
Si vous vous demandez pourquoi les automobilistes sont plus pressés (et plus agressifs) depuis quelques jours et pourquoi les bouchons interminables retrouvent enfin toute leur superbe, ne cherchez pas bien loin. Depuis le début du mois de septembre, c’est la rentrée des classes dans les différentes maternelles, écoles, collèges et lycées du pays. Demain sera d’ailleurs le grand jour pour les établissements du public et une grande partie du privé. Armez-vous de patience et admirez le grand bazar général.
Mais le plus grand du bazar n’aura pas lieu sur les routes (quoique !), c’est dans l’esprit de nos chers chérubins que la confusion atteint son apothéose. Qu’est-ce qui a été préparé pour eux, en prévision du grand jour ?
Errant sur les réseaux, dans cette immense terre de vacuité, je remarque quelques préparatifs timides pour la rentrée des classes. Surplombant la vallée du néant, au milieu des promotions pour des cartables coutant la moitié du SMIG, un appel émanant de l’un des lycées de Matouia (Gabès) exhorte les élèves à éviter les jeans déchirés et les coiffures « indécentes ». Pour les filles, la sentence est plus simple à appliquer, il suffit de porter son uniforme. Cachez vos corps jeunes filles, sinon tout ce qui pourra vous arriver sera de votre faute ! A l’âge où tout est à construire, on préfère grillager les filles en leur inculquant l’idée (évidemment erronée) que leur corps est une honte et qu’elles doivent le cacher pour éviter les tentations les plus viles.
A quand les uniformes pour les deux sexes ? Histoire de gommer les disparités sociales dans un pays où elles sont de plus en plus criardes et pour mettre enfin les genres sur un pied d’égalité afin qu’ils se concentrent davantage sur… tiens, leurs études.
Anecdotique ? Peut-être, mais pas autant que l’intérêt qui est réservé à nos chères petites têtes brunes, nourries, depuis quelques années, à la haine, à l’instabilité et…aux réseaux sociaux. Des jeunes livrés à eux-mêmes pensant que les échanges violents sous les photos de Nermine Sfar, les paroles de chanson de Oueld Awatef ou les sermons proférés dans les émissions de télé poubelle sont le miroir de la vraie vie.
Encore dans cette vallée de l’absurde, les données du ministère de l’Education lors de sa dernière conférence de presse en préparation de la rentrée. On y apprend, pêle-mêle, que le budget alloué par le ministère à l’entretien, rénovation et création des établissements éducatifs ne fait que 4,8% du budget total du département.
Plus absurde encore, à la veille de la rentrée, le ministère parle d’infrastructure, d’assainissement et d’eau courante. Evoque-t-il une stratégie ? Un plan pour améliorer le contenu du programme de nos enfants, leurs chances de succès, ou au moins, les moyens susceptibles de les éloigner du décrochage scolaire ? Rien de tout cela…
En 10 ans, presqu’un million d’élèves ont quitté les bancs de l’école. Ou plus exactement 977.189 selon les chiffres publiés dans le dernier rapport du FTDES. Un chiffre hallucinant qui fait pourtant très peu réagir. Expliqué par un ascenseur social en panne qui fait qu’on ne croit plus en l’enseignement comme étant le sésame d’une vie digne, il est aussi envenimé par une inflation galopante et un appauvrissement de la population qui font que l’enseignement devient de plus en plus un produit de luxe inaccessible.
Concernant les taux de réussite, par exemple, le même rapport nous montre que des 69% de réussite au baccalauréat en 2010, on en a seulement 42% en 2020.
Qu’avons-nous préparé pour les générations futures à la veille de la grande rentrée générale ? Rien de plus que les formules perdantes des années précédentes.
Grands oubliés de ces dernières années, nos élèves-étudiants, n’ont pas fait le poids face à des problèmes (jugés plus importants) qui les ont relégués aux oubliettes. Pandémie et crise politique ont laissé très peu de chance aux petits tracas des générations futures et à leur avenir…qui est tout autant le nôtre.
Pour lutter contre le décrochage et préparer les générations de demain, il est inutile de rappeler la nécessité d’une volonté politique claire et d’une stratégie. Inutile aussi de rappeler que ni l’une ni l’autre n’existe actuellement dans le contexte actuel. La stabilité, grande absente de ces dernières années, fait que ce combat de longue haleine n’est pas encore prêt à voir le jour.
En attendant, conduisez prudemment. N’oubliez pas que demain est la grande rentrée des classes…du moins ce qu'il en reste...



Très Cordialement
Le vrai problème, ces écoles privées qui servent comme couverture.
le culte du diplome. mon diplome meilleur. mon papa plus fort ...
tous veulent leurs enfants devenir medecin, avocat, pharmacien ... it won't work !!
ras le bol des diplomes et diplomés !
le pays a besoin d'entrepreneurs, mème sans diplome, mais qui soient capables de produire moins cher que les turcs, pour exporter dans 176 pays comme eux .
le système français n'est pas fait pour vous.
STOP SHEEPING !!
Ceci explique, peut-être, cela !!!
"les serments proférés dans les émissions de télé poubelle"
Il me semble que la donzelle a encore confondu deux termes homonymes en prenant "serment" pour "sermon". . .
Alors dans l'attente d'une possible correction de la confusion par "l'auteure"(*), je suspends ma lecture "en diagonale". . . en espérant ne pas trouver plus de "confusions" à la reprise de ma lecture. . . en biais. . .
MPP.
(*) Et non pas "l'autrice", néologisme barbaresque qui écorche les esgourdes des "puristes" bien nés. . .
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Superbe, la tirade sur la vacuité de la toile, aujourd'hui source principale d'information pour toute une population de têtes vides qui n'a rien appris à l'école dont vous parlez, surtout pas l'esprit critique et le doute.
Oh, ne vous fachez pas, j'ai le droit de rire puisqu'en France on note le bac sur 25 ou 30 pour avoir "85%" de la classe d'âge qui décroche le bac avec au moins 10 de moyenne !
La honte d'être une fille, l'obligation de se cacher sous des oripeaux infâmes est beaucoup moins drôle...
Au plaisir de vous lire, Madame :)

