L'expert économique Ezzeddine Saidane a décortiqué, ce lundi 21 octobre 2019, les chiffres du budget de l’Etat pour 2020.
Invité de Hamza Belloumi dans son émission La Matinale sur Shems Fm, M. Saidane a martelé : «Le budget de l’Etat est la loi qui devrait refléter le plus la politique du gouvernement en Tunisie ou dans n’importe quel autre pays du monde. Il représente le coût annuel de l’Etat sur l’économie tunisienne. Il était de 18 milliards de dinars en 2010, qui représente l’année de référence, contre plus de 47 milliards de dinars prévus pour 2020. Son poids sur l’économie tunisienne était de 28% alors que dans le monde il devrait être aux alentours de 20%, donc pas loin des standards internationaux. Pour 2020, ce poids va dépasser les 37% du PIB. L’Etat tunisien (l’administration, ministères, fonctionnaires et l’ensemble des dépenses de l’Etat) est devenu un poids lourd et coûteux pour l’économie tunisienne.
Le budget de 2019 est assez élevé, avoisinant les 40 milliards de dinars. Il va aggraver la dette publique et extérieure. Avec la Loi de finances complémentaire 2019, le budget va passer à plus de 43 milliards de dinars, à cause d’un dérapage de plus de 2 milliards de dinars pour des dépenses non programmées.»
L'expert économique a expliqué qu’il est souvent qualifié de pessimiste mais il a expliqué que «la réalité est pire que ses dires»
«Ce n’est pas un budget, c’est un document comptable : il ne comporte aucune politique ou mesure. Le gouvernement lègue à son successeur des dépenses de l’Etat qui seront en hausse de 15% alors que la croissance est faible et la compensation se fera par l’endettement, la masse salariale sera de 20 milliards de dinars (45% du budget)», a-t-il précisé.
Et de rappeler que le chef du gouvernement et gouverneur de la BCT ont signé un document dans lequel ils s’engagent envers le FMI à ce que cette masse ne dépasse pas les 12,4% du PIB en 2020.
«Cette masse sera plus de 15,7% du PIB», a-t-il soutenu.
M. Saidane a souligné que 11,4 milliards de dinars d’endettement sont prévus pour 2020, dont 8,8 milliards de l’extérieur. « La dette de l’Etat et non pas de la Tunisie va dépasser les 94 milliards de dinars en 2020. La dette extérieure de la Tunisie va dépasser les 110 milliards de dinars, plus de 100% du PIB», a-t-il expliqué.
L’expert pense qu’on ne sera pas capable de réunir ce montant, le gouvernement évoquant dans le budget économique un rééchelonnement de la dette extérieure. «On va dire aux bailleurs de fonds qu’on est incapables de les rembourser !», a-t-il affirmé.
Il a indiqué que l’intérêt de la dette sera de 12 milliards de dinars en 2020. «Il a augmenté de 27% en un an soit plus du quart du budget en remboursement de la dette de l’Etat, donc pas d’investissement», a-t-il expliqué.
Ezzeddine Saidane estime qu’«il y a une opération d’appauvrissement méthodique de l’économie tunisienne et du citoyen tunisien». Selon lui, en faisant abstraction des effets du glissement du dinar et de l’inflation, le PIB du pays est passé de 43 milliards à 35 milliards en 10 ans. Le revenu moyen du Tunisien est passé, quant à lui, de 4.300 dollars en 2009 à 3.000 dollars en 2020.
I.N
Commentaires (15)
CommenterLa théorie et la pratique du pouvoir.
@Mr. Saidane
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Ma mère reçoit une retraite de 30 dollars le mois, Il doit y avoir ainsi des Tunisiens qui gagnent plus qu'un million de dollars par an afin d'arriver à cette moyenne....
Y a-t-il encore de justice sociale en Tunisie.... Non, et non et non
Gaspillage de l'argent du peuple
Sachez que le budget de la présidence de la république en 2020 sera de 143 MDNT, équivalent au budget de la monarchie britanique, un pays de 65 Millions d'habitants.
Pourquoi ? Je ne sais pas !
Mais je sais qu'on pourra ramener ce chiffre à la moitié et l'austérité doit être initié avant tout par le gouvernement. Baisse des salaires des hauts fonctionnaires,etc..
@ Rationnel; dans ton commentaire il manque juste: azlam ou ben Ali était con
On doit rediscuter les interrets et les dettes
1:- Rediscute le taux d'interret de la dette et le ramener max à 1%
2:- Rediscuter la dette elle même.
3:- Faire les réformes nécessaires pour sauver l'économie du pays.:
Réformes agraires, réforme de la fonction publique ainsi que du gouvernement, baisse des salaires des ministres et des hauts fonctionnaires, aussi réformes des sociétés publiques telles que Tunisair et le groupe chimique qui ne cessent d'enregistrer que des pertes pour les forcer à être privatisées sous la coupoles des capitaux étrangers.Déclarer une paix sociale pendant 2 ans au moins, avec les syndicats. - Combattre vraiment la corruption et restituer l'argent détourné par les mafieux pseudo hommes d'affaires.
Enfin il faut avoir une politique sérieuse de développement : infrastructures et autres.
Les gouvernement de nahdha, ainsi que de chahed ont creusé le déficit car ils n'avaient rien fait pendant leur pouvoir.
Ding...Dang....Dong....
Ne vous inquiétez pas, le Qatar guette au trou
Saidane se trompe sur ses conclusions
1 - La Tunisie a une solde primaire, le remboursement de la dette (12 milliards) est supérieure aux nouveaux emprunts (8,8 milliards). La dette a un coût énorme comparée aux taux mondiaux, la dette est de 94 milliards et on doit payer 12 milliards pour la maintenir soit un taux de 12.75%, dans un monde ou 17 000 milliards de dollars de dettes a un taux négatif. La dette tunisienne est de 33 milliards soit moins 0.1% de ce total. La majorité des entreprises et pays endettes ne payent plus leurs dettes mais les renouvellent (refinance) avec un taux négatif ça ne fait aucun sens de rembourser ses dettes. Si un ménage américain ou danois peut refinancer sa dette un pays comme la Tunisie peut le faire aussi. La Tunisie est un candidat idéal pour le rééchelonnement ou le refinancement de la dette. Si les créditeurs refusent l'offre, la Tunisie peut refuser de payer ses dettes, comme c'est le cas de plusieurs pays comme l'Argentine.
2 - La Tunisie n'est pas le seul pays a se trouver dans une situation difficile, un grand nombre de pays passe par un état d'effervescence (Liban, Argentine, '?quateur, Chili, ...). La guerre commerciale entre les USA et la Chine a des répercussions négatives sur l'économie mondiale.
3 - Les déficits budgétaires et la dette ne vont pas empêcher les investisseurs étrangers de s'intéresser a la Tunisie. Les appels d'offres pour l'installation de station solaires photo voltaïques et éoliennes ont étaient très bien réussie et il y a un grand intérêts des investisseurs étrangers. Le potentiel énergétique du pays est très important.
4 - Le rééchelonnement ou refinancement de la dette ne sera pas catastrophiques. En 1998 la Russie s'est declare en défaut de payements sur toutes ses dettes et puis a pu trouver des prêts quelques mois après cette décision. L'Argentine s'est déclaré en défaut de paiement 8 fois en son histoire et le FMI lui a prête 54 milliards de dollars soit 20 fois les prêts du FMI a la Tunisie.
5 - Si comme la promis Marouene Abbassi le dinar va rester stable pourquoi est ce que la Tunisie a besoin de payer 12.75% sur ses prêts.