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Tribunes
La Tunisie est un pays libre
22/10/2019 | 14:10
4 min
La Tunisie est un pays libre

 

Emotion et fierté la semaine dernière en Tunisie suite à la publication de la carte de la liberté dans le monde.



Cette carte, qui a fait le tour des médias et des réseaux sociaux, classe la Tunisie parmi les pays libres. Pris dans le marasme quotidien, nous ne nous rendons pas compte du chemin parcouru. Oui, nous avons réussi. Partis de loin, de très loin, nous avons hissé la Tunisie au rang de la démocratie, reconnue, tangible, mesurée de manière concrète.

 

Mais comment sait-on qu'un pays est libre? Quels indicateurs permettent de l'affirmer? Qui décide et qui établit ces indicateurs? Comment la Tunisie est-elle devenue terre de liberté? Qui a œuvré à cette distinction? Qui a fait ce succès? Faut-il s'en réjouir?

 

Oui, il faut s'en réjouir. La Tunisie est à pied d'égalité avec des pays comme le Canada, la Suède, le Japon, l'Australie, l'Argentine. Le seul pays arabe, bien sûr. C'est une réussite, une réalisation importante.

 

La Tunisie pays libre, cela veut dire quoi? Cela veut dire que la Tunisie est un Etat qui garantit un cadre institutionnel, de pratique politique, d'exercice de la démocratie, de droits et libertés collectifs et individuels, mesurable. La carte en question est basée sur un ensemble d'indicateurs qui couvre, entre autres, l'accès à internet, les droits politiques, les élections, les droits des minorités, etc.

 

Alors, qui a établi ces indicateurs, d'où vient cette carte qui nous fait tant plaisir?

 

Ce type d'indicateurs et de cartes fleurissent généralement en fin d'année. Ils sont développés par des organisations et des institutions dans le monde. Reporters sans Frontières, Avocats sans Frontières, l'Organisation Mondiale de la Santé, l'Organisation Mondiale du Commerce, l'Union Européenne, l'Organisation des Nations Unies, l'UNESCO, la FAO, l'Organisation pour la Coopération et le Développement Economique, ont produisent tous les ans. A quoi servent-ils? A faire un état des lieux du monde, des régions, des pays, pour un ou plusieurs aspects de la vie humaine. Cet état des lieux informe mais surtout permet d'identifier des lacunes potentielles et de définir des plans d'action en vue d'y remédier.

 

Des indicateurs spécifiques ont rythmé le parcours de la Tunisie récemment. L'Index de Doing Business, le classement du GAFI, le rating des agences de notation.

 

Nous en parlons tous, nous commentons ces indicateurs en long et en large.

 

Cette carte, en particulier, provient d'un rapport annuel "Freedom in the World" dans sa version de l'année 2019. Ce rapport est produit et diffusé tous les ans par une organisation non gouvernementale qui travaille dans le monde entier, à travers un réseau, qui suit l'avancement de la démocratie, des droits, des libertés, des institutions transparentes, qui développe des programmes de renforcement de la liberté dans tous ses aspects, qui soutient des institutions gouvernementales et non gouvernementales œuvrant pour la démocratie et la liberté dans le monde. Cette organisation est Freedom House.

 

Depuis la Révolution, oui j'aime ce mot, nous découvrons en Tunisie une société civile active et riche, société civile locale et nationale mais également internationale. Mais nous ne savons que penser de tout ça. Nous ne savons si c'est bon pour nous ou pas. Nous ne savons si cela nous fait du bien ou pas. Nous ne savons s'il s'agit d'un "complot" contre nous ou pas.

 

Les Bawsala, Mourakiboun, Transparency International, Open Society, Amnesty International, Atide, le SNJT, font partie de notre paysage. Ces organisations sont là, elles agissent. Pour certains, elles font peur, elles sont décriées. Elles font partie d'un complot contre la Tunisie, le complot du Printemps Arabe, de la Révolution. Elles sont insultées et ceux qui s'en approchent, de près ou de loin, sont calomniés.

 

Regardons-nous en face un moment. Nous sommes fiers de notre particularité. Nous sommes fiers de nos élections. Nous sommes fiers de notre liberté. Nous sommes fiers de notre démocratie. Nous en devenons même un peu arrogants. Nous sommes fiers de ce classement, de cette carte de Freedom House.

 

Mais une certaine schizophrénie intellectuelle nous empêche d'assumer ce chemin parcouru, ce succès construit par les tunisiens, les institutions publiques, la société civile.

 

Nous accusons la société civile de 1000 maux. Mais nous apprécions son apport. Nous insultons la Révolution et ceux qui l'ont portée. Mais nous profitons de ses résultats. Nous nous méfions de l'étranger. Mais nous le posons comme modèle. Il y a toujours un "oui mais".

 

Cette schizophrénie nous a empêchés d'aller au bout de notre engagement. Elle nous fait trébucher. Elle nous a empêchés de monétiser, de capitaliser sur la valeur ajoutée immatérielle de la Révolution, de matérialiser le capital sympa que nous accordait le monde en 2011.

 

L'histoire n'est pas un long fleuve tranquille. Mais elle ne s'écrit que dans un sens, toujours de l'avant. Alors avançons sans hypocrisie, avec les bons mots, lucides.

22/10/2019 | 14:10
4 min
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Commentaires (7)

Commenter

Benje
| 26-10-2019 08:25
Professeur de droit | Bonjour
Votre commentaires est juste et pour être plus précis J'ajouterai que c'est plus que la crainte c'est la peur de Dieu et d'aller en enfer qui bride la liberté du tunisien et l'entraine a voter pour le parti religieux qui lui promet le paradis s'il accepte la fatalité et son sort misérable ! L'histoire Ne manque pas d'exemple d'asservissement Des peuples par la peur Par exemple les nazis et leurs chef hitler a maîtrise le peuple allemand par la peur et la menace En lui promettant la supériorité de la race arienne Et la peur des autres race imputes (juives, arabes, noires...) le résultat d'eux guerres mondiales et 50 millions de morts !
Quant à l'article seule la liberté d'expression Est acquise Pour le reste c'est de pire en pire comment peut On être libres Lorsqu'il fait importer la moitié de notre nourriture ou quémander des aides et crédits pour payer nos fonctionnaires et les équipements vitaux ...

pit
| 23-10-2019 11:34
au tour des tunisiens de libérer leur esprit et de jeter aux chiottes notre mentalité étriquée et conditionnée par le côté obscur de la religion !!!
Tahia Tounes !

Professeur de droit
| 23-10-2019 05:24
Mme hachicha ignore qu'pays dans lequel se pratique le vote religieux n'est pas libre, puisque ces électeurs votent par "crainte" de Dieu. La crainte est le contraire total de la liberté.
On n'a meme pas envie de rire quand on voit que la Mongolie (ou la Chine dicte les noms des candidats aux élections) est compté parmi les pays libres.
Ainsi que la Namibie, pays tenu par le parti de l'indépendance ( comme le FLN en Algérie) est aussi compté parmi les pays "libres".
Tandis que le Nigeria, n'est pas classé libre, malgré six élections présidentielles aux résultats acceptés par tous les partis, la presse est libre, aucun détenu politique et aucun réfugié politique à l'étranger.
Ce classement n'a rien de sérieux.

Léon
| 22-10-2019 23:33
Voyez-vous chère Madame, j'ai eu le même sentiment de fierté que vous en 2009 lorsque, dans un manuel scolaire français de ma fille (jadis en quatrième) j'observai un seul pays en vert en Afrique et au monde arabe au niveau de la Tunisie. C'était la carte montrant les pays développés, émergeant, et en voie de développement..
C'était la première fois où la Tunisie apparaissait en vert depuis son indépendance.
Sans compter que les manuels scolaires français d'histoire-géographie ne faisaient pas de cadeau à Ben Ali. Et pourtant, seule la Tunisie apparaissait en vert aux côtés des pays développés.
Le vert d'aujourd'hui, chère Madame, dans une Tunisie réduite à un protectorat économique du FMI, est un vert de convenance politique, offert à un peuple qui a bien voulu répondre au injonctions du monde atlantiste. En réalité, ils se donnent un point vert à eux-mêmes.
Vivre d'amour et d'eau fraiche: un ancien dicton Oh combien d'actualité pour le pauvre pays ruiné et trahi par des citoyens sans valeurs.
La démocratie n'a aucun sens dans un pays dont on peut acheter les habitants avec un billet, tellement la vie est devenue dure.
Jamais la démocratie n'a ôté le sourire et la joie de vivre à un peuple comme elle l'a fait en Tunisie. Nous avions jadis notre forme de démocratie. Bien balisée, elle ne laissait pas de quartier à ceux qui voulaient détruire et imposer leurs points de vues rétrogrades. Celui de ceux qui se substituent à Dieu, jugeant tout le monde, jusqu'à en arriver à juger Dieu lui-même pour son partage. IL le leur rend si bien; il suffit de savoir lire les évènements et vous le constaterez par vous-mêmes.
J'ai me souviens encore de ce chef salafiste (un merdeux dont j'ai oublié le nom) qui disait à Mohamed Talbi (Allah Yar7mou) qu'il irait en enfer. Voyez, c'est Dieu en personne. Il dit qui va entrer en enfer et qui va au paradis (qu'il est bien plus sûr d'acquérir que ne l'étaient les plus proches compagnons du Prophète). Bref, un vrai Dieu, ou au pire, un délégué direct de Dieu (donc un prophète).
Pour revenir au point vert en Tunisie. Sous un certain angle, on peut dire qu'il est juste et vrai. En effet, en tant que colonie atlantiste, en tant que territoire conquis, en tant que filiale atlantiste, c'est bien un point vert que l'on met sur les territoires français d'outre-mer. Comme le serait les Dom-Tom ou Hawaii. Mais oubliez définitivement que ces prétendus "Libres" deviennent maitres de leur destin.
Quelle Liberté Madame, aurait une personne dont la pitance dépend d'un Maître? Aussi gentil fut ce dernier.
Quelle Liberté Madame aurait un pays dont la pitance dépend du FMI et de l'aumône de certains pays?
Réveillez-vous bordel de merde! Réveillez-vous! Bientôt neuf ans d'esclavage et vous osez parler de Liberté! Celle offerte par vos néo-colons, par le biais d'un point vert sur une carte du monde! Réveillez-vous!

Léon, Min Joundi tounis Al Awfiya;
Résistant,

VERSET 112 de la SOURATE des ABEILLES.

Lezaffaire
| 22-10-2019 20:59
Je crois que Madame Hachicha Chaker a mal compris la légende de la carte le vert sur la carte veut dire les '?tats-Unis et leurs vassaux, le bleu c'est les ennemis des '?tats-Unis, le jaune c'est les etats neutres.
Le vert veut dire soumis aux états-unis.

zamharir
| 22-10-2019 16:26
Mme Hachicha Chaker se mêle les pinceaux entre plusieurs indicateurs qui n'ont pas du tout la même portée, ni la même signification. La liberté au sens de l'Organisation mondiale du commerce, n'a rien à voir avec la liberté de pensée et d'expression. Des Etats membres de l'OMC, aux marchés ouvert à tous les vents, peuvent être aussi d'horribles dictatures. Il suffit de regarder la carte. La liberté en matière de santé, au sens de l'OMS, n'assure pas la couverture médicale aux plus démunis, qui peuvent crever dans d'atroces souffrance au bord de la route où les a déposés une politique ultra-libérale absurde. Les agences de notation ne notent pas le développement au sens large du terme, mais seulement la croissance et surtout le degré d'intégration dans la mondialisation et l'économie financière internationale. La plupart des associations de la société civile en Tunisie ont des ressources douteuses provenant de l'étranger : elles pointent à un système de promotion d'un type de "révolution" qui, s'il a réussi ici, a provoqué des désastres ailleurs, comme en Syrie, en Irak, ou au Yemen, pour limiter la liste des pays sinistrés. Ces organisations dans leur ensemble regardent ailleurs lorsqu'on leur parle de Palestine, dont une partie de son peuple spolié de la terre de ses ancêtres vit dans une prison à ciel ouvert et l'autre partie en exil depuis 1948. Pourtant, les Palestiniens avaient organisé il y a une vingtaine d'années des élections qui avaient été reconnues transparentes, honnêtes, démocratiques par tous les observateurs internationaux dépêchés sur le terrain, mais comme elles n'avaient pas eu l'heur de plaire à Israël, il fut décidé qu'elles devaient être diabolisées, annulées, effacées des tablettes et des mémoires. Il faut donc rester vigilant et faire attention aux deux poids, deux mesures dans les jugements de ces organismes internationaux, idéologiquement biaisés. La Démocratie tunisienne, célébrée par ces organisations internationales, est elle aussi à revisiter : en même temps que les libertés individuelles, les démocraties qui durent doivent promouvoir les libertés collectives. En huit ans d'exercice quelque peu chaotique du pouvoir, avons-nous fait avancer les idées de justice et d'égalité, sans lesquelles il n'y a pas de démocratie durable ? Les chiffres disponibles tendraient à indiquer que nous aurions plutôt reculé dans ces deux domaines capitaux, alors que nos jeunes diplômés s'embarquent par centaines vers l'étranger, faute d'emploi. Il faudrait écouter avec attention les interventions d'une jeune compatriote, centralienne, exilée aux Etats-Unis, Olfa Hamdi, qui a bien défini les enjeux sur ces différents sujets. On se rend compte alors que le premier pas accompli doit être suivi de mille autres, avant que nous puissions considérer que le pays s'est sorti d'affaire.

DHEJ
| 22-10-2019 15:11
Mais le Tunisie manque d'une liberté par un monde dit libre mais hypocrite se cachant derrière un truc appelé VISA!

Alors...