L’élection présidentielle anticipée pointe du nez. Sur la ribambelle de prétendants (plus de 90 au départ), il n’en reste qu’une vingtaine (il risque d’y en avoir moins d’ici le 31 août). Officiellement, la campagne électorale ne débutera que début septembre, mais les candidats en lice sont déjà sur le pied de guerre et écument les médias. Certains, pour se vendre, promettent monts et merveilles aux électeurs tunisiens, sauf qu’ils semblent oublier, un tantinet, la nature des prérogatives du chef de l’Etat…
En 2014, la Tunisie s’est dotée d’une nouvelle constitution. Une constitution qui consacre un exécutif bicéphale, entre la présidence de la République et celle du gouvernement. Le temps où le chef de l’Etat était le seul véritable tenant du pouvoir exécutif est révolu. C’est du côté de la Kasbah que la politique générale de l’Etat est déterminée et mise en œuvre. Autrement dit, l’équilibre est inversé. Mais il ne faudra pas comprendre par-là que le président de la République ne dispose pas d’importantes prérogatives. Il en détient, beaucoup moins que le chef du gouvernement, mais il n’en reste pas moins le symbole de l’unité de l’Etat ; celui qui garantit son indépendance et sa continuité, celui qui veille à l’intégrité territoriale et au respect de la constitution.
Le chapitre IV du texte législatif définit les prérogatives de chaque pôle de l’exécutif. De plus, en 2015 une loi est venue fixer les hautes fonctions dont la nomination relève du ressort du président de la République permettant ainsi d’éviter l’apparition de cas de conflits de compétences.
En suivant les ébauches de programmes ou les déclarations faites, ces derniers jours, par les candidats à la magistrature suprême, une personne qui a eu la curiosité de parcourir le chapitre IV de la constitution, s’en trouverait vraiment surprise.
Untel promet d’éradiquer la pauvreté en Tunisie, que plus personne n’aura faim, que tout un chacun aura un travail décent. Le chômage sera ainsi relégué aux oubliettes si on vote pour ce candidat. Un autre assure que sous son quinquennat, il déclarera (ou poursuivra) la guerre contre la corruption et mettra au frigo tous les corrompus. Un autre encore affirme que s’il arrive à Carthage, il organisera un référendum pour amender la constitution, qu’il annulera des traités internationaux ou qu’il fera régner la Justice. Il y a également celui qui promet que plus jamais, il n’y aura des coupures d’eau ou d’électricité s’il est élu. La liste est longue.
Faire un petit tour sur les pages dédiées aux candidats, sur les réseaux sociaux, est un exercice édifiant. Edifiant quant aux énormités des promesses qu’on tente de faire avaler aux électeurs tunisiens. La majorité de ces promesses n’étant en aucun cas du ressort du locataire de Carthage.
Représentant de l’Etat, le président de la République possède des pouvoirs régaliens et détermine les politiques générales dans les domaines de la défense, des relations étrangères et de la sécurité nationale, donc la protection de l’Etat et du territoire national contre toutes menaces intérieures ou extérieures. Il a également l’attribution de dissoudre l’Assemblée des représentants du peuple (conformément aux cas énoncés par la constitution), de présider le Conseil de sécurité nationale ou de déclarer la guerre, en sa qualité de commandant suprême des forces armées. Mais encore, le chef de l’Etat ratifie les traités et ordonne leur publication, accorde la grâce présidentielle et décerne les décorations.
Voilà, en gros, les prérogatives du président de la République telles que définies par la constitution. Alors d’où est-ce que les prétendants de cette édition 2019, nous sortent-ils ces promesses d’éradication de la pauvreté et autres coupures d’eau ? Si c’est de la simple ignorance, c’est grave pour des personnes qui prétendent briguer la magistrature suprême. Sauf qu’il est permis d’en douter. Nos candidats brouillent les pistes et embrouillent, pas là-même, les électeurs qui n’ont pas encore assimilés la nature du régime politique. Après plus d’un demi-siècle de régime présidentiel « absolu », l’idée que se fait le peuple du président reste associée à un poste aux pleins pouvoirs. On joue sur cet inconscient collectif quitte à rouler les gens dans la farine et à perdre toute crédibilité si, au final, on atteignait le Graal.
Ce dont un candidat à la présidentielle est tenu de nous parler, c’est de la manière avec laquelle il mettra en place une stratégie sécuritaire efficace contre les menaces terroristes. Ce dont nous avons besoin de savoir, c’est si le candidat aura la latitude de jouer un rôle de modérateur-unificateur lors des crises politiques et non pas en être le moteur. C’est d’un président, dont on n’aura aucun doute sur l’intégrité et qui saura faire primer la souveraineté de la Tunisie et ses intérêts dans un contexte géopolitique assez trouble. Tous ces points sont pile dans les compétences du chef de l’Etat, alors si un candidat venait à promettre des soldes à chaque trimestre, l’électeur devrait passer son chemin.
En dépit de prérogatives assez délimitées, le rôle du chef de l’Etat sera déterminant pour la prochaine période. Le choix qui se pose aux électeurs est difficile, au vue de la palette de prétendants. Certains ont déjà choisi, mais une majorité reste indécise. Le premier pas pour faire le bon choix, c’est avant tout ne pas se laisser berner par un candidat ou un autre.
Ikhlas Latif
Commentaires (11)
CommenterTout flatteur vit aux dépens de celui qui l'écoute....
@DHEJ
@Zohra
Croire !!!!
@DHEJ
Donc il peut convoquer des réunions et exiger des comptes rendus sur le déroulement du gouvernement.
Merci beaucoup j'espère
c'est déjà mieux hamdoullah
@Zohra & Ghazi : bonjour
Oui le Président nomme le Chef du Gouvernement de la majorité parlementaire ou de celui capable de former un Gouvernement et est le garant des résultats.
Sinon comment comprendre les prérogatives du président de s'adresser à l'A.R.P? Dissoutre le parlement ou encore la demande du vote de confiance au Gouvernement. ?
Le président est le garant des résultats du Gouvernement et il doit réclamer des comptes.
Ce ne sont pas de nouveaux massagers de la bonne parole...
@Ghazi
Merci beaucoup
Absolument, elle est vraiment handicapante cette constitution, ni queue ni tête. Lamentable
La trabhom hachek
Bonne journée
croire?
@ Zohra | 21-08-2019 21:19
A propos de votre question : Ya-t-il une âme charitable pour m'expliquer car dans ce cas je ne voit pourquoi c'est le président qui nomme un Chef de gouvernement. A vrai dire, le juridique ou la jurisprudence ne sont pas dans mes cordes, ils y a des pointus sur ce forum qui peuvent expliquer cela : DHEJ-DIEKH-Veritas-Maxula-Citoyen_H et tant d'autres que j'ai oublié (Je m'en excuse). Mais je tenterai de le faire à ma façon : C'est la faute à notre meilleure constitution du monde signée 2014. Que j'intitulerai
Le Sur Mesure 2011 par le restaurant gastronomique 'Les 3ans du Majliss tabsisi'
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Donc, pour répondre à votre question : Un chef cuisto étoilé ne peut pas nommer un plongeur pour choisir des chefs de rangs, sinon le second cuisto sera aide-barmen.
J'espère que j'étais explicatif.
Salutations.