L'Arab Tunisian Bank (ATB) est passée par une mauvaise période, notamment à cause de l’effort supplémentaire de provisionnement. Mais, « l’avenir s’annonce meilleur », ont rassuré Randa Sadik et Riadh Hajjej. La banque poursuit son plan de développement stratégique et est en train « d’introduire une transformation approfondie des politiques organisationnelles, opérationnelles et commerciales », a précisé le DG.
C’est globalement ce qui ressort de l'assemblée générale ordinaire de la banque tenue, mardi 18 avril 2023, sous la présidence de Randa Sadik, présidente du conseil d’administration, de Férid Abbès, vice-président, et de Riadh Hajjej, directeur général par délégation.
« Nous avons œuvré en 2022 pour la réalisation des objectifs majeurs : ramener la banque vers les résultats positifs qu’elle a toujours réalisé depuis sa création et jusqu’à 2020 ; et garantir la continuation de l’effort de provisionnement visant à couvrir notre institution contre les risques des difficultés conjoncturelles nationales qui durent depuis des années », a indiqué M. Hajjej.
En effet, la banque a réalisé un résultat net bénéficiaire de 11,4 millions de dinars fin décembre 2022 contre un résultat net déficitaire de 68,50 millions de dinars (MD) fin décembre 2021. Son produit net bancaire (PNB) s’est situé à 319,69 MD fin 2022 contre 290,35 MD fin 2021.
Les dépôts de la banque ont augmenté de 5,3% pour atteindre 6,21 milliards de dinars fin 2022 contre 5,9 milliards de dinars un an auparavant alors que les crédits nets à la clientèle ont évolué de 5,6% passant de 5,16 milliards de dinars fin 2021 à 5,44 milliards de dinars fin 2022.
« Face à la situation économique difficile, l’ATB a concentré ses efforts sur un ensemble d’axes dont les plus importants concernent l’amélioration de la qualité de nos services, l’émission de nouveaux produits, le renforcement de nos fondamentaux organisationnels et l’efficience de notre système d’information. Ceci dans le but de consolider la stabilité financière et opérationnelle de notre institution face aux divers défis qu’impose son environnement de travail », a expliqué Mme Sadik.
Et d’ajouter : « En plus des efforts continus pour retrouver de bons niveaux de rentabilité, la solidité et la solvabilité de la banque, ont toujours constitué un fondement incontournable des politiques et procédures de l’ATB dans tous les domaines d’activité ».
Ainsi, la banque a respecté les normes fixées par la Banque centrale de Tunisie, avec un ratio de liquidité à court terme (LCR) 105,52% et de ratio de solvabilité a atteint 11,84% (supérieur aux limites de 100% et 10% fixées par la BCT).
« L’ATB a continué à respecter ses fondamentaux stratégiques en matière de liquidité et de solvabilité avec des ratios largement supérieurs aux minimums réglementaires. Ceci est une preuve supplémentaire de solvabilité et de solidité financière qui permettent à la banque de dépasser les périodes difficiles de son histoire », a soutenu le DG.
Pour sa part, le taux de créances douteuses et litigieuses (CDL) a atteint 13,54% pour un taux de couverture de 77,14%.
D’ailleurs et dans ce cadre, le commissaire aux comptes a précisé que pour se conformer à la circulaire 2023-02 du 24 février 2023, la banque a provisionné 19,07 MD de provisions collectives au titre de 2022, portant le total des provisions collectives à 84,96 MD fin 2022.
S’agissant du résultat du groupe ATB, le résultat net consolidé a atteint 29,6 MD fin 2022 contre-61,43 MD un an auparavant. Le PNB consolidé s’est situé à 365,93 MD fin 2022 contre 333,11 MD fin 2021.
Ouvrant le débat, l’actionnaire Hattab Bouaskar a noté que « celui qui ne progresse pas recule », s’inquiétant de ce qu’il a estimé « la situation catastrophique de la banque » et soutenant que « la banque est au bord de la faillite ».
Riadh Hajjej a démenti ses propos : « C’est vrai que la société est passée par une période difficile. Le terme que vous avez utilisé n’est pas approprié. L’ATB a des fondamentaux, une solidité financière et un actionnaire de référence sur lesquels elle peut compter et quelles que soient les conjonctures économiques difficiles, la banque ne flanchera pas ! ».
Et de poursuivre : « L’avenir s’annonce de bon augure ». Pour preuve, toujours selon lui, la hausse du cours de l’ATB de 30% en quinze jours contre la baisse des cours des autres banques : « Cela représente une preuve de la confiance des investisseurs en l’ATB », a-t-il soutenu.
Interpelé par Hattab Bouaskar et Abdessatar Ben Brahim sur la non-distribution de dividende pendant trois ans, le DG a affirmé que la mission première du management est d’œuvrer à ce que les actionnaires aient un dividende en fin d’exercice.
En ce qui concerne le choix du représentant des petits porteurs dans le conseil d’administration, il a souligné que la banque a scrupuleusement appliqué la réglementation en vigueur. D’ailleurs, Moncef Ouaghlani a soulevé ce point et martelé que la réglementation boursière doit changer.
M. Hajjej a profité de l’occasion pour mettre en relief les efforts de l’actionnaire de référence le groupe Arab Bank qui n’a pas cessé de soutenir la banque que ce soit au niveau technique ou financier (direct avec l’emprunt subordonné accordé en 2019 et indirect avec l’émission de certificats d’investissement en 2021).
Interrogé par un intermédiaire en bourse, le commissaire aux comptes a indiqué que le Tier 1 est de 7,83% pour un seuil minimum de 7%. Pour lui, les ratios de la banque prouvent sa solidité, a-t-il indiqué. Et de rappeler que légalement, la banque ne peut distribuer de dividende avant d’éponger les déficits cumulés outre le fait de respecter les conditions de distribution émises par la Banque centrale de Tunisie.
En réponse à ces diverses interpellations des petits porteurs, Randa Sadik a déclaré : « Nous sommes en train d’appliquer la stratégie mise en place pour la période 2022-2026. Nous sommes sur la bonne voie. La distribution de dividende demeure une question d’équilibre entre bénéfices et solidité financière. Nous tenons à notre solidité financière et nous la renforçons chaque année ».
En effet, l’ATB continue son projet de mise en place de la nouvelle plateforme Global Banking T24. La banque a aussi continué le projet de modernisation de son organisation interne, ainsi que ses politiques et procédures dans le domaine commercial, le recouvrement et les ressources humaines. Elle a aussi poursuivi la réorganisation de son réseau d’agences via l’ouverture et la fusion de certaines agences. L’établissement bancaire s’est aussi engagé dans un processus de digitalisation totale de ses services.
Et pour rassurer une fois pour toute les actionnaires sur l’avenir, la présidente du conseil d’administration a affirmé : « Les résultats de 2023 seront meilleurs que ceux de 2022 ».
Imen NOUIRA
