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Tribunes
La démocratie face à ses ennemis de l’intérieur : quelques leçons de l’Histoire
25/05/2020 | 08:30
4 min
La démocratie face à ses ennemis de l’intérieur : quelques leçons de l’Histoire

 

Nombreux sont les observateurs qui ont relevé ce qu’a de paradoxal la situation créée par le récent triomphe de la démocratie en Tunisie. Jamais elle n’a été aussi solidement installée ; jamais, simultanément, elle n’a paru aussi menacée par le populisme. Son empire s’étend sans plus rencontrer d’opposition, ses règles et ses procédures prévalent avec une rigueur sans cesse accrue, son esprit entre les rapports sociaux et modèle l’identité des êtres avec toujours plus d’ampleur et de profondeur. Et, pourtant, un mal mystérieux ronge ce progrès euphorique. Quelque chose comme une anémie galopante dessèche ces formes qui s’élèvent à l’irréprochable. L’indéniable avancée dans la réalité se solde par une non moins incontestable perte d’effectivité. La puissance réelle déserte la machinerie à mesure que se rouages se perfectionnent.

J’ai proposé l’expression de « démocratie face à ses ennemis de l’intérieur » pour rendre compte de cet obscur écartèlement. La formule cherche à pointer l’originalité de la situation actuelle par rapport au cas de figure classique des contradictions de la liberté : la fatale liberté laissée aux ennemis de la liberté de la détruire, Hitler arrivant au pouvoir par la voie légale, en 1933, pour abolir aussitôt la légalité. Nous sommes aux antipodes, ici, d’une telle opposition frontale et déclarée. L’antagonisme dont il s’agit est tout interne et il s’ignore ; il procède des valeurs les plus certaines de la démocratie et il opère en secret. C’est le zèle des amis de la liberté qui se révèle autodestructeur, sans qu’un instant l’existence de la liberté soit remise en question. L’affaiblissement marche avec l’approfondissement.

À première vue, la démocratie n’a plus d’ennemis et c’est à partir de cette disparition qu’il faut approcher ce trouble étrange qui la consume du dedans. Ainsi, depuis le début du cheminement de la Demos Kratos dans l’Agora, elle n’avait cessé d’être en butte à des adversaires farouches sur ses deux flancs, arc-boutés, les uns, sur l’autorité de la tradition et de la nation, et les autres, juchés sur les promesses de la révolution. Une adversité qui, loin de reculer au fur et à mesure de son enracinement, y avait continûment trouvé de quoi se renouveler et s’amplifier. Ses efforts auront culminé ces dernières années, au point d’avoir pu paraître un moment bien près de l’emporter. Cette situation n’est pas pourtant nouvelle ! Qui, en 1939, en Europe, eût parié sur les chances des pitoyables régimes parlementaires et bourgeois ? Ces formidables armées de la servitude ne sont plus qu’un souvenir. Nous avons vu s’évanouir, en peu d’années, tant les nombres subsistantes des « prophètes » du passé que la magie, elle bien vivante, des sorciers de l’avenir. Leurs causes ont brutalement cessé d’être soutenables. Il n’y a plus eu personne, tout d’un coup, pour rêver du retour de l’ordre organique et hiérarchique, ou pour croire au miraculeux avènement de la liberté substantielle, grâce au sacrifice des égoïstes indépendances individuelles. Entre 1974, quand la « révolution des œillets » abat à Lisbonne l’un des derniers vestiges de la réaction triomphante de l’entre-deux-guerres, et 1989, quand s’ouvre à Berlin une brèche décisive dans la citadelle communiste, la liberté sans restriction ni déplacement s’impose comme l’unique politique concevable. La démocratie devient l’horizon indépassable de notre temps.

C’est du sein de cette conversion générale qu’a surgi une adversité que l’on n’attendait pas, une adversité intime, sans porteurs déclarés ni visage identifiable, logée dans le fonctionnement même de ce régime dorénavant incontesté. La démocratie a changé autant qu’elle a gagné. Elle l’a emporté, jusque dans l’esprit de ses contradicteurs les plus rebelles, moyennant une métaphore de sa compréhension d’elle-même qui l’a ramenée à son principe originel. Elle a retrouvé le sens de son fondement en droit, l’égale liberté de ses membres, et elle s’est remise à son école. C’est en renouant de la sorte avec les droits de l’homme qu’elle s’est vouée à la contradiction insaisissable qui la travaille du dedans. En même temps que cette réconciliation unanimiste lui a permis d’absorber ses anciens adversaires dans l’évidence communielle d’une norme avouée de tous, elle l’a disjointe d’elle-même, elle l’a installée dans le partage entre ses bases ce qu’elle veut être et ce qui lui vaut d’exister.

 

Mohamed Arbi Nsiri (Universitaire / Université Paris-Nanterre)

 

 

 

 

25/05/2020 | 08:30
4 min
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Commentaires
Nady
Une démocratie ne peut être parfaite du premier abord...
a posté le 26-05-2020 à 08:16
c'est comme quand on apprend à jouer d'un instrument de musique, on fait pleine de fausses notes au départ. Pour ce qui est de l'idée principale de cette article, mais franchement, a-ont vraiment besoin d'un regard profond pour voir que la démocratie trébuchante en Tunisie a bien des ennemis?
Des ennemis de l'intérieur certes, mais bien soutenus par des pays qui ne cachent plus leur ferme volonté de voir l'élan démocratique récent stopper nette dans son propre foyer.
hourcq
Une tribune absconse surtout à la fin.
a posté le 26-05-2020 à 00:31
L'auteur devrait s'inspirer de Boileau: "Ce qui se conçoit bien s'exprime clairement et les mots pour le dire arrivent aisément ".
Moi, j'aime bien ce jugement de Winston Churchill disant:"La démocratie est un mauvais système mais c'est le moins mauvais". Au sens étymologique, ce mot vient du grec et signifie l'autorité exercée par le peuple. Mais quel peuple? '?taient exclus les esclaves, les femmes et les métèques (les habitants nés ailleurs et donc ne bénéficiant pas du droit du sol). Et, en évoquant Hitler, on omet de dire qu'il n'a obtenu que 33 % des voix quand il est parvenu au pouvoir et qu'il a instauré sa dictature grâce aux sbires armés SS, SA des milices qui le soutenaient et terrorisaient ses opposants en les éliminant si besoin.
Aujourd'hui, on reconnaît une vraie démocratie quand un régime politique admet et applique les Droits de l'Homme et du Citoyen, en particulier la liberté d'expression et d'association ainsi que des droits pour l'opposition et bien sûr la séparation des pouvoirs: l'exécutif, le législatif et le judiciaire qui soient réellement indépendants.
Rien ne sera jamais parfait mais les bases d'un régime démocratique seront toujours les mêmes quels que soient les lieux et les époques. Elles peuvent seulement s'affiner et se perfectionner au fil du temps.
MH
@Welles & Gg
a posté le 25-05-2020 à 23:06
Habituellement, je ne partage pas vos pensées et points de vu, mais là je dois admettre que je suis d'accord avec vous à 100%. Je n'ai rien retenu de ce texte et après chaque phrase je me disais je vais capter l'idée. Mais, il n'en était rien jusqu'à la dernière ligne. Je suis resté sur ma faim car le sujet est intéressant: le titre est très attrayant.
VIAN
@Bourguibiste nationaliste
a posté le 25-05-2020 à 20:07
Merci pour votre aimable complément.
aldo
==== beldi , tu nous conseilles de voir la déclaration de markhoufa !!====
a posté le 25-05-2020 à 18:57
hassilou , oulidha inaalbou hek ezzine ______ c'est combien ?
Gg
@ Mohamed 1
a posté le 25-05-2020 à 17:59
Absolument, bien vu!
Houcine
Les ennemis de la démocratie.
a posté le 25-05-2020 à 17:50
La démocratie ce sont des normes et des procédures pour donner corps aux lois, et une société civile en mesure de s'associer et organiser l'expression de ses intérêts dans une société qui en reconnaît le bien-fondé et la conflictualité.
On assiste à un mésusage volontiers affiché des pouvoirs distribués au sein de l'exécutif, ARP et Présidence détournant les procédures ou en les contournant, ainsi des luttes au sein de l'ARP.
Aux affrontements bruyants de l'ARP s'additionnent sur un mode feutré les rivalités de puissance entre le chef de l'Etat et celui qui chapeaute l'ARP en mobilisant au profit de ses desseins partisans le prestige et l'aura de cette assemblée pour se proclamer ministre plénipotentiaire, représentant de la Tunisie et maître absolu de cette assemblée.
Face à ces luttes de pouvoir fort éloignées des missions de l'un et de l'autre et qui en donnent une image dégradée, la société, au sens de citoyens et multitude, peine à trouver comment et par quels instruments faire entendre que le compte n'y est pas si l'on en croit les récriminations des uns et des autres.
Si démocratie il y a, par la libération de la parole, on peinerait à repérer ce qui dans nos institutions peut nous conduire à nommer ce qui se vit, se donne à voir, comme manifestation d'une démocratie.
Il ne suffit pas du bulletin de vote qui n'est que l'expression d'une liberté gagnée, certes. Jusqu'ici, cette liberté a échoué à produire ses effets attendus, justice et dignité.
Quand on bâtit un système qui bafoue, dans les faits, ces deux revendications normatives, les procédures deviennent juste le mode de perpétuation de l'établi.
Mais, parfois les insatisfactions génèrent des affects puissants capables d'emporter dans leurs vagues toutes les prétentions de ceux qui occupent le trône.
Cela s'est déjà vu. Il n'y a pas si loin.
Gg
Moi non plus...
a posté le 25-05-2020 à 17:15
...je ne comprends pas le français de cet article, au style volontairement compliqué, boursouflé. Prétentieux, pour tout dire!
Jusqu'au au titre, "quelques leçons de l'historique" au lieu de "quelques leçons de l'histoire", tout simplement.
C'est une problématique -pardon, un problème- très fréquent actuellement.
Même François Mauriac, cet exégète, se lit aisément!
C'est dommage, la "démocratie face à ses ennemis de l'intérieur" est un sujet actuel et de première importance...
mansour
La démocratie aux couleurs de l'islam politique des islamistes freres musulmans salafiste d'Ennahdha,d'Al Karam et Erdogan
a posté le 25-05-2020 à 17:06
c'est le mal des peuples et pays
Welles
Problème de compréhension
a posté le 25-05-2020 à 16:32
Avec tous mes respects permettez-moi de vous dire que je ne comprends pas votre français et du coup le contenu m'échappe totalement. J'ai bien saisi que vous réfléchissez sur la démocratie et ses ennemis de l'intérieur ; après plus rien ; par contre sachez le que contrairement à ce que vous dites la Demos Kratos n'a rien avoir avec ce que nous entendons aujourd'hui par démocratie représentative ; elle est même pour Platon qui l'a combattu avec vigueur le stade ultime qui mène droit à l'anarchie.
Beldi
A voir absolument.
a posté le 25-05-2020 à 16:26
Les dernières déclarations de SEIF EDDINE MAKHLOUF.
Gg
@ J. trad
a posté le 25-05-2020 à 14:07
Problème, J.Trad: Dieu n'existe pas.
Le bouquin dont vous parlez n'est rien d'autre qu'un traité d'usage de la dictature.
Le nec plus ultra pour une dictature consiste à être désirée par ses victimes, vous y êtes!
Et la démocratie n'est pas pour demain...
hamdi
autres examples de démocraties qui ont mal tournées
a posté le 25-05-2020 à 13:54
-Argentine les années 80..junte militaire.
-Chili les années 70:..junte militaire.
-Brésil les années 60-70: ..dictature miltaire.
Mais elles ont toutes bien tournés au final..maintenant ces 3 pays des démocraties..

Par contre des examples de pays où la démocratie naissante a été rayé de la carte (ou plutôt fortement compromises) sont par examples, je crois:

-Venezuela.
-Iran.
-Bientôt Hong Kong ?

La Tunisie peut aller dans une sens ou l'autre..mais même dans ces 3 derniers cas , au final la démocratie est toujours présente..

Justinia
@ J.trad
a posté le 25-05-2020 à 13:45
Vous nous les gonflez avec votre religion.On parle ici d'autres choses que vous ignorez...
Bourguibiste nationaliste
@VIAN
a posté le 25-05-2020 à 13:28
Votre commentaire est EXCELLENT
VIAN
VOUS AVEZ DIT DEMOCRATIE?!!
a posté le 25-05-2020 à 12:55
Un grand penseur et visionnaire vient de s'éteindre: ALBERT MEMMI. Voila ce qu'i disait sur les printemps arabes et la démocratie dans ces contrées: "Si les arabo-musulmans ne veulent pas la laïcité, et le problème n'est jamais abordé, ce ne sera pas sérieux (...) et si on ne s'attaque pas à la corruption, ce sera du bavardage" et en se moquant"l'espèce de délire qui s'est emparé des intellectuels et des journalistes" tout est résumé.
La démocratie n'a jamais existé pour qu'on parle de ses ennemis. Si on doit résumer la "nouvelle démocratie" en Tunisie: c'est la corruption qui s'est affranchie de la dictature pour se réfugier dans le sectarisme, banditisme organisé, le fanatisme et l'extrémisme religieux.
J.trad
Wa 9adha Rabbouka alla ta3boudou il l'a iyyahou ...
a posté le 25-05-2020 à 12:23
Voir sourate Al israa ,verset 22 ,ce verset englobe tout,tout,et tout ,car rien ne peut sortir de la Volonté Divine ,toutes les directions du coeur et de la raison humaine ,tournent dans un seul axe ,il y a des émanations à droite et à gauche ,mais toutes les directions versent dans la transcendance D'un seul pouvoir ,le verset 22 de sourate El'Israa ,et beaucoup d'autres verset le disent et le soutiennent ,les controverses ,n'apportent rien de nouveau ,ils prouvent seulement les tourments des (égarés ,et de ceux qui suscitent la colère de Dieu ) ceux cités dans la Fati7a ,que les musulmans récitent dans chaque prière .
Mohamed 1
La démocratie a ses règles
a posté le 25-05-2020 à 12:21
Pour réussir "sa" démocratie, deux conditions essentielles:

-1/ Le peuple doit connaître sur le bout des doigts tous les principes démocratiques. Et d'un !
-2/ Le peuple doit les accepter pleinement sans hésitation. Et de deux !

Sans cela point de démocratie en vue.
Des termes comme "processus démocratique", "transition démocratique" sont des termes en trompe-l'oeil destinés à faire perdurer indéfiniment une pseudo-démocratie.
Pour les nahdhaouis par exemple, la démocratie se résume à compter le nombre de voix dans des élections. Celui qui comptabilise le plus de voix prend le pouvoir. La définition de démocratie s'arrête là pour eux. Pas besoin de droits de l'homme, de libertés individuelles, d'égalité, d'Etat de droit, de transparence....Bien au contraire. Les intégristes poussent dans le sens contraire. Point de démocratie à l'horizon !
Gg
Ah bon?!
a posté le 25-05-2020 à 12:05
" la démocratie n'a plus d'ennemis..."

Il faut donc comprendre que l'islam politique est une démocratie? La situation est exactement la même que la montée du nazisme en Allemagne des années 1930...
On peut s'empêcher de faire le parallèle entre la Tunisie aujourd'hui, et l'Iran il y a 30 ans.
Un dictateur civil est renversé... hourra à la liberté retrouvée! Puis un fanatique religieux revient d'exil, et met en place une dictature religieuse violente, misogyne et xénophobe. Et cela fait presque 30 ans, les Iraniens, sont toujours dedans!
Dans une moindre mesure, la Turquie d'Erdogan est aussi un exemple de démocratie dévoyée. Des centaines de milliers d'arrestations, d'emprisonnements, d'assassinats politiques, au profit -tiens donc- de la même idéologie frérote qui ronge la Tunisie!
aldo
==== LE CAS TUNISIE 2020 ====
a posté le 25-05-2020 à 11:33
il suffit d'éliminer ennahdha et éloigner gannouchi définitivement et tout rentrera dans l'ordre , la TUNISIE en est capable .
Bourguibiste nationaliste
@ M. Nsiri : « La démocratie face à ses ennemis de l'intérieur » !!
a posté le 25-05-2020 à 11:06
J'ai pris la peine de lire votre papier et je me demande de quoi vous parler
De quelle démocratie parlez-vous, dans quelle époque et dans quel pays ?
Votre texte, permettez-moi de vous dire : c'est du BLA BLA sans intérêt.
Je me demande d'ailleurs quels sont vos titres : « universitaire. » C'est quoi exactement ?
Je suis effaré qu'on puisse blablater à ce point : vous ne savez pas de quoi vous parlez.
Celui qui vous écrit cela connaît un bon bout sur les théories de la démocratie et sur le fonctionnement de la démocratie dans un grand nombre de pays.