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Tribunes
Lettre ouverte au président Béji Caïd Essebsi
18/06/2019 | 10:21
3 min
Lettre ouverte au président Béji Caïd Essebsi

 

Monsieur le président,

Me permettez vous de vous énoncer une série de dérives que connait notre chère et  jeune république. Il m’est inconcevable de me taire en ces heures sombres que connait la Tunisie démocratique post-révolutionnaire.

En effet, le projet de loi visant à modifier le processus électoral à quelques mois de l’échéance est une infamie inconstitutionnelle, qui n’est pas sans nous rappeler les années noires de la dictature benalienne.

A la lumière des derniers sondages, donnant vainqueur le patron d’un média, Nabil Karoui, pour ne pas le nommer, la majorité parlemenataire crie au loup et se hâte d’apporter des lois pour écarter ce futur adversaire en le taxant de populiste et d’escroc politique. Sauf qu’il est incongru de voter des loi anti-constitutionnelles, puisque seule la constituion stipule les conditions de candidater pour le poste de Chef d’Etat. L’article 74 y est bien clair.

Je me demande si cette folle idée avait traversé les vieilles démocraties lorsque des populistes y sont montés dans les sondages. Les pays bas se sont-ils dépêchés d’écarter Geert Wilders et son Parti pour la liberté (PVV), le parlement italien a-t-il barré la route au Mouvement 5 étoiles et à la ligue du nord de Luigi Di Maio et Matteo Salvini ? Enfin, la France avait-elle usé des lois pour écarter Le Pen en 2002? Enfin le monde pullule d’exemples de sois-disant dangereux populistes ;  de Trump, à Bolsonaro au Brésil, en passant par Duterte le philippin. En aucun cas, les majorités en place n’ont eu recours à des amendements dignes de futurs mauvais perdants quelque soient les moyens usés par ces populistes pour arriver à leurs fins (victimisation, discrimination , médias et autres)

 

Je me permets ainsi , M. le président de conclure. 

J’accuse cette majorité parlementaire de fomenter un dossier contre un futur concurrent aussi dangereux soit-il, pour l’éjecter de la course.

J’accuse le clan au pouvoir de bafouer la constitution qui stipule très clairement dans son article 74 les conditions de candidature au poste suprême de président de la République.

J’accuse le parlement dans son ensemble d’avoir retardé la création d’une cour constitutionnelle qui peut, le cas échéant, juger de l’inconstitutionnalité de cette nouvelle loi électorale et protéger les acquis de notre jeune démocratie.

J’accuse le chef du gouvernement, Youssef Chahed, de se maintenir corps et âme au pouvoir en usant de ses prérogatives pour faire pression sur ses adversaires.

J’accuse les députés de Tahya Tounes, adeptes du tourisme parlementaire, d’avoir sciemment mis la démocratie entre parenthèses pour un sois-disant  "Bien" du pays.

J’accuse le parti Ennahdha d’avoir, maintes fois, changé d’opinion au gré des tiraillements politiques et opté finalement, pour la voie de l’oppression, une oppression similaire à celle dont ils ont été victimes jadis.

J’accuse ces représentants du peuple, démocratiquement élus, de changer les règles pour se maintenir en place sous couvert de bonne foi, en trahissant leurs électeurs .

J’accuse tous ceux qui ont trahi notre révolution en faisant fi des martyrs tombés depuis 2010 pour défendre nos droits et nos libertés.

M. le président, 

Nabil Karoui n’est pas Dreyfus et je suis encore moins Emile Zola mais le combat est le même, défendre les principes de justice et de libertés qui ont fait la singularité de notre Tunisie aux yeux du monde.  

 

SLIM GHARBI

18/06/2019 | 10:21
3 min
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Commentaires (7)

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Citoyen
| 18-06-2019 14:54
Un peuple passif habitué à être malmené et soit disant ayach ou khobsiste.

Rajouter a cela une "elite" opportuniste qui change de veste sans état d'âme .

Peine perdue, nous allons vers un nouveau cauchemar de 5 ans avec les mêmes mauvais acteurs de la scène "politique"....

Tunisino
| 18-06-2019 14:51
Il semble que cette lettre est destinée à l'opinion publique plutôt qu'à BCE, dans le cadre de la compagne de lutte contre l'amendement de la loi électorale, BCE est politiquement terminé. Il est évident que Nabil Karoui n'est pas assez compétent pour la présidence, c'est comme Larbi Nasra de Hanibal à l'époque, des chats qui se croient des tigres. Cependant, les guerres intestines des opportunistes et des anarchistes sont bonnes pour filtrer le paysage politique.

Mohamed Obey
| 18-06-2019 14:19
Pas parce que NAbil Karoui est une ange sauveur, mais parce que je ne digère pas le fait que les gens confortablement assis dans leur salle d'opérations s'octroient le plein droit de jouer avec la loi...

Fehri
| 18-06-2019 14:03
Mr Karoui nourrit les pauvres aujourd'hui et qui va les nourrir demain. Les élections démocratiques ne s'achètent Pas. Ce qu'il est train de faire est un crime

Fehri
| 18-06-2019 13:57
'?tre contre la loi n'excuse pas Karoui d'abuser de loi électorale en utilisant sa chaîne pour sa compagne. En vrai démocratie ce genre d'abus est puni. Dernièrement un ancien ministre Canadian a passé 30 jours en prison d'avoir dépenser $2000 de plus qu'il est Autorisé. Arrêtez la mascarade et soyez juste avec tout le monde. Karoui doit déclaré et doit payer ses impôts avant de se presenter à la présidentielle. Arrêter la corruption n'est pas anti-démocratique

Alya
| 18-06-2019 13:47
KAROUI n est pas Dreyfus et nous ne sommes pasZola et.la mise est lancée et la victoire sera celle des urnes

Abir
| 18-06-2019 12:47
Merci monsieur pour vous et pour la lettre adressée au président , je ne sais pas mieux écrire et mieux s'exprimer que vous pour commenter plus, chapeau vous avez dit ce que la majorité de Tunisiens pense et accuse