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SUR LE FIL
Les travées du stade annoncent la révolte
Par Marouen Achouri
20/04/2022 | 16:59
5 min
Les travées du stade annoncent la révolte

 

Karl Marx disait : « Celui qui ne connait pas son histoire est condamné à la revivre ». Il peut paraitre futile, en ces temps de crise économique et de débats enflammés sur le calendrier politique du pays, de parler de football et de supporters de clubs. Toutefois, les premières étincelles de la révolution de 2011 avaient commencé dans les travées des stades par les supporters du Club africain et de l’Espérance sportive de Tunis. La contestation du régime en place et la revendication de plus de libertés n’ont été démocratisées qu’à travers les chants et les cris des supporters.

 

Nous revivons aujourd’hui la même configuration. L’ensemble des supporters de football, tous clubs confondus, se sont ralliés derrière l’affaire du supporter du Club africain Omar Laâbidi. Ce dernier s’est noyé près du stade de Radès après avoir été poursuivi par la police. Un célèbre hashtag voulant dire « apprend à nager » est devenu le signe de ralliement des défenseurs de la cause de cet enfant. Cela fait quatre ans que l’affaire est devant la justice sans qu’aucun verdict n’ait été prononcé. Le pire est que cette affaire, où les accusés sont des policiers, a été le théâtre de manipulations flagrantes. Pour ne citer que quelques exemples, il est bon de rappeler que le chef d’accusation a été changé pour passer de meurtre à homicide involontaire et non-assistance à personne en danger, le rapport médical a été divisé en deux parties pour cacher le fait que le corps du défunt portait des traces de violence, les policiers eux-mêmes ont admis avoir induit le juge d’instruction en erreur et avoir fourni, dans un premier temps, un faux témoignage. Tout cela sans parler des intimidations et des provocations dont sont victimes les témoins de l’agression dont un, sous la pression, qui a préféré partir illégalement vers l’Italie. Omar Laâbidi, un gamin de 19 ans, est mort le 31 mars 2018. Quatre ans sans qu’aucun des agents de police accusés de son meurtre n’ait passé ne serait-ce qu’une nuit en prison. Heureusement que le président de la République, Kaïs Saïed, a fait dissoudre le Conseil supérieur de la magistrature pour que ce genre de choses ne se répète plus. Et puis, on voit mal le président de la République s’en prendre au corps sécuritaire, sous quelque motif que ce soit.

Suite à cela, plusieurs supporters ont pris fait et cause pour Omar Laâbidi et pour son affaire. Des affrontements ont eu lieu entre la police et les supporters de l’Espérance sportive de Tunis quand ces derniers ont commencé à entonner des chants à l’effigie du supporter décédé. Un autre supporter du Club sportif sfaxien a reçu plusieurs coups de matraque sur la tête et a dû être hospitalisé quand il a chanté le même hymne. Le tout dans l’impunité la plus totale.

 

Les difficultés économiques et financières du pays ne sont pas simplement des statistiques en baisse et des courbes qui fléchissent. C’est un vécu subi par une large majorité de Tunisiens. Combinez cela au chômage et à l’injustice, vous obtenez un cocktail explosif que la violence policière peut déclencher à tout moment. C’est aujourd’hui la situation en Tunisie à une nuance près : la police est en train de shooter dans ce cocktail explosif.

Les policiers n’ont rien trouvé de mieux à faire que de procéder à des dizaines d’arrestations, arbitraires pour la plupart, parmi les groupes de supporters du Club africain. Certains d’entre eux ont subi les pires traitements possibles dans les postes de police et dans les prisons où ils ont été jetés. Cela ne fait qu’augmenter la colère et la haine qu’ont les supporters de football contre ce qu’ils considèrent comme les représentants d’un régime d’impunité. Un régime qui couvre l’un des siens quand il tue un gosse de 19 ans dont le seul tort est d’être allé au stade. Quand des policiers sont impliqués dans un meurtre, ils n’ont aucune inquiétude à avoir. Même si l’un des leurs est convoqué, ils iront au tribunal, toutes armes dehors, pour le faire sortir par la force comme cela est arrivé à Ben Arous, tribunal compétent dans cette affaire du reste. Par contre, quand l’un des jeunes de ces quartiers pauvres est attrapé, il reçoit un traitement semblable à celui du gamin dévêtu de Sidi Hassine. Quand un policier agresse impunément un civil en le giflant ou en l’insultant, Abdessalem Zayan meurt en détention à Sfax parce qu’on l’a privé de ses injections d’insuline.

 

Toute cette colère et cette rancœur finira par éclater, d’une manière ou d’une autre. Les autorités réfléchissent actuellement à fermer les stades pour une durée indéterminée faisant ainsi preuve d’un courage devenu proverbial. Mais, évidemment, cela ne résoudra pas le problème et l’ensemble du public sportif de Tunisie continuera de demander des comptes pour le meurtre de Omar Laâbidi. La police aura beau frapper, insulter et séquestrer, elle ne fera qu’encourager à ce que cette affaire ne tombe pas dans l’oubli. Le régime, quant à lui, tout comme ses précédents, tout comme Hichem Mechichi qui remerciait ses troupes après avoir agressé des manifestants, se cache derrière la matraque du policier. Le valeureux Kaïs Saïed, qui semble tellement attaché aux valeurs de justice et d’équité, se tait quand l’accusé est un policier. Son ministre de l’Intérieur, Taoufik Charfeddine, ne risque pas de bouger le petit doigt car il faut savoir que les accusés du meurtre de Omar Laâbidi continuent à travailler et à porter l’uniforme. Ils n’ont même pas été suspendus. Le football et ses supporters ont ce grand mérite de montrer les choses telles qu’elles sont vraiment. Il est désormais une réalité glaçante en Tunisie : la justice n’est pas la même pour tout le monde.

Par Marouen Achouri
20/04/2022 | 16:59
5 min
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Commentaires
Borhéne
Quel corp de POLICE ?
a posté le 23-04-2022 à 11:24
De quelle police vous parlez ? Ceux que vous désignez de Policier veulent le prête nom de 7akem, (avoir le droit de juger). Et un juge, ne se juge pas, ni se fait juger ! Le terme police signifie, a : le département du gouvernement concerné principalement par le maintien de l'ordre public (on voit les résultats) et la sécurité (elle n'a aucune idée de ce que cela veut dire) et l'application des lois (qu'elle ne connaisse pas ou qu'elle modifie à leur guise). b : le département du gouvernement chargé de la prévention ( ?, quoi, de quoi tu parles ?), de la détection et de la poursuite des nuisances publiques et des crimes (aucune recherche, aucune investigation mais que de la balance). . . . je peux écrire un livre sur la m?rd?. Regardez le nombre de feux brulés, de sens interdits bafouillé, de stops non respectés, et vous comprendriez le travail de la police. En 6 heures de présence, le policier de circulation passe une petite heure en faisant de la circulation, une heure a mangé et boire, une heure a fumé, et trois heures au téléphone. Et si vous l'emmerdez, il ne fera plus rien. Le policier est à l'image du peuple d'où il est issue.
Al
Travées des stades
a posté le 21-04-2022 à 14:27
Je m'excuse de m'être trompé d'adresse car je devais m'adresser plutôt aM M Achouri et non à M N Baloul envers qui je dois m'excuser.
Ali
Les travées des stades
a posté le 21-04-2022 à 14:09
Vous allez trop en besogne M Bahloul. Faites attention à ce que vous écrivez car cela s'apparente à un appel aux énergumènes qui remplissent les travées du stades pour une sorte à la désobéissance et la violence car,vous savez très biens que ceux qui fréquentent les aires des jeux sportifs n'ont rien à avoir avec le sport et sont la pour semer la gabegie. L'intérêt du pays et la sécurité des citoyens priment sur toutes considération. Que vous soyez opposé à la politique du gouvernement et kS c'est de votre droit le plus absolu mais de la à souhaiter que le désordre s'installe dans le pays c'est inadmissible et impardonnable . Révisez votre copie et soyez plus responsable et moins ringard envers ceux que vous ne portez pas dans votre. La Tunisie est au dessus de tous.
Lol
Rien de nouveau
a posté le 21-04-2022 à 13:33
L'affaire traîne depuis des années comme ça et la pauvreté et l'analphabétisme ne cessent d'augmenter.
Qui a changé notre police habituée à ces crimes? Qui a proposé un programme crédible pour le faire ?
Nephentes
et cela va etre sanglant
a posté le 20-04-2022 à 18:15
Relevons une fois de plus la politique complètement depassee et imbecile et meme dageureuse du tout repressif ; ainsi que le profil sociopathe - je suis serieux - de beaucoup de policiers

Objectivement il ne s'agit plus de forces de l'ordre mais bien de forces du désordre

Ces braves gens ont reçu un blanc-seing au mois de janvier pour intimider les citoyens et amorcer le retour a la gestion de la terreur ; ce faisant Charfeddine joue a l'apprenti sorcier et va declencher une série d'évènements sanlants qui peuvent devenir rapidement incontrôlables.
Forza
Un etat policier
a posté le 20-04-2022 à 16:58
La police était toujours le maitre en Tunisie et ceci depuis l'indépendance, c'est un '?tat policier pur sang. Les lois ne s'appliquent pas aux policiers, ils peuvent assassiner, torturer et violer sans rien craindre. Il y a bien sûr des policiers citoyens et modère mais les crimes de la police restent systématiques. Ils se sentent maintenant plus forts car avec leurs chefs et eux supportent le putsch et garantissent le pouvoir de Saied, qui ne peut rien faire contre eux, au contraire c'est lui qui les décore et défend leurs intérêts.
Une guérison de la Tunisie commence par la réduction du budget de ce ministère et une réduction de ses effectifs, plus de policiers est plus d'insécurité et de corruption, c'est malheureusement la vérité en Tunisie.
DHEJ
Non ce n'est pas un état policier
a posté le à 19:57
C'est un '?TAT P'?NAL et c'est la France qui l'a implémenté.