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SUR LE FIL
L’école, cette utopie
Par Synda Tajine
13/09/2022 | 17:30
4 min
L’école, cette utopie

 

La rentrée scolaire est prévue pour le 15 septembre. Dans deux jours, les élèves des établissements de l’enseignement public et de la majorité des établissements du privé regagneront les bancs de l’école.

Les manuels de la troisième année primaire de langue française ont fait scandale il y a quelques semaines. Plusieurs fautes de langue y ont été découvertes alors qu’elles ont été revues et corrigées par un comité d’experts de professeurs et d’inspecteurs. Le chef de l’Etat se dit « déçu », une enquête est ouverte et une nouvelle version sort dans les librairies. Tant pis pour ceux qui avaient déjà acheté les livres comprenant des erreurs. Ils n’ont qu’à consulter les corrections en ligne ou à se fier aux enseignants pour le faire en cours. Il est fort possible, cependant, que ni les parents, ni les élèves, ni même les enseignants, ne les remarquent même pas…

Oui, car et ça tous les parents le savent, dans une grande partie des manuels parascolaires, des examens préparés par les professeurs et des cours prodigués en classe et en ligne, les erreurs et autres approximations sont loin d’être rares. Faites l’expérience, achetez un parascolaire, téléchargez des exercices en ligne, ou suivez les manuels de vos enfants, vous y trouverez très probablement des coquilles. Certaines publications échappent évidemment à cette malédiction, mais elles demeurent moins nombreuses que toutes les autres qui présentent des textes approximatifs, alors qu’ils ont été élaborés et revus par des enseignants.

Ceci dénote de la « grande importance » donnée à l’enseignement par ce pays qui en a pourtant fait, il y a plusieurs années, sa grande richesse. Alors que les richesses naturelles restent l’apanage des pays voisins, la Tunisie se vantait de son « trésor humain », fruit d’un enseignement qui n’a rien à envier aux plus grandes nations. Est-ce encore le cas aujourd’hui ?

 

Chaque jour, près de 100 élèves quittent définitivement le circuit de l’apprentissage, selon le ministre de l’Education Fethi Sellaouti. Que deviennent ces enfants ? Délinquance, embrigadement, exploitation économique ou sexuelle, ou tout simplement…ignorance, porte ouverte à toutes les dérives.

Si ce chiffre ne vous choque pas, que pensez-vous du nombre d’analphabètes, qui grimpe à un million de Tunisiens depuis 2011 ? Ou alors des 75% des élèves qui passent le concours de la 6ème année primaire ou des 83% de ceux de la Neuvième que le ministre qualifie de « quasi-analphabètes » ?

 

L’éducation des enfants est aujourd’hui le parcours du combattant de chaque parent soucieux de leur prodiguer le meilleur, ou du moins pour ceux qui en ont encore les moyens. Face à la cherté de la vie et aux incertitudes économiques et politiques, l’éducation est en voie de devenir un luxe. Surtout à un certain âge. Ecole publique en désuétude, enseignement privé pas encore au point, pression des cours particuliers, fournitures scolaires hors de prix, bras de fer des syndicats, baisse de niveau, embrigadement dans les écoles… Chaque parent a dû subir, au moins une fois, souvent beaucoup plus, durant la scolarisation de ses enfants, un professeur le forçant à lui « acheter » des cours particuliers, un syndicat qui fait des élèves les bouc-émissaires de ses revendications, une administration qui s’ingère dans la manière de penser et de se vêtir des enfants, un enseignant qui commet des fautes qu’il ne devrait pas… et encore d’autres problèmes que vous aurez rencontrés amis lecteurs.

Face à tout cela et à un enseignement qui n’est plus aux normes, force est de constater que l’école n’est plus cet ascenseur social qu’elle avait été auparavant. Cela, il n’y a pas que les adultes qui s’en sont rendu compte. Les enfants aussi l’ont compris.

Il y a ces élèves qui galèrent chaque jour pour se rendre à une école reculée et inaccessible, où il n’y a ni portes ni eau courante. Il y a aussi ces enfants à qui on donne tout et qui « ont tout pour réussir » et qui croulent sous la pression d’un enseignement contraignant, des journées à rallonge, des cours particuliers et une pression de performance constante. Il y a aussi ceux qui ne croient plus au pouvoir de l’école et aux opportunités qu’elle offre…

Les enfants absorbent nos frustrations, nos craintes et nos peines et vivent toutes les tensions que cette période engendre. Ils perdent foi en cet ascenseur social lorsqu’ils ont en face d’eux ce voisin qui risque sa vie dans une embarcation de la mort, ce grand frère qui a des diplômes mais qui est au chômage et ce cousin qui a interrompu l’école à un âge très avancé.

 

Si les parents perdent de plus en plus confiance en l’enseignement prodigué à leurs enfants, c’est parce que comme tout autre chose dans ce pays, la fiabilité est une denrée de plus en plus rare. Le scepticisme des adultes est certes compréhensible, mais si vous voulez vraiment savoir ce que les enfants pensent de l’école, posez-leur la question. Les réponses vous étonneront…

 

 

Par Synda Tajine
13/09/2022 | 17:30
4 min
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Commentaires
Petit x
L'école publique n'est gratuite, point barre.
a posté le 14-09-2022 à 08:39
L'école publique n'est plus gratuite comme du temps de feu BOURGUIBA et elle ne joue plus le rôle noble qu'elle avait auparavant en tant qu'ascenceur social depuis des décennies.

En un mot, elle est rendue privée par la force des choses par les enseignants qui font la pluie et le beau temps dans un marché anarchique qu'ils ont créé et dont ils tirent les ficelles pour en tirer plein profit contre toutes les lois de la République et le statut de la fonction publique: UL S'AGIT TOUT SIMPLEMENT DE LA CORRUPTION AU GRAND JOUR !

Le reste c'est du bla bla bla...

DHEJ
Des éléments intéressants
a posté le à 11:28
Bonjour,


Loi de la République, statut de la fonction publique et corruption!!!!

Ou est la justice dans tout ça?

Pour dire si nos enseignants sont des républicains?!
DHEJ
Solution
a posté le 13-09-2022 à 22:06
Il faut passer à la sophrologie dynamique!