même si elle se manifeste sur le plan politique, a un caractère essentiellement économique et social. En plus étant des alliés sûrs et en parfaite symbiose, il n’était pas nécessaire que les deux partis au pouvoir participent à cette réunion, ayant la garantie que c’est le chef de l’Etat lui-même qui allait la présider.

 

Par contre, c’est la qualité des participants aux travaux de cette réunion qui est plus significative. Même si la présence du président de l’ARP est protocolaire, elle est importante pour lui personnellement dans un contexte de grande turbulence au sein du parlement qui érode l’image de l’institution législative et l’autorité de son président. La présence de Mohamed Ennaceur à cette réunion est plus une marque de soutien à sa personne face à ses détracteurs au sein du parlement qu’une présence efficace et efficiente.

 

La présence du chef du gouvernement à cette réunion est, elle aussi, très significative. Après une période de froid entre les locataires de Carthage et de la Kasbah, sur une question de leadership et d’ambitions politiques légitimes, les développements récents ont imposé au jeune chef du gouvernement de revoir sa copie. Sa participation à la réunion du samedi est l’annonce de son retour sous le giron du président de la République et l’acceptation du leadership de son mentor et son maître.

 

Si en plus, cette réunion permettait d’aplanir le différend entre les deux organisations nationales et le gouvernement, qui pourrit le climat politique dans le pays depuis des semaines, le président aurait marqué de nouveaux points et se serait imposé comme l’acteur politique déterminant dans le pays. Par contre, Youssef Chahed, s’il tient à sauver son poste, devrait irrémédiablement accepter son statut de premier ministre et remanier son gouvernement dans le sens et le timing décidés par les signataires du pacte de Carthage ; sous l’œil vigilent du président.

    

   

08/04/2018 | 19:00
3 min
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Commentaires (5)

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DHEJ
| 09-04-2018 17:44
Alors il fallait inviter Si Mohamed GHANNOUCHI


Il est l'expert

Abir
| 09-04-2018 14:08
Un renard qui offre son morceau de fromage à un corbeau,il n'est plus un renard !!!

Imad
| 09-04-2018 09:05
"Toute révolution est commencée par des idéalistes, poursuivie par des démolisseurs et achevée par un tyran."

Louis Latzarus

Jilani
| 09-04-2018 00:32
La Tunisie n'a pas besoin d'un renard pour faire la politique des années 60. Elle a besoin de compétences réelles qui peuvent la sortir de cette crise et la mener vers une vraie démocratie bâtie sur la liberté les droits humains et le savoir. Ceci ne peut pas être réalisé par un renard politique et un gourou mais par des gens sincères qui aiment leur pays. On en a marre de ces histoires de magouilles et de marquage de points. La constitution a bien défini le pouvoir de chacun et il suffit de l'appliquer et la respecter. Les professionnels de la presse ne doivent pas tomber dans les pièges de ces politiciens et leurs tactiques des années 60 de lecture entre les lignes. La liberté de la presse est la et il faut dire la vérité point à la ligne.

Ameur k
| 09-04-2018 00:07
Mais c est la realite ;mr chahed joue le role de premier monistre.
A la limite on s en fout l essentiel etant de sortir le pays du petrin..