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Chroniques
La grande question de ramadan
Par Synda Tajine
12/04/2022 | 16:59
5 min
La grande question de ramadan

 

Il y a une question à laquelle le ramadan de cette année a répondu sans le savoir. Sans détour et sans interprétation. Non, ce n’est pas celle à laquelle vous pensez. Celle de savoir si les Tunisiens sont – en majorité - des êtres civilisés a déjà depuis longtemps été rangée dans le tiroir. Pas moyen de rendre un peuple civilisé si les lois si superbement existantes ne sont aucunement appliquées. Ceci est mathématique.

Ce mois-ci, la grande question, à mon humble et modeste avis, est de savoir si la femme, en Tunisie, est vraiment bien nantie. Que ses droits sont garantis et que rien ne viendra les perturber. Roulement de tambours,  rentez votre souffle, le suspense est intenable…la réponse est un non retentissant amis lecteurs ! Mais j’entends dans l’assistance des soupirs, l’un de vous me siffle que j’abuse avec ce sujet et que je vois des menaces partout. Comme le monde n’est pas noir ou blanc et que les grands débats ne sont pas tranchés de manière manichéenne, la question mérite un débat. Regardez autour de vous et prenez le temps de réfléchir.

 

S’il y a un mois anti-féministe par excellence c’est bien celui de ramadan. Comme si le reste de l’année n’était pas suffisant, on en demande encore plus aux femmes durant le mois saint des musulmans. En plus de vous acquitter de vos tâches habituelles, celle de travailler (ou pas), de vous occuper de votre progéniture (ou pas), celle de cuisiner pour toute la famille un repas dont le tiers finira à la poubelle et qui devra malgré tout satisfaire les désirs les plus fous de chaque membre de la famille, il y a un droit dont vous êtes allégrement privée durant ramadan. Le privilège suprême de prétendre à « hachichet romdhan ». Ce droit, jalousement gardé par le temple des citoyens mâles, vous donnerait accès à tous les comportements les plus extrêmes. Tant que vous faites ramadan, il faudra tout vous pardonner. Bâcler votre travail, raccourcir vos heures de productivité, conduire comme un possédé, agresser vos concitoyens dans la rue, grincher, pester et prétendre à plus de paresse et de nonchalance que d’habitude. Voilà un droit auquel les femmes aspireraient bien. Mais ceci n’est pas pour vous. Vous devez travailler pendant que votre collègue louche sur une cigarette, préparer le diner pendant que votre cher et tendre fait la sieste et être patiente avec tous les chauffards qui vous agresseront dans la rue. Ceci, sans râler ni vous plaindre….

Anecdotique ? Je vous l’accorde certes. Sous d’autres cieux, on parlerait de patriarcat, de charge mentale, de manspreading, de male gaze... Mais passons, ceci n’a pas sa place chez nous. Parlons de choses plus crues. Dans le pays du code du statut personnel, des droits de la femme, ceux que nos voisins nous jalousent tant, le débat tourne depuis le début du mois sur des questions – sans surprise – liées à la condition de la femme.

                                                       

Polygamie, mariage orfi (coutumier), harcèlement, violences contre les femmes…Ces sujets, soulevés par la quasi-majorité des productions artistiques, nombreuses durant le mois du jeûne, agitent le débat. Oui il s’agit de fiction et la fiction est libre. Mais Game of Thrones n’a pas remis au jour le sujet de l’inceste tout comme les Peaky Blinders n’ont pas choqué avec leur violence. Pourquoi les feuilletons tunisiens déchaînent-ils autant les passions, au point que le ministère de la Femme finit par s’en mêler ? Tout simplement car on accuse ces productions artistiques de menacer des acquis déjà fragiles. De mettre en lumière des tranches de vie bien existantes et qu’on refuse de voir. Il est certes plus facile de se gargariser de lois obsolètes qui étaient une révolution il y a une soixantaine d’années, que de voir la réalité en face et d’admettre qu’elles sont dépassées, insuffisantes et, surtout, non appliquées en pratique.

Chaque année, les feuilletons ramadanesques tunisiens mettent en lumière la précarité économique des petites travailleuses au noir, les femmes battues et trompées par leur mari sous l’œil acquiesçant de la société, les viols et les violences de toute sorte. Elles donnent naissance à un lynchage en règle de ces actrices qui ont osé, durant le mois saint, dévoiler un peu trop de peau, parler de sujets qui fâchent et faire tout ce que n’importe quel homme s’autorise tous les jours à faire.

 

Les lois protégeant les femmes au quotidien et faisant d’elles des êtres à part entière, respectés et valorisés et - soyons fous amis lecteurs - égales à leurs concitoyens mâles, rappellent celles devant faire de nous des citoyens civilisés. Ecrites noir sur blanc, dans les faits, elles restent de la pure théorie.

Ces lois ressemblent à votre voisin qui vous foudroie du regard car vous fumez votre cigarette tranquille dans votre balcon en plein jour. Qui vous fait la morale sur les bienfaits du jeûne pour le corps et l’esprit et qui, dès que le muezzin appelle à la prière du maghreb, se jette sur son bol de chorba et tuerait père et mère pour sa brika aux œufs. Celui qui vous sermonne lorsque vous écoutez de la musique dans votre voiture pendant l’appel à la prière mais se gare en troisième file et bloque une dizaine de voitures pour ne pas rater ses tarawihs. Il y a la théorie d’êtres pieux et spirituellement irréprochables et la réalité de citoyens non civilisés et hypocrites.

Il y a aussi la théorie de femmes libres, émancipées et protégées et celle de femmes exploitées, battues, agressées et insultées, de féminicides et de tous ces droits bafoués.

 

Encore une fois, je vous souhaite un excellent ramadan à vous tous. Bonne cigarette dans le balcon après votre café du matin, excellents tarawihs après une journée de jeûne et bonne chorba à tout le monde…

Par Synda Tajine
12/04/2022 | 16:59
5 min
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Commentaires
nazou de la chameliere
73 % de primates
a posté le 13-04-2022 à 14:20
Oui Mme Tajine.
C'est une question d'évolution des espèces.
Ce sont une majorité de barbares.
Eux préfèrent qu'on les appelle les berbères .
L'islam a essayé de les civilisés, les ottomans et même dernièrement la France.
Rien n'y fait.
Observez comment, ils défendent leur "territoire " , " leurs femelles " , leur "identité " .
Alors qu'ils ne ressemblent à rien !!!
Pas vraiment musulmans.
Pas vraiment arabes.
Presque barbares ,souvent à 100% d'ailleurs.
Et encore moins français, même si par snobisme, il adore étaler ce que prout avait pondu ( oui oui ,vous avez bien lu "prout " )
A les lire ,leur vocabulaire est très restreint. Tous, utilisent les mêmes expressions, les mêmes mots, les mêmes pensées très pauvres, et on devine rien qu'à voir un pseudo, ce qu'il va dire ,le primate !!
Et vous voulez qu'ils cuisinent, qu'ils fassent le ménage. Qu'ils respectent la femme, surtout si elle travaille, et qu'elle contribue à nourrir la meute ?
Un primate Mme Tajine.
Un primate au volant. Le code de la route ? Il connaît pas !!!
Un primate qui frappe sa femelle ,et si possible les autres femelles.
Un primate qui contourne les clous, les trottoirs, et le respect de faire la queue !!!
Un primate déteste les R'?GLES !!!
Surtout qu'il n'a pas bouffé ni fumé, et en plus m7achech !!!! Au secours ya un lâché de sauvage !!!

Observez le premier primate d'entre eux.
Observez sa posture .
Toujours la main droite accroché à l'accoudoir.
C'est une posture corporelle, du primate qui s'accroche à SON territoire !!!

Madame Tajine, prenez votre mal en patience, vous avez à tenir encore quelques siècles, voir des milliers de siècles.
Et quand vous croiserez un primate très énervé et énervant.
Dites-vous, qu'il est descendu de son arbre juste pour faire une petite course .
Mais qu'il va y remonter .
C'est le primate au smartphone ,qui fait des selfies avec d'autres primates !!!

Mais chuuuut.... Le primate n'est pas au courant d'être toujours sur l'arbre .
MH
Un article "cliché"
a posté le 13-04-2022 à 10:17
La cuisine est mon affaire et 365/365, Ramadan ou pas. Il faut dire que je ne change pas non plus mes habitudes, la table au mois de Ramadan n'est guère plus garnie que d'habitude. C'est un mois de chasteté et de privation et nullement de gourmandise et de volupté. C'est ainsi que nous le concevons à la maison. Nous sommes 4 avec mon épouse (qui ne pratique pas le jeune pour des raisons qui lui sont propres) et deux ados (qui le font avec une farouche conviction). Il est important de noter, ma femme est une pure souche tunisienne qui a vécu ses 25 premières années en Tunisie ! Nous représentons certainement une minorité, mais je ne suis pas sûr que nous soyons une exception.
Lol
C'est la faute des autres
a posté le 13-04-2022 à 09:45
Mesdames vous êtes de fait les premières responsables de l'éducation des enfants.
Continuez de préparer vos garçons à dominer leurs futures conjointes et en même temps de vous lamenter sur le sort des femmes dans ce pays.
Je me demande combien de lectrices demandent la même participation au tâches ménagères à leur enfants peut importe leur sexe...
Saleslafistes
La femme
a posté le 13-04-2022 à 07:45
Au moment de l'épilation pour mon mariage ma belle mère m'expliquait que " la femme doit souffrir".
J'ai la chance de vivre en France et je ne souffre pas. Mais je pense souvent aux femmes de Tunisie et ce qu'elles subissent quotidiennement. Ne vous laissez pas dominer par les hommes.
zozo Zohra
Haha
a posté le à 10:28
N'importe quoi. Vous êtes sérieuse. Elles n'ont pas l'aire de souffrir ai contraire, elles sont très heureuse. Ha ha N'importe quoi
Gg
Ah mon dieu oui, Saleslafistes!
a posté le à 10:24
Je me souviens de notre mariage. Ma pauvre bientôt femme allait être épilée, elle ne le voulait pas, elle pleurait... Je me suis mis en colère et ai averti que s'ils ne la lachaient pas, on allait partir...
Chaque jour de cette épouvantable semaine, vers 18h, elle se changeait, mettait un short et un tee shirt, et nous partions en voiture climatisée pour une longue balade, seuls tous les deux. C'était son heure de joie, m'avait elle dit.
Puis est venu le grand soir, la dernière nuit. Ma chérie dans la chambre, dehors les hyènes attendaient le viol nuptial.
Mais nous nous étions mis d'accord: pas question de satisfaire la soif perverse de cette foule ignoble. Alors à minuit pile, ma chérie est sortie de la chambre, en short et chemisier semi transparent noirs, elle est montée dans la voiture et nous sommes partis devant la foule ébahie.
"Mais ou allez vous?"
"En voyage de noce, faire l'amour!"
Et ciao, la foule, le spectacle n'aura pas lieu!
Un peu des respect, par Jupiter!


Mohamed Obey
Bonsoir chère Ikhlas Latif!
a posté le 12-04-2022 à 22:44
Je vous fait une confession: je vous lis pour votre courage de dire les choses comme elles sont sans essayer d'éviter de provoquer le courroux des gardiens des bonnes m'?urs! Vous avez parlé en mon nom aussi, chose pour laquelle je vous remercie...
DHEJ
Ce n'est pas Ikhlas LATIF...
a posté le à 08:58
C'est Synda TAJINE!
DHEJ
Ramadan...
a posté le 12-04-2022 à 20:41
Je n'aime pas jeter la moitié du repas de un;

De deux il y a le ramadan du musulman et le ramadan du croyant pire il y a le ramadan des coutumes...
Gg
Mais c'est compliqué...
a posté le 12-04-2022 à 18:40
Ma Tunisienne de femme a décidé d'arrêter de fumer. Mais c'est comme si elle avait décidé de ne plus téléphoner à sa soeur!
Du coup, dix fois par jour, elle a une petite course à faire... Mais je sais bien que la coquine est allée fumer sa clope en cachette!
Alors voila, à cet instant où j'écris, il n'y a pas de cigarettes chez nous, et j'attends qu'elle revienne, et je vais lui demander de me donner une clope! Non, mais!
Et cette fois, je viens de lire cet article, faudra pas qu'elle me sorte l'excuse du ramadan dont elle profiterait pour arrêter de fumer...