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Chroniques
Kaïs Saïed a une chance de bleu
Par Sofiene Ben Hamida
27/02/2022 | 15:59
4 min
Kaïs Saïed a une chance de bleu

 

Par Sofiene Ben Hamida

 

Dans les jeux de cartes, très souvent, la chance sourit aux joueurs débutants, comme pour mieux les amadouer, leur faire prendre plaisir, faire monter l’adrénaline en eux et en faire avec le temps, des accros au jeu. Dans les jeux d’argent (poker, turf ou autres), les novices gagnent gros jusqu’à ce qu’ils croient détenir toutes les ficelles du jeu. Ils commencent alors à perdre, tout perdre, jusqu’à vendre leurs biens, détruire leurs familles et même se déposséder de leur dignité. De mémoire d’homme, on n’a jamais connu un parieur qui, au décompte final, n’a pas perdu plus qu’il n’a gagné. Ce qui lui reste comme bilan, c’est plein de souvenirs, des montées d’adrénaline ennivrantes et beaucoup de regrets.

La politique, dans une certaine mesure, ne diffère guère des paris et des jeux d’argent. Bien entendu, il existe une pratique saine de la politique et des gens qui se mettent au service de leur communauté dans le respect du droit, des règles et de l’éthique. Mais souvent, plus fréquemment que l’on voudrait bien l’accepter, des figures inconnues peuvent, par un concours des circonstances, connaitre une ascension rapide, fulgurante pour occuper le paysage politique avant de connaitre, aussi rapidement, la descente aux enfers et l’oubli.

 

Depuis la révolution, la scène politique tunisienne est occupée presque exclusivement par de nouvelles figures et des novices de la politique. Ceci s’expliquerait selon certains par la réalité révolutionnaire qui crée son nouveau paysage avec ses nouveaux acteurs. Mais une révolution vient pour enrichir l’histoire d’une nation, non pas pour réécrire totalement son histoire et gommer tous ses acteurs, même ceux dont l’action a largement contribué à cette révolution. Surtout, une révolution vient pour corriger les erreurs et les déviations du passé, instaurer des pratiques saines dans l’espace public et veiller au respect de l’éthique politique.

Parmi les rescapés de la révolution dans le paysage politique actuel, sans juger leurs actions, seules trois figures ont survécu. Il s’agit, dans le désordre, du chef des islamistes Rached Ghannouchi, du patron de la gauche Hamma Hammami et du vieux routier de la politique Ahmed Néjib Chebbi. Les autres personnalités politiques qui étaient actives avant la révolution n’avaient pas sincèrement l’envergure qu’ils veulent bien se donner aujourd’hui. 

 

Par contre, le camp des néophytes est plein à craquer. Depuis plus de dix ans, ces derniers occupent presque exclusivement l’ensemble de la scène politique. Pour ne donner que quelques exemples, on dira que la présidente du parti destourien Abir Moussi, dont le parti caracole actuellement en tête des sondages d’opinion, était avant la révolution une simple chauffeuse de salle. Habib Jomli, le candidat surprise du parti Ennahdha à la présidence du gouvernement, a connu deux mois de gloire pour sombrer très vite après dans l’oubli. Youssef Chahed, inconnu au bataillon, qui ne doit son ascension qu’à un réseau d’alliances familiales, a fait du tort au pays durant trois ans, avant de le quitter sur la pointe des pieds. Hichem Mechichi, parachuté, inconsistant et inefficace a vite fini par être congédié. Concernant l’actuelle chef de gouvernement Nejla Bouden, je n’insulterai pas l’avenir, quoi que…

Depuis quelques mois, de nouveaux arrivants en politique tentent de donner de la voix, avoir une visibilité et occuper tous les espaces. Ce sont les fans du président de la République, ceux qui ont fait sa campagne d’explication. Quelques uns parmi eux seulement sont connus. Les autres sont d’illustres inconnus qui veulent se faire une place au soleil par une apparence, un discours, et même une gestuelle inhabituels et choquants. Tout semble indiquer que ces novices de la politique ont encore beaucoup à apprendre.

Leur chef, le président Kaïs Saïed, est lui aussi un novice de la politique. Mais comme tous les débutants, la chance semble lui sourire. Sur le front intérieur, il ne fait pas grand-chose mais profite du ressentiment des Tunisiens envers toute la classe politique qui a mené le pays vers la faillite durant les dix dernières années. Sur le plan international, la crise russo-ukrainienne est du pain béni pour lui. Alors que les critiques internationales commencent à devenir pressantes sur son régime, cette crise détourne l’attention des partenaires étrangers et relègue la Tunisie à des places éloignées sur l’échelle de leurs préoccupations du moment. Cette crise russo-ukrainienne vient s’ajouter à la détérioration de la situation en Libye et le retour à la case départ dans le pays voisin ce qui est fortement préoccupant sur le plan stratégique international. Ceci sans oublier l’approche de l'élection présidentielle en France, un pays qui a une influence certaine sur l’Europe ainsi que sur la politique tunisienne, ce qui  accorde au président tunisien quelques mois de répit supplémentaire. N’ai-je pas dit dés le début que Kaïs Saïed a une chance de bleu ?!  

      

Par Sofiene Ben Hamida
27/02/2022 | 15:59
4 min
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Commentaires
momo
Ici , on dit une chance de cocu .
a posté le 28-02-2022 à 15:53
Ici , on dit une chance de cocu .
GZ
Tounsi Fakhour
a posté le 28-02-2022 à 06:46
Bonjour.
A la liste des réformes et ajustements que vous évoquez, j'ajouterai, si vous permettez, la création de véritables instituts d'études politiques (IEP ou Sciences Po.), une véritable ENA, à l'entrée très sélective, pépinières pour former les futurs grands commis de l'Etat, très au fait de ses rouages et pleinement conscients de leur charge;
un financement public des partis représentatifs, à partir d'un certain pourcentage, issus d'un scrutin transparent, en application d'un nouveau code électoral toiletté, pour éviter les financements étrangers suspects, toujours sous condition;
des universités d'été desdits partis pour mieux former leurs adhérents et élaborer leur programme et feuille de route;
des cercles de réflexion (think tanks) à même d'éclairer les décideurs, les partis et l'opinion sur la marche qu'il convient de suivre et contribuer à élever le débat public.
Il n'y a pas que cela, bien entendu.
Liste ouverte.
Bien à vous.



Tounsi Fakhour
@GZ
a posté le à 12:53
Bonjour,
Ce que vous écrivez est pertinent.
NON à la médiocratie.
OUI pour la méritocratie.
OUI pour relever le débat.
Etc.
Bien à vous
Welles
@ tou si fkhour
a posté le 27-02-2022 à 23:04
Après la lecture de ton charabia et ton déluge d'insultes de toute la classe politique comme si tu avais la science infuse, je n'ai qu'un mot qui me brûle les lèvres, tu n'es pas un Fakhour mais Tartour et qui ,en plus s'ignore comme crétin.
Tounsi Fakhour
@Welles
a posté le à 12:44
Gardez ce genre de commentaire d'autres commentaires pour vous et vos semblables.
Bien à vous
Alya
Chance de bleu?
a posté le 27-02-2022 à 19:29
Le reproche principal que je faisais a KS , il y a quelques temps , était de stigmatiser les riches. KS et probablement l equipe qui l entouré, a bien mature. Ils ont compris que la gangrène est partout. Les enquêtes concernant la contrebande, les détournement de farine etc.. démontrent cette évolutions D ailleurs dommage, que BN rapportent très peu ces sordides affaires
Fares
Le paradoxe apparent des sondages téléphoniques
a posté le 27-02-2022 à 17:35
Saïed n'a plus que les résultats des sondages pour justifier son maintien au pouvoir. Comment expliquer le fait que les citoyens tunisiens soient toujours satisfaits du rendement du président alors que ce même président n'a strictement rien fait pour le bien du pays? Comment expliquer l'écart qui existe entre les résultats des sondages et l'anecdotique taux de participation à la "consultation nationale" de Saïed qui peine à trahir ses airs de plébiscite?

Les réponses se trouveraient chez Graham Bell, l' inventeur du téléphone. Comment voulez-vous que des citoyens s'expriment librement lorsqu'on les appelle chez eux, donc pas d'anonymat ajoutez à cela la susceptibilité et les tendances fachiste de l'objet de ces sondages.

Un biais statistique est entrain de décider de notre sort.

Saïed essaie de justifier tant bien que mal l'échec de sa "consultation nationale" par des complots tissés par des moulins à vent. La vérité finira par éclater un jour et Saïed finira par connaître la perception des tunisiennes et tunisiens à son encontre.
Tounsi Fakhour
Le paysage politique tunisien (3)
a posté le 27-02-2022 à 17:29
LE RESTE DE L'ESTABLISHMENT
J'y inclus l'UGTT.
L'UGTT doit avoir un rôle purement syndical de défense des travailleurs. C'est évident. Or depuis la révolution, ce rôle est devenu très politique et de façon ostentatoire, avec les conséquences néfastes qu'on connait.
De prime abord, un constat accablant et important s'impose : presque toute la classe politique est pourrie. Pourrie, entre autres, par le culte de la personne, les égos, la corruption, l'opportunisme, l'arrivisme, etc :
En commençant par les défunts : Bourguiba (fin de règne), Ben Ali et Béji Caied Essebsi BCE (le deuxième plus grand traitre de la révolution, il a pactisé avec le premier traitre Kherriji (Ghannouchi) en aout 2013, dans l'hôtel chic de Paris : le Bristol, dans la suite du milliardaire et ripoux Slim Riahi, rencontre organisée par Nabil Karoui, patron de Nesma, qui s'avèrera co-fondateur de Nidaa Tounes. BCE a permis le retour des RCDists$, dont Abir Moussi et a tout fait pour favoriser son fils Hafedh)
En passant par Ghannouchi (cheikh bac moins trois, inculte et profondément malhonnête), Abir Moussi (comme tout RCDist, une opportuniste primaire) et Marzouki (le tartour, oueld el harki),
En continuant par Nabil Karoui (monsieur makarouna), Makhlouf (un voyou de première) et Mechichi (un incompétent notoire qui a pactisé depuis le début avec les frérots et les klebs), etc (la liste$ est très longue).
Plus précisément, la classe politique et les partis politiques sont tels que :
'?' Leur nombre dépasse largement 100, dont 18 représentés à l'ancienne ARP,
'?' Aucun ne fonctionne, en interne, de façon démocratique
'?' Sans projets ou programmes
'?' A part 2 partis (poubelles) antagonistes, qui se distinguent un peu des autres et sont en chute libre, les autres sont :
'?' Soit des « zéros-virgule », des satellites, à la botte de '?' , sans assise populaire, des opportunistes primaires, une pourriture
'?' Soit des « zéros-pointé », leur place est ailleurs
Donc, on s'en fiche de cette
'?' classe politique,
'?' incompétence,
'?' cynisme,
'?' fourberie,
'?' ineptie,
'?' médiocratie,
'?' partitocratie,
'?' racaille.
Alors ?
On s'en fiche aussi d'un régime présidentiel. Ou avez-vous vu un vrai pays démocratique avec un régime présidentiel ? A part peut-être le cas particulier de la France.
On ne veut pas, PLUS, de za'im. Arrêtons de tergiverser et de tourner en rond, c'est un cercle vicieux : le serpent qui se mord la queue. On veut un PEUPLE SOUVERAIN, bien représenté.
Pour cela, il faut absolument changer le code électoral :
Le régime en Tunisie est essentiellement parlementaire, avec des prérogatives limitées à la présidence de la république (défense nationale, diplomatie'?'). C'est un régime moderne et il n'est pas mauvais. Mais il est un peu fragile et pas très stable (voir la 4ème république en France). Il a besoin d'ajustements.
Autre constat : il y avait un gros problème au parlement à savoir la partitocratie : des partis plus ou moins représentatifs font ce qu'ils veulent'?' Et il devient nécessaire et urgent de limiter le rôle des partis dans le fonctionnement de cette assemblée.
Donc, en définitive : le scrutin législatif actuel (par listes à la proportionnelle et au plus fort reste) est inadapté.
Pour balayer cette racaille et la faire dégager par la petite porte, il suffit d'adopter un scrutin législatif plurinominal, majoritaire, à plusieurs tours.
De plus, ce mode de scrutin garantit, in fine, que les candidats élus soient tous élus par une majorité d'électeurs. Ce qui est un des buts ultimes de toute élection. Et cela permettra de vraiment renouveler la pourriture de l'ARP et la classe politique actuelle.
Cela permettra évidemment d'éviter la partitocratie car il est PLURINOMINAL : On vote directement pour des personnes et non pas (par listes) à des partis politiques.
$ N'oublions pas les caciques (bien connus) du régime Ben Ali qui ont marchandé leur allégeance pour Ennahdha contre une certaine immunité.
Tounsi Fakhour
Le paysage politique tunisien (2)
a posté le 27-02-2022 à 17:28
ABIR MOUSSI
Quelques constats factuels et/ou évidents :
1. C'est un cacique du RCD et du régime dictatorial de Ben Ali,
2. Elle était admirable dans son combat contre les frérots,
3. A ma connaissance, on peut bien chercher, mais on ne trouve rien sur un éventuel programme, un projet pour les Tunisiens et la Tunisie,
4. Elle ne fait qu'essayer d'occuper la scène médiatique et politique et d'y rester, avec des déblatérations et une mise en scène dignes d'un Kouttab + 1 ou de Maternelles Sup,
5. Pour des raisons évidentes, elle et son parti politique cherchent :
a. Rapidement,
b. Des élections législatives anticipées,
c. Sans toucher à la constitution ni au code électoral,
6. Leur visée est claire : La Kasbah.
Tounsi Fakhour
Le paysage politique tunisien (1)
a posté le 27-02-2022 à 17:27
KS
Il me semble assez clair que KS n'est pas issu et ne fait pas partie de l'establishment, pour les raisons suivantes :
1. Il était presque inconnu, avant la campagne présidentielle,
2. Il n'a pas de parti politique,
3. Pendant la campagne présidentielle et contrairement aux candidats de l'establishment,
a. Pas d'appui médiatique, les autres disposent d'organes de presse à leur disposition,
b. Pas d'appui financier, les autres ne regardent pas à la dépense,
c. Il a même refusé d'utiliser les fonds publics offerts à tous les candidats,
d. De tous, il était considéré comme un outsider,
4. Après son élection, il n'a pas profité, comme Macron en France, pour créer son parti politique,
5. Pendant son mandat, il n'a pas de machine médiatique. De plus, certains sites et médias s'acharnent sur lui,
6. Le 17 décembre, ce n'est pas son anniversaire, ni celui d'une éventuelle prise du pouvoir, comme c'était le cas avec les prédécesseurs Bourguiba et Ben Ali,
7. C'est l'étincelle de la révolution tunisienne qui a fait de la Tunisie une exception, « an arab anomaly », selon le livre du professeur à l'université de Columbia, Safwan Masri (2017), New York : Columbia University Press,
8. Enfin, sa démarche, ses méthodes sont loin de copier le système, caractérisé par un certain égo, opportunisme, arrivisme et une mise en scène portée plus sur la communication que sur l'action. Lui, il se distingue, il est plutôt intègre, il travaille, il apprend, il ajuste.

Des actes et des résultats :
Pour le moment et par honnêteté, on ne peut que dresser un bilan provisoire sur sept mois.
Qu'on le veuille ou non, l'action salvatrice de KS, entamée le 25 juillet a abouti, pour le moment, au moins :
1. De caser la pourriture islamiste sous le tapis, plutôt dans le caniveau,
2. Des campagnes de vaccinations, très efficaces, contrairement à l'hécatombe sanitaire d'avant le 25 juillet,
3. Un gouvernement (non politique pour une fois et essentiellement technocrate) en place et actif,
4. Un vrai processus d'assainissement en cours,
5. Enfin un exécutif, courageux et soucieux du bien général, qui ose aborder les réformes douloureuses et nécessaires,
6. Une loi de finances, certes non parfaite (pourrait-elle l'être ?), mais la moins pire,
7. Un dossier FMI sincère et réaliste,
8. Des décisions importantes viennent d'être prises, concernant la feuille de route et lancement d'une consultation populaire inédite.
L'exécutif ne se réduit pas à KS. KS directement, n'a pas (et ne peut pas avoir) la charge de tout, il n'a pas de baguette magique. Son background est prof d'université en droit constitutionnel. On ne lui demande pas d'être docteur en économie, en finance, etc. Il y a un gouvernement, des conseillers, des experts.
KS n'est pas responsable du bilan catastrophique de la décennie nekba et ses satellites.
MH
Vous êtes trop naïf cher Ami
a posté le à 18:05
Vous avez oublié un point très important dans "actes et réalisations", ce sera le point n° 0 (par souci du respect de l'ordre chronologique) : un coup d'état magistral, que tout le monde voit comme ça sauf les imbéciles.
Akecoucou
Cela ne risque pas de durer
a posté le 27-02-2022 à 16:59
Le mois de Ramadan coïncidera avec l'exaspération de la population; ce n'est pas en entrainant la flicaille a tabasser les manifestants un peu partout dans le pays que Bokaissoun apportera une solution
Jilani
Espérons qu'il va accélérer le rythme de réforme
a posté le 27-02-2022 à 16:42
Vous avez oublié de constater le courage du président ukrainien qui s'est montré un grand patriote défendant son pays et ne pas accepter de fuir. Un juif, acteur et trop jeune pour cette mission. Tout est question de volonté, honnêteté et persévérance. Chez nous tous aurait abdiqué, en plus tous se sont avérés des traîtres vendant leur pays au qatar, Turquie, EAU, chacun selon sa position et la récompense qu'il reçoit. Le seul patriote qui a réellement servi son pays est René trabelsi, encore un juif. En Libye, la même chose, la traitise est dans le sang des musulmans.
MH
Tout à fait d'accord
a posté le à 17:54
Sauf qu'il n'est pas juif, hélas. Je ne pense donc pas qu'il accélérera quoi que ce soit. Il est tout simplement impuissant malgré tous les pouvoirs en sa possession.