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Lettre ouverte de Mezri Haddad à Béji Caïd Essebsi
10/04/2015 | 11:40
3 min
Lettre ouverte de Mezri Haddad à Béji Caïd Essebsi

Le philosophe et ancien ambassadeur tunisien Mezri Haddad, a publié une lettre ouverte adressée au président de la République Béji Caïd Essebsi, au lendemain du décès d’Ahmed Jribi, fils unique de Saïda Agrebi. Nous la publions dans son intégralité.


Monsieur le Président,
Cette lettre, je ne la voulais pas ouverte mais fermée et privée. L’urgence de la situation et la lenteur habituelle de la bureaucratie présidentielle exigent que je vous l’adresse par voie de presse.
Il s’agit de votre « amie » de cinquante ans, Saïda Agrebi, qu’un destin cruel vient encore de frapper dans la mort de son fils unique, Ahmed Jribi. Comme vous le savez sans doute déjà, il est décédé hier (jeudi 9 avril) à Casablanca à la suite d’une opération du cœur. Il était malheureusement privé d’un passeport valide pour se faire opérer en France. Notre consulat au Maroc lui a refusé ce droit constitutionnel élémentaire. Soumise à une mesure arbitraire d’extradition, Saïda Agrebi n’a pas pu se rendre au Maroc pour consoler son fils qu’elle n’a plus revu depuis quatre ans.

 

Cette patriote, vous la connaissez bien mieux que je ne l’ai connue. Malgré la campagne de diabolisation, de haine, de mensonge et de lynchage dont elle a été victime depuis 2011, vous savez très bien que Saïda Agrebi a consacré toute sa vie à sa Patrie et plus exactement à l’émancipation de la femme tunisienne et à la cause féministe dans le monde arabe en général. Avec son volontarisme et son caractère propre qui indisposait la gente masculine, elle s’est dévouée à cette cause aussi bien sous le régime de Bourguiba que celui de Ben Ali.
Puisque c’est sous votre gouvernement intérimaire et sous la pression de la horde « facebookarde » qu’un mandat d’amener a été transmis à Interpol à son encontre, alors qu’elle avait quitté la Tunisie dans des conditions tout à fait légales, vous avez aujourd’hui le pouvoir, en tant que chef de l’Etat, d’annuler ce mandat pour qu’elle puise au moins accompagner son fils unique jusqu’à sa dernière demeure.
Vous en avez toute la latitude légale, morale et politique d’autant plus que Saïda Agrebi n’a été condamnée dans aucune des affaires qu’on lui a arbitrairement collées par basse vengeance et pour des considérations politiciennes, et que vous avez eu le courage intellectuel et l’audace politique d’initier un processus de réconciliation nationale.

 

Depuis 2011, Saïda Agrebi n’aspirait qu’à une seule chose : finir ses vieux jours dans cette Tunisie qu’elle a aimée et à laquelle elle s’est tant dévouée. Aujourd’hui, elle n’aspire plus qu’à pouvoir assister aux funérailles de son fils unique Ahmed, qui laisse deux orphelines de 5 et 1 ans, que Dieu l’entoure de sa clémence et de sa Miséricorde.
C’est en mon nom propre et aux noms de tous les patriotes qui ont loyalement servi leur pays que je vous demande de donner des instructions aux ministres chargés des douanes et de la police d’autoriser Saïda Agrebi de rentrer chez elle pour accompagner son fils jusqu’à sa dernière demeure, là où nous irons tous.
Quant à la Justice dans les affaires desquelles vous n’auriez pas à intervenir, elle est très bien placée pour savoir que Saïda Agrebi, comme beaucoup d’autres innocents, a été victime d’un règlement de comptes politiciens et d’une campagne de lynchage sans précédent.
Recevez, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments déférents.

Mezri Haddad

10/04/2015 | 11:40
3 min
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Commentaires (46)

Commenter

takilas
| 31-12-2015 15:48
Etonnant de lire de tels commentaires et propos contre un parti arnaqueur disparu et devenu invulnérable, alors qu'on vient à peine d'assister à de multiples assassinats, et dont personne n'attribue l'intérêt nécessaire et n'agit de la sorte, et qui ne veut élucider le mystère, au contraire cherchant à entérinera les faits ; on ne dirait pas des tunisiens comme la grande majorité des autres vrais tunisiens.
Et que les empêchements à enquêter et à analyser, sont omniprésents, ceci d'une part. D'autre part, pour défendre des assassins et des terroriste avec cet acharnement, on ne sait pour quelle raison toute cette exhortation ? Alors à ce moment-là ceci devient valable pour le cas relaté dans cet article. Ou bien parce que cela fais partie de ceux qui ne sont plus vulnérables.
L'audace et la magnanimité c'est de s'exprimer au présent ; attitude arabe libre. Et ne pas se soumettre aux utilisateurs de l'intimidation ; attitude insincère des intrus alléchés venus hier. Ceux qui sont intéressés tout comme leurs prédécesseurs du R.C.D. par mettre main basse sur la prestigieuse et historique capitale Tunis, et qui renient paradoxalement son histoire et expriment une animosité maladive à ses originaires.
- Allez sautez répondez vite à ces vérités qui blessent ! mais à ne jamais à lire car la page sera fermée, puisque connaissant d'avance les réponses régionalistes et de haines qui rongent une minorité (heureusement qu'il s'agit d'une minotité) ; quoiqu'il y a risque de pandémie de peuple mesquin qui a été à l'origine du fiasco socioéconomique de La Tunisie. On la connait et pour une autre version arabe : « karincom kraia ; dakom wi chwakom fil aasma ». Et ce n'est pas leur c'est R.C.D. et Troika qui les ont incité, par populisme erroné) à devenir ainsi certainement pour des allèchements à des connivences ou à des promesses d'obtentions de faveurs.
C'est d'ailleurs tout l'intérêt de suivre la politique en Tunisie ; surtout par les députés atteints de ce virus inguérissable jusqu'à maintenant, et qui empêche (et a empêché ; depuis 1984) le pays de se développer comme préconisé par les imminents, Ulémas, penseurs, experts et instruits des temps passés soit depuis des siècles, et ce avant la survenue d'intrus (milices) manigancés par des influences étrangères qui espéraient comme depuis des siècles (de combat) à atteindre le Maghreb.

AFAT
| 25-04-2015 19:39
Etonnant de lire un tel article!!!
Il a de la chance monsieur Mezri de pouvoir écrire aujourd'hui un tel article sans être inquiété. Faut-t-il le rappeler? il n'y a pas si longtemps personne n'osait s'exprimer ainsi, il y a de cela à peine 4 ans. Y compris monsieur Mezri lui même, le philosophe, qui faisait parti de l'équipe Ben Ali!!!Moi je me réjouis en tant démocrate, qu'il défende ses compères et ses consoeurs. Eh oui, moi aussi je philosophe. Mais de grâce arrêtez de parler d'injustice alors que la justice fait son travail. Vous n'avez plus le pouvoir d'influencer cette dernière car aujourd'hui c'est plus difficile qu'hier et cette justice indépendante du pouvoir ne vous convient pas. Non, le Président a d'autres chats à fouetter que s'immiscer ou chercher à influencer la justice. Si la personne que vous défendez est si innocente que ça, elle n'a qu'à se présenter à la justice. Point barre.

Mêmepaspeur
| 16-04-2015 21:17
...faute de combattants...
Car il n'en restât qu'un...
MPP

Jaouida Abbès
| 15-04-2015 07:13
Cette lettre ouverte est vraiment grandiose. Oser prendre sa plume pour défendre une personne diabolisé par tous le monde, il faut vraiment avoir du courage et beaucoup de la classe pour le faire. Moi ça me fait penser à Zola quand il a défendu Dreyfus.comme lui parce qu'il était juif, Saida Aghribi a été condamné par la populace qui ne sait rien de la vérité. Si Dreyfus a trouvé Zola pour le défendre Saida a trouvé M.Haddad qui est un honneur pour la Tunisie.Il n'a pas seulement défendu une femme desespéré qu'on a pris comme bouc émissaire mais il a sauvé l'honneur des tunisiens qui ont perdu leur tête et leur honneur.

librexp
| 14-04-2015 07:51
si jamais Marine Le Pen l'emportait à la prochaine présidentielle.
Sans soutien extérieur et du nord et de l'ouest, les meilleures plûmes bien pensantes ainsi que les héros du patriotisme et du nationalisme ne pourront faire face aux ennemis de l'intérieur et de l'extérieur.

Mêmepaspeur
| 13-04-2015 16:54
Poser une question c'est communément y répondre...
Éluder une question c'est loin d'être une preuve de courage intellectuel...
Et botter en touche équivaut à une retraite en rase campagne...
La nouvelle devise des pusillanimes faux-philosophes c'est "à question claire réponse évasive"...
Dommage que certaines âmes naïves voient dans ces "has been", l'avant-garde de putatifs "nationalistes" qui, tenez-vous bien, aspirent à un retour triomphal aux affaires...
Pathétique...
Certains pauvres hères tunisiens sont tellement imprégnés de la médiocrité populacière dans laquelle ils se meuvent, qu'ils en arrivent à dépasser celle qui a cours en Egypte...et y vont allégrement de leur "professeur" par-ci et de leur "douctour" par-là...
Plus c'est ronflant et plus ça sonne vide...
Aussi vide que le vide sidéral et sidérant du trou noir de leur simili-pensée...
Messieurs Badinguet, Jeanfoutre et consorts, j'ai l'honneur de ne point vous saluer...
MPP

nazou
| 13-04-2015 15:46
car je sais qui est JW !!!
Par contre Mr MH vous auriez pu me faire un ptit coucou quand meme !
Vu que j'ai eté a la premiere a soutenir votre demarche !
Allez je plaisante,et je sais que vous souriez !

HUGH !!

JOHN WAYNE
| 13-04-2015 14:30
Très Cher Professeur Haddad,

J'ai bien saisi les sens de votre commentaire et j'en ai été honoré.
Je n'ai pas écrit de réponse sauf mon article « L'espion de Ben Ali vous salue » et dans lequel j'écris que je suis convaincu que vos contributions Politiques et Patriotiques présentes et futures serviront un jour à créer un gouvernement Nationaliste qui sauvera le pays du complot étranger qui l'étreint.
Je demeure convaincu que votre avenir se trouve en Tunisie dans le cadre d'un « retour de manivelle nationaliste » qui sauvera le pays de la destruction.
Vos interventions courageuses et patriotiques depuis le début de la révolution des traitres ont eu un impact majeur sur les esprits et créé une prise de conscience qui pourrait faire dérailler le travail de l'ombre des opportunistes et des traitres qui ont vendu la Nation Tunisienne aux plus offrants.
Avec mes salutations et mes respects et au plaisir de vous entendre et de vous lire sur les médias dans lesquelles comme d'habitude vous honorez la Tunisie.
Bourguiba dont j'admire comme tous les matins la photo souriante, aurait été fier de vous.
Patience Cher Professeur, l'histoire est pleine de coups de théâtres et la victoire des Nationalistes Tunisiens à long terme est inévitable.

F.M. Alias JOHN WAYNE
Ancien Elève au Collège Sadiki
Diplômé d'Histoire et de Sciences Politiques de l'Université Paris-Sorbonne.
Ancien Fonctionnaire aux Ministères des Affaires Etrangères et de l'Intérieur Tunisiens des gouvernements d'Habib Bourguiba et de Zine El Abidine Ben Ali.
Diplomate de carrière et spécialiste de la sécurité et du renseignement.

Mezri Haddad
| 13-04-2015 11:10
Si j'ai intitulé mon précédent commentaire "J.W, les parasites et M.H", c'était bien pour marquer la distinction entre ces trois protagonistes de la présente controverse. Par J.W, je désignais l'illustre compatriote qui signe sous ce pseudonyme. Par M.H, j'auto-désignais ma modeste personne. Et par parasites, je nommais les canailles qui ont profité du commentaire de J.W pour déverser leur haine et leur envie maladive. Ces parasites sont les pseudonymes « Anti religion » et « Même pasteur ». A moins de perdre la maîtrise de la langue de Voltaire, je ne peux évidemment pas, dans le même texte, tenir J.W « en très haute estime pour son patriotisme et son courage » et le traiter en même temps de « parasite ». Je suis désolé pour ce malheureux malentendu qui a justifié la réplique de J.W, qui ne m'affecte guère et que je lui pardonne précisément parce qu'elle émane d'une lecture erronée de mon premier commentaire. Peut-être n'ai-je pas été suffisamment clair pour éviter ce malentendu. Depuis 2011 et par-delà sa récente charge à mon encontre, J.W reste pour moi l'un des plus honorables et estimables des Tunisiens. Quant aux « philosophes » qu'il cite en référence, il ne doit pas oublier qu'ils ont été tous les deux d'ardents défenseurs de la « révolution » bouazizienne.

Mêmepaspeur
| 12-04-2015 22:49
Je vais essayer d'être bref et direct...
Loin de moi l'idée de polémiquer ou de rompre des lances avec un bretteur de première force, de la trempe de notre « Zola national » comme l'a qualifié ici-même un de ses bêlants admirateurs...
Je reconnais que depuis belle lurette, je ne suis plus taillé pour "la course à l'inutile"...Et n'en prendrai pas davantage ombrage d'un droit de suite ni d'une absence d'icelui...
Mais vous aurez sans doute remarqué, chers lecteurs, que je n'ai pas fait comme certains crédules qui ont poussé l'aveuglement jusqu'à voir dans un médiocre JW un non moins arrogant Haddad...? Il me faut d'ailleurs reconnaître que dans son commentaire, ce dernier me donna raison, et au-delà de toute attente, de ce que j'avais avancé...en misant de surcroît un maravédis sur sa "proverbiale modestie"...J'en laisse d'ailleurs les lecteurs juges de son langage de charretier quand dans le même temps ils pourront me rendre justice de ma réponse châtiée...
Traiter ses contradicteurs de "parasites", outre le fait que ce soit plutôt faiblard comme argumentation, cela ne dénote pas en effet de considérations "outrancièrement" humanistes...Surtout venant de quelqu'un qui est supposé avoir fait ses "humanités"...
Ambitionner la célèbre légèreté des philosophes médiatiques tels les "Béachelle", "On-fraie", et autres "Kraut"...n'est pas blâmable en soi, tout juste misérable...Alors qu'il demeure légitime de s'attendre à ce qu'on prenne exemple sur des philosophes autrement plus authentiques et plus honorables, des philosophes bien de chez nous, à l'image des Talbi, Seddik ou du regretté Meddeb, pour ne citer que ceux-là...Mais comme on dit, "on a l'ambition de ses moyens quand on n'a pas les moyens de son ambition"...
Laissons cela et revenons plutôt à l'objet premier de cette guéguerre dont on aurait pu faire l'économie, n'eût été l'argumentation contradictoire, et par ricochet fallacieuse, dont a fait étalage notre "Zozola national" dans sa lettre "ouverte", quand celle-ci aurait dû demeurer "fermée"...
Permettez que je me cite...en dépit de ma "proverbiale et vraie modestie"...?

"Demander à BCE d'intervenir dans une affaire qui est dans les mains de la justice et finir par reconnaître :
"Quant à la Justice dans les affaires desquelles vous n'auriez pas à intervenir"

Car enfin, il faudrait savoir si on demande à BCE d'intervenir en faveur de quelqu'un dont le cas est pendant devant la justice...ou bien on fait semblant de reconnaître à cette même justice quelque indépendance...qui varierait au gré des humeurs des uns ou des autres...!?

Mais peut-être bien que ce qui est visé n'est point pour notre philosophe national, d'intercéder par charité musulmane, "en son nom propre"...mais quand-même bien "pour sa paroisse", en faisant valoir son patriotisme ostentatoire, ses états de services...et autres états de sévices...
Monsieur est sûrement un champion du billard à trois bandes...A force de résider en terre de Voltaire, on finit par aimer le billard carambole...
Car on ne demande pas à la mouche du coche de brasser du vent et d'être efficiente à la fois".

Votre serviteur...
MPP