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Chroniques
Peut-on se fier à toutes ces retrouvailles politiques ?
Par Sofiene Ben Hamida
27/09/2020 | 17:00
4 min
Peut-on se fier à toutes ces retrouvailles politiques ?

Par Sofiene Ben Hamida

 

Les opérations de réconciliation, de remembrement, de coalition et même de fusion se multiplient ces derniers temps dans le paysage politique tunisien. Ce n’est pas la première fois que des tentatives de coalition entre des partis ou des tendances politiques sont enregistrées. Il y en a eu des dizaines depuis l’officialisation du multipartisme dans le pays au début des années 80. Malheureusement, elles ont toutes échoué sans exception aucune. Pourquoi devrions-nous donc accorder un crédit à ces nouvelles tentatives et être optimistes quant à leurs issues ? Sinon, quels sont les objectifs réels de ces manœuvres autres que ceux publiquement exprimés ?

 

Au sein du parti islamiste Ennahdha, on annonce le retour au bercail de Riadh Chaibi, celui qui avait bruyamment claqué la porte de la chapelle bleue il y a quelques années pour créer son propre parti politique sans grand succès. Aujourd’hui, il revient, sans condition semble-t-il, dans le giron d’Ennahdha et réintègre plus particulièrement  celui de Rached Ghannouchi, celui-là même qui était la principale cause de son départ. Mais Riadh Chaibi n’est pas le seul islamiste démissionnaire qui est revenu à de meilleurs sentiments. Avant lui, il y a eu Zoubeir Chehoudi qui se retrouve aujourd’hui l’un des animateurs de la fronde qui secoue actuellement le parti islamiste à la veille de son 11ème congrès. Le président de la Choura, Abdelkarim Harouni parle même de négociations avancées avec Hammadi Jebali en vue d’un éventuel retour. Ce dernier avait quitté son poste de chef de gouvernement et de secrétaire général d’Ennahdha et a même renoncé à son adhésion au parti islamiste en 2013, aprés l’assassinat du martyr Chokri Belaid et le rejet d’Ennahdha de sa proposition de former un gouvernement d’union nationale composé exclusivement de technocrates indépendants.

 

Dans la sphère dite démocratique, centriste, moderniste, progressiste, etc…, on nous annonce une fusion entre le parti Amal de Selma Elloumi, un reliquat du Nidaa guidé par Ridha Belhaj et le mouvement démocratique de Ahmed Néjib Chebbi. Pour être franc et plus proche de la réalité, cette tentative concerne en fait les personnes de Selma Elloumi, Ridha Belhaj et Ahmed Nejib Chebbi, tant ils agissent seuls sans s’adosser concrètement  à des structures réelles ou existantes sur le terrain. Ils tenteront, dès ce dimanche, de réussir là où ils ont toujours échoué et de recoller les morceaux d’un projet qu’ils ont activement détruit.

 

Pendant ce temps, à l’ARP, les blocs parlementaires d’Ennahdha, de Qalb Tounes et d'Al Karama annoncent une coalition qui confirme l’allégeance de Qalb et d'Al Karama au parti islamiste et qui prétend soutenir le gouvernement de technocrates présidé par Hichem Mechichi. Il n’en est rien réellement, car Ennahdha avait, dès le départ, refusé l’idée même d’un gouvernement non partisan et Al Karama n’a pas accordé sa confiance au gouvernement Mechichi.

En fait, cette coalition a d’autres objectifs. Elle permet de récupérer le chef de gouvernement lâché par le président de la République, ce qui permet d’avoir un atout de taille entre les mains de Ghannouchi dans sa confrontation avec Saïed sur la question des prérogatives. Elle permet aussi au président de l’ARP de s’entourer d’une ceinture parlementaire lui évitant dans l’avenir des situations cauchemardesques telles que vécues à l’occasion de la motion de censure présentée contre lui. Qalb Tounes trouve aussi son compte dans cette coalition qui permet à son président, toujours poursuivi dans des affaires judiciaires, de se protéger contre un président de la république qui ne cache plus son désir de le voir écroué. Quant à Karama , ses rapports de vassalité avec Ennahdha rend improbable toute position de sa part qui ne va pas dans le sens des intérêts du parti islamiste.

 

En fait, toutes ces tentatives ou manœuvres de rapprochement annoncées ici et là ne sont que la manifestation de la crise qui secoue la sphère politique et institutionnelle.

D’un autre côté, il est aisé de constater que le président d’Ennahdha et président de l’ARP se trouve au centre de cette crise politique et institutionnelle. C’est à cause de lui et sa volonté de se cramponner à son poste de président que le parti Ennahdha se trouve en pleine tourmente. C’est aussi à cause de sa gouvernance à l'ARP que les tensions entres les parlementaires sont exacerbées. C’est encore à cause de son interprétation incongrue de la diplomatie parlementaire et populaire que la tension est à son comble entre lui et le président de la République.

 

La centralité du personnage de Rached Ghannouchi dans toutes ces crises traduit-elle son génie politique ou trahit-elle son égoïsme et sa mégalomanie ? A chacun de se faire sa propre idée.

Par Sofiene Ben Hamida
27/09/2020 | 17:00
4 min
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Commentaires
expert
on va froitva un scenario a la libanaise
a posté le 27-09-2020 à 21:22
pauvre liban, a cause des oligarques ,n arrive pas a sortir du 3onk zoujaja comme disait le feu bajbouj. cevsobt kes dires du président macron ce soir après la démission du premier ministre libanais
Tunisino
Le pouvoir médiatique
a posté le 27-09-2020 à 20:27
C'est au pouvoir médiatique d'analyser les politiciens et les activités politiques pour aider les tunisiens à reconnaître leurs amis de leurs ennemis. Cependant, est-ce que le pouvoir médiatique est assez compétent et assez indépendant pour le faire, probablement non. Mais finalement les mauvais politiciens vont être démasqués faute de résultats, certes après des dégâts, mieux vaut tard que jamais!
Abidi
Se fier
a posté le 27-09-2020 à 18:49
Il faut être soi même fiable pour pouvoir parler de fiabilité bonne nuit