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Les Tunisiens, indésirables pour les Emirats arabes unis
10/05/2015 | 15:59
4 min
Les Tunisiens, indésirables pour les Emirats arabes unis

Les Tunisiens sont devenus, depuis quelques mois, persona non grata pour les Emirats arabes unis. Des ingénieurs, des cadres hautement qualifiés et des hommes d’affaires de renom se sont vus refuser leurs visas pour ce pays. Leur prestigieux statut professionnel ne leur a pas été d’une grande aide face à la réputation ternie de la Tunisie, étiquetée, depuis la guerre en Syrie, de pays exportateur de jihadistes. L’aspect sécuritaire est désormais déterminant dans les décisions d’octroi, ou non, de ce visa. Le traitement appliqué reste, néanmoins, entouré d’une grande ambigüité.


Au début, nous pensions que le discours de l’ancien président Moncef Marzouki donné, en 2013, à l’ONU et dans lequel il critiquait, indélicatement, les pays du golfe d’avoir soutenu « le coup d’Etat » en Egypte, était à l’origine du problème et qu’il suffisait, donc, que Marzouki quitte le pouvoir pour que les relations diplomatiques entre les deux pays reprennent leur cours normal. Mais, le départ de l’ancien chef de l’Etat et l’ascension de Béji Caïd Essebsi à Carthage n’a pas apporté le changement escompté, malgré les liens entre l’actuel président et les princes émiratis.

 

La maladresse diplomatique de Marzouki n’est, vraisemblablement, pas la cause principale des refus de visas aux Tunisiens. Nous apprenons, en effet, que de nouvelles restrictions ont été mises en place par les Émirats. Celles-ci ciblent, officieusement, les hommes âgés de moins de 40 ans et concernent outre les Tunisiens, les Algériens et les Egyptiens. Les ressortissants de ces pays représentent, aux yeux des Emiratis, un danger pour leur sécurité, peut-on constater.

 

Dans bien des situations, il est quasiment impossible de deviner la raison du refus, surtout que les services consulaires ne motivent jamais leur décision. Ces refus dérogent, dans beaucoup de cas, aux critères d’âge, de sexe et de nationalité implicitement établis. Rappelons, à ce propos, qu’une femme d’affaires des plus connues en Tunisie s’est vue, elle aussi, refuser le sésame. Il ne s’agit pas ici d’un homme de moins de quarante ans aux intentions terroristes comme on aurait pu le craindre, mais d’une dame qui détient un groupe réalisant un gros volume d’exportations vers les Emirats. Un autre exemple, aussi incompréhensible que le premier, celui d’un directeur qui ne parvient pas à obtenir le visa alors que des semaines auparavant ce même visa lui avait été octroyé. « Les règles sont trop floues. D’ailleurs, on ne sait même pas si elles existent », s’accordent à dire plusieurs candidats au visa émirati.

 

Les hommes d’affaires ne sont pas les seuls à pâtir de cette situation. Des cadres dirigeants dans des sociétés locales ou étrangères font aussi les frais de cette nouvelle politique. Nous apprenons ainsi que le directeur commercial de la zone MENA dans une société étrangère a été privé de visa en raison de sa nationalité tunisienne. Une réponse fâcheuse pour ce monsieur dont les déplacements au moyen orient, notamment à Dubaï font partie des exigences de son poste.

 

Les Emirats sont un gigantesque pôle commercial et financier. Le pays abrite les banques les plus prestigieuses du monde et organise les salons et les foires les plus grandes de la planète. C’est un lieu de business, de découverte et de rencontres. C’est également une destination privilégiée pour les chasseurs d’opportunités. Au vu de ces atouts, il est désavantageant, voire lésant, qu’un chef d’entreprise aux ambitions internationales soit privé de voyager à cette Mecque des affaires. C’est ce qui explique, en partie, la frustration et la colère de beaucoup d’hommes d’affaires tunisiens à qui on n’a pas accordé le précieux visa. Mais, cela n’est pas l’unique raison de leur indignation. Le flou sur les critères adoptés a, pour sa part, ravivé ce mécontentement.

 

Cette méfiance envers les Tunisiens est exagérée, soutiennent certains. Si les Tunisiens étaient aussi dangereux que les Emiratis le pensaient, les pays occidentaux auraient durci, de leur côté, les conditions d’obtention de visa pour eux, avancent-ils. D’autres, outrés d’être soupçonnés de terrorisme, le prennent pour une humiliation et une atteinte à leur dignité.

 

Les cas de visas refusés ne manquent pas. L’un de nos lecteurs, souhaitant garder l’anonymat, nous a témoigné de son expérience. Il est expert en Digital marketing et SEO. Dans son mail, il indique être parti aux E.A.U, en février dernier, avec un visa touristique. Son employeur a engagé, pour lui, des démarches de visa de travail. Mais, sans succès. « Le visa a été refusé à six reprises ! » écrit-il. Cela l’a obligé à quitter Dubaï, « dans la foulée », vers une ile iranienne. « N’allez plus aux E.A.U. si vous n’avez pas en poche le fameux work visa, désormais interdit aux Tunisiens » suggère-t-il aux jeunes demandeurs de visa.

 

Sur Express Fm, Wassim Ben Larbi révèle, lors de son émission matinale L’Expresso du 4 mai 2015, qu’un haut-fonctionnaire de Tunisair avait raté un salon sur le tourisme aux E.A.U. parce qu’il n’a pas obtenu le sésame. Un autre, homme d’affaires, a manqué son premier entretien physique aux Emirats avec trois de ses clients, toujours à cause du visa refusé.

 

Le président de la République, Béji Caid Essebsi, sera prochainement en visite aux Emirats après une invitation qui lui a été remise, le 14 février dernier, par la ministre émiratie du Développement et de la Coopération internationale. Plusieurs Tunisiens, hommes d’affaires ou demandeurs de permis de travail, fondent de grands espoirs sur ce voyage du chef de l’Etat.

 

Elyes Zammit

10/05/2015 | 15:59
4 min
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Commentaires (58)

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Mohamed
| 05-09-2015 23:02
Bonjour Mr et dames,
Du nouveau pour ce sujet, ca devient critique pour plusieurs familles et plusieurs cadres, je comprends pas l'attitude de l'état et les médias aucune réactions, merci pour le journaliste qui a évoqué cette catastrophe.

issamkakashi
| 18-06-2015 08:46
merci *** de eljem boy tu ne mérite pas ton pseudo *** ,nous les tunisiens on a pas besoin daller loin notre Tunisie elle tous ce qu'il nous faut petit merdeux .

eljemBoy92
| 20-05-2015 23:33
***, rester dans votre propre merde, meme au pays des pétro monarchie on ne veux plus des serpillere tunisienne, pays de soumis , vous pensée comme des soumis, meme pour le burkina faso on devrait vous interdire, peuple arabe le plus instruit ?? tsssssss aller dégagez comme vous l'avez fait pour l'oncle Ben Ali

maamar
| 13-05-2015 13:15
C'est peut etre la faute à Marzouki vous allez me dire; mais BCE qu'est ce qu'il fait pour plaider la cause de tous les Tunisiens et pas seulement la sienne et celle de ses amis.

saladin
| 12-05-2015 13:13
système calquée sur la France= chinois à l'étranger: "grande école", "ingénieur généraliste" ingénieur pricipal à 23 ans !!! = 0 dans le modèle anglo saxon et germanique.

Wake up !!!

nazou
| 12-05-2015 12:55
Ce que vous dites est honteux !!!!
Car non seulement la Tunisie est autant occidentale qu'orientale.
Mais ce n'est certainement pas les islamistes qui sont la cause du malheur de la Tunisie.
Les défauts des tunisiens s'expriment plus librement depuis la révolution.
Ni Bourguiba ni ben ali n'avaient réussi à améliorer le tunisien dans sa mentalité. Mentalité dont vous faites partie !!!!

Il vous faut un responsable ??
Mettez vous face à un miroir !!!

Carthage Libre
| 12-05-2015 10:17
C'est la racaille islamiste et totalement pro-arabo musulmane qui nous mène vers encore plus de sous-développement, misère économique et intellectuelle, et repoussent les peuples évolués à nous approcher à cause de comploteurs bornés dans ses "certitudes" comme toi ; toute la planète terre connaît cette simple equation. La Tunisie est NATURELLEMENT orientée vers la méditerannée OCCIDENTALE, car elle s'y trouve physiquement et historiquement ; il est temps de construire encore davantage avec notre milieu naturel européen et éloignons nous de ces chameliers, qui ne peuvent que nous anéantir ; la vérité est simple, n'est ce pas?

Abel Chater
| 11-05-2015 20:10
Mieux vaut mille fois être chamelier dans le désert, qu'éleveur porcin parmi les citadins.
Depuis quand se moque-t-on du chameau et du chamelier?

Wanes
| 11-05-2015 20:00
Ensemble, nous arriverons à créer une véritable base industrielle dans notre pays MAIS pour cela, il est nécessaire de changer nos mentalités, c'est ce qui nous fait défaut aujourd'hui, pour preuve je vois beaucoup de tunisiens réussir à l'étranger, je suis moi même entrepreneur en France mais en toute honnêteté je souhaiterai revenir dans mon pays.
Arrêtons de nous tourner vers ces petromonarchies qui ne sont que des guignols au service de l'Occident, ils nous considèrent pas des comme des arabes mais comme des gréco-romains, d'ailleurs lorsque je vois l'Histoire de notre pays et ayant moi même grandi avec des siciliens et des grecs, je me sens effectivement plus proches de ces derniers.
J'avais rêvé de cette Révolution depuis très longtemps et je me souviens avoir envoyé un mail en 2005 à un opposant exilé que j'ai d'ailleurs conserver où je disais qu'il y aura un jour une révolution mais qu'elle ne se fera pas sans effusion de sang mais je ne pensais vraiment pas qu'elle aurait eu lieu de mon vivant.
Maintenant il faudrait révolutionner notre système bancaire par des réformes rapides et adaptés afin d'aider nos jeunes qui veulent créer, innover voire inventer....


moi17
| 11-05-2015 17:35
la réciproque sera vrai et sans regret