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Chroniques
Quelques certitudes à une semaine du référendum
Par Sofiene Ben Hamida
17/07/2022 | 17:28
4 min
Quelques certitudes à une semaine du référendum

 

Une semaine à peine sépare le pays du référendum sur la constitution de la nouvelle République. Mais tout se passe comme si on se dirigeait vers un non-événement. La campagne peine à démarrer et les panneaux d’affichage restent nus. Même les défenseurs du oui semblent leur préférer des emplacements plus voyants que seuls les contrôleurs de l’ISIE n’ont pu voir. La palme revient aux défenseurs du oui à la Manouba qui n’ont pas trouvé mieux que d’afficher un grand « oui » vert, aux couleurs du paradis, à l’entrée du cimetière. Parions que les visiteurs du cimetière n’ont pas la tête à ça alors que les résidents n’ont que faire des sollicitudes des vivants qui veulent absolument perturber leur quiétude éternelle.

 

Dans cette nonchalance générale, les dés semblent jetés et seules quelques incertitudes persistent. La plus importante se situe du côté des opposants de la constitution de la nouvelle République. Vont-ils boycotter carrément le référendum ou vont-ils se déplacer aux bureaux du vote pour glisser un non dans l’urne. Ceux qui défendent le boycott veulent montrer leur opposition au processus du 25 juillet, baisser le taux de participation au point de porter atteinte à la légitimité de l’ensemble du processus ainsi qu’à celle du président de la République. Par contre, ceux qui prônent une participation au vote, ils espèrent collecter un demi-million de « non », soit le nombre équivalent aux participants à la consultation électronique jugée « réussie » par le président de la République lui-même, ce qui fait des opposants de la nouvelle constitution, une expression politique que nul ne pourra désormais ignorer.

 

En face, s’affiche toute une panoplie de certitudes dont voici quelques unes. La première est que le « oui » l’emportera largement. Pas parce que le projet présenté est acceptable ou qu’il constitue un nouveau contrat social, fruit d’une large concertation nationale, loin de là. Il le sera faute de combattants, car les opposants de la nouvelle constitution sont toujours aussi divisés qu’avant, pour les mêmes raisons et avec les mêmes egos qu’avant. Leur descente aux enfers et le désamour que leur vouent les Tunisiens se prolongeront tant qu’ils n’ont pas décidé de changer d’approches et de dirigeants.

La seconde certitude est que l’Isie, aidée par la Haica ont lourdement perturbé la campagne référendaire et ont contribué largement à son échec. L’Isie n’est plus une instance indépendante des élections puisque tous ses membres ont été désignés par le président de la République seul chef de tous les pouvoirs. Par son manque de professionnalisme, ses tergiversations, ses décisions contradictoires, son calendrier flexible en fonction des désirs de l’exécutif et sa myopie flagrante concernant toutes les infractions commises par les soutiens du président, le conseil de l’Isie a bafoué la règle de l’équité, perturbé le déroulement de la campagne et risque de fausser les résultats du vote. La responsabilité première revient au président de l’Isie ainsi qu’à certains de ses adjoints qui ont montré une malléabilité déconcertante. Quant à la Haica, elle a trahi sa mission essentielle de défendre la liberté d’expression et s’est associée à l’Isie dans un marché de dupe, liberticide et anti démocratique. Sachant qu’elle ne figure pas parmi les instances constitutionnelles dans la constitution de la nouvelle République, on dira d’elle que la Haica de son vivant n’a pas réussi à jouer son rôle d’instance de régulation du paysage audiovisuel, mais qu’au moment de rendre l’âme, elle n’a pas réussi non plus à mourir dignement, la tête haute.

 

Sur le fond et concernant le contenu du projet lui même, on se limitera à une seule certitude : La constitution de la nouvelle République instaure un régime présidentialiste qui s’apparente à une dictature pure et dure et ouvre la voie à un Etat religieux. Les correctifs apportés la veille de l’Aïd ne sont que des fumigènes. Réagissant à cela, le doyen Sadok Belaid a déclaré que le président de la République prend les Tunisiens pour des imbéciles. C’est cruel, mais il a tout résumé.

Seulement, la certitude la plus importante semble se rapporter à l’espérance de vie de la constitution de la nouvelle République. Cette constitution cessera d’exister à l’instant même où Kaïs Saïed quittera le pouvoir. Lui qui tient tellement à inscrire son œuvre dans l’histoire, les historiens noteront que sa constitution fut l’une des plus éphémères de l’histoire du pays.

Par Sofiene Ben Hamida
17/07/2022 | 17:28
4 min
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Commentaires
Carthage Libre
"car les opposants de la nouvelle constitution sont toujours aussi divisés qu'avant, pour les mêmes raisons et avec les mêmes egos" !!!!
a posté le 18-07-2022 à 13:39
Alors dites moi, vous vouliez que le PDL s'associe avec les frères khwejias d'Ennahdha? C'est ça que tu veux dire?

Un peu de sérieux quand même quand tu écris!

Fares
Une campagne bien ciblée
a posté le 17-07-2022 à 21:43
Rien de plus normal que de faire la propomotion du "oui" à l'entrée d'un cimetière puisque les assadikoun de Saïed comptent faire voter les morts.

Franchement, ce référendum est un non événement, d'ailleurs j'ai piscine le 25 donc je ne pourrai pas y participer.
Chanchan
Soufiene ben hmida
a posté le 17-07-2022 à 21:05
Nostalgique à la médiocrité, c'est incroyable comment ces gens pensent.
Au lieu de trouver et proposer des solutions suite aux catastrophes socio-économiques connues par la Tunisie durant la dernière decennie, ils ne savent dire que des n'importes quoi.
La médiocrité dépend des manigances et des corruptions les plus grandes spécialités en Tunisie.
bml
ABRUTI ET NUL
a posté le à 15:50
Les solutions pour la situation déplorable du pays sont du ressort de votre président incompétent et schizo . Votre commentaire est la nullité même .Quel abruti
MH
Aussi claire que l'eau de roche
a posté le 17-07-2022 à 20:52
L'issue de ce référendum ne fait aucun doute, l'avenir du pays aussi. Nous serons perdus dans l'errance.
Immigré
Implacable
a posté le 17-07-2022 à 20:03
Article froid et implacable ! SBH a tout dit, tout décrit. De la racaille des partis, à l'apprenti dictateur de Carthage , en passant par le bon peuple , son chouchou de "cha3b", au mieux immature et au pire inculte voire analphabète. Hélas, il a raison sur tout ou presque....SBH, pas l'autre. Il a juste oublié de nous prévenir qu'avec l'autre, le pire est devant nous. C'est ma certitude.
Warrior
d'une dictature, l'autre .................................
a posté le 17-07-2022 à 19:06
avez vous vu une dictature lancer un référendum, se terminer par NON
Zzz
Pauvres de nous !!!
a posté le à 11:01
Bonne question / réponse.
Forza
Oui la durée de la vie du torchon du putschiste
a posté le 17-07-2022 à 17:44
est égale à la durée de vie de son putsch mais celui qui lui succédera fera pire car il a vu comme c'est facile de dicter tout aux tunisiens. Tels des moutons, ils ne montrent aucune résistance. Les soudanais militent depuis des semaines pour un état civil et contre la dictature militaire. En fin de compte, les tunisiens montrent qu'ils ne sont pas mûrs pour la démocratie.
Bizertin
Je vois un avenir noir pour la Tunisie
a posté le à 20:21
Si les tunisiens n'arrêtent pas ce referendum avant le 25 juillet.
Les peuples qui veulent vivre dans la liberté payent très cher ces transitions mais malheureusement les tunisiens doivent passer par cette case qui demande beaucoup de sacrifices et pourtant au début les Tunisiens ont réussi à minimiser ces vies humains mais la contre revolution était forte ,aidé par des hommes politiques bleus hésitants qui ont laissé pourrir la situation. A titre d'exemple 250 épiceries politiques qui ont participé l'éparpillassions des voies et l'impossibilité de gouverner.
La contre revolution est composée de quelques dizaines de familles qui ont profité de l'économie depuis 1956 aidés de traitres et des ignorants qui ne savent rien la réalité des choses.
Le putsch est venu suite de 2 lois essentielles dans l'économie par l'ARP, la loi de l'économie solidaire et la loi de l'elimination des autorisations .Ce sont les quelques familles riches qui profitent qui ont poussé le facho comme une poupée à faire le putsch contre l'ARP.. Maintenant la contre revolution aimera-t-elle que la Tunisie ressemble à l'Iran? L'avenir nous dira!!.
Il faut arrêter le referendum ,c'est essentiel.
Hédi
Argumentaire de pacotille
a posté le à 09:56
C'est si reposant la théorie du complot; cela nous épargne les affres d'une analyse rationnelle et nous fait prendre des raccourcis à l'emporte-pièce. C'est magique !
Bizertin
Si tu as
a posté le à 10:45
d'autres theories on est toute ouïe.
Il ne faut pas venir comme un pet salir l'atmosphère et partir comme ça . Un peu d'éducation.
Forza
@Bizertin - absolument
a posté le à 21:13
Je partage l'analyse, les familles oligarques sont le noyau dur de l'état profond et de la contre-révolution. Ils ont des satellites qui tournent autour d'eux, généraux de l'armée et du MI, hauts directeurs de l'administration et ils coopèrent avec les dictatures de la région, toutes reposent sur l'économie de rente comme eux.

Concernant la constitution et l'Iran, je ne pense pas que Saied est un islamiste, c'est de la takia, comme on dit maoum esanaa. Reste qu'il n'est pas clair si les familles oligarques le laisseront comme pion ou si elles vont le dégager et placer quelqu'un du lobby qui régnait depuis 56.

Plus grave encore, si la Tunisie se transformera en dictature militaire, dans laquelle les généraux eux-mêmes commencent à contrôler l'économie de rente comme en Algerie, Egypte ou Syrie. C'est encore plus grave que le système corrompu des autorisations des oligarques.
Nephentes
Très bien vu Forza
a posté le à 22:34
Très bien analysé

Comme d'habitude
Soussi
Juillet
a posté le 17-07-2022 à 17:37
Ya Si Soufiene
C est juillet en Tunisie tout le monde en vacances
All this is a waist of time