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Chroniques
Habib Jamli maîtrise la situation comme un grand
Par Ikhlas Latif
06/12/2019 | 20:45
4 min
Habib Jamli maîtrise la situation comme un grand

 

Le locataire provisoire de Dar Dhiafa parviendra-t-il à muer le provisoire en permanent et à réussir son déménagement à la Kasbah ? Après trois semaines de son arrivée surprise, parachuté par le nouvel homme fort de la Tunisie, on nommera Rached Ghannouchi, Habib Jamli n’est vraiment pas dans une position confortable.

Il nous serinait à tout-va avec ses négociations qui avancent dans le sens positif, avec ses assertions sur l’indépendance de ses choix et de ses prises de décision. Il nous rabattait les oreilles avec ses « je maîtrise la situation, tout seul comme un grand ». Il a juste oublié de mentionner une certaine antichambre d’Ennahdha qui a élu domicile dans son sillage, qui l’encadre et le recadre, qui lui prodigue conseils et directives à suivre. Mais ça, il ne faut pas trop insister dessus parce que le désigné est très indépendant. C’est lui-même qui le dit, donc soyons sympas et accordons-lui le bénéfice du doute.  

 

Ces négociations-tractations-pourparlers trainent en longueur et en échecs. On arrive presqu’au bout du délai constitutionnel d’un mois, sans pour autant que le futur chef du gouvernement ait pu parvenir à s’assurer une ceinture partisane solide et surtout fiable. Une ceinture qui lui permettra de décrocher bien évidemment la confiance du parlement, mais d’asseoir dans la durée son gouvernement. Il est parti chercher partout des soutiens. Il a discuté avec tous les partis représentés à l’assemblée et tous ceux qui n’y sont pas (sauf ceux qui ont décliné l’invitation).

A la recherche d’un appui, Jamli a brassé large pour essuyer en fin de course un échec cuisant. La personnalité qui devait rassembler autour d’elle, a plutôt créé l’effet contraire. L’absence de charisme et de doigté politique du prétendant n’y sont pour rien, bien évidemment, c’est plutôt son indépendance factice qui lui a porté préjudice.

 

Tout au long de ces semaines de tractations, le désigné s’est aligné sur les positions, avouées et non avouées d’Ennahdha, restreignant ainsi son champ d’action. Il a beau clamé qu’il ne cédera aux pressions d’aucun parti, même celles du mouvement islamiste, la vérité est bien ailleurs.

Téléguidé, Habib Jamli perd la marge d’autonomie dont il se targue. Le départ d’Attayar et d’Echaâb en est la manifestation. Garder l’équilibre sur une corde raide n’est pas donné à tout le monde et Jamli ne semble pas être habité par cette qualité. Les manœuvres pour mettre en place une coalition gouvernementale, composée par Enndhdha, Attayar et Echaâb ou encore Tahya Tounes avec une participation indirecte de Qalb Tounes (à travers des personnalités indépendantes qui lui sont proches) et enfin le soutien d’Al Karama, ont fait pschitt.

 

C’est que Habib Jamli s’est télescopé sur la volonté d’Ennahdha d’une indépendance des portefeuilles de souveraineté (qui, cela étant dit, ne le seront pas réellement). C’est que, aussi, l’entourloupe d’un refus par Ennahdha d'une participation de Qalb Tounes au gouvernement, mais qui mène quand même les négociations par le truchement de Jamli, ne fait plus marcher personne.  

Après cette étape ratée et ce temps perdu, on devrait se dire que le désigné aura quand même la latitude de faire le tri dans les Cv à sa disposition et choisir les gens qui composeront son équipe. Sauf qu’il n’en est rien. Dans la pratique, c’est une commission très spéciale de la Choura qui lui mâche tout le travail. Cette commission lui donne un coup de main, si l’on puit dire, en sélectionnant pour lui les ministrables…

 

A la lumière de ces rebondissements politiques, il faudra donc nous attendre à un grand chef de gouvernement, maîtrisant son entourage, son équipe, sa communication et ses dossiers, surtout en cette période d’urgences socio-économiques fondamentales. Et c’est là où le bât blesse. Hormis les éléments de langages habituels et éculés, Habib Jamli n’amène dans sa besace rien de concret pour le pays. Quid d’une vision, d’un projet, d’une feuille de route détaillée de l’action du gouvernement, de ses priorités ? A-t-il présenté ne serait-ce qu’un brouillon de ses objectifs ou des mesures pratiques ? Il s’est amené avec sa bouille de gentil monsieur proche du peuple sans le minimum requis qu’on puisse attendre d’un chef du gouvernement.

Pendant les cinq ans à venir, s’il arrive déjà à former et faire passer son équipe puis la maintenir, serait-on acculé à composer avec un gouvernement qui navigue à vue ou plutôt qui rame à vue ? Un gouvernement ingouvernable qui creusera encore plus le malaise et la crise.

 

 

Par Ikhlas Latif
06/12/2019 | 20:45
4 min
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Commentaires (6)

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Youssef kraiem
| 08-12-2019 09:17
Avec le choix d'un illustre inconnu pour former le gouvernement,Annahdha perd les pédales croyant à tort qu'elle peut maitriser la situation avec une majorité parlementaire insignifiante face à une opposition diversifiée et ambitieuse à souhait à l'instar du PDL et Attayar.Ennhdha se voit ainsi acculée à composer avec Qalb Tounes et Alkarama comme ce fut le cas pour la présidence de l'ARP.En l'absence de concessions de part et d'autre,le pays est désormais le bateau ivre dont la destination relève du mirage.

Mansour Lahyani
| 07-12-2019 16:16
Oui... mais comme un grand quoi ?
Tout est dans la précision...

cesarios
| 07-12-2019 15:41
Deuis son retour en 2011 ,GANNOUCHI et son horde ont tout raflé, surtout les emplois de la fonction publique sans aucune organisation de concours et sans aucune transparence , et que dire encore, ils ont tout ramassé, et à tout moment ils déclarent que les caisses sont vides et le peuple est demandé de vivre l'austérité, et nous voilà , on s'est trouvé dépourvu méme de nos besoins les plus primaires, voilà où on est avec la gouvernance d'ennahdha et de ses satellites, actuellement on constate que toute est aléatoire, tout est dans le vague et l'inconnu et on ne sait ce qui est en train de se fabriquer dans les coulisses e't dans les chambres noires, on n'a qu'attendre ce que MR habib jamli et son gouvernement vont nous offrir , et comme dit notre proverbe populaire : " elli yestenna , khir melli itmenna" ON ATTEND, et que DIEU soit avec notre chére TUNISIE, notre mére nourriciére et notre refuge dans la vie et dans la mort , et on n'a aucun autre choix

Moi
| 07-12-2019 11:27
on n'a pensé que Youssef Chehed était un indépendant alors qu'il est la marionnette du clan RG (sans entrer dans les détails).

Par contre, en '?gypte les islamistes ont pris Mr. Abdel-Fattah Al-Sissi pour un islamiste alors qu'il était un progressiste.

De ce fait, on peut ainsi se tromper sur les tendances politiques de certains politiciens...

Certes, Ennahdha peut imposer aujourd'hui certains Ministres que Mr. Habib Jamli pourrait et même devrait limoger et les remplacer par d'autres le lendemain après le vote parlementaire. En effet Mr. Jamli a besoin des voix des islamistes afin de passer le vote parlementaire. Par contre s'il pourrait gagner la confiance des progressistes après le vote parlementaire, il serait impossible au parti politique Ennahdha de le limoger à lui seul.

Je résume: Après le vote parlementaire Mr. Habib Jamli a intérêt à ne pas devenir la marionnette du clan RG, vu la répartition des sièges au parlement et il a intérêt à limoger certains Ministre imposés par Ennahdha.


@Madame Ikhlas Latif, je vous pose ainsi la question: voulez-vous laisser encore une marionnette du clan RG au pouvoir ou donner la chance à Mr. Habib Jamli dont on ne sait pas vraiment ses réelles tendances politiques?

Je voudrais vous rappeler:
Oui, le seul responsable du déséquilibre politique dont souffre la Tunisie est Youssef Chehed (YC), il a ruiné Nidaa Tounes puis il a permis au clan RG et à Ennahdha d'avoir la majorité relative au parlement.Youssef Chehed nous a remis dans la situation politique de 2011 car il espérait gagner l'élection présidentielle grâce à Ennahdha...

Youssef Chehed a inventé une loi sur mesure afin de bloquer Qalb-Tounes et quand cette loi n'a pas passé il a condamné NK de coupable dans tous les lieux et sur toutes les chaines TV, avant même que la justice termine ses investigations.

Youssef Chehed n'a pas respecté la règle de la séparation des pouvoirs législatif, exécutif et juridique en condamnant Nabil Karoui (NK) de coupable avant que le pouvoir juridique termine ses investigations...

Puis, Youssef Chehed a fait tout le sale boulot de dénigrement de NK au profit d'Ennandha (il faut dire que le clan RG n'a pas dit un seul mot de dénigrement envers NK, il a laissé YC faire le sale boulot de dénigrement...)

Youssef Chehed a abusé de son pouvoir exécutif...

Je propose à Qalb-Tounes, au PDL et à tous les progressistes de voter pour le gouvernement de Mr. Habib Jamli car il n'y a pas plus pire que le gouvernement actuel qui risquerait de rester provisoire jusqu'à la prochaine élection législative en 2024 :((

Nephentes
| 07-12-2019 06:07
Article percutant

On retient de manière définitive je pense (et le départ de L'aadhari confirme ce qui va suivre):

- que les caciques du parti sont des idéologues fumistes plutôt que de potentiels gouvernants

- qu'ils conservent envers et contre tous cette inquiétante manie de la dissimulation et du mensonge, propre aux mouvements fascistes; Ddlans le fond ils se moquent du pauvre Jomli qui après tout est un commis del'Etat
Ce faisant ils se moquent de l'impératif de sauvegarde de l'intérêt public

- C'est toute la Tunisie qui est ainsi est prise en otage : la Tunisie est pour Nahdha un BUTIN de guerre une proie. La Tunisie est un instrument au service de l'islamisme et non pas une communauté sacrée à laquelle il faut consacrer tous les efforts politiques

Nahdha démontre sans le dire à travers la manipulation de Jomli en ce contexte d'urgence qu'elle reste fondamentalement un intervenant ETRANGER à la Tunisie et aux intérêts du peuple tunisien

Et cela je le trouve extrêmement dangereux

Tronçonneuse
| 06-12-2019 21:21
La Tunisie ira mal tant que le gourou a encore toute sa tête et vu qu'il compte nous accompagner encore quelques années vers l'abîme, peut-être qu'une sénilité soudaine serait salvatrice!