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SUR LE FIL
Les 3D de la politique tunisienne
Ben Hamida Sofiene
12/12/2021 | 1
min
Les 3D de la politique tunisienne
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Par Sofiene Ben Hamida

 

Détrompez-vous. Il ne s’agit nullement de la technologie tridimensionnelle qui nous permet de visualiser et de reproduire l’espace qui nous entoure tel qu’il est perçu par notre cerveau. Ces trois dimensions sont la longueur, la largeur et la profondeur. Je ne me hasarderai jamais à vous imposer, un dimanche, un article sur une technologie de pointe que je ne maitrise pas, ni aucun autre article scientifique. Il s’agit par contre de notre politique tunisienne. Les 3D  sont donc les trois acteurs politiques qui ont été les plus décevants au cours de cette semaine. Ils ont été totalement décevants en long, en large et en profondeur. Une déception tridimensionnelle, d’où l’analogie avec la technologie 3D.

 

D’abord, il y a le président de la République, Kaïs Saïed. Il a annoncé cette semaine que la constitution de 2014 manquait de légitimité et qu’il faudrait la remplacer. Les spécialistes qui devraient lui concocter une nouvelle constitution ont déjà les pieds sur les starting-blocks. Seulement en annonçant que la constitution actuelle manque de légitimité, le président de la République entre totalement dans l’illégitimité. N’oublions pas qu’il a été candidat aux élections présidentielles en 2019 sur la base de cette constitution. N’oublions pas aussi qu’il a prêté sermon, après son élection, de veiller au respect de la constitution, celle qui est en vigueur et non celle qui gambadait déjà dans sa tête. N’oublions pas encore que jusque la semaine dernière, il affirmait qu’il agissait dans le cadre de l’article 80 de la constitution et qu’il se conformera toujours à la loi.

 

Il est évident aujourd’hui que Kaïs Saïed a bafoué tout le monde. Lui qui semble si attaché à la souveraineté du peuple qui peut accorder ou retirer le mandat accordé aux dirigeants, il doit se rappeler que ce peuple souverain l’a mandaté pour être le président de la République dans le cadre de cette constitution. S’il veut changer la constitution, il n’a qu’à remettre son mandat au peuple souverain, se représenter devant lui dans le cadre de nouvelles élections présidentielles avec un programme clair qui mentionne explicitement qu’il va modifier la constitution s’il est mandaté de nouveau par le peuple souverain. A-t-il le courage et la candeur nécessaires pour le faire ? J’en doute fort, et c’est en cela que Kaïs Saïed a été décevant.

Ensuite, il y a Rached Ghannouchi. Il a donné la preuve qu’il mérite son statut de personnalité politique la plus détestée par les Tunisiens. Sa déclaration à peine quelques instants après le décès d’un membre de son parti politique, immolé par le feu, au siège du parti, ce qui a déclenché un incendie provoquant beaucoup de dégâts, est un exemple de manque d’humanité, d’absence de compassion. Il était, comme à son habitude, dans le tout politique, dans l’instrumentalisation, même s’il faut mentir grossièrement et travestir la vérité.

 D’ailleurs, toute la carrière politique de Rached Ghannouchi, une carrière qui a débuté dans les années soixante dix du siècle dernier, a été entachée de mensonges, de combines et d’instrumentalisation. Beaucoup de ses compagnons de première heure ont été ses  premières victimes. Mais avec sa dernière déclaration, Rached Ghannouchi est allé trop loin dans l’instrumentalisation politique d’un véritable drame. Il est tombé trop bas et c’est en cela qu’il a été décevant.

 

Enfin il y a l’inévitable Abir Moussi. Elle est décevante depuis quelques années déjà. Mais cette semaine, elle a multiplié les gestes et les déclarations dans son style de toujours saccadé, désordonné et décousu. Elle a avisé de la reprise de son sit-in devant le siège de la section des frères musulmans. Elle a annoncé qu’elle dépose une plainte, avec un retard de cinq mois, contre Seifeddine Makhlouf pour agression. Elle a déclaré qu’elle va assigner les membres du gouvernement pour qu’ils n’appliquent pas les décisions du président de la République, etc.

 

Il est évident que la présidente du PDL ne supporte pas qu’elle soit reléguée à un second plan dans les médias et dans l’opinion publique. Elle se démène donc et multiplie les « actions » qui sont en fait des effets d’annonce que rien ne semble relier à part peut-être sa volonté farouche d’occuper les devants de la scène. Concrètement, elle ne présente aucune alternative, aucune idée nouvelle, sauf peut-être l’appel à organiser des élections législatives et présidentielle dans l’immédiat. Paradoxalement, elle rejoint par cet appel les islamistes censés être ses pires ennemis. Ne dit-on pas que les extrêmes se rejoignent ?      

Ben Hamida Sofiene
12/12/2021 | 1
min
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Commentaires
Amaricano
Aveuglé par sa haine à Abir
a posté le 13-12-2021 à 13:19
On sait que vous n'aimesz pas Abir,
Un bon journaliste ne doit jamais parler avec ses sentiments .
Il doit développer ses analyses d'une façon réelle et professionnelle,même s'il n'à pas d'estime de la personne visée.
Zarbout
Un bon article aux démarches allégoriques prononcées
a posté le 13-12-2021 à 11:52
Notre chroniqueur a choisi les termes « la longueur, la largeur et la profondeur » pour faire un constat de la politique tunisienne actuelle, un choix qui n´est pas innocent en soi et renvoie en fait vers une réflexion plus profonde sur ce qui se passe autour de nous.

En fait, pour calculer le volume d´un récipient on a besoin « d´une Largeur, d´une Longueur et d´une Hauteur ». Par précaution j´ai utilisé l´article indéfini « une » pour comprendre le volume au sens large du terme comme une contenance, une grandeur, un écrit ou aussi une dimension. A la différence de notre chroniqueurs j´ai utilisé la « Hauteur » comme unité de mesure pour calculer l´ascendant de quelque chose ! Alors que la profondeur désigne la distance entre un fond et une surface. A travers la lecture de cette chronique on peut dire que la dimension « spatiale » de notre champ politique tunisien tire sa fin vers le naufrage et le non-sens de la réalité. Avec des acteurs politiques aux profils opposants parce qu'ils ne peuvent pas être partie prenante.

Fort est de constater combien le pouvoir peut transformer les hommes. La moindre zone d´influence perdue ou concédée fait d'un opposant irréductible un homme de main servile. A ce stade on peut que la politique est un jeu de dupes. Il ne faut jamais croire les politiciens quand ils parlent de principes. Ces idéaux et ces beaux principes ne sont que le moyen qui permet de confisquer le pouvoir. Ne les préoccupe que leur situation personnelle.

L´idée qui m´était venue dans la tête en lisant cet article est celle du film « le bon le truand et la brute » (Régie de Sergio Leone/1966). En Tunisie on peut utiliser un langage gastronomique pour faire un film folklorique portant le nom « la gamelle la louche et le fouet »
Pour le reste l´interprétation est facile à faire !!!
Tunisino
Il y a d'autres D
a posté le 13-12-2021 à 08:25
1. La technologie 3D de visualisation (virtuelle) n'est pas nouvelle, elle date d'environ 30 ans. La technologie 3D d'impression (réelle), elle aussi n'est pas nouvelle, elle date d'environ 20 ans. Tout comme l'intelligence artificielle qui date d'environ 30 ans, la robotique qui date d'environ 60 ans si on ne comptabilise pas la robotique mécanique, et la haptique qui date d'environ 30 ans, encore nouvelle en Europe et inconnue en Tunisie. Ceci donne une idée où on est lorsqu'on est une république littéraire, qui suit les pas des pays les moins développés.
2. D'autres D sont possibles, le D le plus évident est les communistes, les amis de SBH, qui oeuvrent à profiter de la situation chaotique pour appliquer leur programme, rendre la Tunisie un pays anarchiste.
Fares
L'IA
a posté le à 15:43
L'intelligence artificielle n'a pas vu le jour dans les années 90. Les réseaux neurones remontent aux années 1940. La conférence fondatrice de L'intelligence artificielle a eu lieu en 1956.

Un article Wikipedia sur l'histoire de L'intelligence artificielle:

https://tinyurl.com/2p87ut84

Je suis d'accord avec vous concernant le manque flagrant de culture scientifique en Tunisie.
Tunisino
Oui Fares
a posté le à 18:50
J'ai vu l'article de Wikipedia, les origines de l'AI sont plus ancienne sauf que les applications concrètes ont commencé après la fin de la guerre froide lorsque la technologie informatique a commencé à se développer à grands pas.
La dame
caméléon...
a posté le 12-12-2021 à 22:40
Les vrais destouriens de Bourguiba n'ont jamais reconnu Abir Moussi ni son parti. Le PDL n'est rien d'autre qu'un RCD déguisé. Cette dame caméléon n'a aucun charisme et aucune chance d'accéder au pouvoir en Tunisie ! Elle est incapable de gagner la sympathie de la majorité des Tunisiens et encore moins la solidarité de futurs partis de coalition, sachant qu'avec ses 29 %, elle ne pourra jamais gouverner toute seule en Tunisie. Par ailleurs, les Tunisiens n'oublieront pas de sitôt les funérailles de la HONTE réservées au grand Leader Bourguiba par le fasciste Ben Ali et son parti le RCD auquel appartenait cette dame aujourd'hui déguisée...!!!
Mon.
Comment
a posté le 12-12-2021 à 20:32
D'abord vous avez fait une faute impardonnable en écrivant sermon à la place de serment, en outre vous vilipendez Abir Moussi que vous mettez à la même place que les Islamistes, alors que c'est la seule politicienne qui n'a jamais dévié de sa trajectoire, elle à toute les qualités pour diriger la Tunise, elle est patriote, expérimentée, femme de droit et très intelligente, c'est la seule à pouvoir sauver ce pays, Tlili l'entraîneur célèbre n'a t'il pas dit d'elle que c'est un femme avec des moustaches!
Tounsi Fakhour
Pour une fois, depuis quelques temps
a posté le 12-12-2021 à 19:02
Je suis assez d'accord avec l'auteur, concernant deux des trois personnages politiques.

ABIR MOUSSI
Quelques constats :
1. C'est un cacique du RCD et du régime dictatorial de Ben Ali,
2. On peut bien chercher, mais on ne trouve rien sur un éventuel programme, un projet pour les Tunisiens et la Tunisie,
3. Elle ne fait qu'essayer d'occuper la scène médiatique et politique et d'y rester, avec des déblatérations et une mise en scène dignes d'un Kouttab + 1 ou de Maternelles Sup,
4. Pour des raisons évidentes, elle et son parti politique cherchent :
a. Rapidement,
b. Des élections législatives anticipées,
c. Sans toucher à la constitution ni au code électoral,
5. Leur visée est claire : La Kasbah.

KS
Il me semble assez clair que KS n'est pas issu et ne fait pas partie de l'establishment, pour les raisons suivantes :
1. Il était presque inconnu, avant la campagne présidentielle,
2. Il n'a pas de parti politique,
3. Pendant la campagne présidentielle et contrairement aux candidats de l'establishment,
a. Pas d'appui médiatique, les autres disposent d'organes de presse à leur disposition,
b. Pas d'appui financier, les autres ne regardent pas à la dépense,
c. Il a même refusé d'utiliser les fonds publics offerts à tous les candidats,
d. De tous, il était considéré comme un outsider,
4. Après son élection, il n'a pas profité, comme Macron en France, pour créer son parti politique,
5. Pendant son mandat, il n'a pas de machine médiatique. De plus, certains sites et médias s'acharnent sur lui,
6. Le 17 décembre, ce n'est pas son anniversaire, ni celui d'une éventuelle prise du pouvoir, comme c'était le cas avec les prédécesseurs Bourguiba et Ben Ali,
7. C'est l'étincelle de la révolution tunisienne qui a fait de la Tunisie une exception, « an arab anomaly », selon le livre du professeur à l'université de Columbia, Safwan Masri (2017), New York : Columbia University Press,
8. Enfin, sa démarche, ses méthodes sont loin de copier le système, caractérisé par un certain égo, opportunisme, arrivisme et une mise en scène portée plus sur la communication que sur l'action. Lui, il se distingue, il est plutôt intègre.

Cela est intéressant mais il y a plus important.
Pour le moment et par honnêteté, on ne peut que dresser un bilan provisoire sur quatre mois.
Qu'on le veuille ou non, l'action salvatrice de KS, entamée le 25 juillet a abouti, pour le moment, au moins :
1. De caser la pourriture islamiste sous le tapis, plutôt dans le caniveau,
2. Des campagnes de vaccinations, très efficaces, contrairement à l'hécatombe sanitaire d'avant le 25 juillet,
3. Un gouvernement (non politique pour une fois et essentiellement technocrate) en place et actif,
4. Un vrai processus d'assainissement en cours.
Par ailleurs, on ne veut pas, on ne veut plus de ZAIM. On veut une vraie démocratie et un peuple souverain.
KS directement, n'a pas (et ne peut pas avoir) la charge de tout, il n'a pas de baguette magique. Son background est prof d'université en droit constitutionnel. On ne lui demande pas d'être docteur en économie, en finance, etc. Il y a un gouvernement, des conseillers, des experts.
KS n'est pas responsable du bilan catastrophique de la décennie nekba et ses satellites.
Alors, un minimum de patience et un peu de décence, après cette décennie calamiteuse, laissons l'exécutif faire son travail et JUGEONS AUX ACTES ET AUX RESULTATS.
Une lenteur flagrante est évidemment inacceptable mais n'oublions pas que les temps judiciaire, médiatique et politique sont différents.

L'ESTABLISHMENT
Sur ce sujet, voir, par exemple, mon commentaire sur le lien :
https://www.businessnews.com.tn/noureddine-taboubi--le-pays-traverse-une-phase-dont-on-ignore-lissue,519,114523,3
Tounsi Fakhour
Les 3 D
a posté le à 14:00
Sont :

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KS
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