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Pourquoi certains pays avec plus de fonctionnaires sont-ils plus efficaces que d’autres ?
21/01/2025 | 13:12
3 min
Pourquoi certains pays avec plus de fonctionnaires sont-ils plus efficaces que d’autres ?

 

Dans le monde, le secteur public joue un rôle crucial dans le développement économique et social des nations. Cependant, tous les pays ne bénéficient pas du même niveau d’efficacité, même lorsque le nombre de fonctionnaires est élevé. Cette réalité soulève une question essentielle : pourquoi certains pays, malgré un pourcentage important de fonctionnaires dans leur population active, parviennent-ils à être plus performants que d’autres ? La réponse réside dans une combinaison de facteurs structurels, organisationnels et culturels, souvent appuyés par des données chiffrées.

 

Dans les pays efficaces, la gestion des ressources humaines est souvent exemplaire. Prenons l’exemple de la Norvège, où environ 30 % de la population active est employée dans le secteur public, contre environ 15,9 % en Tunisie. Malgré ce pourcentage élevé, la Norvège excelle grâce à des systèmes de performance sophistiqués, des promotions basées sur le mérite, et des programmes de formation continue pour les fonctionnaires. À l’inverse, en Tunisie, le secteur public compte plus de 663 000 fonctionnaires, mais ceux-ci sont parfois mal répartis, avec une sur-représentation dans certaines administrations et des lacunes dans des domaines critiques comme la santé.

 

L’allocation optimale des effectifs constitue un autre pilier de l’efficacité. En Suède, où les fonctionnaires représentent environ 28 % de la population active, une gestion proactive garantit que les ressources sont concentrées dans des secteurs essentiels tels que l’éducation et la santé. Ce pays consacre environ 10 % de son PIB aux dépenses publiques de santé, permettant d’assurer un service universel de qualité. En comparaison, la Tunisie consacre environ 6,5 % de son PIB à la santé publique, avec des ressources humaines souvent insuffisantes dans les zones rurales, ce qui contribue à un système moins performant.

 

La technologie joue également un rôle déterminant. En Estonie, leader mondial en matière de digitalisation des services publics, plus de 99 % des démarches administratives sont accessibles en ligne. Ce système permet de réduire les délais, d’éliminer les erreurs humaines et de renforcer la satisfaction des citoyens. Par exemple, la création d’une entreprise en Estonie prend moins de 15 minutes, contre plusieurs semaines en Tunisie en raison des lourdeurs bureaucratiques. Cette inefficacité administrative freine l’attractivité du pays pour les investisseurs étrangers.

 

La transparence et l’éthique sont également au cœur de la réussite des systèmes publics performants. En Suède, l’indice de perception de la corruption est l’un des plus bas au monde, se classant parmi les 10 premiers pays selon Transparency International. À l’opposé, la Tunisie est encore confrontée à des défis dans ce domaine, se situant au 69e rang mondial en 2023. Ce manque de transparence a un coût : il freine les réformes nécessaires et réduit la confiance des citoyens dans leurs institutions.

 

Enfin, le leadership et la vision jouent un rôle clé dans la performance du secteur public. Singapour, par exemple, consacre plus de 20 % de son budget à la formation et au développement des compétences des fonctionnaires. Ce pays, qui compte un secteur public relativement restreint, s’est concentré sur l’efficacité en adoptant des technologies avancées et en fixant des objectifs clairs à chaque institution. À titre de comparaison, en Tunisie, les dépenses liées à la masse salariale des fonctionnaires représentent environ 60 % du budget national, limitant ainsi les investissements dans des projets de modernisation ou d’infrastructure.

 

Ainsi, l’efficacité des fonctionnaires ne dépend pas uniquement de leur nombre, mais aussi de la qualité de leur gestion, des outils à leur disposition et du cadre dans lequel ils évoluent. Des réformes ciblées et des investissements stratégiques pourraient permettre à des pays comme la Tunisie d’améliorer leurs performances, en s’inspirant des modèles internationaux les plus aboutis. Par exemple, une augmentation de 5 % des dépenses publiques dans la digitalisation pourrait réduire considérablement les délais administratifs et renforcer l’attractivité du pays. Investir dans ces domaines est une condition sine qua non pour tout État désireux de transformer son secteur public en un véritable moteur de développement économique et social.

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