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Chroniques
Les islamistes plus divisés que jamais !
Par Marouen Achouri
07/08/2019 | 15:59
3 min
Les islamistes plus divisés que jamais !

 

Après des jours de suspense qui ont fait beaucoup de bien à l’égo d’Ennahdha, le parti islamiste a enfin dévoilé son champion pour l’élection présidentielle. Ainsi, Abdelfattah Mourou rejoint la grille de départ déjà bien remplie d’une course qui s’annonce chaude et disputée.

Toutefois, cette candidature ne saurait cacher les profondes divisions qui traversent le camp islamiste au sens large du terme. Le large consensus apparent autour de la candidature de Abdelfattah Mourou ne saurait cacher l’inquiétude que nourrit Ennahdha de voir un Hamadi Jebali capter son électorat dans une élection où elle se serait risquée à soutenir un Youssef Chahed ou un Abdelkrim Zbidi.

C’est qu’il n’est pas aisé de se mettre dans la peau d’un électeur islamiste : il y a Kaïs Saïed qui perd ses parrainages, l’évadé fiscal Seifeddine Makhlouf, l’ancien chef du gouvernement Hammadi Jebali, l’ancien président Moncef Marzouki, Mohamed Abbou qui s’attire une certaine sympathie islamiste et maintenant Abdelfattah Mourou qui vient galvaniser, autant que faire se peut, un électorat islamiste en érosion depuis 2014. La candidature de Mourou est en fait un choix par défaut pour barrer la route à tous ces prétendants qui vont puiser dans le même réservoir islamo-révolutionniste. La division à propos de ce choix de candidat va jusque dans la famille de Rached Ghannouchi puisque son gendre, Rafik Abdessalem, a exprimé publiquement son désaccord en déclarant que le choix d’un candidat issu d’Ennahdha était une mauvaise idée.

 

Le choix de Abdelfattah Mourou trouve d’autres justifications outre que celle de faire barrage à certains candidats. Il n’est pas rare d’entendre parmi les Tunisiens des phrases comme « je ne suis pas nahdhaoui, mais je pourrai voter Abdelfattah Mourou ». Ce dernier réussit à préserver un certain capital sympathie auprès d’une frange de Tunisiens qui pourrait s’ajouter à l’électorat discipliné et traditionnel d’Ennahdha. Ceci permettrait à ce parti de se réclamer d’un certain poids qu’il ne possèderait pas en réalité. Il existe également des considérations internes motivant ce choix. C’est une reconnaissance et un cadeau qu’offre Ennahdha à l’un de ses fondateurs historiques. Il va pouvoir représenter son parti à la course vers la magistrature suprême et défendre ses couleurs contre des adversaires de poids. Un cadeau qui pourrait être empoisonné car une claque électorale au visage d’Ennahdha à cause de cette candidature signerait la fin de la carrière politique de Abdelfattah Mourou qui n’est déjà pas très apprécié par les bases. Cependant, ce serait une erreur de penser que Abdelfattah Mourou est seulement cet homme affable, as du verbe et qui ressemble à un sympathique grand-père. C’est aussi l’un des faucons d’Ennahdha et surtout l’ami le plus fidèle et le plus loyal de Rached Ghannouchi. Il est porteur d’une idéologie dangereuse et pernicieuse dont il a eu le loisir de débattre avec son ami Wajdi Ghonim.

 

La division que connait le camp islamiste est totalement inédite depuis la création de la mouvance en Tunisie. L’exercice de la démocratie, du pouvoir et des élections pourrait avoir raison de l’unité sourde dont les islamistes se sont longtemps vantés. Pire encore, les divisions pourraient évoluer vers des désaccords idéologiques. Aujourd’hui, Ennahdha a fait un choix que les Lotfi Zitoun, Abdellatif Mekki et autres Abdelhamid Jelassi vont scruter et suivre à la loupe. Si Ennahdha se prend une claque dans cette candidature, cela ne pourra que verser en faveur de la fin de l’islam politique telle que prônée par Lotfi Zitoun notamment. Un échec dans cette course présidentielle signifierait la fin de la mainmise de Rached Ghannouchi, futur élu certainement, sur Ennahdha et sonnera l’avènement de nouveaux leaders de la tendance islamique en Tunisie.

 

La « tunisification » du mouvement Ennahdha et de la tendance islamiste de manière générale aura eu pour conséquence de contracter la même maladie du camp progressiste, celle de la division et du désaccord. Tous les leaders de l’islamo-révolutionnisme se voient comme des chefs potentiels et prétendent même à la magistrature suprême dans un étrange rappel des pratiques du camp d’en face. La course à la présidentielle s’annonce haletante et complément imprévisible, mais il est clair que les résultats des élections changeront profondément la physionomie de la scène politique tunisienne.

 

Par Marouen Achouri
07/08/2019 | 15:59
3 min
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Commentaires (13)

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Le Baron
| 09-08-2019 20:28
Mr Achouri je vous défie de répondre...

Pseudo-Intello
| 09-08-2019 08:45
Monsieur Achouri, vous nous avez habitue a de plus pertinentes analyses.Je vous recommande de "repotasser" les strategies et(surtout) tactiques islamistes.Quant a la photo,effectivement,elle degage un je ne sais quoi de negatif.

Kelmet Hak
| 08-08-2019 09:59
La candidature de Mourou est une pure tactique politique. Beaucoup de Tunisiens ont la mémoire courte et sombrent dans les apparences. On a entendu dire que Mourou est une personalité cultivée, ouverte et modérée. ..N'oubliez jamais que la vrai personaliée de Mourou c'est celle qui apparait dans sa vidéo avec Wajdi Ghonim ...

Citoyen_H
| 08-08-2019 09:10
Ils n'ont jamais été aussi unis.
Les chamboulements de ces deniers temps, le fameux sondage et la mort de notre cher président, ont poussé les charognards affamés de la térka à aiguiser leur stratégie.
Il n'y a que les chaises qui les intéresse,surtout celle de la basse-cour nationale.
Ils veulent assoir leur autorité et continuer à infiltrer les rouages principaux, encore plus profondément.
Leur programme est toujours le même!! L'islamisation généralisée de tout ce qui bouge et de ce qui ne bouge pas.
Rien n'a changé.
Quand ces pingouins "reculent", c'est pur mieux sauter.
Leurs pseudo-embrouilles hyper-médiatisés, montées de toute pièces, ne sont que pures comédies.

Quand on demande aux gens qu'est que vous craignez des chléyéks, ils vous répondent presque tous, la DEMOCRATIE.
Or, l'exercice de style de ces remues ménages chez les bouffons chameliers se distingue par quoi? Des débats pseudo-démocratique.
C'est du cinéma.
Pensez ce que vous voulez, personnellement je ne vois qu'une manipulation de masse!!!!!







stanislas
| 08-08-2019 07:21
il devrait arrêter d'écrire et changer sa photo

Tounsia
| 08-08-2019 01:23
Ne croyez surtout pas qu'ils sont divisés et qu'il existe une tension, justement non il s'agit de l'effet mercure , lorsque celui ci éclate et que l'on croit que tout part en vrille et bien non aussitôt elle se regroupe pour se réformer c'est ce qui est entrain de se faire tout en voulant nous faire croire que rien ne va plus.

A4
| 07-08-2019 22:21
Pour sa campagne pour les présidentielles, mourou invitera certainement son "maître" wajdi ghenim pour un grand rassemblement à el kobba d'El Menzah ... comme au bon vieux temps !!!

HatemC
| 07-08-2019 19:27
C'est ce qu'ils veulent faire paraître, c'est la stratégie des islamistes, le paraître, la TAKKIYA '?'.
Ils sont même très UNIS '?' c'est leur socle l'unité.

Ils ont réussi d'ailleurs à le faire croire. Nhadha se positionne comme un parti dans lequel des tensions peuvent apparaitre ici et la, les FAUCONS Vs les COLOMBES, mon pauvre Marouen, tu ne connais pas la puissance de nuisance de cette secte '?'
ILS SONT UNIS '?'

Nahdha a phagocyter les autres partis en les infiltrant '?'.
Même Zitoun "reconnait" que l'islam politique n'est pas la solution" '?' tout est stratégique '?'
Les islamistes glissent leur quenelle et doucement et les dit progressiste n'y voit que du feu ...HC

je dis la vérité
| 07-08-2019 19:13
Absolument vrai, ce que vous dites.

Les bases du mouvement Ennahda, sont irréductibles et tenaces. Pas question de lâcher leurs dirigeants, c'est sacré!

Que les querelles et les animosités font penser que le parti est divisé. Eh bien...Non.

Dirigeants et bases s'entendent à merveille : A leur yeux, c'est l'idéologie islamiste qui les réunit.
D'ailleurs leurs électeurs sont embêtés, du fait qu'il y a plusieurs candidats, pour les lesquels ils sont des sympathies :
Jbali, Mourou, Abbou et Marzougui.
Le plus gros lot irait à Mourou.
Bonne soirée!
Que notre journaliste se détrompe. Il ne connaît pas encore les frères musulmans.

A4
| 07-08-2019 19:10
LA PIEUVRE
Ecrit par A4 - Tunis, le 05 Novembre 2017

La pieuvre noire est moribonde
Elle n'en a plus du tout pour longtemps
Elle est gluante, nauséabonde
Comme l'eau fétide d'un étang

Elle est obligée pour survivre
De s'amputer quelques tentacules
De jeter au feu tous ses livres
Et mettre à l'heure ses vieilles pendules

Mais ses horloges usées sont rouillées
Bloquées dans des époques anciennes
Et rien ne sert de les chatouiller
Il n'y a plus d'aiguilles qui tiennent

Elle suffoque dans son marécage
Et ça fait longtemps qu'il n'a pas plu
Qu'il n'y a plus perles ni coquillages
Que les eaux du golfe n'arrivent plus

De temps à autre elle rejette un doigt
Le plus malade ou le plus pourri
Cela n'empêche qu'elle est aux abois
Les yeux tristes et la peau flétrie

Elle est même rejetée par les siens
Par ses amis et ses grands maîtres
Elle n'a plus presque aucun soutien
Pour la sortir de son mal-être

Vous la voyez étalée à terre
Répugnante comme un vieux torchon
Faisant en cachette des prières
Pour invoquer diables et démons

Son mal incurable la dévore
Va la jeter un jour dans le trou
Avec ses doigts assassins, ses cors
Et sa sale tête de gourou