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Qui sauvera la diplomatie tunisienne ?
07/10/2022 | 15:30
6 min
Qui sauvera la diplomatie tunisienne ?


Depuis le 14 janvier 2011, la Tunisie a compté sur l'appui et le soutien inconditionnel des pays voisins et amis. La République a toujours eu comme objectif, sur le plan diplomatique, d'opter pour une politique de neutralité face aux deux blocs de l'Est et de l'Ouest, en conflit depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. La Tunisie a même été l'un des leaders du mouvement des non-alignées. Cette politique lui a valu des relations diplomatiques solides avec des pays en conflits tels que l'Algérie et le Maroc ou même la Russie et les Etats-Unis d'Amérique. La Tunisie a bénéficié du soutien inconditionnel de ses partenaires dans les moments les plus difficiles de son histoire.


Malheureusement, cette dernière année, les relations diplomatiques tunisiennes ont été considérablement affaiblies par la situation politique du pays et le processus entamé par le président de la République, Kaïs Saïed, depuis le 25 juillet 2021. La Tunisie a collectionné les communiqués américains ou européens mettant en garde contre la dégradation de la situation du pays et la nécessité d'entamer un processus inclusif basé sur le dialogue. Le Sénat a multiplié les visites et les délégations visant à observer de près le développement de la situation et cherchant à ouvrir un dialogue avec le pouvoir exécutif. En une année, ce ne sont pas moins de cinq communiqués critiquant les décisions du président qui ont été publiés par le département d'Etat. De même pour l'Union européenne qui avait exprimé sa préoccupation quant aux agissements de Kaïs Saïed et est allée jusqu'à mettre l'accent sur le faible taux de participation au référendum du 25 juillet 2022.


Face à ces critiques, la diplomatie tunisienne a opté pour la politique du silence. Un mutisme sans précédent avait frappé nos officiels et notre ministère chargé des Affaires étrangères. Nous avons eu seulement droit, lors des discours du chef de l'Etat, à quelques slogans soulignant l'importance de la souveraineté de la Tunisie et du peuple et l'indépendance du pays. La présidence n'a pas jugé bon de présenter des explications claires sur la situation ou de donner les instructions, en tant qu'autorité chargée des relations étrangères et des affaires diplomatiques, au ministère des Affaires étrangères, Othman Jerandi de déployer les ressources nécessaires et de fournir les efforts permettant d'apporter les éclaircissements nécessaires quant au processus entamé depuis le 25 juillet 2021.

En plus de cela, plusieurs ambassades sont actuellement vides. Nous pouvons citer à titre d'exemple la non-désignation d'un successeur à Moez Sinaoui, ancien ambassadeur de la Tunisie en Italie. Il existe un véritable problème au niveau de la nomination d'ambassadeurs pour plusieurs pays européens. On assure, depuis le mois de septembre la mission par intérim alors que la Tunisie mendie auprès des nations les plus puissantes du vieux continent et cherche un soutien aux négociations en cours avec le Fonds monétaire international. Idem pour l'ambassade de la Tunisie en Iran, puisque les défaillances de la Tunisie au niveau diplomatique ne s'arrêtent pas au niveau des relations tuniso-européennes. Depuis la fin de la mission diplomatique de Samir Mansa, il y a de cela quelques semaines, la Tunisie a jugé bon de ne pas procéder à une nomination dans l'immédiat d'un responsable de notre mission diplomatique au sien d'un pays a qui profite l'actuelle crise énergétique résultant du conflit russo-ukrainien.


La présidence de la République a montré son incapacité à préserver et à consolider ses relations avec les pays amis et voisins que ce soit dans le cadre de relations bilatérales ou dans des organisations auxquelles la Tunisie appartient. Kaïs Saïed s'est retrouvé face à une décision de la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples l'appelant à rétablir la démocratie constitutionnelle dans un délai de deux ans. La Cour ordonne à l’Etat défendeur d’abroger les décrets présidentiels n° 117 du 22 septembre 2021, et les décrets n°69, 80, 109 du 26, 29 juillet et 24 août 2021 et les décrets n°137 et 138 du 11 octobre 2021 et de rétablir la démocratie constitutionnelle dans un délai de deux ans à titre de mesure de restitution. De son côté, Kaïs Saïed a persisté dans son mutisme. Il n'a toujours pas émis de réponse à ce sujet ou expliqué ce qu'il comptait faire par rapport à cela. On aurait dit qu'il n'y avait jamais eu de cour africaine ou de décision ! Le président de la République, à qui revient de poser la politique du pays en matière de relations diplomatiques, croit-il qu'ignorer ses problèmes finira par les faire disparaître ?

De plus, la Tunisie semble ne plus être attachée à son patrimoine historique et culturel ou vouloir continuer à œuvrer pour sa sauvegarde et son inscription sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco. Notre pays n'est plus capable de s'exprimer et de présenter son avis auprès de cette organisation puisque nous n'y avons plus d'ambassadeur officiel. Ghazi Ghrairi, qui s'était illustré dans sa tâche, est rentré à Tunis suite à la fin de sa mission diplomatique en septembre et aucun successeur n'a été nommé. Il s'agit là d'un fait pouvant considérablement porter atteinte à la diplomatie tunisienne et à son image puisque Ghazi Ghrairi était, également, chargé de la coordination avec le groupe de pays faisant partie de l'Organisation mondiale de la Francophonie. Or, la Tunisie compte organiser le prochain sommet de la francophonie les 19 et 20 novembre 2022, soit le mois prochain ! Kaïs Saïed tenterait, donc, d'organiser un sommet sans coordination avec les participants ?


La situation de la diplomatie tunisienne est chaotique. Une véritable défaillance de la part de Kaïs Saïed peut être observée à ce niveau en raison de l'incapacité du président à gérer un tel dossier. Il avait essayé de tenter un rapprochement avec l'Algérie et de s'attirer le soutien et l'affection du pouvoir en place. 

Afin de réaliser cet objectif, le chef de l'Etat est allé jusqu'à mettre en péril la relation de la Tunisie avec le Maroc en invitant officiellement, et à titre individuel, le représentant du Front Polisario à l'occasion de la Ticad 8 organisée en collaboration avec le Japon. Ce pays avait pourtant critiqué la position tunisienne. 

Par la suite, et quelques semaines après, alors que Kaïs Saïed avait misé sur le soutien à l'Algérie dans le cadre du conflit l'opposant au Maroc, nous avons été surpris de découvrir un vent de rapprochement entre les deux pays voisins. Le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita a reçu le ministre algérien de la Justice, Abderrachid Tebbi. Il s'agit-là de la première visite d'un officiel algérien au Maroc depuis l'annonce de la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays. La diplomatie tunisienne, quant à elle, a reçu un véritable coup de poing dans la figure !


Sofiene Ghoubantini

07/10/2022 | 15:30
6 min
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Commentaires
Observateur
La diplomatie tunisienne disparaîtra dans la cadre de la restructuration US de la région afrique du nord / sahel
a posté le 08-10-2022 à 13:18
La région afrique du nord / sahel est devenue stratégique et vitale pour les états-unis et souhaite la restructurer en fonction de ses intérêts suprêmes.
Bordant l'atlantique sud, la méditerranée, le grand sahara et la mer rouge, les états-unis veulent définitivement asseoir leur influence sur cette région sensible et lutter contre les velléités russe et chinoise.
Cette stratégie se basera sur quatre puissances régionales piliers que sont l'algérie, le maroc, l'egypte et le nigeria considérées par washington comme capables d'assurer l'équilibre et de veiller aux intérêts US.
Les négociations sont en cours avec ces acteurs pour que chacun assume une influence sur un périmètre défini. Les premières études des thinks-thank US parlent d'une zone d'influence algérienne qui serait le nord mali, le nord niger, la tunisie et la tripolitaine libyenne, d'une zone d'influence marocaine qui serait le sahara occidental, la mauritanie, le sud mali ainsi que les pays ouest africains en coordination avec le puissant nigeria qui supervisera le sud niger et enfin la zone d'influence égyptienne avec la cyrénaïque libyenne, le tchad et le soudan.
Il est clairement convenu que les "états " sous influence ne seront plus que des gouvernorats sans aucune souveraineté et seront sommés d'exécuter les directives.
C'est dans ce cadre qu'il faudra lire la disparition programmée de la "diplomatie" tunisienne.
veritas
Le meilleur joker '?'
a posté le 08-10-2022 à 08:15
Bouchlaka des criminels islamistes en fuite aux Qatar et le meilleur joker pour sauver la diplomatie '?'toutes les compétences d'avant 2011 ont été mis aux calandres grecques (soit mis à la retraite soit emprisonné soit poussé à l'exile)'?'il n'y a que des amateurs et des moins que des apprentis'?'.le pays va encore ramer durant plusieurs années car il a été détruit de l'intérieur avec la plus grande haine pour qu'il ne se relèvera plus jamais comme l'ont bien voulu et souhaité les instigateurs du printemps islamistes destructeurs.
Rationnel
Pourquoi ne pas reduire le nombre de representations diplomatiques?
a posté le 07-10-2022 à 19:18
A quoi sert les ambassades et toutes ces représentations diplomatiques? La communite des expats tunisiens est concentre dans cinq, on n'a besoin que de maintenir 61 ambassades et 25 consulats pour satisfaire leur besoins (730 milles en France, 200 milles en Italie, 95 milles en Allemagne, 70 mille en Libye, 40 au UAE ) après on parle de moins de 30 milles. Plus de la moitie réside en France. Ce sont les pays ou se dirige la majorité des exportations: la France, l'Allemagne et l'Italie représente 60% du total.
Chaque membre du corps diplomatique doit être logé et payé avec un salaire qui reflète le coup de vie du pays ou il exerce, l'état doit payer l'éducation de ses enfants dans des écoles prives (des centaines de milliers de dollars), ensuite il y a les coût de location des ambassades et des consulats, et que gagne le pays en retour? On peut se suffire a une dizaine d'ambassades: le groupe G7, l'union européenne, la Libye et l'UAE.
La majorité des contacts peuvent se faire par téléphone, skype, whatsapp, zoom et les autres outils de télécommunication. On peut faire des voyages éclairs pour discuter des sujets, ceci peut se faire par le ministre des affaires étrangères ou ses vice-ministres, adjoint etc.
Si le pays n'a pas de devises pour satisfaire les besoins alimentaires de son peuple, est ce qu'il peut se permettre le luxe de maintenir tant d'ambassades et représentations diplomatiques qui ne font rien. En réduisant le nombre d'ambassades au stricte nécessaire ce sont des centaines de millions de dinars qui peuvent être réorientes vers des achats plus vitaux et nécessaires.
DHEJ
ROBOCOP est aux commandes...
a posté le 07-10-2022 à 19:17
Que des pénuries partout...
Hadj
Trop tard
a posté le 07-10-2022 à 19:05
Ce ministère a été décapité depuis 2011 lorsque" Les révolutionnaires " ont décidé que le maintien en activité au-delà de 60 ans doit cesser cette mesure qui a touché le haut encadrement du département directeurs généraux., Ambassadeurs a privé le pays du concours de compétences confirmées ayant une longue et riche expérience...la situation actuelle n'a rien d'étonnant elle est le résultat de choix malheureux faisant fi de l,intérêt général,et fait par des énergumènes qui tenaient à faire table rase,créer des vacances et multiplier les chances d'être nommés à des postes pour lesquels ils n'ont pas _a de rares exceptions -été préparés.le résultat est là :une diplomatie sans moyens '-notamment humains -pour faire face aux grands défis que connaît actuellement le monde et une Tunisie disparue des radars et qui pèse peu sur la scène internationale.
Houcine
Diplomatie ?
a posté le 07-10-2022 à 18:51
Lorsque la Tunisie inaugurait son indépendance, elle a pu inscrire son action diplomatique au sein d'un courant, celui des Non-alignés.
On sait, que dans les faits, cette diplomatie fut plus amicale et plus proche de l'Occident, pour ne pas dire y alignée. Toutefois, l'on s'efforçait de tenir une médiane en équilibristes....
Depuis 2011, on a assisté à un ballet de prétendants sans talent ni culture et bien malin qui ferait le bilan exact des retombées de cette marée.
D'où, et pour rester équitable, il peut être dit que tenir Kais Saied pour responsable relève du procès injustifié.
Que l'on se souvienne juste que Bouchlaka, gendre du gourou fut ministre de ces affaires.
Alors, faisons les comptes....
Kamiakz
Allemagne
a posté le 07-10-2022 à 17:17
On n'a pas d'ambassadeur en Allemagne depuis une année entière idem pour la Turquie et pour ne citer qu'eux. C'est environ une trentaine d'ambassades ou consulats qui n'ont pas de chefs. Le dernier de son souci est la politique étrangère.
Notre maison brûle mais on regarde ailleurs.
Samy
information erronée
a posté le 07-10-2022 à 16:08
Vous avez ecris: "L'Algérie a décidé de se réconcilier avec son voisin marocain. Le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita a reçu le ministre algérien de la Justice, Abderrachid Tebbi". C'est totalement faux, l'Algérie n'a jamais décidé de se réconcilier avec le Maroc et la visite du ministre algérien de la justice était juste pour remettre une invitation au Roi M6 pour assister au sommet des pays arabe prévu le mois prochain en Algérie. D'ailleurs la visite du ministre algérien n'a duré qu'une heure, le temps de remettre l'invitation et de rentrer. Donc il ne faut induire les lecteurs en erreur en affirmant que l'Algérie a fait un revirement sur ses relations avec le Maroc. Vous voulez cassez du Saïed c'est votre problème et d'ailleurs c'est l'objectif principal de BN ces derniers temps mais au moins il ne faut pas raconter des mensonges.
1/3i
Justement...
a posté le à 17:59
Qu'un ministre algérien se rende au Maroc, pour inviter le roi du Maroc à venir en Algérie, c'est en diplomatie le signe d'un rapprochement....