Le 17 décembre 2022, le peuple tunisien a envoyé une très belle claque au régime de Kaïs Saïed en s’abstenant en masse de participer aux législatives. Le taux de participation officiel annoncé a été de 8,8% avant qu’il ne soit rectifié pour devenir, plus tard, 11,22%. Mais quel que soit le taux retenu, celui de l’abstention demeure écrasant et historique. C’était là un message on ne peut plus civilisé.
Moins d’un mois plus tard, le même peuple tunisien envoie une deuxième claque au régime en descendant, le 14 janvier 2023, à l’avenue Habib Bourguiba pour manifester par milliers contre Kaïs Saïed. Nombre estimé par les journalistes de Business News sur terrain, près de dix mille. Ceci est un autre message civilisé du peuple tunisien.
Sans peur aucune, en dépit de l’important dispositif policier mis en place et malgré l’interdiction à plusieurs de rejoindre Tunis, ces milliers de manifestants sont descendus crier leur colère à l’encontre du régime et lui envoient un vrai pied de nez : c’est le peuple et le peuple seul qui fixe la date de sa fête de la révolution. Kaïs Saïed a beau changer la date officielle de cette fête, la déplaçant du 14 janvier au 17 décembre, c’est bel et bien le 14 janvier que le peuple est descendu dans la rue et non le 17 décembre.
Face à ces deux messages très forts, Kaïs Saïed et ses valets ont eu peur. Ils ont manqué de décence et fait preuve de décadence.
Vendredi 13 janvier, le président de la République est allé au centre-ville pour s’offrir, espérait-il sans doute, un bain de foule. Non seulement, il n’a pas eu son bain de foule, mais il s’est montré agressif et colérique. Devant les caméras, il a répété en boucle « je n’ai pas peur, je n’ai pas peur (…) je n’ai peur que de Dieu » en réponse à ses bodyguards qui lui demandaient de bouger. La photo instantanée prise en ce moment montre tout l’inverse. Sa mine renfrognée reflète un président hésitant, colérique, en fureur.
Il ne faut pas être un génie de l’interprétation gestuelle pour conclure que l’on est face à un président qui a peur. C’est aussi simple que cela. Le fait qu’il se sente obligé de dire qu’il n’a pas peur montre tout l’inverse.
Dans un pays ordinaire, un chef d’État sort devant les caméras pour exprimer la joie et l’optimisme, pour rassurer son peuple, pour lui parler de choses qui l’intéressent et qui le font rêver. Ses états d’âme n’intéressent personne. Or, le 13 janvier, Kaïs Saïed n’a parlé et n’a montré que ses états d’âme.
Monsieur le président, on s’en moque que vous ayez peur de dieu ou du diable, ce qu’on veut c’est voir en vous l’espoir, l’espérance, l’optimisme, la fin du tunnel, l’assurance, la confiance. Ce 13 janvier, vous n’avez dégagé que la colère, l’hésitation et la peur.
Comme dans n’importe quelle manifestation, des slogans hostiles au président ont été scandés. Rien de méchant, on lui a juste dit « dégage » et « incapable !».
Sauf que voilà, les messages ont beau être civilisés et bon enfant, le gouverneur de Tunis, Kamel Feki les a qualifiés d’hystériques : « On n’a vu ça qu’en 1936 avec Mussolini et Hitler ! ».
Ce régime est indécent, on le savait. Il est isolé, ça se voit. Il est anachronique, on ne cesse de le dire. Il est inculte, c’est évident. Par ses propos, chez Hamza Belloumi sur Mosaïque FM, Kamel Feki n’a fait que confirmer ce que l’on savait déjà, mais il a quand même réussi l’exploit de réunir tout cela en une phrase. Chapeau monsieur le gouverneur !
Dire qu’il n’a vu ça qu’en 1936 avec Mussolini et Hitler laisse entendre que le monsieur est nonagénaire, voire centenaire. Bien entendu, il n’a rien vu, c’est juste une métaphore abjecte.
Le Duce est le fondateur du fascisme et n’a rien à voir avec les slogans des manifestants pacifiques tunisiens qui appelaient, tous, au retour de la démocratie et du pouvoir au peuple.
Le Führer avait un projet hégémonique mondial et n’a donc rien à voir avec les objectifs, nettement plus modestes des dix mille manifestants tunisiens.
L’un et l’autre sont assoiffés de sang et sont considérés comme les pires criminels du XXe siècle. À ce que l’on sache, les manifestants du samedi 14 janvier étaient d’innocents citoyens civilisés dont la liberté d’expression et de manifestation est la seule et unique arme.
La comparaison ne sied pas, c’est clair. Elle reflète cependant l’état d’esprit et les références très approximatives de celui qui porte une moustache stalinienne. Le bonhomme est bloqué dans une époque révolue qui n’a rien à voir avec la Tunisie d’aujourd’hui. Elle a beau accuser du retard par rapport aux pays civilisés, la majorité du peuple tunisien de 2023, et notamment sa jeunesse, ne vit plus en 1936 depuis des décennies. La majorité du peuple tunisien est peut-être hystérique (CQFD), elle n’est certainement pas sanguinaire. Cette majorité est peut-être inculte (CQFD), mais elle sait ce qu’est le fascisme et le nazisme et ne cherche, de quelque manière que ce soit, à les prendre en exemple.
Il y a quand même une conclusion à tirer des propos de Kamel Feki. Sa comparaison insultante montre qu’il est nul en Histoire, qu’il est ignorant de la sociologie tunisienne et qu’il a peur de l’opinion contraire.
Il a tellement peur, il est tellement anachronique qu’il voit en ces milliers de manifestants de vrais diables comparables aux pires criminels du siècle dernier !
La peur de Kamel Feki et de Kaïs Saïed s’explique. Ce régime s’est accaparé, par la force, les pleins pouvoirs. Il pensait résoudre les problèmes des Tunisiens, mais il n’a rien résolu. Au contraire, on ne constate que l’inflation et les pénuries. Face aux critiques des adversaires politiques, il a utilisé l’appareil de l’État pour faire taire les voix discordantes et ce à travers des procès fallacieux montés de toutes pièces. Opposants, avocats, journalistes, facebookers, magistrats, tous ont été intimidés, mais il n’y a eu aucune peur de leur part. C’est même tout le contraire, ils ont décuplé leurs critiques et se sont moqués du président, de son régime et de ses procès.
N'ayant plus d’armes pour les affronter, sans mots pour convaincre, le régime ne sait plus quoi faire pour répondre aux critiques et à la colère. De fait, il n’a que l’injure comme réplique. Et, c’est connu, l’injure est l’arme préférée de ceux qui ont peur.
Permettez moi s.v.p. de faire quand-même une démonstration du calcul du taux de participation réel à la dernière élection législative et ceci à celles et à ceux que ça pourrait intéresser:
a) Le nombre exacte de ceux qui ont été voté
(9.136.502 :100) *11,22 = 1025115,5
b) le taux réel de participation:
(1025115,5 : 7.853.447)*100 = 13,05%
Bonne journée
Parti pris?
1/ Pour se faire crucifier par la meute
2/ '?tre assigné au statut de groupie du "Chef".
Mais, il suffit, aussi, de ne pas partager leurs idées préconçues qu' ils nous veulent imposer pour nous faire insulter.
Médiocre étant le qualificatif le plus soft.
Ce pays serait un pays de médiocres que cela ne m'étonnerait pas.
Cela ne leur vient pas à l'esprit qu'ils servent les desseins de groupes d'intérêts bien plus dangereux et voraces que notre "dictateur" intronisé par la secte selon certains, ou par "la main de dieu" comme un certain grand penseur sans argument y a recouru afin de donner contenance et crédit à son fantasme théoricisant.
Les choses de la Société ont d'autres causes, obéissent à des logiques qu'un envol de pigeons n'en contiendrait en toute hypothèse.
Qu'est ce qu'un événement ?
Comment, pourquoi y-a-t-il de l'événement plutôt qu'un chaos indescriptible ?
Qu'est ce qui fait que ce qui se présentait jusqu'alors sous les atours de l'insupportable en arrive à faire exploser le décor, casser le cadre, advenir à l'état d'être hors-cadre, un peu à la manière de ce tableau débordé par ce qu'il voulait contenir...?
Qu'est ce qui fait que des gens, au même moment, trouvent impératif de rassembler, de se rassembler, et composer de concert une puissance capable de modifier le cours ordinaire des choses de la société ?
Il y aurait comme un moment, des moments incomparables, une sorte de liturgie que nulle puissance n'aura imposée sinon la force des choses, pour utiliser un vocabulaire vieillot.....
Les questions importent plus que la réponse attendue.
Mais, il faut savoir questionner.
Un poète, un compagnon du Livre intitulait l'un de ses ouvrages "Le livre des questions".
Edmond Jabes regardait le monde avec les yeux du poète.
Il rêvait avec son c'?ur, et sa vigilance cheminait sur la voie des questionnements.
On a écarté les compétences qui ont l'expérience et travaillé sous le régime de Bourguiba et ZABA, le résultat de ce choix suicidaire vous le connaissez.
Ceux de mauvaise foi diraient que les tunisiens forment un peuple que le dernier des crétins pourrait rouler dans la farine, tout comme un pigeon.
Les plus superficiels d'entre nous diraient que les tunisiens forment un peuple volatile et que les pigeons volent. Bon, passons, peut mieux faire.
Plus sérieusement, tout comme les pigeons, les tunisiens peuvent exhiber un comportement de groupe qui se déclenche sans déclencheur apparent et qui n'est contrôlé par aucune entité apparente.
On parle de systèmes sans contrôle central ou de systèmes auto-regularisés (self-regulatory systems). Leur étude fait l'objet de la science des systèmes complexes dont fait partie la théorie du chaos. Un domaine très fascinant et je me fascine pour les vols de pigeons, à chacun son dada . J'ai la chance d'observer ces comportements de groupe plusieurs fois par semaine.
Plusieurs dizaines de pigeons restent passifs pendant de très longues minutes sur un toit. Subitement, un de ces pigeons décide de voler, tout le groupe le suit, aucun pigeon, même pas un, ne reste sur le toit. Le vol est bien synchronisé avec un chef pour mener la danse. Un chef qui a été probablement "élu" aléatoirement, il n'y pas de mâle alpha chez les pigeons. Ces volailles font un cercle complet, un spectacle très beau à voir, avant de retourner à leur point de départ. Une nouvelle danse est déclenchée quelques secondes plus tard, probablement par un autre pigeon meneur. Après quelques danses, le groupe revient à une phase de longue passivité.
Certains chercheurs ont simulé ces vols sur ordinateur et ont identifié trois règles simples qui permettent de reproduire ce comportement collectif. L'une d'elle est que chaque pigeon aligne sa position et sa vitesse sur celles de ses voisins (sans être vraiment "conscient" de faire partie d'un groupe plus large)
Revenons à nos tunisiens. La Tunisie ne dispose plus d'un leader. Kaisollah a occupé ce rôle le 25 juillet 2021 pendant quelques semaines avant que son arnaque et son incompétence sortent au grand jour. Donc, nous nous sommes plus dans une configuration sous un contrôle centralisé, mais dans la configuration d'un système auto-regularisé.
Dans l'histoire récente de notre pays, tous les soulèvements populaires avaient un élément déclencheur bien identifié sauf un (à mon humble avis):
- Janvier 1978, les manifestations étaient déclenchées et menées par l'UGTT de Ben Aachour.
- Le 14 janvier 2011: ce ne sont pas les quelques 20000 personnes qui sont sorties dans la rue qui ont fait partir (et non pas fuir) Ben Ali. Le président déchu a été trompé, on l' a fait monté dans un avion pour accompagner sa famille. Son "ghaltouni" de la veille n' était que prémonitoire. Toute cette comédie a été organisée par des pays étrangers.
- Janvier 1984, à cette époque l'opposition n'était que l'ombre d'elle même et il n'y avait pas de réseaux sociaux. Les tunisiens, comme les pigeons, ont décidé de sortir de leur torpeur pour manifester contre les prix élevés du pain et autres denrées.
Moralité de l'histoire, la société tunisienne est capable de s'autorganier. Une sorte d'un vrai "Echaabou yourid" bien différent du slogan creux dont la vacuité rivalise avec celle de la boîte crânienne de son auteur.
A bon entendeur salut.
Un seul bémol, cependant, à mon humble avis, concernant les 20000 tunisiens descendus le 14 janvier 2011 scandant en ch'?ur le fameux "Dégage".
'? votre place, je serais plus nuancé, surtout en l'absence d'un cadrée historique non complètement délié.
Bravo quand même et bonne continuation.
Les 8,8% en nombre de citoyens, c'est plus que les 10 mille sortis le 14 janvier.
Donc, de grâce personne ne peut parlervau nom du peuple.
en effet, le nombre totale d'inscrits à l'élection législative est de 7.853.447 et non pas 9.136.502
Il est impossible que l'on ait 9.136.502 d'inscrits à l'élection législative sur une population de 11 Millions. C'est même absurde...
Si vous avez des problèmes avec les calculs de pourcentage, je pourrais vous faire une petite démonstration
Bonne soirée
Maintenant pour le nombre des inscrits, le chiffre avancé par l'ISIE est bien 9 millions. Est-ce possible ou impossible pour la population tunisienne?
Moi meme je ne crois pas les chiffres de l'INS.
Maintenant, si je reprends le taux le plus défavorable à savoir 8,8% comme taux de participation pour le nombre des inscrits soit 7.853.447. Il en découle que le nombre de ceux qui sont allés aux urnes est 7.853.447x8,8% égal à 691.103 tunisiens.
Un nombre supérieur au nombre de 10 mille avancé par N.B.
J'essaie de montrer à N.B que ceux qui soutiennent le processus de ROBOCOP est bien supérieur à ceux sortis le 14/1.
N.B écrit: "Nombre estimé par les journalistes de Business News sur terrain, près de dix mille. Ceci est un autre message civilisé du peuple tunisien."
I hope you got my point!
Bonne journée
je vous aime comme un frère et comme un père
je vous aime pour votre courage et intelligence
je vous aime pour vos sacrifices
La majorité du peuple crois en vous; Mr. Kais Said
Que Dieu vous protège, Mr. Kais Said afin de protéger la Tunisie
Dès que vous faites l'éloge de KS, ils vous sauteront à la gorge, ils vous insulteront et ils vous traiteront d'appartenir à l'équipe de ZABA.
Mais encore, dès que vous critiquez les médiocres amateurs et malhonnêtes membres de la troika et leur très vaste galerie de "choco-tomés", ils vous sauteront à la gorge, tels des charognards en furie.
Ces pauvres diables, ces illettrés, ces analphabètes, très limités dans leur esprit d'Homo erectus, à défaut d'avoir une paire de neurones saine, ne savent dire que cela.
ton idole est un despote qui a piètiné la constitution qu'il a juré de respecter.
peut ètre tu as tout perdu avec la chute de Ben Ali Baba et ses 40 voleurs ?
Après avoir voté pour la secte des assassins parce qu'ils "craignent dieu", voilà qu'il nous impose un détraqué mental parce qu'il est "propre" !!!
Voter et choisir demande un niveau minimum de discernement !!! Hélas, "l'électeur moyen" est borné et aveugle ...
En résumé: nous subissons la "LOI" des plus médiocres. Ils sont majoritaires !!!
LES CANARDS
Ecrit par A4 - Tunis, le 30 Septembre 2013
Quand soudain tourne le vent
Les canards sauvages s'envolent
Volent en vé le chef devant
En priant le dieu Eole
D'être avec les survivants
Après cette course folle
Contre marée, contre vent
Contre mer et ses atolls
Ils ne peuvent même en bavant
L'?il rivé sur la boussole
Que traîner le fainéant
Dont les ailes sont un peu molles
Qui plane péniblement
En pitoyable guignol
Quand soudain c'est la tempête
Nuages bas, sans lumière
Sans vol plané des mouettes
Où tous les chants doivent se taire
Quand se cachent même les roussettes
En remontant l'estuaire
Tous les vers et anguillettes
Filent à l'intérieur des terres
Quand cette foule inquiète
Fuit le déluge, sa galère
Elle se bloque à la goulette
Face aux gros maquereaux qui errent
Ne pensant qu'à faire la fête
Dans le lit de la rivière
Quand sonne l'heure du voyage
Et qu'il faut tout emporter
Faire très vite tous ses bagages
Prendre ses antiquités
Préparer un attelage
De quatre bêtes bien montées
Avec rênes et cordages
Pour grande vélocité
N'oubliez pas cet adage
Qui dit en toute clarté:
"On a beau crier de rage
Frapper fort et fouetter
C'est la bête sans courage
Qui impose ses ratés !"
Quand soudain sans crier gare
Nous vint la "révolution"
On s'est dit en vieux ringard
Elle est là la solution
Oubliant que c'est un art
Qui demande formation
Et que jamais les ignares
Ne pratiquent l'évolution
Regardons dans le miroir
Perdons vite nos illusions
Ce n'est pas avec ces tares
Qu'on franchit le Rubicon
En pataugeant dans le noir
A la vitesse des plus cons !!!