Le conseiller du chef du gouvernement, chargé de la Communication, est devenu la cible d’incessantes attaques de toutes parts. L’élimination de ce véritable gilet pare-balles du gouvernement ouvre la grande voie pour abattre son chef.
Tantôt on le dessine comme le nouveau Goebels tunisien et tantôt comme l’héritier de Abdelwaheb Abdallah qui veut museler les médias. A entendre les critiques et la nature des accusations, ce serait Mofdi Mseddi qui nomme (ou dénomme) le ministre de l’Intérieur, le ministre de la Justice et le ministre de la Défense, c’est lui le marionnettiste qui fixe les lignes éditoriales de chacun des médias tunisiens (on lui serait tous inféodés) et leur dicte le contenu de leurs articles/émissions/listes d’invités et des sujets/invités blacklistés et c’est encore lui qui ordonne aux juges d’instruction les mandats de dépôt qu’ils doivent émettre ou ne pas émettre. Cela semble caricatural, mais c’est pourtant ce qu’on peut lire sur les réseaux sociaux dans les posts Facebook de plusieurs personnalités médiatiques, politiques et du monde judiciaire.
Ainsi le cas de l’avocat controversé et ancien député de l’ANC Fayçal Jadlaoui. A l’entendre, il serait interdit de parution dans les médias tunisiens sur consigne de Mofdi Mseddi. Comment cela serait-il possible ? Comment le conseiller du chef du gouvernement pourrait-il donner de telles consignes ? Quel pouvoir ou/et ascendant a-t-il sur les médias pour pouvoir donner de telles consignes ? Me Jadlaoui ne répond à aucune de ces questions et ne cherche même pas à obtenir une réponse, puisque son idée est déjà faite. Peu importe s’il est démenti par ses propres actes puisque l’avocat de Chafik Jarraya a été invité sur un plateau TV le lendemain même de sa « prophétie » publiée sur Facebook, il n’a pas peur du ridicule et c’est sur antenne qu’il cite de nouveau Mofdi Mseddi ! Si Mofdi Mseddi lui a interdit l’antenne, comment se fait-il qu’il soit sur antenne et si Mofdi Mseddi ne lui a pas interdit l’antenne, pourquoi maintient-il ses accusations diffamatoires ? Trois jours plus tard et en dépit des démentis réels par sa parution dans les médias, l’avocat répète ses attaques sur Facebook contre le conseiller du chef du gouvernement.
Ce pouvoir fantomatique est attribué, parfois à raison, par certains hommes de médias, voire même des membres du SNJT qui n’hésitent pas à accuser Mofdi Mseddi d’ingérence dans les médias publics et spécialement dans la Télévision publique. Ici, on nourrit les fantômes du passé pré-révolution en cherchant à faire reculer toute autorité des pouvoirs publics sur les médias. N’empêche, en l’absence d’une ligne éditoriale claire et bien définie noir sur blanc des médias publics, de leur rôle et de leurs rapports avec le gouvernement et les pouvoirs publics, ce « fantasme » ou ce « fantôme » d’ingérence va perdurer encore quelque temps.
Le souci est que les accusations proférées par des gens supposés être sensés, pour des raisons évidentes de vouloir asseoir son indépendance, sont relayées par des intrus dans le secteur pour des raisons purement politiques. Ainsi le cas du blogueur islamiste extrémiste Rached Khiari dont le financement demeure toujours énigmatique.
Parce que Shems FM a relayé des informations de presse sur les Emirats arabes Unis et Dahlan, c’est Mofdi Mseddi qui se trouve accusé de chercher à donner une bonne image en Tunisie des hauts dirigeants émiratis. Comment cela ? Mofdi Mseddi a nommé (CQFD) un directeur à Shems (Mongi Khadhraoui) qui s’applique à exécuter le plan diabolique de blanchiment des émiratis. « Tout le monde connait les plans et les intentions de cette bande dirigée par le conseiller du chef du gouvernement, qui s’étend dans plusieurs médias et n’hésite pas à offrir des services gratuits à la bande émiratie en Tunisie et à l’étranger. Est-ce que le chef du gouvernement mesure le danger de ce qui se passe autour de lui et les effets de cette bande sur son avenir politique ? », a écrit Rached Khiari au début du mois de mars sur son blog privé.
Les accusations des derniers jours demeurent cependant sans commune mesure avec celles de ce blogueur et de cet avocat, controversés et au crédit limité depuis très longtemps. Les nouvelles accusations proviennent de la centrale syndicale UGTT, mais aussi d’un syndicat des forces sécuritaires.
Sur Facebook, mais également sur antenne sur la chaîne « Attessiaa », Mohamed Ali Rezgui, SG du syndicat de la sûreté républicaine, accuse les médias et des personnalités médiatiques d’être à la solde de certains partis et de Mofdi Mseddi pour nommer ou/et ou faire muter des personnalités de haut rang au sein du ministère de l’Intérieur, voire le ministre de l’Intérieur lui-même. Des accusations odieuses et très graves proférées sur antenne en direct qui ont tout de suite déclenché l’ire de certaines personnalités politiques présentes sur le plateau TV.
Loin des plateaux TV, et dans les antichambres des partis, le conseiller du chef du gouvernement et son rôle se trouvent être l’objet de discussions régulières de certains partis, dont notamment Nidaa Tounes. Plus d’un dirigeant de Nidaa accuse Mofdi Mseddi d’être responsable de la sale image que traîne Hafedh Caïd Essebsi. « S’il y a des articles de presse et/ou des émissions TV critiquant ou dénigrant concomitamment Hafedh Caïd Essebsi, c’est qu’il y a forcément Mofdi Mseddi derrière », nous déclare sans sourciller un haut responsable de Nidaa. Dernièrement, un haut responsable de Nidaa est venu voir un patron de presse pour l’interroger sur le rôle et la manière avec laquelle travaille M. Mseddi pour « influencer » autant de médias à la fois. « C’est forcément Youssef Chahed qui est derrière, mais c’est lui le bâton avec lequel il nous abat ! », pense-t-il.
Le patron de presse a beau démentir d’une manière catégorique en attirant l’attention de son interlocuteur que Mofdi Mseddi n’a aucun pouvoir concret sur les médias et qu’il ne fait que son boulot de responsable de la communication, rien n’y fit.
Aussi bien chez les nationalistes arabes, que les Nidaistes, les révolutionnaires, les révolutionnistes ou les islamistes, l’idée est faite : c’est Mofdi Mseddi qui est responsable de tous les maux.
La réalité est pourtant différente, car le conseiller du chef du gouvernement n’a véritablement aucun pouvoir sur les médias, ni publics, ni privés. Médias et journalistes se sont juré de préserver leur indépendance de toute ingérence politique et des pouvoirs publics. Le bâton et la carotte grâce auxquels fonctionnait le système Ben Ali sont « morts » depuis 2011 et personne n’a intérêt à les voir ressurgir de nouveau.
La réalité est que certains politiques ont besoin d’un « fantôme » pour continuer à exister sur la scène politique et justifier leurs échecs. Avant, le « fantôme » s’appelait Chafik Jarraya, mais Chafik Jarraya est en prison. Le filon Kamel Letaïef est devenu trop gros et ne peut plus être usé indéfiniment. On a donc « créé » de toutes pièces un nouveau « fantôme » en la personne de Mofdi Mseddi.
Si le conseiller du chef du gouvernement est réputé pour une chose, c’est bel et bien pour son professionnalisme et sa loyauté envers son supérieur. Ceci a déjà été attesté avec Mustapha Ben Jaâfar à l’époque où celui-ci présidait l’ANC, puis ensuite avec Mehdi Jomâa en 2014 quand il était chef du gouvernement et dirigeant d’un think tank en 2015 et maintenant, depuis 2016, avec Youssef Chahed. A chacune de ses missions, Mofdi Mseddi s’est attelé à la remplir avec toute la responsabilité requise pour donner la meilleure image possible de son chef. Pour ce faire, il est tout à fait normal d’entretenir de bonnes relations avec ses premiers vis-à-vis directs que sont les médias, les journalistes et les leaders d’opinion. Des rapports qui n’ont rien de particulier puisque l’intéressé n’a pas inventé l’eau chaude, il ne fait qu’appliquer le b.a.-ba des sciences de la communication. En retour, il est là pour répondre à leurs questions et interrogations, y compris celles qui peuvent se poser à des horaires impossibles, comme samedi minuit. Mofdi Mseddi est toujours là pour répondre aux appels téléphoniques de ses « amis ». En retour, ces derniers fournissent à leurs lecteurs/auditeurs/téléspectateurs une information vérifiée de première main. En somme, c’est une relation gagnant-gagnant.
Et c’est la nature même de cette relation qui dérange les adversaires politiques de Youssef Chahed qui n’ont pas pu l’abattre avec de simples publications Facebook, des articles de presse et des peaux de banane ici et là. En clair, Mofdi Mseddi joue un rôle de paravent ou de gilet pare-balles pour son chef (quel que soit son nom) et n’hésite pas à entretenir des relations avec des gens peu recommandables pour remplir son devoir envers son supérieur.
Ayant compris cela, et dans l’impossibilité d’atteindre directement le chef, les adversaires politiques de Youssef Chahed ont concentré leurs attaques sur le gilet pare-balles. Abattre ce gilet appelé Mofdi Mseddi signifie ouvrir la voie pour pouvoir abattre Youssef Chahed ensuite et, bien sûr, chacun de ces adversaires a son propre objectif.
Pour le cas de quelqu’un comme Fayçal Jadlaoui, il s’agit de faire libérer Chafik Jarraya. Pour les révolutionnistes/islamistes, il est dans leur intérêt de fragiliser le gouvernement et l’Etat. Enfin, pour des cas comme Hafedh Caïd Essebsi, il s’agit d’ouvrir la voie à un autre poulain qui serait là comme marionnette pour nommer qui on veut au gouvernement et dans l’administration.
Nizar BAHLOUL
Commentaires (6)
Commenterrectificatif
Le retour à la dictature est une nécessité .
Je prend 2 exemples le premier à Damas quand vous êtes au centre de Damas c'est invivable nuisance sonore dés 4h du matin et désordre de tout genre vous changez de quartier et vous allez a bab Touma le quartier chretien c'est là propreté l'ordre la gentillesse des gens et leur beautés ainsi que le respect.
Le 2eme exemple Beyrouth vous allez dans le quartier chiite ou sunnite c'est la merde totale la même chose qu'a damas ou il y'a les muz ,dans le quartier chretien c'est la Scandinavie .
La démocratie ne marchera jamais chez les muz ils ne marchent qu'a Tour de bâton c'est la vérité ,démocratie veut dire anarchie chez les muz malheureusement.
article
Je vous ai transmis un courrier relatant une véritable escroquerie, un vol et un abus de pouvoir des services des douanes Tunisiennes. Ceux ci m'ont volé un conteneur et l'ont vendue au noir alors que c'était un élément central d'une usine de fabrication de parpaing pour le Sud de la Tunisie. J'ai été obligé de racheter mon bien une deuxième fois au contrebandier en cheville avec les douanes.J'ai envoyé un courrier à tous les médias Tunisiens, les radios, journaux, télé et à vous même et je n'ai eu aucune réponse. Pas même un accusé de réception. C'est très grave. Ce pays sombre à vue d'?il. Je ne comprends pas que vous, Business News ne soyez pas intéressé par un tel événement. Etes vous journalistes ?
B.N : nous vous remercions pour l’intérêt que vous portez à Business News et nous vous informons que nous n’avons pas les moyens ni la possibilité de vérifier les informations que vous nous communiquez. Nous vous informons par ailleurs que nous n’avons pas légalement le droit de relayer ce type d’accusation qui relèvent plutôt du procureur de la république que des médias. Merci pour votre compréhension.