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L'affaire Wajih Dhokkar, une polémique de trop
04/11/2019 | 19:59
5 min
L'affaire Wajih Dhokkar, une polémique de trop

 

Le renvoi de l’étudiant en quatrième année médecine, Wajih Dhokkar, de la Faculté de médecine de Tunis a suscité un grand remous au cours de ses derniers jours. Un simple statut Facebook publié par le jeune homme, dans lequel il avait exprimé son indignation, lui a coûté un renvoi de quatre mois. Résultat des courses : l’Organisation des jeunes médecins est entrée en grève aujourd’hui, lundi 4 novembre 2019, comme signe de contestation face à « cette injustice » ...

 

Les étudiants en médecine sont appelés à ne pas rejoindre leurs cours et à ne pas effectuer leurs stages jusqu’à ce que la situation de leur camarade soit réglée. Le tribunal administratif avait en effet rejeté la demande de l’étudiant d’arrêter l’exécution de la décision du conseil de discipline de la Faculté de médecine. Une décision qui date de plusieurs mois, a précisé de doyen de cette faculté, Dr. Mohamed Jouini.

« Cette affaire date de juin dernier, c’est-à-dire, après l’Aïd. Durant cette période, la bibliothèque restait ouverte jusqu’à deux heures du matin. Aussi, au cours de l’été, nous avions connu une grande vague de chaleur et les climatiseurs ne fonctionnaient pas dans toute la faculté. Il faut aussi savoir que la bibliothèque était toujours mise à la disposition du ministère de la Santé et celui de l’Enseignement supérieur lorsqu’il y avait un concours d’assistanat, d’agrégation et de professorat », a-t-il expliqué dans une déclaration téléphonique accordée ce matin sur les ondes de Shems FM.

Dr. Mohamed Jouini a également estimé que Wajih Dhokkar aurait dû présenter ses excuses pour qu’ainsi l’affaire ne puisse pas prendre cette ampleur. Le conseil de discipline a finalement pris la décision du renvoi le 26 juillet dernier. Une décision qui a pris effet à cette date, a-t-il aussi expliqué.

« J’ai demandé au président de l’Université Tunis-Manar à ce que cette sanction soit revue. Or, ce dernier a préféré que cette affaire soit examinée par la justice. Le tribunal administratif a au final confirmé la décision du conseil de discipline », a-t-il aussi déclaré.

 

Face à l’ampleur de cette affaire, la Faculté de médecine a même publié un communiqué aujourd’hui dans lequel elle a affirmé que « les enseignants et le personnel administratif ont assuré le déroulement de l'examen de fin de spécialité et la correction des examens dans ces mêmes conditions difficiles. Contrairement à ce qui a été rapporté auparavant, l'étudiant en question a terminé son année universitaire, a passé ses examens et a été déclaré admis (passage de la 3ème année à la 4ème année)». Et d’ajouter : « La Faculté est consciente et soucieuse de la liberté d'expression dans le respect mutuel des différents intervenants sans calomnie ni injures ».

Le doyen de la faculté avait aussi estimé que « le statut avait créé une tension parmi tous les agents, tenant compte de l’humiliation, la diffamation et l’atteinte à leur dignité. L’étudiant en question a poursuivi la diabolisation de l’établissement et la mobilisation de ses collègues. Les agents ont menacé d’observer des sit-in voire même une grève. Pourtant l’étudiant n’a pas arrêté la publication des statuts hostiles à l’établissement ».

Les tentatives de l’établissement n’ont pas réussi à apaiser la colère des étudiants en médecine et particulièrement celle de l’OJTM. En effet, Jed Henchiri, président de cette organisation, a indiqué, dans une déclaration accordée ce matin à Mosaïque FM, que Wajih Dhokkar peut redoubler sa quatrième année à cause de ce renvoi temporaire. Il a aussi critiqué les déclarations du doyen de cette Faculté lorsqu’il avait qualifié l’attitude du jeune homme de « stupide ».

« Ce qui arrive est un abus de pouvoir ! Nous avons présenté une demande au tribunal administratif pour que la décision du conseil de discipline ne prenne plus effet. Nous avons décrété une grève étant donné qu’il n’y a plus de possibilité pour entamer des discussions avec la Faculté. Et c’est juste malheureux », a-t-il aussi indiqué.

 

Il faut dire que les déclarations du Dr. Mohamed Jouini n’ont pas été aussi du goût de l’ancienne porte-parole de la présidence de la République, Saïda Garrach, qui a estimé que la décision du renvoi du jeune étudiant en médecine est « une connerie ».

D’ailleurs, les jeunes médecins ont lancé, au cours du weekend dernier,  la campagne « Pourquoi? Nous ne nous tairons pas » sur les réseaux sociaux pour dénoncer tous les dépassements dont sont victimes les étudiants en médecine, les médecins internes et les résidents.

Ils dénoncent d’ailleurs le non-versement des salaires des jeunes médecins des deux mois de stages supplémentaires ainsi que ceux des résidents impayés depuis janvier 2019 et la non-application des différents accords conclus avec les autorités de tutelle notamment concernant l’exemption du service civil. Des revendications, qui rappelons-le, avaient été scandées depuis octobre dernier.

Il ne faut d’ailleurs pas oublier que les jeunes résidants en médecine travaillent dans des conditions difficiles à cause du manque de matériels dans les établissements sanitaires publics. Aussi, le salaire qu’ils perçoivent est nettement inférieur à celui que gagnent leurs collègues à l’étranger. Et malheureusement, c’est une des raisons principales même qui poussent les jeunes médecins à quitter la Tunisie.

 

L’affaire de l’étudiant renvoyé, et toute la polémique autour  aurait pu être évitée. Sauf que le jusqu’au-boutisme des instances de tutelle en a voulu autrement. Pour de simples critiques publiées sur un profil Facebook, Wajih Dhokkar se retrouve sur la touche et la solidarité de ses camarades était prévisible. Une affaire qui porte préjudice aussi à la Facultés de médecine et au corps enseignant.   

 

 

Emna Ben Abdallah

04/11/2019 | 19:59
5 min
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Commentaires (6)

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DIDON
| 05-11-2019 19:33
Ce n est pas l ego du doyen le problème c'est le manque de discipline et le non respect des institutions dans ce pays! On n est pas en France ici nous sommes un pays sous développé et pauvre donc on ne mourra pas sans climatiseur quelques jours ! ! Donc ç est à l étudiant de s excuser pour avoir manqué de respect aux institutions publiques qui le forment gratuitement ! ! Stop ça suffit avec ce manque de respect et de discipline dans ce pays ç pour ça qu on avance pas

Bob
| 05-11-2019 18:59
Pourquoi présenter des excuses à quelqu'un qui veut entendre des excuses formulées pour satisfaire son ego démesuré? L'un des deux est un idiot. Lequel, d'après vous?
La solution pour sortir de cette situation ridicule est que le doyen annule la sanction et classe l'affaire. Son ego ne se portera que mieux.

Ammar
| 05-11-2019 18:43
@DINDON
Attention , monsieur , dans votre période la température et la chaleur n'atteignaient pas en degré et en valeur celles d'aujourd'hui alarmantes et pénibles .
Aujourd'hui , C'est extrêmement difficile de supporter cette chaleur qui est étouffante même pour les plus résistants .
En fait , même les régulateurs de l'organisme , cette hypophyse avec ses parties annexes -- ces thermostats - se bloquent et déconnent .
Donc, de quel Dlel vous parlez avec une réduction de l'efficacité importante du cerveau dans les révisions .
D'accord, que l'étudiant n'avait droit à recourir à des termes déplacés comme bheme , mais lz sanction n'était pas cohérente avec la gravité de la faute.
A mon avis, une bonne décision serait plutôt "" un rappel à l'ordre "" qui aurait été adressé à l'intéressé et le dossier aurait pu être classé dans les règles de l'art.
En fait , les sanctions sont évolutives en degré et les sanctions du second degré révèlent un danger pour l'établissement et pour le personnel , chose qui n'existe pas surtout que l'étudiant a utilisé le mot "" généralisé à savoir "" ânerie "" .
Donc, maintenant le fait est fait et je pense qu'il faudrait mieux que le plus fort - ici l'administration - se comporte en responsable pour faire réintégrer cet étudiant sqns plus des dégâts ....

Jugurtha
| 05-11-2019 16:41
L'une des missions premieres d'un doyen qui se respecte est d'oeuvrer a fournir un environnement et un climat academique qui favorise le meilleur apprentissage possible (je suis dans le metier). Pour ceci, un doyen qui se respecte doit etre a l'ecoute des etudiants, des enseignants et du staff de la faculte. Un doyen qui se respecte aurait invite cet etudiant pour une discussion constructive visant a trouver des remedes aux problemes souleves. Malheureusement, nos institutions universitaires sont embourbees dans une maniere de faire archaique. La gouvernance universitaire est generalement piteuse et les abus de pouvoir des conseils de discipline ne sont pas rares, comme en temoigne ce piteux episode. Il est reconfortant de voir les etudiants reagir fermement. Force est de constater le fosse societal qui separe cette elite estudiantine de cadres universitaires geles dans le passe et a l'influence nefaste sur le futur.

DIDON
| 05-11-2019 13:58
Ce qui n est pas dit dans votre article c est que s il avait présenté des excuses tout aurait été réglé. Cet étudiant a refusé de s excuser. Tant pis pour lui. Qu on arrête un peu on n a j aimais eu de climatisation de notre temps c est quoi ce dlel. Trop c est trop.

sami
| 04-11-2019 22:23
comment demander à quelqu'un qui se remplit les poches quotidiennement dans le privé de rester dans l'esprit universitaire.comment lui demander de tolérer les critiques.