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SUR LE FIL
Ommek Saneffa, elle, maîtrise ses chiffres
Par Synda Tajine
17/01/2023 | 15:59
3 min
Ommek Saneffa, elle, maîtrise ses chiffres

 

Contrairement à ce que l’on pense, Ommek Saneffa maîtrise très bien les chiffres. En excellente cuisinière, elle sait très bien que, pour faire un bon couscous, le temps de cuisson des pois chiches est différent de celui des pommes de terre. Elle sait aussi que les grammages du sucre, de la farine et du beurre peuvent faire réussir, comme faire complètement foirer, sa recette de tarte aux fraises.

Tout cela elle le sait et c’est pour cela que Ommek Saneffa est un ouvrage de référence en Tunisie en matière de concoction de bons petits plats maison.

 

Il n’est pas honteux de ne pas savoir des choses, de ne pas tout connaitre et tout maîtriser. Personne ne sait tout. Nous sommes tous l’ignorant de quelqu’un et l’inculte dans un ou plusieurs domaines. Ce qui est honteux, en revanche, c’est de prétendre tout savoir et de dénigrer ceux qui, eux, s’y connaissent dans un domaine bien particulier.

Ce qui est honteux aussi c’est de vouloir diriger seul tout un pays alors qu’on en ignore les fondements les plus rudimentaires et qu’on entraine, à cause de son ignorance, tout un peuple dans sa chute.

Le chef de l’État – oui encore lui – ne s’y connait pas en économie. Ceci est une évidence pour tout le monde, sauf pour lui. Lui, ne s’en offusque pas outre mesure. Pire encore, il refuse de se faire aider, entourer, conseiller par ceux qui s’y connaissent et préfère déblatérer ses inepties au vu et au su de tous. Peu importe si cette ignorance peut impacter la vie de tout un peuple. Elle l’impacte déjà et cela se fait ressentir chaque jour.

 

Kaïs Saïed ignore sans doute sa propre ignorance en voulant « clarifier la situation financière et monétaire du pays », à l’occasion du forum mondial de Davos. Devant sa cheffe de gouvernement, sa  ministre des Finances et le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, il n’hésite pas à minimiser l’importance des chiffres et des équilibres économiques affirmant que la situation « ne peut être abordée sur la base de chiffres et de taux uniquement, mais en prenant en considération les conditions sociales en premier lieu ». Pour lui, les équilibres financiers  « ne se mesurent pas uniquement selon les critères des revenus et des dépenses mais tiennent compte, également, du principe de l’équité sociale, comme l’indique la constitution du 25 juillet 2022 ». Qu’est-ce que cela peut-il bien vouloir dire concrètement ?

Des propos pareils ne s’inventent pas. Et pourtant, ce genre de propos n’est pas inédit à Carthage lorsqu’il s’agit d’économie. Rappelez-vous lorsque le président de la République s’était moqué des agences internationales de notation qu’il a qualifiées d’Ommek Saneffa. Un jeu de mots gênant par lequel il a voulu dire qu’elles n’ont pas le droit de donner des notes à la Tunisie. C’était après que l’une d’elles a dégradé la notation souveraine de la Tunisie.

Autre souvenir gênant, celui du jour où il s’est moqué de la commission de Venise dont il a expulsé les membres après que cette dernière a publié un rapport incendiaire sur la situation politique en Tunisie.

 

Aujourd’hui, alors qu'une délégation du gouvernement est en Suisse, pour participer à Davos, l’un des rendez-vous économiques les plus importants au monde, que le FMI n’a pas encore programmé le dossier de la Tunisie dans son agenda, que le pays a plus que jamais besoin de ses partenaires pour sortir la tête de l’eau, Saïed s’aventure encore à vouloir donner des leçons et pense qu’il peut, à son niveau, réinventer la roue. En attendant, l’on se permet de donner des leçons sur des choses que l’on ne maîtrise pas alors qu’en réalité - et n’ayons pas peur de le dire - nous allons quémander quelques sous. Il y a un vieux dicton tunisien qui résume très bien cette honteuse situation, mais vous le connaissez sans doute tous très bien…

 

Par Synda Tajine
17/01/2023 | 15:59
3 min
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Commentaires
DHEJ
Tout simplement...
a posté le 18-01-2023 à 13:33
Il n'a ni l'art ni la manière... C'est un BHIMCOP!
Lol
Si c'était seulement KS
a posté le 18-01-2023 à 10:31
'?a aurait été tellement plus facile.
La dégradation non stop par omk sanefa de la notation du pays depuis 2011 veut dire qu'elle n'est pas du tout d'accord avec les politiques de tous ceux qui ont gouverné.
Et si vous pensez que la dictature ou même un général bac - 6 a la tête d'un état est mal vu par les omek sanefa, je vous invite à voir la notation de la Tunisie avant la révolution.
Faire l'autruche face a nos vrais problèmes est grave quand on est en faillite
Adil
Nouvelle théorie
a posté le 17-01-2023 à 22:07
Lui ne maîtrise ( jusqu à quand ?) que police et armée. Et encore ! Quant à la première ministre, elle va faire à Davos une conférence sur les sociétés Ahlya qui vont changer toute la science économique du capitalisme mondial selon la théorie du nouveau Lénine tunisien. Stand up et hilarité garantie.
Nephentes
Mendiants, débiles et orgueilleux
a posté le 17-01-2023 à 19:23
L 'insignifiance de la Tunisie est une réalité a la portée de tous. En plus de cette liquéfaction qui aura des conséquences profondes en termes de marginalisation du pays, l'indécent et le comique sont omniprésents.

Obscénité insupportable lorsque l'on tente de caractériser l'administration et la gouvernance publique tunisienne : incompétence et irresponsabilité systémiques, débilité arrogante, banditisme d'état et criminalité organisée concernant certaines fonctions régaliennes.

Tragi-comique déroutant ubuesque lorsque l'on analyse les déclarations officielles et les pseudo politiques dans le domaine socio-économique

La décomposition du Pays n'a apparemment pas encore atteint ses limites
Fares
Data-driven versus Bhama-driven
a posté le 17-01-2023 à 17:57
Partout dans le monde civilisé, et même dans le monde qui n'est pas si civilisé que ça, on parle d'approches quantitatives et de data-driven management. En Tunisie, nous sommes plutôt des adeptes du bhama-driven management.

Est-ce que le gargouillement moyen des estomacs vides de la populace (mesurés en décibels svp) serait un indicateur économique assez social pour le Sieur? Cet homme est en plein déni.
GZ
Cuisine, éthologie et ornithologie
a posté le à 06:07
Bonjour Fares.
Retour à nos pigeons.
Piquant, drôle et instructif. Ainsi j'ai trouvé votre compte-rendu au sujet du volatile sous la chronique de M. Bahloul.
La métaphore ornithologique convient bien à ce pays. On y croise des ramiers, bras cassés, coûteux, parfaitement inutiles; des coucous chapardeurs, occupants sans droit ni titre;
des canards boiteux et d'autres sans tête, inconstants, versatiles de l'avis du dernier qui caquète; des coqs forts en gueule, hableurs, bonimenteurs;
des rapaces, oiseaux de proie ou charognards haut placés, aigles de Carthage ou d'ailleurs vampirisant plus faibles.
Et des pigeons, beaucoup de pigeons éternels dindons de la farce plumés par plus malins sans honte et sans scrupules.
Bien à vous.

PS. Les textes scélérats qui ont présidé à la répression des protestataires de l'année 1978 par vos soins rappelés, sont toujours en vigueur. Les gouvernements et les législateurs successifs, "révolutionnaires", "réformateurs" comme continuateurs n'ont jamais songé à les amender encore moins les abroger.
Sait-on jamais, ça peut toujours servir au cas où l'idée viendrait aux pigeons de ne plus se laisser plumer.
Le temps me manque pour vous raconter un comportement en bien des points similaire à celui des pigeons. Celui des étourneaux dans les vignes. En plus spectaculaire encore. J'y reviendrai.
Fares
@GZ
a posté le à 21:04
Bonjour GZ (puisque il est fort probable que vous êtes entrain de déguster un bon petit déjeuner en lisant ces lignes),

Merci pour votre retour. '?a me fait toujours plaisir de vous lire.

Bonne journée.
A4
A l'ignorant qui ignore son ignorance
a posté le 17-01-2023 à 17:39
LIMITE
Ecrit par A4 - Tunis, le 01 Septembre 2018

Il ne faut pas prendre la barre
Et tenter avec sa barquette
De traverser la grande mare
Quand la brise est à la tempête

Il faut savoir rester à terre
Garder ses bottes et sa cagoule
Et ne jamais prendre la mer
Quand la vague est devenue houle

Mais allez raconter tout ça
A ces cervelles désertiques
Qui hélas sont bien en deçà
De la limite fatidique

Car il faut bien un minimum
Un minimum de rien du tout
Pour s'arrêter à l'optimum
Et ne jamais aller au bout

Il faut un soupçon de jugeote
Avec presque rien de bon sens
Pour savoir arrêter la note
A sa limite d'incompétence

Allez le dire à ces débiles
Qui doivent bien se la fermer
Que leurs paroles sont stériles
Qu'ils feraient mieux de s'enfermer

Allons-nous trouver la manière
Ou devons-nous un jour sévir
Pour museler, pour faire taire
Tous ces clowns qui n'ont rien à dire ?
Georges
Dicton?
a posté le 17-01-2023 à 17:08
S.V.P., c'est quoi le dicton tunisien, je ne le connais pas. Merci.
Anti-islamiste
Khatem fi dob3ou ou t***
a posté le à 05:06
3ryana,ou Menzel ytbahber !
Pas moins anti-islamiste
En écho pour georges
a posté le à 00:38
Traduction, cul nu mais bague au doigt. SGDG, comme on disait autrefois, Sans Garantie Du Gouvernement.
DHEJ
Après lecture des 2 premières lignes...
a posté le 17-01-2023 à 16:02
Je pense que S.T évoque l'art et la manière de la régulation...

Je lis la suite de la chronique...

A+