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Instituts de sondage : la confiance se mérite !
11/10/2019 | 21:00
6 min
Instituts de sondage : la confiance se mérite !

 

Les instituts tunisiens de sondage ont, une nouvelle fois, brillé par leur compétence durant ces élections 2019 (présidentielle et législatives) avec des résultats proches des résultats finaux établis par l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie). Tous ne se distinguent pas, loin s’en faut. Business News a comparé les résultats des instituts tunisiens et deux se distinguent haut la main, Emrhod Consulting et Sigma Conseil. Un troisième coureur vient rejoindre ce duo et les dépasser, bien qu’il ne soit pas un institut de sondages, mais une ONG spécialisée, Mourakiboun en l’occurrence.

 

Pour pouvoir comparer le comparable, dans les résultats des instituts de sondage, Business News a pris les résultats des sorties des urnes rendus publics. Même si nous avons pu obtenir ceux d’autres instituts (dont les résultats sont bien loin de la réalité), notre choix comparatif s’est fixé uniquement pour ceux qui ont joué le jeu de la transparence et ont accepté de prendre les médias et l’opinion publique à témoin. Les deux instituts Emrhod, Sigma et l’ONG Mourakiboun sont les seuls à avoir diffusé publiquement leurs résultats, soit en partenariat avec des médias, soit directement avec l’opinion publique. Qu’en ressort-il ?

Comme nos lecteurs peuvent le voir dans le tableau ci-dessous, nous avons les résultats détaillés des cinq partis classés premiers dans les législatives, tel que publiés dimanche 6 octobre par les deux instituts privés et le lendemain, lundi 7 octobre, par l’ONG. Nous avons fait le même exercice pour la présidentielle duquel Emrhod s’est distingué en obtenant un point de mieux que son confrère Sigma.

L’écart toléré dans ce type d’exercice varie de 1 à 1,5 point. Comme on peut le voir, la moyenne des écarts est inférieure à un point pour l’ensemble des sondeurs. Il s’agit là d’une grande performance qui ferait jalouser plusieurs sondeurs de plusieurs pays démocratiques habitués, pourtant, à l’exercice. Bon à rappeler, le meilleur et l’unique moyen d’améliorer ses résultats et son panel, pour un institut de sondage, est d’exercer son activité en grandeur nature. Or, cet exercice ne peut se faire qu’une fois tous les cinq ans à travers des élections bien réelles.

 

Si dans l’exercice 2014, c’est Sigma qui s’est distinguée haut la main, pour celui de 2019, c’est Emrhod (0,73) qui devance Sigma (0,94) en obtenant une moyenne d’écart inférieure de 0,21 point. Autant dire, infinitésimale. Mourakiboun fait mieux que les deux avec un écart de 0,32 point. Il ne faut cependant pas conclure très vite, car là on compare un peu l’incomparable puisque Sigma et Emrhod ont réalisé des sondages sortie des urnes, diffusés deux heures à peine après la fermeture des bureaux. Mourakiboun, pour sa part, ne base pas ses résultats sur des sondages sortie des urnes, mais sur le calcul du dépouillement rapide effectué sur un échantillon représentatif de 992 bureaux de vote sur un total de 1001 bureaux et dans 27 circonscriptions. Les résultats de Mourakiboun n’ont été diffusés que le lendemain, 18 heures après la fermeture des bureaux, c'est-à-dire après que l’impatience du public ait été bel et bien assouvie par Emrhod et Sigma.

Au-delà des résultats et de l’exactitude des chiffres, Business News a évalué aussi le respect des procédures, de la ponctualité et de l’exhaustivité des résultats donnés par l’ONG et les deux instituts.

Sur ce registre, c’est Emrhod qui gagne haut la main avec des résultats nettement plus exhaustifs que les deux autres. Ceci a été bien observé aussi bien lors du premier tour de la présidentielle que lors des législatives. En matière de ponctualité, Nébil Belaam a présenté ses chiffres dans les temps sur la chaîne Attessia, comme convenu, mais aussi sur Business News qui a été le partenaire de la chaine et de l’institut pour diffuser les chiffres des législatives.

Hassen Zargouni, patron de Sigma, pour sa part, a brillé par son manque total de respect de la ponctualité et du respect tout court du public. Il a été annoncé à 20 heures le 6 octobre dans deux endroits différents, El Hiwar  Ettounsi (son partenaire de toujours) chez Myriam Belkadhi et sur la chaîne publique Wataniya 1. Comment pouvait-il être en deux endroits différents ? Finalement, il n’a été ni chez l’une, ni chez l’autre au moment de la proclamation des résultats. Pour El Hiwar, il les a lâché en plein direct obligeant la chaîne à devoir annoncer le report de l’annonce des résultats, pendant que sa concurrente, Attessia, annonçait ses résultats. Quant à la Watanya, il a envoyé un de ses agents pour présenter des chiffres moins précis que ceux présentés à 20 heures piles comme convenu par Nébil Belâam, patron d’Emrhod en direct sur Attessia.

 

Côté exhaustivité, Emrhod remporte également haut la main avec des résultats plus complets que Sigma et Mourakiboun, lors des législatives. L’ONG a carrément zappé le numéro trois du parlement, la liste El Karama. Au premier tour de la présidentielle, Emrhod s’est également distingué par une meilleure présentation que Sigma en présentant le classement des seize premiers, alors que Sigma n’a donné que les dix premiers. Côté ponctualité, Sigma (qui était alors partenaire de Business News au premier tour de la présidentielle), a brillé par son irrespect total de la loi de la montre, exactement comme elle s’est comportée dans les législatives. Sigma a cependant brillé par sa ponctualité quand il s’agissait de se faire payer. On s’interroge d’ailleurs combien la chaîne publique Wataniya a payé Sigma pour pouvoir tirer le tapis sous la chaîne El Hiwar et dans quelles conditions légales l’accord a été conclu. S’agissant de deniers publics et de la nécessité de passer par un appel d’offres en bonne et due forme, l’interrogation devient légitime.

Par ailleurs, et pour rendre à César ce qui lui appartient, les deux instituts Sigma et Emrhod font partie du réseau Esomar. Il s’agit d’un code de déontologie qui oblige les professionnels du secteur à respecter certaines normes professionnelles. C’est pour cela d’ailleurs que l’on trouve, chez les deux, des résultats très proches de la réalité et c’est pour cela aussi que les deux ont pu résister à toutes les campagnes de dénigrement et de discrédit lancées par des politiques qui ne croient pas à la science et ne comprennent pas ce que sont les sondages et les statistiques. Cela a déjà commencé avec l’ancien président Moncef Marzouki et ça s’est poursuivi en 2019 avec le parti vainqueur des législatives Ennahdha ou encore El Karama. Les deux promettent d’en finir avec ces instituts qui vendent du vent et manipulent l’opinion d’après eux. Les chiffres sont cependant têtus et leur professionnalisme est à toute épreuve !

 

 

 

Voici donc en résumé nos conclusions

- Le plus précis :

1/Mourakiboun 

2/ Emrhod

3/ Sigma

 

- Le plus exhaustif

1/ Emrhod

2/ Mourakiboun

3/ Sigma

 

- Le plus ponctuel

1/ Emrhod

2/ Sigma

3/ Mourakiboun

 

 

 Nizar Bahloul

11/10/2019 | 21:00
6 min
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Commentaires (11)

Commenter

MH
| 12-10-2019 23:54
Une fois les résultats annoncés, on sort tous les maux et ce qu'il ne vas pas avec ces élections que l'on accuse même de trucage, falsification, tricherie et autres. 100 000 voix dans la nature comment ça, et même ça représente 3% des voix (sur quelques 2900000 votants). Est ce que 3% changeront les résultats et que dire sur les estimations des statistiques des sorties des urnes. Notre problème, c'est qu'on est un peuple d'incultes, ne connaissent rien de sciences, les maths, et les statistiques. Ils ne savent même pas le principe des sondages, comment ça fonctionne et ce que ça représente. Pauvres peuples ignares.

DIEHK : Encore je ramène ma science d'inculte de Bagla Liha!!!
| 12-10-2019 19:48
Ah! Encore des maths?
Le Abdullah que je suis, a toujours appelé ces discussions de gens dont le siphono est enrhumé ou atteint par quel syndrome et faire croire qu'on comprend ce qu'on ne comprend pas!
Ce que j'appelle:Le raisonnement par l'absurde!!!
Mais on dit que ça marche ?
L'un des problèmes qui a occupé les mathématiciens pendant deux millénaires est la démonstration du postulat d'Euclide, qu'il voyait visiblement comme un théorème, mais qu'il ne savait pas démontrer. En terme moderne, il s'écrit : par un point donné, il passe une et une seule parallèle à une droite donnée.
On attendra encore plusieurs dizaines de millénaires pour résoudre les équations posées depuis Mathusalem et en attendant le messie Islamiste pour pouvoir nous démontrer que la terre est plate et l'espace sidéral n'existe pas!!

tounsi
| 12-10-2019 19:43
Que c'est la faute de l'ISIE, des islamistes, de Mourakiboun ?
Ou simplement que c'est un candidat nul, mafieux qu'il n'a pas le niveau comme nous l'avons vu hier, et que les tunisiens, pleins de bon sens, l'ont renvoyé chez lui?

Aziza B
| 12-10-2019 19:40
Les sondages sortie des urnes ne sont effectués qu'en Tunisie et non à l'étranger.
Or la majorité des sièges de l'étranger sont allés à Ennahdha.
D'où la différence entre le résultat de dimanche soir et celui définitif de l'ISIE.
Il n'y a aucun trucage ni fraude, réfléchissez avant de raconter n'importe quoi parce que vous êtes déçus de votre score (je parle aux partisans de la grosse dinde).

Carthage Libre
| 12-10-2019 17:41
La sortie des urnes est mathématiquement juste.

Les instituts de sondages ne se trompent presque pas, c'est le cas dans le monde entier à la "sortie des urnes".

Pratiquement juste à 90% la semaine dernière.

Et voilà que l'ISIE du vendu Baffoun annoncent 52 postes pour Nahdha, alors qu'ils étaient annoncés entre 38 et 40 ; QUE S'EST IL passé entre temps

Cherchez pas trop loin, on connaît les "méthodes" des khwenjias quand il s'agit de falsifier.

Rami bahloul
| 12-10-2019 15:42
Par sms

Gg
| 12-10-2019 14:20
Jolie formule : "les politiques qui ne croient pas à la science et ne comprennent pas ce que sont les sondages et les statistiques".

J'ai eu un prof de maths qui disait "on a inventé les stats pour faire croire qu'on comprend ce qu'on ne comprend pas", mais tout de suite il ajoutait "mais ça marche!".
Tout est dit hhhhhhh....

barth
| 12-10-2019 07:44
Bn votre article mets en avant la fiabilité des instituts de sondages, faut il rappeler qu'aucun d'eux n 'avait vu ennadha devant aux législatives.
Par ailleurs si les écarts sont si faible comment expliquer vous le plantage général pour le nombre de députés. en moyenne pour ennahdha les deux instituts parlait de 40 sièges environs, résultats finaux annoncé d 'ailleurs par son gendre 52 sièges.le très grand écart.

merci de votre retour

bonne continuation

Mohamed 1
| 11-10-2019 23:59
Empêcher les instituts de sondages certifiés aux normes internationales de publier les sondages jusqu'au jour du silence électoral est une atteinte à la liberté du peuple d'avoir l'information. Pourquoi vous avez peur d'employer le mot censure, le mot le plus fidèle qui sied à cette situation C'est une information politique qui intéresse au plus haut point le peuple lui permettant de connaître les tendances. Dans les pays avancés ces sondages accompagnent la campagne jusqu'au jour du silence électoral.
En fait un seul parti, nahdha, n'a pas besoin des sondages pour savoir en faveur de qui voter. Par contre, les modernistes, depuis l'éclatement de nida, ont devant eux une mosaïque de partis dans laquelle il faut choisir le mieux placé. Sans sondages fiables et en présence de sondages fictifs, cet électeur n'aura pas la bonne indication pour voter.

Trooop tard!
| 11-10-2019 21:00
mais arrêtez enfin toutes ces conneries de prétendre que Mourakiboun a fait un bon travail. En effet, comment peut-on parler d'élection fair/juste, si 100 milles bulletins de vote disparaissent dans le néant, voir le lien:
https://www.businessnews.com.tn/legislatives-2019--plus-de-76000-votes-perdus,520,91798,3

Je suis convaincu que Mourakiboun est une invention diabolique d'un certain parti politique afin de faire justifier le résultat non justifié d'Ennahdha de 18,9%.

Aucun sondage statistique sorti des urnes ne pourrait fonctionner, si on ne prend pas en compte les 100 milles bulletins de vote qui ont disparus dans le néant.

Et je suppose que la même chose va se reproduire à l'élection présidentielle, les mêmes qui sont derrière l'emprisonnement de Nabil Karoui, vont justifier leur manipulation des résultats de l'élection avec des pseudo-statistiques sorties des urnes

Comprenez enfin, qu'avec 100 milles bulletins de vote ayant disparus (et même beaucoup plus), on a déjà une erreur probable autour de 5%. Et si Mourakiboun a fait un meilleur résultat, c'est que probablement Mourakiboun savait déjà de la manipulation et son rôle est de justifier les résultats manipulés.

C'est très bizarre que l'ONG Mourakiboun qui ne comprend rien aux statiques se permet de jouer le rôle d'un institut de statistique. Y'a-t-il encore des institutions et un état Tunisien qui contrôlent les activités des ONG'?'