Pendant que nos députés s’amusent et s’espionnent, les Tunisiens affrontent les vrais problèmes de la vie. Le cauchemar contre lequel tout le monde avertit depuis des trois mois commence à pointer du nez. Ici et là on commence à voir des licenciements et des faillites de PME. On peut même parler de licenciements massifs dans plusieurs secteurs, notamment les BTP. Hier, dans son interview, Elyes Fakhfakh a parlé d’aides à destination de 11.000 entreprises. Je veux lui dire que cela est faux et qu’il est en train d’être trompé et de nous tromper par conséquent. Il y a eu plus de 10.000 dossiers déposés à la « Commission d’accompagnement et d’appui aux entreprises affectées par les répercussions de la propagation du Coronavirus « Covid-19 » »*, mais il n’y a pas eu d’aides. Aucune aide n’a encore été consentie, quoique dise le chef du gouvernement devant les caméras ! Les banques continuent encore à exiger des garanties réelles, l’Etat continue à ne pas payer ses fournisseurs, l’Etat n’a toujours pas donné de garantie pour que les PME puissent obtenir des crédits bancaires et la circulaire de la Banque centrale de Tunisie est encore lettre morte. Quand Elyes Fakhfakh dit que 11.000 entreprises ont été aidées, Elyes Fakhfakh (se) trompe. Est-ce qu’il le fait sciemment ou pas, on l’ignore, mais dans un cas comme dans l’autre, le résultat est le même car son statut lui interdit de tromper le public ou d’être trompé par son équipe.
De quoi on parle ? Des promesses qu’Elyes Fakhfakh a données dans son speech du 21 mars et dans lequel il a promis d’être aux cotés des entreprises pour qu’elles ne fassent pas faillite et qu’elles ne licencient pas le personnel, à la suite de la crise provoquée par le confinement du Covid-19. Au début du mois de mai, les promesses ont été mises en boite, le fameux décret 308 a été publié dans le Jort, le ministère des Finances a mis en place une plateforme pour que les entreprises puissent déposer leurs requêtes et la Banque centrale a émis une circulaire pour que les banques accèdent aux demandes des PME à travers un mécanisme intitulé « crédit exceptionnel ». Nous sommes à la mi-juin et rien de tout cela n’a vu le jour.
La raison ? Elle se cache dans un petit détail du décret 308, comme se cacherait le diable. Une commission multipartite* a été créée pour examiner les différents dossiers (il y en a onze mille donc) et c’est cette commission qui bloque tout. On a cru, à un moment que c’est l’administration qui bloquait tout, mais il s’est avéré que non. Pas que en tout cas. Mes excuses aux fonctionnaires qui ont été critiqués par le passé, ce ne sont pas eux qui prennent en otage les entreprises, mais une autre corporation, celle des experts-comptables qui a siégé avec eux dans ladite commission. Les fonctionnaires sont responsables d’une partie du problème avec un système d’information incapable de prendre en charge les décisions politiques. Les banques sont responsables d’une autre partie du problème, avec un système d’information encore inadapté et un manque total de visibilité sur les recours à faire en cas d’insolvabilité d’une PME garantie par l’Etat.
Les experts-comptables, eux, ont créé un problème là où il n’y en avait pas et ont réagi avec une mentalité d’épicier médiéval. Ils ont exigé des PME un audit spécial pour certifier des chiffres déclarés par les PME, chose qui n’était pas consignée dans le décret. La commission, par leur grâce, s’est auto-octroyée des prérogatives pour imposer des règles aux entreprises de telle sorte à compliquer et retarder tout le mécanisme d’aide et ce en se basant sur une question : « qui nous dit que les chiffres présentés sont vrais ? Au nom de la transparence, il faut auditer les comptes avant d’aider quiconque ! ». Ils ont mis des dates butoir presque impossibles à satisfaire et ont imposé tout un foutoir aux entreprises. Au lieu que celles-ci s’occupent de leur activité principale et de la relance, on les a obligé à mettre de l’ordre dans leur comptabilité afin de prouver leur bonne foi, leur intégrité et leur statut « miséreux ».
Le paradoxe, le grand paradoxe, est que le système fiscal tunisien est basé sur le déclaratif. Soudain, et alors qu’on est en pleine crise et en pleine urgence, voilà que la commission chargée d’éteindre l’incendie, décide que le déclaratif ne suffit plus et qu’il faut désormais un audit ! En passant et face à cet audit surprise imposé, les experts-comptables vont facturer leur mission à quelques milliers de dinars, alors que les entreprises sont au bord de la faillite et en manque énorme de trésorerie ! On marche sur la tête ? Oui !
Les experts-comptables, plutôt que de sauver le tissu entrepreneurial, vont désormais comptabiliser nos pertes puis nos échecs. Que gagnent-ils en agissant comme aurait agi un comptable à l’époque des Soviets, crayon à l’oreille ? Quelques milliers de dinars dans leur compte et, éventuellement, quelques voix aux prochaines élections en plus d’avoir signalé l’utilité de leur existence à la commission.
Quelle est la légalité de ce qu’a fait cette commission ? Aucune. Les experts-comptables ont-ils le droit d’auditer les comptes au milieu de l’exercice et en des délais très brefs ? Non ! La commission s’est octroyée tous ces droits en ayant une lecture tendancieuse du décret 308 du gouvernement, parce que le décret l’a chargée de pencher sur les aides. Elle a extrapolé et a imposé des décisions aberrantes, énergivores, budgétivores et, surtout, chronophages. Elle a fait perdre un temps très précieux aux entreprises avec, pour conséquences, plusieurs entreprises qui vont mourir avant de pouvoir être sauvées.
Elle a surtout dénaturé toutes les décisions politiques d’Elyes Fakhfakh. Elle les a vidées de toute leur essence en agissant comme agirait n’importe quel pays sous-développé qui ne fait pas confiance à ses administrés et jalouse leur succès.
Il y a quelques années, les agents de sécurité du Festival de la Médina ont attrapé un resquilleur et l’ont emmené voir leur directeur Mokhtar Rassâa. Quelle a été sa réponse ?! Laissez-le entrer ! Ce jeune homme a pris le risque de resquiller pour regarder un spectacle culturel ! Il « vole » pour se cultiver, laissez-le et allez-vous occuper de choses plus utiles !
Il faut avoir tout un bagage culturel et une certaine vision du monde pour comprendre l’utilité d’une telle démarche sur l’ensemble de la société. Chose que la commission soucieuse de paperasse, d’audit et de contrôle ne peut comprendre. Au lieu de sauver les entreprises, elle cherche les poux là où il n’y en a pas. Plutôt que de sauver 10.000 entreprises dont 2000 frauduleuses, elles vont sauver 3000 champions de la paperasserie et laisser péricliter 7000 autres.
Voilà pourquoi la Tunisie est tirée vers le bas ! Ce n’est pas seulement la faute de ses gouvernants, qui acceptent que leurs décisions soient dénaturées sous différents prétextes, c’est la faute à tout un système cérébral gangréné par la suspicion et la volonté de casser ceux qui réussissent et handicaper ceux qui veulent réussir !
* La commission d’accompagnement et d’appui aux entreprises affectées par les répercussions de la propagation du Coronavirus « Covid-19 » a été créée par l’arrêté du ministre des Finances n°40 du 8 mai 2020 et elle vient exécuter le décret gouvernemental n°308 du même jour. Elle est présidée par le ministre des Finances et est composée des membres de sept ministères, de la BCT, de l’Utica, de l’UGTT, de l’Utap et des banques. Le Président de la Commission peut convoquer toute personne dont il juge la présence utile à ses travaux, et ce, en fonction des questions inscrites à son ordre du jour et c’est comme cela qu’il a invité l’Ordre des experts comptables.
Je vous cite:
" Le pays croule sous le sous-développement"
Vous avez parfaitement raison.cela a commencé en 2011.
Cordialement.
Je crois avoir rencontre beaucoup de potentiels tels que le votre
Moi je me suis fait une raison il faut cultiver son jardin
Je vous signale toutefois que Mr Ben Amara par exemple qui est aujourd'hui professeur associe a l'Universite Laval a quitte la Tunisie a l'age de 51 ans
En Tunisie, le système corrompu a développé une mentalité du moindre effort.
On essaye de réussir avec le moindre effort.
Le plagiat la triche et le trafic sont devenus des règles pour réussir.
Le travail bien fait et l'effort sont devenus une tare. C'est décourageant pour tous ceux qui veulent bosser.
Résultat, le pays croule sous le sous-développement.
Cdlt
Heureusement que les etudiants qui sont pas cons ont compris l'envergure et le profit a tirer de votre module
De mon cote sans etre aussi pointu que vous dans mon domaine specifique j'ai assure des cycles de formation-action bases sur des cas pratiques inspires de l' ESG UQAM avec outils opearationnels
On m'a pique ces cas pratiques et certaines soit disants references l'enseignent actuellement a leur propre profit dans l"Executive MBA d'une universite de la place
La meme problematique existe dans de nombreux domaines de competences trustes par fe pretendus experts qui sont en fait de la racaille en col blanc
Sans autre commentaire
C'est une profession que je connais très bien.
Beaucoup d'E.C. ont obtenus leurs diplômes par complaisance. En tout cas dans les années 90 , les diplômes d'E.C. se vendaient contre argent et missions etc...
Seule une minorité avait droit de réussir à tel point que Ben Ali a du intervenir en personne pour essayer de re'uler un peu tout cela.
L histoire du système comptable tunisien de 1996 est encore plus triste à raconter.
Ils avaient copier la norme générale française et les normes internationales publiées par les Ed. Francis Lefebvre à l'époque.
Ils ont fait passé au dernier moment une loi au 31 décembre 1996 dans ce sens avec application dès le lendemain c est à dire 1 janvier 1997. Ils n ont jamais prévenu ni les écoles ni les entreprises du projet jusqu au derniers moments pourquoi ?
Ils voulaient être les seuls à le maîtriser pour monopoliser la formation et raqueter les entreprises prises au dépourvu.
Je peux vous citer des noms : Gasmi Mabkhout, Hajji...
Tout cela avec la complicité du ministère de l'économie de l époque.
Pour le projet paraît il les membres de la commission ont encaissé environ 500 mille dinars de l époque.
Pour juste avoir copier des normes utilisées ailleurs.
Je me rappelle j enseignais a l université et j avais eu connaissance du projet et j ai pu procuré une copie "par piston" en septembre 1996.
Ayant déjà travaillé sur les normes internationales et françaises et avoir rédigé un mémoire sur la 4ème directive européenne pour l'harmonisation des comptes comptables, je n ai eu aucun mal à enseigner le projet.
Et pour aider les entreprises et former les étudiants, j ai tout de suite adopté le programme de gestion financière au nouveau projet. J'ai dans le même temps et pendant mes cours dénoncé le comportement de la commission et ses conséquences désastreuses sur les entreprises. '?a était un tollé partout à l l'université, en dehors...les échos me parvenaient.
Dans mes cours, j ai tout expliqué toutes les nouveautés à mes étudiants pendant que les autres enseignants faute d'informations enseignaient l ancuen système. L'amphi où j enseignais, était plein à craquer. Les étudiants venaient de partout.
Biensure la commission des EC chargée du projet a été prise au dépourvu.
Ils ont organisé à la hâte un séminaire sur le nouveau système à l hotel Abou Nawas à Mohamed V en présence de Zorgati ministre de l,économie de l'époque.
J y étais à ce séminaire. En faite les membres de la commission ne maîtrisaient pas le système omme ils l avaient tout bêtement copié et donc ils lisaient sur des feuilles les nouveautés que j ai auparavant enseignées à mes étudiants. C'était le séminaire de la honte.
Les dégâts étaient importants pour les entreprises tout cela juste pour que ces EC ramassent à eux seuls l argent de la formation
En prévenant les entreprises au dernier moment du nouveau système comptable avec application immédiate, ces dernières n avaient pas le choix que de s adresser à eux pour former leurs employés au prix le plus fort.
Donc traiter certains EC d épiciers est très gentil de la part de Mr Bahloul.
Mr john
2- Si vous optez pour la méthode de la déclaration détaillée, c'est le comptable qui reçoit l'argent .
Si vous choisissez la méthode Makhlouf , c'est El karama qui récolte l'argent avec la garantie de ne pas aller en prison !
Apres une vingtaine de chroniques d'operettes pueriles consacrees aux contrepeteries nauseabondes de nos "deputes" vous nous pondez un articke digne de BN des annees 2012
Voila ce que j'appelle un article pertinent et instructif
Je me permettrais egalement meme si la tache est difficile de
vous recommander d'expliquer aux citoyens que le systeme economique actuel de la Tunisie est vampirise par une caste de mafieux parasitant tous les mecanismes administratifs logistiques juridiques et financiers de ce pays
Que vous consacriez par exemple meme de maniere indirecte un article expliquant que les credits bancaires sont detournes au profit d'une vingtaine de familles de morpions et autres tiques dorees au detriment bien evidement des PMEs innovantes et creatrices de valeurs
Que le montant de l'aide internationale consequente depuis 9 ans est systematiquement et scandaleusement detourne au profit de ces memes tiques en costard cravate au detriment du developpement regional
Que cette oligarchie parasite etablie dans les annees 80/90 est l'une des causes majeures de la faillite de la Tunisie
Que cette oligarchie a detourne plus de 2 fois le PIB de la Tunisie en quarante annees
Que l'affaire des appartements residentiels d'Alicante est une pecadille par rapport aux palaces des mafieux tunisiens sur la Cote d'Azur Costa Brava Portugual Grece a Londres a Paris a Montreal aux Seychelles
Bref que vous exposez aux Tunisiens la REALITE
L'article serait plus pertinent et percutant si vous l'avez titré " la commission de l'échec ! "
Je ne veux pas défendre une profession qui galère et qui agit dans la détresse dans un environnement économique agonisant..
Vous aurez pu pointer du doigt la mauvaise gestion de l'Etat, tout domaine confondu !
'Les comptables c'est des Hommes qui souffrent en silence...
#bref_vous_dérapez
Pour le journaliste je vais m abstenir se lui répondre.Un bon journaliste vérifie ses allégations avant de débiter des insolences
La Tunisie est gangrenée par d'un côté la suspicion outrancière et les combinars as de l'optimisation personnelle!
Et c'est les pme et la classe moyenne qui s'est appauvrie qui sont les victimes!
Catastrophique... la Tunisie est à réformer en partant de zéro, il faut prendre une nouvelle feuille, page blanche et revoir toute la copie!
'?a ne sert à rien d'essayer de guérir des symptômes, ça ne fait que ur rendre plus haut le château de cartes qui en devient encore plus fragile
Je félicite BN pour cet article car il met l'index sur un problème réel. On juge les politique sur le résultat et le résultat n'est pas là par la faute de cette commission et des comptables, ceci est une vérité. BN ne perd pas sa crédibilité, c'est tout le contraire, elle dit les choses comme elles sont et n'a pas peur des corporations pour le dire. A chacun son travail. Si vous êtes comptables monsieur zied, eh ben assumez !
De commission en commission, chacun se décharge de toute responsabilité et chacun se réserve des commissions. Résultats des entreprises asphyxiées et une relance qui tardera à voir le jour.
Pire en voyant encore ce genre de situation qui perdure sous divers étiquettes, aucun investisseur réfléchi, étranger ou tunisien, ne se laissera berner et ne viendra secourir cette économie.
Pourquoi les responsables n'ont pas taper du poing sur la table? Pourquoi n'ont-ils pas déterminé une date limite, obligeant tout le monde à se mettre au travail et à être pertinent.
Il faut cesser de pleurnicher en voyant des entreprises partir ailleurs. Il faut cesser de pleurnicher en entendant des compatriotes qui refusent d'entreprendre dans leur pays.
Par cet article vous perdez de crédibilité, et c'est clair que vous êtes mal informés (en supposant la bonne fois)
Quand le ministre des finances est con à ce point, il vaut mieux fermer la boutique et lui mettre tout le personnel à la rue !!!
Mr Fakhfakh , depuis le temps , a bien dû se rendre compte que ça bloque quelque part , et qu'a t-il fait ? que fait-il ?
RIEN de rien !
Il parlote , il s'entend parler et se félicite . Mais de quoi ?
Qu'est-ce qui l'empêche d'être réactif , énergique , et de prendre la main ?
Un vrai décideur .... ça décide !
Un vrai chef de gouvernement tape du poing sur la table , écarte sans ménagement ceux qui bloquent sa politique et empêchent le pays de tourner , bref ... il ne laisse pas " les saboteurs " sévirent , car à la fin des fins , c'est lui et uniquement lui , qui sera " jugé " sur son bilan réel et les promesses qu'il a faites au pays et aux contribuables !
Notre PM en a t-il conscience ? j'en doute fort !
Les experts comptables bien sûr !
Pourquoi voulez-vous que leur ordre laisse passer cette aubaine ?
ça n'empeche, selon tes dires, sur 10000 entreprises 2000 seront frauduleuses, je pense que vous vous adressez à la suisse ou a la norvege
Tous les pays développés ont aidé leurs entreprises, sauf nous, ils se mêlent les bâtons dans des considérations de paperasserie. C'est honteux wallah.
@observator : la vérification exige des mois alors qu'il y a urgence. Et ce n'est pas des aides de l'Etat dont il s'agit, mais de rééchelonnement de dettes fiscales et de garantie de l'Etat. En plus qu'est ce qu'il y a à vérifier ? La crise est passée par là et tout le monde le sait, sauf nous on demande à vérifier d'abord ! Ya wallah 7wel !
Mais delà à octroyer des aides aux entreprises sans vérifier leurs situations financières là je ne suis pas d'accord.
Il faut revoir peut-être les honoraires des avocats.
Mais un contrôle peut-être demandé à tout moment de l exercice comptable.
Il y a des entreprises qui présentent des situations semestrielles trimestrielles voir mensuelles en temps normal.
Il faut bien vérifier que les aides de l Etat aillent aux entreprises qui en ont vraiment besoin.
C'est encore plus vrai quand on connait la grande propension du tunisien pour la triche .
Nous ne sommes pas des allemands ou suédois sur ce plan malheureusement et encore