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SUR LE FIL
Salaires des fonctionnaires : une tempête dans un verre d’eau
Par Houcine Ben Achour
03/02/2022 | 23:15
4 min
Salaires des fonctionnaires : une tempête dans un verre d’eau

 

Le Tunisien est un sentimental. Il n’a pas le sens de la mesure. Il a tendance à s’inquiéter rapidement et se rassurant autant. Particulièrement au rythme de ses consultations des réseaux sociaux. Il a fallu qu’un retard survienne dans le versement des salaires de la fonction publique pour qu’il s’imagine le pire sur la situation des finances publiques. L’Etat est en faillite, l’Etat n’a plus d’autres solutions que de recourir à la planche à billets, l’Etat est en train de soutirer l’épargne des petites gens déposée à la Poste pour subvenir aux salaires des fonctionnaires, etc.

Certes, il ne faut pas s’en cacher, la situation des finances publiques est extrêmement difficile. Tout un chacun en a conscience, même si l’ampleur de la difficulté est diversement appréciée par les uns et les autres. Cependant, il est pour le moins curieux que ce retard ait pu provoquer cette soudaine colère d’un large pan des fonctionnaires. Il est vrai que c’est la première fois que nos fonctionnaires se trouvent confrontés à pareille situation, habitués de voir leurs émoluments mensuels fournis pile-poil le jour J. Bien des salariés du secteur privé ont dû certainement sourire face à la vague de protestation d’un large pan des fonctionnaires publics. Car, il y a des centaines de milliers de salariés du secteur privé qui subissent le même sort, parfois durant de longues périodes. La situation des salariés de Cactus Prod n’en est que le plus récent exemple et non pas le moins édifiant. Et si ne n’était que de simples retards dans le versement des salaires, ils s’en contenteraient la mort dans l’âme. Cela leur est plus supportable que de se satisfaire « d’avances sur salaire » et rien que cela durant des mois successifs.

 

En ruant sur les brancards, les fonctionnaires ont montré un curieux esprit d’appartenance qui est bien loin de l’esprit d’appartenance du salarié à son entreprise, particulièrement lorsqu’il sait que son entreprise traverse des difficultés dues à des revers de conjoncture. Durant la pandémie, ce sont des milliers de salariés du secteur privé qui ont accepté une réduction de salaire du fait de la réorganisation et de la réduction du temps de travail au sein de l’entreprise imposées dans le cadre de la lutte contre la pandémie (confinement total, confinement partiel, confinement aménagé,…). Ils ont consenti le sacrifice pour sauver l’entreprise et l’emploi.

Compte tenu du brouhaha autour du retard de paiement des salaires des fonctionnaires, qu’en aurait-il été si le gouvernement avait décidé de réduire les salaires des fonctionnaires en rapport avec les périodes de confinement au cours desquelles le personnel de l’administration et de la fonction publiques n’a travaillé qu’une-demie journée, un jour sur deux ; soit l’équivalent de 5 jours ouvrables sur les 22 jours ouvrables que compte le mois. Il n’agit pas d’amputer trois-quarts du salaire. Ce serait d’une logique insensée. Mais ne serait-ce qu’une réduction de 10% du salaire par mois de confinement, cela aurait engrangé des économies de dépenses ou dégager une marge budgétaire d’environ 180 MD par mois de confinement, réduit d’autant le déficit budgétaire et implicitement les besoins d’emprunt de l’Etat.

Les fonctionnaires publics ne semblent pas prendre suffisamment conscience de la crise financière aigue de leur employeur. L’Etat est aujourd’hui dans une impasse financière sans précédent. En l’état actuel de ses finances, il ne lui serait plus possible de verser les salaires en même temps que d’honorer sa dette et de satisfaire les besoins de transferts sociaux (subventions, aides aux familles nécessiteuses,…).

 

Tant que le budget de l’Etat pour l’exercice 2022 demeure ouvert et qu’un accord avec le FMI n’est pas conclu au plus vite, les risques de perturbations dans le versement des salaires des fonctionnaires risqueraient de se reproduire. Et quand bien même les négociations avec le FMI déboucheraient sur un accord de crédit. La situation des finances publiques ne serait pas assainie. Et l’hypothèse d’un recours au Club de Paris demeure toujours à l’ordre du jour. Dans les milieux financiers internationaux, on estime que la Tunisie ne pourra pas éviter cette démarche compte tenu du volume de plus en plus important de la charge de la dette pour les années à venir. Si ce n’est pas à la fin de 2022, ce serait probablement en 2023, prédisent-ils Selon les données du FMI issues des consultations effectuées au printemps 2020 dans le cadre du titre IV des statuts de l’institution financière multilatérale, le service de la dette extérieure (intérêt et principal) du pays va aller crescendo. De près de 8,6 milliards de dinars en 2021, le service de la dette extérieure atteindrait près de 12,7 milliards de dinars en 2026. Le constat plaide pour un recours au Club de Paris. Un reprofilage de la dette extérieure bilatérale tunisienne est d’autant envisageable sinon probable.  Cette option favoriserait, un tant soi peu, une levée d’emprunt sur les marchés internationaux à des conditions relativement favorable, et plus encore si cette sortie est accompagnée d’une garantie, américaine ou autre.

Cela étant, il ne faut pas croire que les négociations avec le Club de Paris seraient une sinécure. L’un des pré-requis exigés par le Club pour engager des négociations sur un rééchelonnement de la dette bilatérale, c’est… un accord avec le FMI.

Tant que celui-ci n’est pas conclu, il faudrait que nos fonctionnaires acceptent qu’il y ait un retard dans le versement dans leur salaire. Si ce n’est plus.

Par Houcine Ben Achour
03/02/2022 | 23:15
4 min
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Commentaires
Hassine
récupérer les 2700 milliards
a posté le 04-02-2022 à 16:50
Si jileni
Dinars ou millimes !?
Serez vous comme notre président
zedache
les salariés ne sont pas des boucs-émissaires
a posté le 04-02-2022 à 11:15
Difficile de souscrire au charabia économique que vous nous infligez. Le versement des salaires est un engagement permanent de l'état et des entreprises à leurs salariés, qu'il ne faut pas réduire à des boucs-émissaires d'une crise qu'ils subissent sans en être les responsables. Aucune circonstance atténuante ne saurait obliger ces salariés à accepter un retard de paiement ou une amputation de leurs émoluments figurant dans leur contrat d'engagement. Le clients des banques savent que tout manquement à leurs obligations contractuelles s'accompagne de pénalités, pouvant aller très loin dans l'échelle des sanctions. Que la Tunisie vive une situation financière difficile, cela n'est pas imputable à ses salariés, mais à d'autres considérations politiques et économiques, dont ils ne sont en aucun cas responsables. S'ils sont là, même en surnombre, c'est que l'Etat, ou l'entreprise, les ont recrutés pour des raisons qui les concernent, souvent de "paix sociale". Si les employeurs publics ou privés veulent changer de modèle économique, comme le leur demande le FMI, personne ne s'y opposera en principe, sauf à affronter les conséquences d'une purge qui signifierait une mise massive au chômage.
Lecteur
Vous vivez
a posté le à 13:51
Sur une autre Galaxie.
jilani
Il faut arrêter cette hémorragie
a posté le 04-02-2022 à 10:34
Il ne faut plus emprunter de l'argent en devises pour payer les fonctionnaires, il faut privatiser les entreprises publiques et affronter l'UGTT et son boucher pour limiter le fardeau du budget de l'Etat. Regardez ce que sont devenues les banques privatisées banque du sud, uib ... KS doit faire face à ces syndicalistes pourris et ne pas faire la courbette à ce boucher qui bloque le développement du pays . Il a tout le pouvoir pour le faire et aussi le soutien du peuple. Il faut aussi récupérer les 2700 milliards du gourou et confisquer les comptes des mafieux karoui ...
AT
@jilani: "récupérer les 2700 milliards du gourou", c´est quoi!
a posté le à 14:53
@jilani, vous avez des informations que même le grand Putschiste n´a pas. Alors faites attention et ne propagez pas des diffamations ici..!
zozo Zohra
La planche à billets
a posté le 04-02-2022 à 10:15
A votre avis, tous les pays du monde (telque les USA, la France, ect.. ) qui ont connu une forte inflation depuis le COVID n'ont pas eu recours à la planche à billets ? C'est mondiale
AT
Une bonne idée ?
a posté le à 14:54
Et parce qu'il s'agit d'une absurdité, nous devons également l'imiter ?
zozo Zohra
L'inflation
a posté le à 15:13
De pays riches ça a mis encore plus en difficulté les pays pauvres. Puisque tout augmente pour l'importation
zozo Zohra
Non
a posté le à 15:10
Je n'ai jamais dit qu'il faudrait l'utiliser. Loin de là
Pseudo
Incohérents
a posté le 04-02-2022 à 07:53
Soyez cohérents chez BN ! Pendant 10 jours vous écrivez sur "l'Etat n'a pas d'argent" et maintenant vous écrivez "les salaires des fonctionnaires, tempête dans un verre d'eau" !!!!!!!!!!!!!!!
Harmony
Trés bel article
a posté le 04-02-2022 à 00:52
J'aimerais apporté quelques points de reflexion sur ce qui a été dit
1 - Il faut comparer le salaire entre le publique et le privé pour comprendre qui peut se permettre des sacrifice, un nouvel ingénieur peut débuter dans le privé entre 2000 et 3000 et dans l'étatique il commence a 1000 et espère qu'en fin de carrière il partira a la retraite avec un bon 2000 a 2500
2 - Pour le confinement, je ne suis pas d'Accord avec la coupe radicale, en France, comme au Canada, les gouvernements ont offert une aide financière limitée pour encaisser le choc, n'oublions pas les effets boules de neiges, derrières un salaire il y a des impôts, des loyers, de la consommation
3 - Les gouvernements qui ont suivi la révolution sont tous aussi coupable l'un que de l'autre, dans un pays ou on prône la transparence de façade pour pouvoir quémander de l'aide auprès des bailleurs de fonds aurait du dire des le début que ca n'allait pas bien, tout le monde le sait, a l'époque de Mehdi Jooma je me rappelle qu'en début d'année on avait plus d'argent pour les mission, mais a force de vouloir dire comme vous le faites qu'on ne dois pas s'alarmer, ca encourage les gens qui aujourd'hui encore le font, se mettent en grève pour demander plus. LA OUI je serais d'accord pour une coupe du salaire
Je serais aussi pour les primes idiotes qu'on donne aux fonctionnaires pour faire ce dont le salaire de base les paie déjà
Je serais aussi pour supprimer les centres et autres institutions sous tutelles de l'état qui sont la, za3ma pour offrir de la compétence, mais on les paient le double pour ce qu'un employé interne de l'état font déjà et trop souvent avec des retard et un produit ou une solution inadapté, imaginer qu'avant une direction pouvait gérer son réseau informatique, a présent il faut passer par le CNI et payé plus avec aucun service aprés vente, imaginer le fait que des applications ultra performante ne sont pas utilisé (pourquoi donner 200 000 dinars a Microsoft), on va plutôt faire une application POUR le gouvernement par une société étrangère qui n'est pas toujours expérimenté et ceux a 600 000 dinars. Même chose pour le site de l'open data du premier ministère, combien a-t-il couté et qu'apporte-t-il a la Tunisie? on nous parle depuis 12 ans du zéro papier... winou on ne voit que du papier, pourquoi toute la planète en confinant ses employés n'as pas eu de problème? c'est parce que la dématérialisation a été amorcé comme il l'ont dit, nous ont est encore aux promesses, les directeurs et autre responsables veulent signé un papier, il pense que leur torchon a plus de valeur qu'un certificat d'intégrité. Et enfin, ne parlons pas alors des poubelles qui sont dans nos banques, rien que d'y penser ca me fait honte, c'est juste des portes monnaies, une banque a l'étranger fait grandir ses clients, nous elle nous pompent notre argent sur des frais et service incroyable comme les frais de tenus de compte ? c'est quoi ca? et ben vu que les banques n'offrent pas de services pour grandir ensemble, ils nous imposent des services qui partout ailleurs sont gratuit
Les différents Lobby font en sortes que n'importe quel employés privés ou étatique en voudra plus parce qu'il demande plus, trouver vous normal qu'un gamin de 20 ans viennent en Tunisie en vacances avec une voiture qu'un medecin ne peut pas se payer, trouver vous normale que n'importe quel émigré des son arrivés s'achètent un SUV ou une berline de luxe avec le peu qu'il a, tout est cher en Tunisie, donc je penses qu'un fonctionnaire qui n'a pas de salaire ou un retard de salaire a tous les droit de rouspéter. Changer le système des salaires en se basant sur l'équité et l'égalité (pas pour un même poste et deux ministère différents on a deux salaires différents)
Alya
Merci
a posté le 03-02-2022 à 23:57
Oui merci d avoir appelle le fonctionnaire tunisien a plus de maturité. Mais qu attendez d un tunisien qui crie au scandale pour les 100 millimes de trop ? Meme les meilleurs stations de radio de tunisie ont en fait un sujet de préoccupation majeure