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La Tunisie baigne-t-elle dans la plus grande réserve d'eau du monde ?
28/03/2023 | 13:25
5 min
La Tunisie baigne-t-elle dans la plus grande réserve d'eau du monde ?

 

La page « Tunimedia Net » sur Facebook a fait circuler depuis le 26 mars 2023, une publication concerant un grand réservoir d’eau situé entre la Tunisie, la Libye et l’Algérie. La publication qui a fait 1.4 K partages et plus que 200 commentaires, prétend qu’il s’agit du plus grand réservoir d'eau du monde, et affirme que la zone permet de construire de nouvelles villes.

La page cite une thèse de doctorat soutenue par Marie-Louise Vogt à l'Université suisse de Neuchâtel en 2019, qui affirmait que « sous ce désert, se cache une nappe phréatique géante qui alimente les oasis. Il y a 15.000 ans, le désert était une zone verte recouverte de très grands lacs ».

« Dans tous les cas, le réservoir d'eau qui unit ces trois pays a une superficie de centaines de milliers de kilomètres carrés », ajoute la publication.

 

Au cours de nos recherches, nous avons trouvé que le réservoir existe bien entre ces trois pays comme le mentionne la publication, mais il ne s’agit pas du plus grand réservoir d’eau dans le monde.  Le lac Baïkal, qui se trouve dans le sud de la Sibérie, est le plus grand réservoir naturel d'eau douce liquide au monde avec 23.000 milliards de mètres cubes d'eau, comme l’indique le centre d’information sur l’eau. En terme de ressources d’eau renouvelables, il y aussi le Brésil qui détient le plus grand volume de ressources renouvelables en eau douce, qui peuvent atteindre environ 8.647 Km3 par an, on trouve aussi les États-Unis qui possèdent environ 3.069 Km3 de ressources renouvelables par an.

 

Par ailleurs, nous avons trouvé une interview de Marie-Louise Vogt, docteure au Centre d’hydrogéologie et de géothermie de l’Université de Neuchâtel (CHYN), à la radio Suisse où elle parle de son étude sur les indications et l’alimentation en eau douce des oasis du Sahara. Selon Marie-Louise Vogt : « le Sahara était vert, recouvert de lacs de grandes dimensions à des époques situées entre 50.000 et 4.000 ans avant nous, soit entre le Pléistocène et l’Holocène… Le climat a permis l’accumulation d’immenses réserves d’eaux dites fossiles », explique la chercheuse.

 

La Tunisie, l’Algérie et la Lybie se trouvent bien sur un bassin de réserve d’eau souterraine, il s’agit d’un « aquifère » (eau contenue dans les roches), qui s'est traduit par l'établissement d'un Système aquifère du Sahara nord-occidental « SASS ». Ce projet s'étend sur une superficie totale d'un million de km2. C’est un système aquifère transfrontalier partagé par l’Algérie (700.000 km2), la Libye (250.000 km2) et la Tunisie ( 80.000 km2 ). Les réserves en eau du bassin sont estimées à 60.000 milliards de m3 répartis sur deux superposés aquifères : le continental intercalaire (CI), dont la profondeur atteint 3.000 m dans certaines zones, et le complexe terminal (TC), d'une profondeur comprise entre 300 et 500 m.

 

  : Ministère de l’Agriculture, des Ressources Hydrauliques et de la Pêche  

Selon l'observateur du Sahara et du Sahel, la recharge annuelle de l'aquifère s'élève à un milliards de m3 et les prélèvements estimés sont passés de 0,6 milliard de m3 par an, au début des années 1970, à 2,7 milliards de m3 par an en 2012. En 50 ans, l'exploitation des ressources en eau du SASS a quintuplé et a plongé le bassin dans un état de surexploitation qui dépassait le seuil début des années 1980. Ces réserves en eaux sont utilisées principalement dans l’agriculture, l’irrigation des oasis, l’alimentation en eau des villes et les industries.

 

Source : Hayet ben Mansour -Ministère de l’Agriculture, des Ressources Hydrauliques et de la Pêche

Cependant le SASS s’est trouvé face à plusieurs challenges, le premier est dû aux réserves d’eaux qui ne se renouvellent pas fréquemment, et le deuxième du fait que l’eau n’est pas totalement utilisable. Il s’agit donc d’une ressource naturelle non –renouvelable avec une exploitation minière.

En plus l'exploitation de cette eau s’est trouvée devant des risques qui concernent la salinisation des eaux, la disparition de l’artésianisme, le tarissement des exutoires et les hauteurs de pompage excessives.

 

Il existe des ressources communes en eaux de surface et souterraines entre la Tunisie et ses voisins mais ce bassin transfrontalier n’est pas la plus grande réserve d’eaux dans le monde comme le prétend la publication. Ainsi il y a des :

Eaux de surface : La Tunisie et l'Algérie partagent les eaux de nombreux fleuves transfrontaliers, en particulier le fleuve Medjerda, qui représente 37 % des eaux de surface de la Tunisie et 22 % de ses ressources en eau renouvelables. Afin d'améliorer l'accès à cette ressource partagée, les gouvernements des deux pays ont mis en place un comité technique conjoint pour planifier et gérer les ressources en eau, échanger des informations et gérer les données, y compris la surveillance de l'utilisation de l'eau, de la pollution et des conditions environnementales.

Il existe 25 nappes sur la frontière Tuniso–Algérienne, dont entre 14 nappes phréatiques et 11 nappes profondes. Elles se trouvent dans les gouvernorats de Jendouba, Kef, Kasserine, Gafsa et Tozeur

 

Eaux souterraines : Le système aquifère du désert du Sahara du nord-ouest couvre plus d'un million de kilomètres carrés, dont 700 000 en Algérie, 80 000 en Tunisie et 250 000 en Libye.

Les trois pays qui participent au système ont travaillé conjointement pour évaluer leurs ressources en eau et permettre leur gestion et leur exploitation efficaces et durables. Une première étude a été menée de 1999 à 2002, dans les limites naturelles du bassin, et il n'était approuvé qu'au niveau national ou dans le cadre de relations bilatérales collaborations. Les premiers résultats ont permis une nette amélioration des connaissances hydrauliques du système aquifère, qui se traduit par la création d'une base de données commune regroupant environ 9000 points d'eau et le développement d'un modèle de gestion hydraulique pour évaluer les impacts de l'eau. En 2006, les trois pays concernés ont réussi à mettre en place un cadre de gestion commun, le mécanisme de concertation qui avait pour mission la mise en œuvre d'une politique concertée de gestion durable des eaux souterraines à l'échelle du bassin.

R.A

28/03/2023 | 13:25
5 min
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Commentaires
ABDALLAHOUM
INFO
a posté le 29-03-2023 à 12:55
Pendant les années 90/91, un Algérien, chef d'un parti politique, avait parlait de ça...c'est resté lettre morte.
takilas
On ne va pas en finir avec des propagandes simplistes.
a posté le 29-03-2023 à 00:24
Il faut diffuser des émissions télévisées pour donner des aperçus réalistes sur ces propagandes débiles d'existence de nappescde pétrole.
Cependant il y a lieu de ne pas confondre une nappe phréatique qui se trouve à quelques dizaines de mètres de la surface terrestre en rapportvavec les nuages, et d'un gisement de pétrole qui généralement se trouve à plusieurs centaines de mètres du sol voire des kms et plus exactement lors des ères géologiques très anciennes ( secondaire et tertiaire) et de surcroît il est indispensable de prime abord qu'il y est des pièges par la présence de l'argile. ..
Les cartes géologiques sont un élément depuis consultées auparavant dans ce contexte.
Donc il faut en finir avec ces propagandes de cirque.
Fares
La honte
a posté le 28-03-2023 à 21:28
Je ne sais pas qui finance ces chaînes YouTube et pages FB. Après l'echec de la réconciliation pénale, on miroite à la populace une autre occasion pour se remplir les poches sans trop se fatiguer.

Il n'y a que le travail qui est capable de vous sortir de votre misère. Nous sommes devenus des mendiants sans honneur, mais quelle honte.
Morjane
Rêvez rêvez c'est permis
a posté le 28-03-2023 à 20:11
Les trésors, le pétrole, le gaz, l'eau beaucoup de richesses dans ce pays. Et c'est quoi la prochaine découverte ? Pour l'instant je ne vois que l'exil vers l'étranger, la corruption généralisée, le gain de l'argent facile sur le dos des autres, l'escroquerie, l'esclavage sexuel, toutes les formes de prostitution. En attendant le messie.
Missile Patriote
Winou El bitrole
a posté le 28-03-2023 à 16:32
A droite (Algérie) et à gauche (Lybie) de notre pays et de surcroît à proximité quasi immédiate de nos frontières, il y a d'énormes gisements de pétrole et de gaz naturel, dont un découvert récemment en Algérie.
La configuration géologique et les nappes phréatiques évoquées vont de la Mauritanie à la Lybie en passant par le sud tunisien, ce qui suggère que des gisements doivent obligatoirement "roupiller" sous nos pied.
Sans verser dans la paranoïa, ça n'a pas beaucoup de sens et on devrait avoir et trouver une part substantielle d'hydrocarbures et de gaz qui est peut être considérée comme "réserve" par les grandes multinationales qui opèrent de part le monde.
Kaïs Saïd devrait soulever cette question un peu plus profondément et agir de façon à reprendre les anciennes campagnes de prospection qui n'auraient soit rien donné ou peu donné par le passé...
Adil
Renversant
a posté le à 10:53
Après avoir mangé tout le pain blanc, ne restent que les mirages dont Kais Said va faire des réalités. Les majors du pétrole que le foutoir tunisien à fait partir garderaient donc volontairement sous terre notre or noir pour s'y servir plus tard. Ces majors qui vont à tous les bouts du monde les plus inaccessibles et dans les tréfonds des océans à la recherche du moindre baril exploitable attendent juste qu'on les invite au palais de Carthage et qu'on les sermonne pour se remettre au travail pour notre plus grand profit. Renversant de naïveté le populisme !
takilas
C'est la couche intercalaire immense reliant la Libye à la Mauritanie
a posté le 28-03-2023 à 15:12
En passant par le sud tunisien et algérien.
takilas
La nappe phréatique (taux de s est connue depuis plusieurs décennies
a posté le 28-03-2023 à 15:10
Elle est à est à six cent mètres de profondeur.
Rien de nouveau.
D'ailleurs elle a été exploitée pour l'agriculture au gouvernorat de Tozeur vers 1995.
Le taux de salinité est réciproquement peu élevé.
Med Habib
CHEIKHALIFA
a posté le à 22:47
assez tergiverser ! on dispose d'une énergie solaire de 1700 kWh/an/m² équivalent d'un Bep/m² SUR NOS TERRES AUSSI BIEN Que nos eaux territoriales soit un total de l'ordre de 270 milliards de m²! à porté de mains et sur site de consommation ! En outre un klm² fr nos terres côtière, reçoit assez d'énergie solaire pour dessaler 60 millions de m3 d'eau /an selon un rapport du DLR Allemand sous le titre AQUACSP !! Là c concret mais il faut bosser pas rêvasser ni tergiverser ! Le pays mendie sa pitance et ne peut assumer sa souveraineté q'en assurant son autosuffisance alimentaire, qui requière 1700 m3 d'eau/an/hab, selon la FAO ! Le cycle naturel de l'eau de surface, nous en livre 350 m3/an....il manque à l'appel 1350 m3 à piocher de la mer via l'énergie solaire- au frontispice des sites d'exploitation et des terres arables/pour irrigations... ce qui permettrai de fournir 1 Millions d'emplois + la dignité +souveraineté.....l'énergie solaire serai l'énergie mobilisable tout azimuth pour assurer notre autosuffisance alimentaire et énergétique ! A ce jour et pour l'exercice en cours, on réalise un déficit de la balance énergétique de 1,25 MD/h pour l'année en cours !!+ un déficit en denrée de base = 1 kg/j/habitant !!!Avec ces éléments, où peut on parler de liberté et de démocratie? La Démocratie était enfantée par le surplus agricole pour l'auto-gestion de la communauté de façon optimale!