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Chroniques
Le dépit de trois députés
Par Marouen Achouri
13/01/2021 | 15:59
4 min
Le dépit de trois députés

 

Samia Abbou, Mounira Ayari et Zied Ghanney sont trois députés du bloc démocrate qui sont actuellement en grève de la faim au sein de l’Assemblée des représentants du peuple. Si des élus en arrivent à ce point pour se faire entendre, que dire du simple citoyen ? Il faut dire qu’en Tunisie, depuis la révolution, les mouvements contestataires sont banalisés. Nous entendons tous les jours parler de sit-in, de marches voire de manifestations plus ou moins violentes. Mais cela n’enlève rien à la violence de la démarche des trois élus, qui est la grève de la faim.

 

La grève de la faim est le dernier palier, le dernier moyen de contestation après les grèves, les marches et les communiqués. La grève de la faim est la forme contestataire utilisée par les prisonniers politiques. Pourtant, ce sont trois élus de la République qui se trouvent obligés d’en arriver là. Le sit-in entamé depuis plus d’un mois de l’ensemble de leur bloc parlementaire n’a pas suffi à attirer l’attention du président de l’ARP, Rached Ghannouchi. Ils demandent à ce que la violence physique subie par l’un des leurs soit condamnée publiquement via communiqué par la présidence de cette institution. C’est loin d’être insurmontable comme revendication. Et pourtant, la présidence de l’ARP fait la sourde oreille, poussant ainsi les députés à des formes extrêmes d’activisme qui mettent leurs vies en danger. Et puis, ils semblent déterminés à aller jusqu’au bout de leur action et ne vont rien lâcher. D’autres ont essayé de faire la même chose mais se sont retrouvés alités en clinique après seulement quelques heures de grève de la faim. Mais une Samia Abbou sait toute la symbolique qu’il peut y avoir dans une grève de la faim. Un outil qu’on utilisait auparavant contre le régime de Ben Ali et qu’on se trouve dans l’obligation de ressortir aujourd’hui, face au même autisme d’une autorité sous une autre bannière.

 

En refusant de condamner la violence physique qui a été perpétrée au sein de l’Assemblée, Rached Ghannouchi protège ses sbires de la coalition Al Karama, coupables de cette violence. Son précieux allié, et son précieux bras violent doivent être couverts même en dépit de toute logique et de toute morale. Pour Rached Ghannouchi, il est important de garder les « frères » d’Al Karama à ses côtés ne serait-ce que pour faire le contrepoids sonore d’une Abir Moussi. Leur nombre lui permet également d’avoir une position favorable lors de la négociation de portefeuilles ministériels ou pour faire tenir le mensonge du « coussin » politique. Donc, pour rien au monde Rached Ghannouchi ne ferait quoi que ce soit qui fâcherait Makhlouf et ses compères. Donc, il les laisse faire à peu près ce qu’ils veulent au sein de l’ARP. Entre apostasie décrétée par un élu qui avait perdu son pantalon et violences physiques sur l’un de leurs collègues, les Al Karama sont dans l’impunité totale, biens servis par le cheikh.

 

Lors d’une récente interview, l’un des cadres d’Ennahdha, Mohamed Ben Salem, confiait non sans ressentiment, qu’au lieu de diriger et de maitriser, Ennahdha était l’otage de ses alliances. Il a évoqué cet aspect en relation avec Qalb Tounes, mais au niveau de l’ARP cela s’applique concernant l’alliance avec Al Karama. Ennahdha et son président sont les otages de ces trublions qui les mettent sans cesse dans l’embarras. Rached Ghannouchi pourtant contesté au sein d’Ennahdha, continue à faire des choix politiques douteux dénués de discernement. Après l’épisode douloureux pour lui de l’élection du bureau exécutif du mouvement, il continue à donner le bâton pour se faire battre. C’est pourtant le même Rached Ghannouchi qui disait, en commentant l’initiative de dialogue national présentée par l’UGTT, qui disait que la seule alternative serait de « s’entretuer ». Pour lui, ce qui s’applique au niveau national n’a pas lieu d’être au sein de l’Assemblée qu’il préside. Il fait exactement l’inverse de ce qu’il préconise pour le pays.

De l’autre côté, le président de la République a mis son grain de sable en recevant Samia Abbou au palais de Carthage. Cela a eu le don d’ulcérer les membres d’Al Karama et de déclencher la colère de Rached Ghannouchi. Pour la petite histoire, cette rencontre a aussi énervé nos amis du Bengladesh et d’autres pays asiatiques qui l’ont exprimé par des réactions sur publication de la page de la présidence. 

 

Que des députés en arrivent à faire une grève de la faim pour faire condamner la violence au sein de l’ARP est la preuve de la faillite de ce système. La gestion et la direction de l’ARP par Rached Ghannouchi est un échec total, quoi qu’en disent ses fans. On peut tergiverser pendant des heures pour déterminer si c’est à cause des écrits ou à cause des protagonistes, mais le diagnostic est là, sans appel. Dix ans après la révolution, c’est le chantier prioritaire.

Par Marouen Achouri
13/01/2021 | 15:59
4 min
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Commentaires
Didon
Ni otage ni rien
a posté le 14-01-2021 à 12:45
Otage de quoi ? Il n à pas besoin d eux ! Il le fait parce qu il partage leurs idées point barre ! Il n est pas du tout une victime dans cette histoire c est le chef d orchestre c est lui qui dirige ces chiens !
AR
Peine Perdue
a posté le 13-01-2021 à 23:18
L'inpact de cette grève de la faim ?
Dérisoire Mr Achouri. Vous avez bien expliqué une partie des raisons, en la personne du présent de l' ARP, avec ce semblant de calme olympien, dirige et orchestre tout les coups bas, spécialité de la maison. Ses sbires ont été recrutés pour ça, pour la sale besogne, donc inutile de s'attendre que le proxénète lâche ses recrues tant que ça rapporte. Contrairement aux apparences et à tout ce cinéma d'images véhiculées de structure saine et bon fonctionnement d'un simple parti politique, la violence est l'ssence même de son existence.
La deuxième raison aussi importante, c'est le degré de crédibilité de Abbou en tant qu'acteur Politique ?
Cette dame a toujours deffendu avec bec et ongles son siège plutôt qu'une cause.
J'étais présent une fois dans une manifestation près du parlement, cette Abbou s'est permise de déclarer : tout le beau monde présent est composé uniquement des Azlems.
J'étais sidéré, choqué.
Depuis le temps qu'elle est élue au parlement, je ne trouve rien d'intéressant à lui attribuer sauf ses discours fracassants et ses apparitions médiatiques contreversantes .
Ombrax
Mystère
a posté le 13-01-2021 à 19:08
Je crois que j'ai perdu quelque chose. Parce que je n'ai pas compris ce que veut insinuer Monsieur Achouri en parlant de Bengladech et de l'Asie en rapport avec la grève de la faim de madame Abou.
Be zen
Machiavel doit tomber
a posté le 13-01-2021 à 19:01
Machiavel est minoritaire dans le pays.
Si l'on additionne le nombre de ses députés et celui de ses "frères" (comme les a appelé Marouen Achouri) du parti du délinquant fiscal, nous arrivons péniblement à 30 pour cent.
Cela veut dire que 70 pour cent des tunisiens rejette cette coalition. Une coalition d'extrémistes, d'endoctrinés et de corrompus.
Machiavel, à la tête de l'ARP est un fiasco total. Il ne respecte aucunement les procédures et son attitude est scandaleusement partisane. En trois mots, il a échoué ! Lamentablement.

La société civile, les intellectuels, les artistes et de plus en plus d'élus, bien qu'encore trop timorés à mon sens, lui demandent régulièrement et incessamment des comptes en vain. Le monsieur n'en fait qu'à sa tête.

"Révolution" de la dignité, dites-vous !
De quelle révolution parle-t-on ?
Ben Ali est parti, Machiavel est arrivé.
Il faut reconnaitre à Ben Ali sa réussite dans beaucoup de domaine, la Tunisie était sur une bonne voie et elle était jalousée par bon nombre de pays "frères".
Depuis l'arrivée de Machiavel, nous n'avons connu que la pauvreté, la maladie, le terrorisme, l'indiscipline, la chienlit, l'insécurité, la corruption, le banditisme, l'endoctrinement, la dégradation de la situation de la femme, la déscolarisation en masse, . . .
Rien de reluisant !
Il y a eu juste un holdup d'un soulèvement opéré par les islamistes qui attendaient cette occasion depuis un bon moment.

Je ne vais pas parler pas ici du climat électrique et malsain qui existe entre d'un côté le triste président de l'ARP et de l'autre le président de la République, le premier ministre, l'UGTT et les autres partis politiques. La tension est à son comble et le pays ainsi que les citoyens subissent avec beaucoup de patience et de résilience cette situation. J'aimerais rappeler que la patience a ses limites.

Pour toutes ces raisons, le Machiavel doit partir. Ce n'est pas un entêté sénile, accroché à la super glue à son siège qui va à lui seul, dicter la loi.
Je sens que la colère gronde, que les tunisiens n'en peuvent plus et que la destitution est proche.
Angel
BN Continue
a posté le 13-01-2021 à 16:57
BN continue a faire 2 poids 2 mesures en "glorifiant" S. Abbou et ses 2 co-équipiers et en taisant honteusement les violences subies par Abir Moussi qui sont allées jusqu'aux crachats (en période de Covid, ça s'appelle mise en danger de la vie d'autrui) sans compter les projectiles qu'elle a reçu!!!
BN vous n'êtes pas pro-Abir , c'est votre droit mais la mal-intention à ce point ce n'est plus du journalisme!
Quand à ce président de l'ARP, triste sire, il sait bien que s'il reconnait les torts faits aux députés du bloc démocratique, il devra reconnaitre aussi ceux fait à ceux du PDL donc il ne reconnaîtra jamais rien!
jilani
C'est étrange et aucun soutien de leur base
a posté le 13-01-2021 à 16:23
Des élus qui possèdent le pouvoir même de destituer le président font la grève de faim et sous silence complet de ceux qui l'ont choisis. Au lieu de chercher à s'unir même avec le PDL pour combattre le gourou, ils préfèrent recourir à la grève de la faim. Le peuple est indifférent parce qu'il en a marre de tous ces élus. Les politiciens n'ont pas compris que ce qui a été fait en 2013 avec le mouvement arrahil ne peut se reproduire parce que le contexte change et les tunisiens y compris les grands militants ont perdu confiance à cette ARP.