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SUR LE FIL
Samir Taïeb et les autres
Achouri Marouen
13/11/2024 | 1
min
Samir Taïeb et les autres
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Le nombre de politiciens qui se trouvent actuellement en prison interroge sur l’intérêt de faire de la politique en Tunisie. Le dernier en date est l’ancien ministre de l’Agriculture, Samir Taïeb. Indépendamment des circonstances de l’affaire dans laquelle il serait impliqué et indépendamment du bilan, positif ou négatif, de son passage à la tête de ce département, il faut bien avouer que c’est son activisme politique qui l’a conduit à ce poste de responsabilité et à tout ce qui en a découlé plus tard.

Compte tenu de toutes les mésaventures liées à la simple pratique de la politique, il y a de quoi en dégouter plus d’un. D’ailleurs, les principales figures politiques qui ont meublé les plateaux et les meetings durant les dernières années sont aux abonnés absents et ont abandonné toute implication dans la chose publique, hormis quelques-uns qui s’aventurent encore à publier des posts sur les réseaux sociaux.

 

Le cas le plus emblématique pour illustrer les dangers de la pratique de la politique en Tunisie est sans doute celui de Ayachi Zammel. L’ancien député fait face à des peines de prison cumulées de près de 35 ans simplement pour avoir tenté sa chance à l’élection présidentielle du 6 octobre 2024. Les accusations sont toujours les mêmes : soupçons de falsification de parrainages. La justice tunisienne s’est mobilisée en un temps record pour instruire des affaires dans plusieurs gouvernorats de Tunisie, à tel point que les avocats de Ayachi Zammel ne savaient plus où donner de la tête. Ils ont parcouru des centaines de kilomètres dans tout le pays en l’absence d’informations basiques reliées parfois à l’endroit où se trouve leur client.

La famille de l’ancien député a également payé le prix de son engagement puisque ses frères ont été interrogés à plusieurs reprises, mais pas seulement. La collaboratrice de Ayachi Zammel et trésorière du mouvement Azimoun dont il est l’instigateur, Siwar Bargaoui, se retrouve également en prison, accusée d’être l’architecte de cette supposée fraude aux parrainages. Il s’agit d’une femme issue du quartier populaire de Sidi Hassine et qui n’a pas encore trente ans. Pourtant, Ayachi Zammel avait entamé sa campagne dans un esprit d’apaisement appelant à « tourner la page, mais sans déchirer le livre ». Cela ne l’a pas sauvé aux yeux du pouvoir. Ayachi Zammel est détenu depuis le 2 septembre 2024.

 

Abir Moussi, présidente du parti destourien libre, est aussi un exemple du danger de la pratique politique dans notre pays. Il est vrai que son style est loin de faire l’unanimité. Sa pratique de la politique alliant l’étude minutieuse des dossiers et les happenings spectaculaires a laissé perplexe entre ceux qui adorent et ceux qui considèrent que ce n’est pas la bonne manière de faire de la politique.

Mais tout cela est relégué au second plan à partir du moment où Abir Moussi a été placée en détention. Critique virulente du pouvoir en place, l’avocate s’est retrouvée placée en détention pour une histoire de décharge sur un document administratif à la présidence de la République. Depuis, la machine s’est emballée et diverses accusations se sont accumulées, dont les plaintes déposées par l’instance chargée des élections. Par la suite, c’est un marathon judiciaire qui a débuté et le comité de défense de Abir Moussi reste mobilisé pour faire face à des accusations qu’ils découvrent parfois par hasard. Abir Moussi est détenue depuis le 4 octobre 2023.

 

La première affaire concernant directement des hommes politiques est celle connue sous le nom de l’affaire du complot contre la sûreté de l’Etat. La liste des détenus pour complot comporte les noms de Khayam Turki, Ridha Belhaj, Ghazi Chaouachi, Jaouhar Ben Mbarek, Issam Chebbi, Abdelhamid Jelassi et Kamel Letaïef. Ils ont été emprisonnés à la suite de mandats de dépôt émis le 25 février 2023. La liste des accusés comprend, également, Lazhar Akremi et Chayma Issa. Ces derniers ont été arrêtés dans le cadre de la même affaire puis laissés en liberté à la date du 13 juillet 2023.

Hormis Kamel Letaïef, tous sont des politiciens exerçant pour la plupart au sein de partis politiques établis. Ils n’ont pas tous été arrêtés en même temps, mais à seulement quelques jours ou semaines d’écart. L’affaire en elle-même est frappée du sceau du silence puisqu’une décision du juge d’instruction interdit son traitement médiatique. Ce qui est sûr, c’est qu’il s’agit d’hommes politiques en vue qui écumaient les plateaux médiatiques et critiquaient sévèrement le pouvoir en place. Aujourd’hui, ils croupissent en prison sans aucune visibilité sur l’instruction. Ils ont tous largement dépassé la période de détention légale de quatorze mois sans que rien n’ait changé. Khayam Turki, le premier à avoir été arrêté dans le cadre de cette affaire, est détenu depuis le 11 février 2023.

 

Plusieurs autres politiciens sont actuellement emprisonnés à l’instar des dirigeants d’Ennahdha, Rached Ghnnouchi, Ali Larayedh, Noureddine Bhiri, Sayyed Ferjani, Sahbi Atig et Ajmi Lourimi entre autres. Il y a également Mehdi Ben Gharbia, Riadh Mouakher, Riad Ben Fadhel, Mohamed Frikha, Lotfi Mraïhi et d’autres encore. Mais cela n’a pas dissuadé le parti Attayar, par exemple, de continuer de s’opposer au régime actuel. Son secrétaire général, Nabil Hajji, et ses membres, à l’instar de Hichem Ajbouni, continuent de faire de la politique dans le sens de l’analyse rigoureuse des politiques publiques et la défense des droits et des libertés le tout sans jamais tomber dans l’injure ou l’insulte, contrairement à leurs adversaires.

C’est sûr, faire de la politique en Tunisie est dangereux, mais il y en a qui en font encore. Heureusement.

Achouri Marouen
13/11/2024 | 1
min
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Commentaires
momo
le sang est inscrit culturellement dans les structures mentales dans l'homme arabe
a posté le 14-11-2024 à 16:57
C'est qui angoissant chez les tunisiens, c'est leurs capacités à ne pas s'émouvoir de cette Chape du plomb qui s'abat sur le pays , pire ils éprouvent un bonheur non dissimulé , le malheur qui s'abat sur les autres, pourvu que la machine les épargne, eux et leurs clans .pourquoi donc tant des haines et de lynchage ,La violence brute de la décapitation vue et revue des djihadistes en Syrie ou ailleurs démontre que le sang est inscrit culturellement dans les structures mentales dans l'homme arabe qui n'arrivent pas à s'en défaire .il faut que les enfants assistent à l'égorgement du mouton pour devenir grand ,disait mon père.
JH
Opinion or information? (Part 2)
a posté le 14-11-2024 à 12:42
Well, dear author, you seem to be willing to sustain that established order which in reality was an established dis-order. Order only on those who dare to challenge the status quo. Connivence for those who hold the reigns. If they are questioned, medias like this one will launch a 'mediafare'?' campaign to defend them. I never read an investigation piece on these columns uncovering corruption and theft and waste of public funds. I never read a real journalism piece explaining what happened to the exceptional wheat crop a couple of years ago, when the person being defended simply showed outrageous incompetence, if not worse. Hey, but they should be treated as untouchable, 'indépendamment du bilan, positif ou négatif'?', right?
'?' Compte tenu de toutes les mésaventures liées à la simple pratique de la politique, il y a de quoi en dégouter plus d'un.
I am very curious to know what does 'simple pratique de la politique'?' means here? Does going to embassies, presumably conspiring against own country, signing cooperation agreements that harm the country's economy and favour insider people in a given political sphere, and the list goes one, is 'simple practice of politics?
I did not read you investigate about an ex-minister who was caught ' on messages ' spying against its own country in favour of foreign countries, while being in office? I did not read anything on your columns on the deeds of some 'Persons in shadow'?' to which opportunistic politicians go on pilgrim to get into office in that or that ministry with their benediction and ' of course ' for their benefits?
Eluding that all these people are 'innocent people trying to simply do politics'?' is as dangerous as stating that 'they are all guilty just by doing politics'?'. I repeat: As dangerous. So please clarify your game.
'?' Il s'agit d'une femme issue du quartier populaire de Sidi Hassine et qui n'a pas encore trente ans.
So if I follow your logic, some are innocent because 'they simply try to do politics'?', others are innocent because 'they come from some neighbourhood and have a certain age'?'. Neither makes sense obviously. For me they are innocent until proven guilty, just like Tunisian law states. Now, let the judges do their job and do yours that is 'form and inform'?', not 'mis-inform and de-form'?'.
And again to be clear, as a human being, I am sorry for any person who is sentenced to jail and hope they would find their way back to society as a citizen enjoying all their civic rights. I genuinely do. So do not even think about going that path of accusation.
'?' '?'continuent de faire de la politique dans le sens de l'analyse rigoureuse des politiques publiques et la défense des droits et des libertés le tout sans jamais tomber dans l'injure ou l'insulte, contrairement à leurs adversaires.'?'
Finally trying to define what 'simply doing politics'?' should look like and ' arguably ' saying that all those listed above were may be not 'simply doing politics'?'? It came a bit late (literally at the end of the article, I have patience), but hey, better late than never, right?
You have the right to defend whomever you want. The right to make their case on the podium of a media, of course. But please say where you are coming from, be precise, tell us that this is all about your opinion and make sure to flag the facts that are robustly sourced by you as a journalist. To be clear: A defendant's lawyer is not a source because they have an interest in sharing rather 'in favour'?' information about the case in question. Of course they could and should be heard, but definitely their statements should, in a journalistic context, be corroborated, challenged and proven. Otherwise, fine to relate them, but tell us that these are opinions for which you were not able to find a robust proof.

Thank you !
JH
Opinion or information? (Part 1)
a posté le 14-11-2024 à 12:41
Dear Author,
Thank you for this piece of opinion. I find it just outrageous how professional journalists use the podium of media to defend cases they do not have the details of, neither against or for, to confuse in everyone and everything in order to avoid to convince, if they want to, or at least genuinely inform, if they are doing journalism according to the Munich charter, that is pursuit of truth to inform the public, for the sake of public good.
I do not like the behaviour of the person which seems to be defended here, neither the thesis of the article. Hereby I explain simply why.
'?' As for the person being defended, the author states 'Indépendamment des circonstances de l'affaire dans laquelle il serait impliqué et indépendamment du bilan, positif ou négatif, de son passage à la tête de ce département, il faut bien avouer que c'est son activisme politique qui l'a conduit à ce poste de responsabilité et à tout ce qui en a découlé plus tard.'?'
So if it is your activism that took you to responsibility, and hence accountability, positions, you are off the hook, all that matters is that you have been an activist. This reasoning is ill and is one of the reasons that we have all kinds of 'chasses gardées'?' in our country, in all domains, not only economy. Take any economic sector, you will have a couple of 'gods'?' controlling it, allowing a couple of small players to play to keep the simulacre of a free market. It is structurally so.
Take culture, in theatre and cinema, there are only reserved domains, for some people who took the monopole of doing art and abused whatever position they have to reserve that domain. Even when they allow small players to play, it is always under their 'sponsorship'?' being 'kbar el Houma'?'. Unbearable.
Take politics, there only dinosaurs are allowed to play and would conspire to eliminate anyone who dare to challenge the status quo (by the way, I am not defending the latter neither who lay back and just wait for those to go, considering that it is not worth the fight, they are not good enough in fact and give up so easily).
Take sport, take media, take anything. Always the same story. That thing is Foulan, that other is Faltan. The game is done. You are doomed.
141120240932
Kais Saied n'ira pas trop loin avec cette mentalité
a posté le 14-11-2024 à 10:33
Kais Saied n'est plus crédible, en effet il fabrique des lois que lui même ne respecte pas et qu'il déforme afin de tirer certains avantages face à ses conquérants. L'exemple le plus flagrant est celui de al loi électorale. Il n'ira pas trop loin avec cette mentalité...
Mehdi
@bouss khouk
a posté le 14-11-2024 à 08:17
Lotf Alik, j'espère que cet article ne t'as pas trop dérangé. Smelleh. C'est vrai que des gens détenus illégalement c'est pas du tout grave. Parlons du dernier plateau TV et des buzz
BOUSS. KHOUK
merci de prendre RDV
a posté le à 12:14
avant de vous adresser aux gens ! personne ne vous a convoqué , veuillez faire de même afin qu'on vous respecte . Bahi , ya moudir !! .
BOUSS KHOUK
SEYYIB ALIK ELLOUBENA
a posté le 13-11-2024 à 17:49
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