La Tunisie a vécu hier ce que d’uns ont qualifié de jeudi noir. Pendant quelques heures, les Tunisiens ont retenu leur souffle avant de se ruer en masse vers l’avenue Habib Bourguiba pour montrer une énième fois aux ennemis de la Tunisie, qu’elle ne pliera pas et que ce ne sont pas des terroristes qui viendront à bout du bon vivre tunisien.

A 10h50, un kamikaze s’est fait exploser dans l’une des rues les plus fréquentées de la capitale faisant un mort parmi les forces de la police municipale et de nombreux blessés civils. Quelques minutes plus tard, un autre terroriste activait sa ceinture explosive devant le siège des services de sécurité nationale à El Gorjeni, blessant des agents de la brigade antiterroriste. 

A Tunis, à Paris ou en Nouvelle Zélande, le terrorisme frappe et n’épargne personne. Les obscurantistes tentent, dans d’ultimes sursauts de haine, de propager le désespoir qui est le leur.  « Car accablés, ils ont recours à la violence » comme le disait si bien le martyr Chokri Belaïd. Affaiblis et de plus en plus isolés, les terroristes nourrissent une aversion pour les forces militaires et de sécurité tunisiennes qui ne cessent de déjouer leurs plans les poussant dans leurs derniers retranchements.

Le 27 juin 2019, peu avant 11h, au centre-ville de Tunis, un terroriste s’est fait exploser. L’attaque terroriste s’est déroulée près de la Porte de France, au croisement de la rue Charles De Gaulle et l'avenue de France. Un policier et trois citoyens sont blessés, un agent de la police municipale succombe à ses blessures et le terroriste est mort sur le coup.

Quelques minutes après la première attaque de Tunis, une deuxième explosion éclate au siège de la direction des unités spéciales anti-terrorisme, à El Gorjani. Guettant les unités anti-terroristes sur une bicyclette, le terroriste attendait leur départ pour la Porte de France. Repoussé par la sécurité, il s’est fait exploser au parking après avoir tenté de s'introduire dans le bâtiment sans succès. L’attentat, par ceinture explosive, a fait 4 blessés parmi les sécuritaires.

Plus tôt dans la journée, à l'aube, la station d’émission radiophonique de Mont Arbata dans le gouvernorat de Gafsa a été la cible d'éléments terroristes. Les assaillants ont ouvert le feu sur la station, déjà sécurisée par des militaires, sans avoir fait de victimes. Les forces militaires sont immédiatement intervenues poussant les terroristes à prendre la fuite.

Sans surprise, l'organisation terroriste de l'Etat islamique (Daech) a revendiqué les deux attaques commises à l'avenue de France et au siège de l'unité des forces spéciales antiterroristes d'El Gorjani.

Quelques minutes seulement après l’attentat du centre-ville, alors que les terroristes rêvaient de rues désertes et de peuple apeuré, les Tunisiens flânaient encore et faisaient leurs courses. Mieux encore, ceux qui n’avaient rien à faire à l’avenue s’y sont rendus et pris place dans les cafés narguant la mort et rendant hommage à la vie.

Le ministre du Tourisme, René Trabelsi, le disait bien ce matin, « la Tunisie est comme un boxeur, elle encaisse des coups mais restera debout ». L’amour de la vie est culturel chez les Tunisiens et ce n’est pas demain que cela va changer. Alors même que meurent des traitres, ce sont des photos de plages, de soleil, et de bonne bouffe qui inondent la toile. « Plus vous mourrez et plus nous vivrons, plus vous vous terrerez et plus nous profiterons du soleil et de la lumière » répondent les Tunisiens. La force du peuple tunisien a été saluée par le monde. Nombreux pays ont exprimé leur soutien à la Tunisie encensant le courage et l’abnégation des forces militaires et de sécurité nationales et réitérant leur amitié indéfectible aux citoyens tunisiens.

Indépendante, libre, rayonnante et fière, la Tunisie restera. Malgré tout, contre tout, elle qui a connu les plus grandes civilisations, continuera de marquer l’histoire. Elle, premier pays arabe à avoir aboli l’esclavage, premier pays arabe à avoir adopté une constitution, premier pays arabe à avoir libéré les femmes et garanti leurs droits, premier pays arabe à avoir proposé une solution politique au conflit Israélo-palestinien et premier pays arabe à avoir fait une révolution pacifique, pour la démocratie, sans bain de sang et sans armes, sera aussi le premier pays arabe à réussir son processus démocratique.

La Tunisie finira par éradiquer l’extrémisme qui tente de germer dans sa terre car les Tunisiens ont de quoi être fiers et aimer leur patrie. C’est de cet amour, de ce patriotisme sans failles qu’elle se nourrit pour continuer à graver dans le marbre sa glorieuse histoire…

Myriam Ben Zineb