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Chroniques
Le paradoxe des dictatures : oppresser pour mieux s’effondrer
Par Ikhlas Latif
13/12/2024 | 16:00
4 min
Le paradoxe des dictatures : oppresser pour mieux s’effondrer

 

La dictature est plus qu’une forme de gouvernance autoritaire. Elle constitue une faille systémique, une vulnérabilité par laquelle des menaces internes et externes peuvent s’immiscer et miner la stabilité d’une nation. En concentrant tout le pouvoir entre les mains d’un seul et unique individu ou d’un petit cercle restreint, les régimes dictatoriaux se condamnent à des effondrements brutaux et imprévisibles. Le monopole de l’autorité, loin de renforcer un État, le plonge dans l’incertitude et l’instabilité à chaque soubresaut politique ou social.

 

Ce modèle politique, répandu dans notre région, est particulièrement exploité par les puissances étrangères. C’est bien cette faille que l’Occident utilise pour maintenir d’un côté des dirigeants qui s’accrochent au pouvoir et donc les garder en position de servilité, et de l’autre déstabiliser des nations qui échappent à son cercle d’influence en sortant la carte de la dictature. Ces interventions occidentales sont souvent justifiées par le prétexte d’apporter la démocratie.

L’Irak en est par exemple une illustration tragique. Sous le couvert de « libérer » le pays du joug de Saddam Hussein, les États-Unis ont mené une guerre qui a fracturé le tissu social irakien, détruit ses infrastructures et causé des centaines de milliers de morts. « Nous venons vous apporter la démocratie », disaient les Américains, et une partie du monde gobait cette rhétorique. Ils sont venus apporter cette prétendue démocratie avec des bombardiers et des chars, se servant de l’argument de la dictature pour une intervention étrangère motivée uniquement par des intérêts stratégiques et économiques. Rien à faire en réalité de l’émancipation du peuple irakien.

 

Les régimes dictatoriaux, en terrorisant leur peuple, en emprisonnant les opposants et en étouffant la liberté d’expression, s’érigent eux-mêmes en architectes de leur chute. Si ces régimes peuvent perdurer un temps, l’histoire a démontré que cette stabilité factice ne peut durer indéfiniment. Par leur nature oppressive, ces régimes sèment les graines de révoltes internes et d’interventions extérieures.

De plus, ces systèmes créent une caste dirigeante intéressée davantage par la conservation de ses privilèges que par la défense de l’intérêt national. Cela crée aussi une catégorie de personnes capables de vendre leur pays et pactiser avec des forces étrangères qui les aiderait à renverser le régime.

La Syrie, sous le règne de Bachar el-Assad, illustre ce schéma. C’est la nature du règne d’Assad qui a conduit en partie à la situation actuelle, ouvrant la voie à des ingérences étrangères, transformant le pays en théâtre d’un conflit internationalisé. C’est bien la brèche à travers laquelle s’est mis en place le plan pour dépecer la Syrie. Triste sort qui attend cette grande nation.

 

L’Histoire regorge d’exemples de régimes autoritaires qui ont succombé à leurs propres contradictions. Pourtant, les dictateurs continuent d’ignorer les leçons de leurs prédécesseurs. La répression, l’oppression et la peur peuvent museler temporairement une population, mais elles ne peuvent garantir la pérennité d’un pouvoir.

À l’inverse, seuls des systèmes démocratiques, où les peuples choisissent librement leurs dirigeants et où les contre-pouvoirs fonctionnent peuvent offrir une réelle résilience face aux menaces internes et externes. Bien évidemment, même les démocraties ne sont pas à l’abri des crises, mais elles possèdent des mécanismes qui permettent aux sociétés de se réformer et de se relever.

 

Ceux qui applaudissent aujourd’hui la chute d’Assad, du seul prisme de la disparition d’un régime autoritaire, se bercent d’illusions démocratiques. Ce ne sont pas lesdits « rebelles », des terroristes déguisés en gentils pour la circonstance, qui instaurerait une démocratie. Des groupes armés appuyés, en passant, par des puissances étrangères qui, elles, parlent encore une fois de démocratisation. « We have seen this movie before », comme disait Bassem Youssef. Les pseudo projets de démocraties exportées de force par des puissances étrangères, on connait déjà. Cela n’avait apporté que chaos et instabilité. Ce n’est qu’un instrument de domination masquée. Une démocratie authentique doit émaner des peuples eux-mêmes, de leurs luttes, de leurs aspirations et de leurs contextes culturels spécifiques.

 

Irak, Libye, Syrie… Toute dictature est vouée à l’effondrement en un clin d’œil, non seulement de l’intérieur, mais selon les intérêts et le contexte géopolitique du moment. Certains devraient en prendre de la graine. Parce que la dictature n’est pas seulement un problème pour les citoyens qui la subissent, elle constitue un danger pour la souveraineté nationale elle-même. En fragilisant l’unité d’un pays et en le rendant perméable aux influences extérieures, elle devient une arme contre la nation qu’elle prétend protéger.

Par Ikhlas Latif
13/12/2024 | 16:00
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Commentaires
Rationnel
Les états artificiels sont voues a disparaître
a posté le 15-12-2024 à 13:24
La majorité des états arabes sont des états artificiels planifies et crées par les britanniques (ou les français) pour détruire l'empire Ottoman et s'accaparer le pétrole de la région. L'accord Sykes-Picot a crée la Jordanie, la Palestine, le Liban, l'Irak, la Syrie. L'aide et la couverture aérienne des britanniques étaient cruciales pour le triomphe des Al Saoud dans la confrontation contre leurs rivaux (Traité de Darin : En 1915, les Britanniques signent le traité de Darin avec Ibn Saoud, faisant des terres des Al Saoud un protectorat britannique. Le traité prévoit également une allocation mensuelle et une somme forfaitaire de 20 000 £ pour qu'Ibn Saoud puisse mener la guerre contre Ibn Rashid). La majorité de ces états vont disparaître. Les états civilisations comme la Tunisie, le Maroc, et l'Egypte vont rester.
La Syrie est gouverné maintenant par une organisation dont le nom cite Al Cham, (or Al Cham c'est le Liban, la Syrie, la Jordanie, la Palestine et une partie de l'Irak), donc on peut s'attendre a ce que cette organisation avec l'aide des turques va reconquérir toute cette région quand le moment opportun se présente.
La transition énergétique va accélérer cette transition historique, la Chine pour la première fois de son histoire moderne a réduit ses importations de pétrole, la Chine est la première destination des exportations d'hydrocarbures des pays arabes pétroliers. Tous ce états dépendent du pétrole pour une majorité de leur économie et sans revenus pétroliers croissants ils perdent leur valeur stratégique pour les états unis qui ne sera plus intéressé a les défendre contre la Turquie ou l'Iran.
Larry
J'y suis....j'y reste...
a posté le 14-12-2024 à 15:12
L'ivresse du pouvoir fait de vous un dictateur.....
(c'est partout pareil)
Lascar
@Larry le lascar mtourén
a posté le à 12:23
Dixit @Larry le lascar mtourén de la maison @larry&oscar:
Ne te fatigue pas c'est mon dernier mot après ton dernier mot.
Larry
THUMB DOWN !...
a posté le à 14:03
.
elfribo
A peu pres correct sauf...
a posté le 14-12-2024 à 14:17
La guerre declaree par l'occident a l'Irak n'etait nullement causee par la pretension d'instaurer la democracie ou "Sous le couvert de « libérer » le pays du joug de Saddam Hussein" mais de mater un dictateur qui n'a cesse de menacer ses voisins,si je me souviens bien les Kuweiti ne l'ont pas invite chez eux, et l'Iran n'a pas envahi l"iraq.
De plus le "bon dictateur" etait sur le point d'acquerir la bombe atomique.
Mamadou
Ya madame il est Facile...
a posté le 14-12-2024 à 12:01
....de declarer tel ou tel terroriste.
Avez vous le courage ou les cou... pour désigner les dirigeants des pays occidentaux, qui n'ont pas osé dénoncer le génocide en Palestine et lont financé, de terroristes ?
Hein ?
Gg
Ben non, heureusement
a posté le à 12:14
Parce qu'Israel a le droit de vivre et de se défendre.
le financier
Israël n existe pas
a posté le à 17:41
Israel n existe pas
Larry
@le financier
a posté le à 21:54
C'est pire avec les origines de la Mecque
Welles
Toujours la faute des autres
a posté le 14-12-2024 à 11:35
Mais bon sang pourquoi rejeter notre incapacité à un être un peuple civilisé sur le dos des autres; assumer sa propre responsabilité dans les cours des choses est le principe fondamental pour accéder à la liberté de penser qui est garante du bien être d'un peuple. On ne prend pas le chemin avec vous , madame.
Gg
@ Mohamed
a posté le 13-12-2024 à 22:56
"Emanuel Macron... choisit pour la énième fois d'ignorer les résultats des élections législatives qui ont fait que le NFP soit en première position en terme de supériorité numérique par rapport aux autres groupes parlementaires"

Justement non. En NOMBRE DE VOIX, le RN arrive largement 1er au 3 élections européenne, législatives 1er et 2eme tour.
Les magouilles des "groupes" ne changent rien à cela, le 1er ministre devrait être RN.
Macron et les autres refusent cela, c'est la raison du chaos politique actuel en France.
Il y a un réel déni de démocratie de la part de Macron!
le financier
helas pour vous , vous avez tord historiquement
a posté le 13-12-2024 à 22:54
Je pense que vous devrez lire la republique de Platon et socrate ou le prince de machiavel.
La democratie athénienne a tué socrates parcequ il avait une opinion differente et j en passe .
Dans le prince de machiavel les democratie etaient tout aussi corrompu que celle d athenes .
D ailleurs socrates disaient qu il etait preferable d avoir un roi eclairé qu une democratie.
Il y a tant d exemple montrant que vous avez tord .
Hitler = democratie
Roi dictateur president eclairé = de gaulle napoleon , sans parler des califes et autre reine d Elizabeth 1 a catherine de russie voir meme mao ( malgres certaines erreurs ) il avait raison sur enormement de chose a batit des fondation solide comme staline d ailleurs ce boucher
Gg
@ Financier
a posté le à 11:06
Je vous rejoins, la royauté parlementaire me semble à la fois démocratique et stable.
On se souvient par exemple de Juan Carlos 1er, il n'est intervenu qu'une fois, en qualité de chef suprême des armées (lui même étant pilote et commandant de frégate), avec les pleins pouvoirs, et a empêché les franquistes de restaurer la dictature. Il a sauvé l'Espagne, ensuite il a rendu le pouvoir au parlement.
Efficace, et stable.
Ca fonctionne aussi en Belgique (qui n' a pas eu de gvt pendant 2 ans!), au Pays Bas, en Grande Bretagne et ailleurs encore...
Mohamed
Oui, mais...
a posté le 13-12-2024 à 21:03
Bonsoir chère madame! Ce qui est écrit ci-dessus est tout à fait exact. Et c'est étayé par de multiples exemples historiques comme ceux énumérés dans le présent texte. Mais la démocratie elle-même n'est plus une garantie de bonne gouvernance et de justice. les drames sanguinaires qui se jouent à Gaza portent la signature de monstres dont ont accouché les urnes de régimes souvent qualifiés de "la meilleure démocratie" dans la région (Israël) ou de "la première démocratie au monde" (Les USA)... oui, il, faut combattre les tyrannies et( dictatures_ même si nous disposons de peu de certitude que les jeux politiques seront conformes au 'fair paly'. Car regardez que, à titre d'exemple, le misérable Emmanuel macron, en totale déni et hideuse effronterie choisit pour la énième fois d'ignorer les résultats des élections léislatives qui ont fait que le NFP soit en première position en terme de supériorité numériques par rapport aux autres groupes parlementaires. Emmanuel macron en a décidé autrement et désigne François Bayrou comme >Premier Ministre.... le très démocratique Emanuel Macron n'est-il pas autant dictatorial que Bachar Al Assad et Poutine et Staline ?







Lucky Luke
Têtes calcinées
a posté le 13-12-2024 à 20:11
simplistes et simples d'esprit à la pensée manichéenne et qui sautent d'une extrême à l'autre, tels des sauterelles , sans comprendre que dans ce monde il existe d'autres options que :
- soit un système dictatorial avec le culte de la personnalité d'un personnage incompétent et médiocre sans charisme (pardon pour les nuls qui l'affirment et qu'ils se reconnaîtront probablement)
- soit un système dominé par d'autres idéologues conservateurs antidémocratiques, charlatans et commerçants de religion et qui rejoint le premier dans le fanatisme, le népotisme et la corruption.

Vivement une autre option, un système libéral et démocratique avec des jeunes libres et progressistes qui sortiront le pays de ce cercle vicieux, de la dualité d'un obscurantisme à deux faces de la même pièce de monnaie !
Lucky Luke
Correction
a posté le à 21:33
* Qui et non qu'ils
* La même pièce de la même monnaie