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Pour l’économie, la révolution est finie depuis longtemps
08/06/2018 | 17:59
5 min
Pour l’économie, la révolution est finie depuis longtemps

 

 

Les experts économiques, les différents représentants du patronat, les gouverneurs successifs de la Banque centrale de Tunisie et même certains ministres se sont tous accordés sur une chose : l’économie est le parent pauvre depuis la révolution de 2011. Cette négligence a coûté cher et nous a fait emprunter de l’argent à l’extérieur. Sauf que même pour l’étranger, la sympathie pour la révolution tunisienne est finie.

 

C’est le 27 mai 2018 que l’agence de notation Fitch Ratings a rendu public son rapport sur la Tunisie dans lequel elle révise les perspectives sur la note de défaut de l'émetteur à long terme en devises étrangères (IDR) à Négatif par rapport à Stable et a confirmé l'IDR à "B +". L’agence explique cette note par plusieurs facteurs dont la forte croissance de la dette intérieure et extérieure de la Tunisie et donc le creusement des déficits, une croissance encore fragile doublée d’un rythme de réformes atone. L’agence évoque également une situation d’instabilité politique avec les tractions de l’Accord de Carthage principalement. Puis, le 29 mai 2018, le chef du gouvernement, Youssef Chahed, prononce un discours dans lequel il attaque directement le directeur exécutif de Nidaa Tounes, Hafedh Caïd Essebsi. Selon certaines sources, jusqu’au dernier moment, Fitch Ratings allait maintenir la perspective stable pour la Tunisie avant de la changer en négative à la lumière des gesticulations politiques de la scène tunisienne. Aujourd’hui, le ministre de l’Intérieur, Lotfi Brahem, a été remercié et un large remaniement est dans les tubes. Autant dire que la stabilisation politique attendra.

Cet état des faits a un impact immédiat sur la situation de l’économie tunisienne. Le flou qui entoure l’avenir politique du pays a un effet direct sur les intentions d’investissement. Parallèlement, le facteur politique a une lourde pondération dans les notes élaborées par les agences internationales de notation. Conséquence immédiate de tout cela dans la situation de la Tunisie : la sortie prévue sur les marchés internationaux pour attirer 1 milliard de dollars est ajournée et il est difficile de prévoir, aujourd’hui, dans quelles conditions elle se fera.

 

Un diplomate accrédité à Tunis confiait il y a quelques mois que « la fenêtre de sympathie envers la Tunisie et sa révolution allait en se fermant ». Il expliquait cela par le fait que cette sympathie ne pouvait de toute façon qu’être temporaire et qu’en plus, le monde est en pleine mutation avec l’avènement de nouveaux conflits, de nouvelles zones de tension, les changements successifs à la tête de plusieurs puissances et d’autres facteurs encore. Une réflexion prémonitoire car c’est ce que confirment aujourd’hui plusieurs négociateurs tunisiens dans différents domaines qui remarquent un certain raidissement des positions des partenaires étrangers de la Tunisie. Le pays ne bénéficie plus de la même marge de manœuvre qu’il avait en 2012 ou 2013. Aujourd’hui, la Tunisie est priée d’avancer dans les réformes qu’elle s’est engagée à réaliser et les discussions se limitent à l’aspect technique de ces réformes. On ne prend plus en considération le caractère transitoire de la démocratie tunisienne et on parle uniquement chiffres, pourcentages et réalisations.

Toutefois, certains de nos partenaires, et particulièrement le FMI, auraient pu être beaucoup plus durs avec nous qu’ils ne le sont aujourd’hui. La situation économique de la Tunisie n’est pas éloignée de celle de la Jordanie ou de l’Ukraine, et malgré le poids géopolitique de ces deux pays, le FMIn’a pas hésité à se montrer intraitables avec eux. La Tunisie garde un statut relativement particulier au sein du fonds particulièrement grâce au talent des négociateurs tunisiens qui sont rompus aux rapports avec le FMI. Toutefois, cette sympathie relative ne tiendra pas longtemps, malgré tout le talent des négociateurs. L’assainissement des finances publiques, qu’il soit demandé par le FMI ou pas, est une nécessité pour la Tunisie. Une ribambelle de réformes est nécessaire pour améliorer la situation économique de la Tunisie et parallèlement continuer à bénéficier des prêts du FMI.

 

Mais quand on parle de réformes, c’est vers la Kasbah et le Bardo qu’il faut se tourner. D’abord à la Kasbah, le fait que les ministres et conseillers impliqués dans la chose économique soient aussi nombreux a toujours été décrié par nombre d’experts économiques.Une situation à l’origine de plusieurs cafouillages dont le classementde la Tunisie sur une liste noire européenne.Par ailleurs, la sensibilité à la situation économique ne semble pas être partagée par l’ensemble de l’équipe gouvernementale. Seuls les ministres directement impliqués comme celui des Finances ou encore celui du Développement et de la Coopération internationale ont une réelle conscience de la délicatesse de la situation des finances. Par ailleurs, les pressions, les jeux politiques de positionnement, l’instabilité ont également une incidence sur l’équipe gouvernementale qui, en plus, est loin d’être homogène en termes de compétences…

De l’autre côté, il y a l’Assemblée des Représentants du Peuple, qui porte une responsabilité non négligeable. Ce que Fitch Ratings appelle le train des réformes a fait escale au Bardo et a du mal à en bouger. En octobre 2017, à l’ouverture de la session parlementaire 2017-2018, le président de l’ARP, Mohamed Ennaceur, assurait que les priorités législatives seraient fixées conjointement avec le chef du gouvernement, Youssef Chahed. Il n’est un secret pour personne que pour Youssef Chahed, la priorité est largement économique et que, s’il fallait fixer des priorités, elles seraient relatives aux projets de lois économiques. Toute cette bonne volonté ne l’a pas empêché de devoir revenir à la charge en avril 2018, pour redemander à l’ARP d’accélérer les discussions autour des projets de lois économiques, suivis de près par le gouvernement et par le FMI. A titre d’exemple, le projet de loi sur la réforme fiscale est perdu dans les méandres de l’Assemblée depuis plusieurs mois. Autre exemple, les milieux économiques et gouvernementaux ne cachent pas leur sidération que l’amendement de deux articles dans la loi de lutte contre le terrorisme et le blanchiment d’argent de 2015, particulièrement importante, prenne autant de temps. 

 

Tarek Cherif, président de la Conect, Wided Bouchamaoui et Samir Majoul, les deux chefs successifs de l’UTICA, la Banque centrale et autres intervenants n’ont cessé de demander à ce que l’économie prenne une place centrale dans la politique de l’Etat. La prise de conscience ne semble commencer de manière effective que depuis que Youssef Chahed est à la tête du gouvernement. Toutefois, cela reste largement insuffisant du point de vue des milieux économiques qui nourrissent de grandes inquiétudes sur la situation future même si notre destin est, jusqu’à aujourd’hui, entre nos mains.

 

Marouen Achouri

 

08/06/2018 | 17:59
5 min
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Commentaires (2)

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DHEJ
| 08-06-2018 20:29
La Tunisie affiche des avoirs nets en devises l'équivalent de 71

TATA
| 08-06-2018 18:26
Franchement, je me sens mal quand je lis votre article ci-dessus! Il n'y a pas de continuité dans vos idées et dans votre texte!

Je vous prie de relire le texte suivant de votre article ci-dessus: "L'agence évoque également une situation d'instabilité politique avec les tractions de l'Accord de Carthage principalement. Puis, le 29 mai 2018, le chef du gouvernement, Youssef Chahed, prononce un discours dans lequel il attaque directement le directeur exécutif de Nidaa Tounes, Hafedh Caïd Essebsi. Selon certaines sources, jusqu'au dernier moment, Fitch Ratings allait maintenir la perspective stable pour la Tunisie avant de la changer en négative à la lumière des gesticulations politiques de la scène tunisienne. Aujourd'hui, le ministre de l'Intérieur, Lotfi Brahem, a été remercié et un large remaniement est dans les tubes. Autant dire que la stabilisation politique attendra."

Je segmente ce texte:
1)L'agence évoque également une situation d'instabilité politique avec les tractions de l'Accord de Carthage principalement. 2)Puis, le 29 mai 2018, le chef du gouvernement, Youssef Chahed, prononce un discours dans lequel il attaque directement le directeur exécutif de Nidaa Tounes, Hafedh Caïd Essebsi. 3)Selon certaines sources, jusqu'au dernier moment, Fitch Ratings allait maintenir la perspective stable pour la Tunisie avant de la changer en négative à la lumière des gesticulations politiques de la scène tunisienne. 4)Aujourd'hui, le ministre de l'Intérieur, Lotfi Brahem, a été remercié et un large remaniement est dans les tubes. Autant dire que la stabilisation politique attendra.

===> des sauts entre trop d'informations en disharmonie et comprimées en quelques lignes! Et souvent les causalités ne sont pas évidentes!

Vous avez souvent de très bonnes idées, par contre je vous propose de mieux structurer vos textes!

Bonne continuation