
Dans tous les pays du monde, les agriculteurs peuvent passer par des années difficiles où les récoltes sont décevantes. Malgré toutes les mesures qui peuvent être prises pour les protéger, la perte est là. Cela s’applique, évidemment, à l’agriculteur tunisien. Avec quand même une particularité, l’agriculteur perd et se retrouve en situation précaire même quand les récoltes sont bonnes et même quand l’année a été excellente. C’est actuellement le cas pour les professionnels de l’huile d’olive.
Les prix actuel de l’huile d’olive ne permettent pas aux agriculteurs de rentrer dans leurs frais, sans même parler de réaliser des gains ou d’investir dans leurs exploitations. La faute à un dérèglement majeur du marché de l’huile d’olive en Tunisie dont la faute incombe à l’Etat. Le principal exportateur d’huile d’olive, qui absorbe entre 40% et 60% de la production, la valorise et l’emballe, a été placé en détention au tout début de la saison de la récolte.
Par ailleurs, malgré les injonctions présidentielles les réunions interminables et les communiqués pompeux, l’Etat, à travers l’Office national de l’Huile est évidemment incapable d’absorber la production nationale estimée à 340 mille tonnes. De l’autre côté, on parle du « droit » du consommateur tunisien à acheter l’huile d’olive à un prix raisonnable. Contre toute logique commerciale saine, nous manipulons les prix pour fournir les quelque 30 mille tonnes de consommation nationale d’huile d’olive. L’Etat continue ses gesticulations en convoquant des réunions pour inciter les banques à financer l’exportation d’huile d’olive.
Peu importe si les opérations d’exportation faites à la va-vite profitent aux Italiens et aux Espagnols qui mélangent l’huile tunisienne à la leur, emballent le tout et réexportent partout dans le monde. Notre huile d’olive est devenue un fardeau dont on souhaite se débarrasser. Il y a même eu une circulaire de la présidence du gouvernement incitant les amicales de fonctionnaires à acheter l’huile d’olive auprès de l’ONH, c’est dire si les solutions envisagées par le gouvernement sont originales. Pourtant, tous les communiqués parlent d’aider l’agriculteur à assurer la récolte et de son droit à jouir de son travail et autres belles formules. Mais en réalité, il n’en est rien. La récolte n’avance pas et l’agriculteur ne trouve aucun intérêt commercial à dépenser plus d’argent pour ensuite vendre l’huile à perte.
Malheureusement, c’est le traitement que l’on réserve à nos agriculteurs : ils sont délaissés et livrés à eux-mêmes quand ils souffrent de la sécheresse, qu’ils doivent payer des citernes pour arroser leurs arbres, quand les prix des intrants de leur production augmentent, etc. Mais quand le fruit de leur travail est là, malgré toutes les difficultés, on les oblige à le partager, à accepter de travailler à perte et à prendre en considération le « pouvoir d’achat du citoyen ».
Mais tout le monde oublie que l’agriculteur est aussi un citoyen qui a le droit de vivre dignement des fruits du travail pénible et harassant qu’il effectue chaque année. L’agriculteur tunisien a parfaitement le droit d’être ulcéré de voir l’Etat importer de l’étranger des denrées qu’il est parfaitement capable de produire, comme ce fut le cas pour les pommes de terre par exemple. Dans bien des situations, l’Etat a préféré subventionner l’agriculteur étranger, en achetant ses produits en devise, plutôt que d’investir dans les filières nationales. Chez nous, on demande à l’agriculteur de faire du social et de ne pas faire trop de gain, même si les marchés mondiaux le lui permettent. C’est à lui de se soucier du pouvoir d’achat et de la souveraineté alimentaire du pays. Et surtout, il ne doit pas manifester ni exprimer son mécontentement. L’Etat détermine aussi les prix de vente dans certaines autres filières comme celle du lait par exemple, qui est étroitement liée à celle des viandes rouges. On impose à l’éleveur de vendre le lait à perte puisque le prix du litre ne couvre plus les dépenses nécessaires pour entretenir une vache laitière. Conséquence : l’éleveur se trouve obligé, à terme, de vendre son troupeau. Cela se passe depuis des années, au vu et au su de tout le monde, mais pour des raisons politiciennes on ne veut pas augmenter le prix du lait, peu importe si toute la filière s’en trouve détruite.
Par conséquent, l’activité a perdu son attractivité. La moyenne d’âge des agriculteurs en Tunisie est proche des 60 ans puisque les jeunes se détournent d’un domaine contraignant et exigeant dont le résultat est loin d’être garanti. Les années successives de sécheresse, les fluctuations des prix des engrais et des fourrages, le désengagement de l’Etat et le rétrécissement des marges bénéficiaires font que l’agriculture tunisienne est en crise. Les beaux discours et les déclarations d’intention, aussi louables soient elles, n’y changeront rien tant que des mesures drastiques ne seront pas prises. Ces mesures doivent être basées sur le fait que l’agriculture est une activité lucrative censée dégager un bénéfice pour l’agriculteur, et ce faisant, il s’agit d’un secteur qui obéit à une logique commerciale basée sur l’offre et la demande. Les agriculteurs ne sont pas là pour faire du social.
L'ancien ministre de l'agriculture (même s'il était un militaire et que ce mélange des genres est malsain) a été éjecté vite fait. Il était le seul (dans un gouvernement a-politique, oxymore exclusivement tunisien qui nous mène à une situation kafkaéenne ou tout un pays est gouverné sans politiques !), cet ancien ministre était donc le seul à avoir suffisamment de cran pour tenir un discours rationnel et pouvoir commencer à traiter les problèmes d'une manière rationnelle loin des discours pompeux stériles et arachaiques.
Que d'opportunités gachées pour ce pauvre peuple qui a osé dire "digage" à son rais... On lui fera payer cette insolence pendant des générations afin que toute la région ferme à jamais le dossier dignité, liberté et citoyenneté.
Vous évoquez les olives et l'huile d'olive, c'est normal puisque c'est le produit emblématique de la Tunisie.
Mais savez vous qu'on ne trouve aucune bouteille d'huile estampillée "huile de Tunisie"? Alors même que votre huile a remporté nombre de concours?
Où est l'huile tunisienne?
Vous pourriez parler aussi des oranges. Elles sont délicieuses, ces petites oranges à la chair rouge, pleines de jus, avec leur petit gout de framboise. On trouve toutes les origines: France, Portugal, Corse, Italie, Afrique du Sud, Israël... mais Tunisie, rien. Dans un autre article, vous disiez que cette année on ne récolte pas les oranges. C'est une blague?
Pareil pour les pastèques, les grenades.
Que se passe t-il? Vous rendez vous compte de ce que vous perdez?
Y en a marre,Saied dégage.
Un etat communiste qui vit sur le dos des travailleurs jusqu a detruire l appareil de production