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Chroniques
Le problème n’est pas le gouvernement, mais la suite
Par Marouen Achouri
19/02/2020 | 15:59
4 min
Le problème n’est pas le gouvernement, mais la suite

 

Il semble désormais entendu que la composition que va présenter Elyes Fakhfakh à l’Assemblée obtiendra la confiance des élus. Ennahdha fait la difficile mais va finir par accorder ses votes au gouvernement car l’autre option n’est pas envisageable, celle de dissoudre le parlement et de procéder à des élections anticipées.

C’est pourtant l’option vers laquelle pousserait le président de la République, Kaïs Saïed, et qui lui permettrait, dans un premier temps, de démontrer l’incapacité des partis politiques, et dans un deuxième temps, de profiter de son plébiscite pour participer à ces élections.

 

Bref, à la lecture des différents indicateurs politiques de ces deux derniers jours, il parait clair que ce poker menteur, que nous avons subi depuis près d’une semaine, va s’arrêter. Comme l’avait promis Noureddine Taboubi, la Tunisie aura un gouvernement dans les prochaines heures. Toutefois, il ne faut pas se tromper de priorité. Un gouvernement n’est qu’un moyen, et non une fin en soi. Même si pour certains, l’obtention de ce poste de ministre ou de secrétaire d’Etat est l’apogée de leur existence politique. Un gouvernement est constitué selon une vision et une philosophie qui vont permettre de s’attaquer et de régler les problèmes du pays, et Dieu sait s’ils sont nombreux.

Le danger des gouvernements d’union et de coalition est que ses composantes ne peuvent s’entendre que sur le minimum. Plus simplement, les avis sont tellement divergents dans un gouvernement de ce genre que le plus simple pour ne pas casser ce gouvernement est de ne rien faire. La composition qui se profile à l’horizon verra la présence de partis comme Echaâb, Attayar, Ennahdha et Tahya Tounes. Ne serait-ce qu’en matière économique, nous allons du libéralisme le plus débridé, représenté par Ennahdha, au protectionnisme nationaliste, représenté par Echaâb. Ajoutons à cela le référentiel politique de son chef, Elyes Fakhfakh, qui a une tendance socialiste, et on obtiendra un mix explosif qui ne pourra s’entendre sur aucune grande réforme.

Il suffira de jeter, en plein conseil des ministres, une grosse boite d’archives avec écrit dessus « CNAM » ou « politique fiscale » pour que la guerre soit déclarée et que les membres du gouvernement se crêpent le chignon. Donc, le plus simple est de ne pas s’attaquer à ce genre de problèmes.

 

Les dirigeants politiques tunisiens se livrent à une supercherie qu’ils répètent à l’envi sur les plateaux télé et radio. Elle consiste à dire : les différences politiques et idéologiques ne sont pas d’actualité puisque nous sommes tous d’accord sur les problèmes qui doivent être réglés. Sauf que ce qu’ils ne disent pas, volontairement ou par simple ignorance, c’est que la résolution de ces problèmes est hautement et principalement politique. Prenons par exemple le problème des entreprises publiques. Opter pour la privatisation ou pour la restructuration avec le maintien du personnel est un choix qui relève de la structure et de la conviction politique du décideur. Les relations avec les bailleurs de fonds internationaux également. Donc prétendre que les différences idéologiques et politiques n’auront pas d’impact sur le travail gouvernemental est tout simplement faux.

Justement, innover et trouver des solutions à des problèmes comme ceux des caisses nationales, du transport ou de la lutte contre la corruption relève de ce que la politique a de plus noble. Notre classe politique, mis à part quelques-uns, est tellement plongée dans la politique de la petite phrase, des calculs et des compromissions, qu’elle ne voit plus cette noblesse ni l’essence même de son existence.   

Par ailleurs, il doit y avoir une certaine harmonie dans une équipe gouvernementale pour qu’elle soit solidaire et efficace. La logique de constitution de ce gouvernement obéit à une logique de partage de responsabilités et de portefeuilles. Il est certain qu’Elyes Fakhfakh doit respecter certains équilibres politiques et en assurer la représentativité dans son équipe. Mais le corollaire de cette configuration est que l’harmonie du groupe est inexistante. Ceci donnera une équipe à la Youssef Chahed, où l’on n’hésite pas à flinguer un ministre ou à supprimer un ministère, sans aucune raison valable.

 

De tous les bords politiques on a insisté sur la nécessité d’un gouvernement politisé et dit qu’il fallait rompre avec cette pseudo-tradition de technocrates et d’indépendants. Cela pourrait être salué si l’on envisage une prise de responsabilité directe et franche de la part des politiciens. Mais le problème est que le gouvernement risque lui-même de se transformer en théâtre des tiraillements politiques futurs. Au lieu de s’en protéger, le gouvernement deviendra acteur de cette configuration malsaine.

Peu importent les noms de ceux qui vont constituer l’équipe gouvernementale d’Elyes Fakhfakh, l’essentiel est ailleurs. Les difficultés qui se dressent devant la Tunisie sont largement suffisantes pour ne pas rajouter des difficultés internes liées à la politique politicienne. Toutefois, nous sommes obligés d’avouer que tout ceci est déjà bien bancal.

Par Marouen Achouri
19/02/2020 | 15:59
4 min
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Commentaires
Visibilité
Le problème est plus profond
a posté le 20-02-2020 à 18:49
Le vrai problème extraordinaire c'est l'implication de Said dans l'exécutif et dans son autonomie suivant la constitution de la deuxième république.

La désignation de la personne de Fakhfakh est un coup d'etat constitutionnel malgré que Said n'arrete pas de se justifier.

Fakhfakh n'est pas le plus apte mais de loin le moins apte et tout le monde le sait y compris Said .

Fakhfakh est un jouet dans les mains de Said .
Said va tout faire pour passer à sa troisième république.
Tunisino
KS a mal joué son rôle!
a posté le 20-02-2020 à 15:58
KS a mal joué son rôle devant des politiciens enragés et n'ayant aucun programme pour sauver la Tunisie. Il a assez d'outils pour pousser vers un présent et un futur meilleurs. Etre propre n'est pas suffisant pour aider ce pays à décoller, non pas vers la misère mais vers l'excellence! A quand le décollage vers une meilleure Tunisie?
EL OUAFFY Y
la suite sa se passera comme d'habitude .
a posté le 20-02-2020 à 15:09
La suite sa se passera comme d'habitude tant que l'affaire de Palestine et la maladie colona chine bon pour le retournement de l'opinion publique .
EL WOUAFFY Y
LA SUITE ON LE CONSTATERA BIEN TOT .
a posté le 20-02-2020 à 14:59
Quand à la suite on a beaucoup de sujets pour détourner l'opinion publique la Palestine , conola hawbi la chine .
Bel et bien si on perde ce temps pour la vraie mission être au service du peuple .
Tn
Un gouvernement en Réanimation
a posté le 20-02-2020 à 12:13
Après toutes ces man'?uvres ...ce gouvernement sera admis en Réanimation....via le vote du parlement
Les grèves, le blocage dans les différents secteurs et la relation avec le parlement feront l'ordre du jour pour la période prochaine..
DHEJ
C'est notre FAKH² a raté l'occasion de créer...
a posté le 20-02-2020 à 10:51
Le MINSITERE DES PROBLEMES!


Bref 66 mains pour faire travailler 1.600.000 mains


Et c'est le problème!
zamharir
Lapalissades
a posté le 20-02-2020 à 09:26
Tant que le gouvernement n'était pas constitué, le problème résidait clairement dans l'absence de gouvernement, mais maintenant que le gouvernement et constitué, le problème n'est plus le gouvernement mais .... la suite. Quelle réthorique, mes frères? En terme de lapalissades, on a rarement fait mieux. Car les deux séquences sont solidaires: s'il n'y a pas de gouvernement, il n 'y a pas de suite, et il n'y a pas de gouvernement sans suite, comme il n'y a pas de suite sans gouvernement. M. Achouri qui a habitué ses lecteurs à mieux, n'avait sans doute rien à dire pour le dire aussi longuement. On attend de savoir maintenant ce qu'il pense de la nouvelle composition gouvernementale, de ses chances de répondre aux voeux des Tunisiens.
G&G
Bravo Marouen
a posté le 20-02-2020 à 00:16
Ne cherche pas loin cher ami.
Aujourd'hui qu'on se moquait de mes cris d'alarme, la suite est facile à deviner. Elle est évidente même.
" Les jeunes diplômés ne leur reste que le siège du parlement à franchir pour conquérir leur dignité perdue "

G&G
RCDiste et fier
Maxula
Monsieur de La Palice réincarné !
a posté le 19-02-2020 à 18:04
"Le problème c'est la suite" !!!

Ah ! ma chère. . .quelle misère !
Et dire que personne n'a pensé à arrêter la course du temps !
Marouen Achouri donne dans l'enfonçage des portes ouvertes. . . et brode là-dessus. . .juste pour ne rien dire que des banalités !
Merci et au revoir !
Maxula.
Rationnel
Les pouvoirs politiques incapables de résoudre les problèmes économiques
a posté le 19-02-2020 à 18:01
Le pouvoir politique n'a ni les moyens, ni la vision pour résoudre les problèmes économiques du pays. Les parti peuvent continuer leur danses et bal masqué.
La coalition au pouvoir peut réduire les obstacles comme la corruption, le poids énormes des procédures bureaucratique, le dysfonctionnement des services comme les douanes.
Le prochain gouvernement peut continuer dans la politique de promotion des énergies renouvelables. En 2019 on a fait des appels d'offres pour 500 Mw de solaire soit une production de 1200 GwH si on double ce rythme ( 2400 GwH / an) on peut atteindre les 100% d'énergies renouvelables en 8 ans ou moins.
Ceci va libérer les fonds consacrés a la subvention des hydrocarbures.
On n'a pas besoin de ministres ou bureaucrates pour avancer on a besoin d'une meilleure politique monétaire de la part de la BCT ((réduction des taux d'intérêt, "window guidance" pour que les banques accorde des prêts aux secteurs productifs).
Microbio
Le scepticisme à l'égard d'une telle coalition surdimensionnée est justifié!
a posté le 19-02-2020 à 17:37
Il n'est pas nécessaire d'être expert pour deviner et s'attendre à ce que, dans le cas d'une SUPER grande coalition (gouvernement d'union nationale), surtout une période de blocage politique en Tunisie.

Je ne crois pas en une telle coalition surdimensionnée. Cela peut être intéressant à court terme, et selon les enquêtes, une majorité de la population y est probablement favorable.
'? long terme, cependant, la démocratie vit du débat sur les discussion des contraires et les programmes tangibles des partis. Je pense que c'est dangereux que pour couvrir ce différend productif à l'approche des travaux du gouvernement par le biais d'une coalition, sans différend et compromis ultérieur au Parlement.
Jusqu'à présent, il n'y a pas de parti populiste, à l'exception du PDL , de droite ou de gauche en Tunisie au sein de l'ARP. Après un temps de cette super coalition, ça pourrait très bien être différent.
Le vieux principe reste valable: les grandes coalitions sont mauvaises pour la démocratie.