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France, Allemagne...Que vaut le plan de relance de la Tunisie ?
04/09/2020 | 19:59
6 min
France, Allemagne...Que vaut le plan de relance de la Tunisie ?

 

On reproche au plan de relance français - annoncé par le gouvernement de Jean Castex hier - de « trop miser sur le long terme ». Une dimension qu’aurait gagné à prendre en considération la Tunisie dans son plan de relance qui, en plus de trop miser sur le court terme, est basé sur des mesures qui peinent à voir le jour…et pourraient même ne jamais être concrétisées.

 

« Nous devons réussir à vivre avec le virus en adoptant toutes les mesures adaptées à cette situation » a déclaré hier, Jean Castex, Premier ministre français fraichement nommé le 3 juillet 2020, lors d’une conférence de presse.

Le gouvernement Castex, a annoncé hier, jeudi 3 septembre 2020, son plan de relance économique pour pallier les dommages causés par la pandémie Covid-19 sur l’économie française. Le plan « France relance » prévoit un total de 100 milliards d'euros dans une volonté de « garantir la cohésion sociale ». Ce plan - sur deux ans - qui mise sur les technologies innovantes, est tourné vers les entreprises. « Ce plan s’articule sur trois priorités : l’écologie, la compétitivité et la cohésion », note le gouvernement dans sa présentation officielle. « Il vient renforcer la mobilisation immédiate et continue du gouvernement depuis le début de la crise. Il s’inscrit dans la continuité des 470 milliards d’euros déjà mobilisées depuis mars 2020 ».

Avec 70 mesures, ce plan s’articule autour de « trois leviers structurants » : d’abord, atténuer au maximum pour les entreprises et les salariés, les effets de la récession économique ; ensuite, combattre et réduire les morsures de la crise sur le pacte social et territorial ; et enfin, troisième objectif essentiel, accélérer la transformation de l’économie. Le tout devra être réalisé à horizon 2022. 

 

 

Copyright photo : Olivier Sampson

 

La presse française, sceptique, estime que ce plan mettra « beaucoup trop de temps » à donner ses fruits. Si des experts, interrogés par France 24, estiment que « ce plan coche toutes les bonnes cases » et représente « un effort trois fois plus important que celui déployé lors du plan de relance appliqué après la crise de 2008 », il suscite néanmoins quelques critiques.

Mais, la presse française, de son côté, n’a pas été oubliée dans ce plan de relance. Le plan de relance France prévoit un effort de 2 milliards d’euros pour la Culture, incluant l’univers de la presse. Ainsi, 140 M€  sont prévus pour la filière presse afin d’aider le secteur à faire face à la double crise conjoncturelle liée à l’impact de la crise sanitaire.

« Il est économiquement et socialement infiniment préférable de dégrader temporairement les soldes publics pour investir, réarmer l’économie et repartir de l’avant, plutôt que de s’enfoncer dans l’austérité, laisser exploser le chômage, et les drames humains », a déclaré Jean Castex. De quoi faire dire à l’opposition que ce plan constitue « une bombe à retardement pour les finances publiques ».

Mais, Castex le voit plutôt comme « un cadeau à la France pour relancer l'économie et lutter contre le chômage ». « D’une ampleur historique […] c’est, en proportion de la richesse nationale, le plan de relance le plus massif annoncé à ce jour parmi les grands pays européens » a annoncé Castex lors de la présentation tenue hier.

 

En effet, la France n’est pas la seule à avoir sorti le grand jeu. Elle emboite le pas à l’Allemagne qui a, elle aussi, annoncé en juin dernier un plan de relance ayant servi de modèle à ses voisins. Le plan de Berlin, annoncé le 5 juin par la chancelière allemande Angela Merkel, prévoit 130 milliards d’euros pour la relance. Il s’agit du premier plan annoncé par une Europe fortement touchée par la crise. Il prévoit, entre autres, une allocation unique de 300 euros par enfant, une baisse de la TVA de 19 à 16% jusqu’au 31 décembre et une prime d’achat de 6000 euros pour un véhicule électrique.

Courant juillet, un accord historique a été conclu entre les Etats de l’Union européenne, prévoyant une enveloppe de 750 milliards d'euros pour une relance économique et sociale. Seule condition, le tiers de cette subvention devra être consacré à l’écologie. Ce qui explique les mesures « vertes » contenues dans le plan de relance français.

 

La Tunisie aurait certainement pu s’inspirer des modèles européens, notamment dans la phase tournée « entreprises » et « cohésion sociale ». Les mesures phares de la relance économique, annoncées par le gouvernement Fakhfakh en mars dernier, ont eu le mérite d’avoir créé un vent d’optimisme, où le secteur économique faisait face à une incertitude inédite.

Elles ont rapidement réussi à refroidir les Tunisiens, faisant face, aujourd’hui encore, à d’interminables lourdeurs administratives et pratiques et tardent à voir concrètement le jour.  

Préserver les postes d’emploi et garantir le revenu des ouvriers et des salariés, à travers des lignes de financement pour les ouvriers au chômage technique et les classes défavorisées ; report du paiement des crédits bancaires, des impôts et des cotisations CNSS pour les entreprises ; rééchelonnement des dettes et mise en place d’une ligne de garantie de 500 MDT ; création d’un fonds d’investissement de 700 MDT pour la structuration et la capitalisation des entreprises affectées ; ajouter à cela une amnistie fiscale et douanière au profit des redevables d’impôt et une annulation des pénalités de retard pour les sociétés ayant conclu des marchés publics et qui ont été bloqués à cause de la crise du coronavirus.

 

Un plan de relance qui en a aussi fait grincer des dents. L’on se rappellera de l’alarmiste « on nous a dépouillés » du patron des patrons Samir Majoul, prononcé en pleine crise. Le président de l’Utica avait en effet indiqué : «Ils nous ont dépouillés… Ils ne nous ont rien laissé…Ils ont balayé nos fortunes… Ils nous ont enchaînés… Ils ne nous laissent pas investir… Ils ont passé dix ans à s’occuper des querelles politiques, et aujourd’hui, avec le coronavirus on se retrouve au bord de la faillite ! ».

Plus de 87% des chefs d’entreprises interrogés par l’IACE (Institut arabe des chefs d’entreprises) dans le cadre d’une étude a été menée auprès de 500 entreprises, ne sont pas satisfaits des mesures liées au plan de relance économique afin de préserver le tissu économique et les PME et 64,86% avec celles ayant trait à la relance des secteurs les plus touchés par la pandémie.

On reproche notamment à ce plan, son absence de vision à long terme. En pleine pandémie, difficile pour le gouvernement tunisien de penser long terme. C’est des mesures « pansement » qui ont été décidées. Des mesures de « rafistolage », surtout si l’on compte le nombre de gouvernements qui se sont succédé en seulement quelques mois.


Ces équilibrages ne sont plus aujourd’hui le problème du gouvernement Fakhfakh. C’est désormais la patate chaude refilée à l’équipe Mechichi. En plus de tensions politiques dans lesquelles on l’a jeté, la fosse économique ne sera pas plus clémente…

 

Synda Tajine

 

04/09/2020 | 19:59
6 min
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Commentaires
Nephentes
@Jamel Tazarki
a posté le 06-09-2020 à 10:27
Vos remarques sont comme toujours pertinentes
Mais je percois toujours un decalage par rapport a la realite selon mon modeste vecu

Lorsque vous evoquez a tres juste titre le siphonnage systematique des tres importants fonds attribues au soutien a l'economie dans le cadre de cette soi-disant relance

Vous sous estimez la capacite de nuisance des mafias oligarques dont vous parlez

Je travaille actuellement sur une initiative sectorielle de creation de cluster regional

On connait le montant attribue et les fonds supplementaires octroyes

AVANT MEME QUE CES FONDS SUPPLELENTAIRES SOUENT OFFICIELLEMENT ANNONCES

L'argent a ete siphonne

L'information est sortie des la signature faite

Le mecanisme de detournement a ete active des le transfert effectue

C'EST CROYEZ MOI INIMAGINABLE

CELA SE PASSE AU NIVEAU DU CHEF DE CABINET

PAREIL POUR LE MINISTERE DE LA SANTE

DE L"EQUIPEMENT

TRANSPORT
etc etc

Donc c'est pour cela que je vous dis que les blocages se situent au plus haut niveau d'ou selon moi votre analyse partielle
Dr. Jamel Tazarki
@Madame Synda Tajine
a posté le 05-09-2020 à 17:35
Comment pourrais-je vous dire/expliquer que votre article est trop superficiel. Vous généralisez/partez à partir d'un exemple et vous finissez par tirer des conclusions sans aucun fondement pour la Tunisie socio-économique. --> Très Chère Compatriote, Madame Tajine, c'est quoi comme raisonnement?


Madame Tajine, Il ne faut pas refaire en 2020 les mêmes fautes des années notre ex-troïka. je m'explique:
-Il faut revoir plutôt où sont passés les 25 milliards d'aide et de dettes extérieures qui ont été injectées par le haut et ne se sont jamais infiltrées vers le bas (sous forme d'infrastructure, de logistique et de création de l'emploi)

-La plus grande faute du gouvernement de Mr. Essid* est d'avoir injecté directement/indirectement autour de 10 milliards d'euros dans un système bancaire oligarque et en faillite. Il s'attendait qu'en injectant de l'argent dans notre système bancaire, cet argent allait circuler et créer de la richesse pour la Tunisie et tous les Tunisien et aboutir ainsi à une croissance économique de 4% à 7%", mais à sa grande surprise notre système bancaire était/est une jarre sans fond et l'argent injecté n'a jamais circulé. Certains de nos hommes d'affaires et de nos banquiers nous parlaient plutôt de la conquête économique de l'Afrique Subsaharienne et de l'exportation de nos capitaux!

Voir le lien:
http://www.businessnews.com.tn/oxford-business-group-presente-le-programme-de-reforme-du-systeme-bancaire-tunisien,520,66109,3

Depuis 2011 les entreprises privées tunisiennes exigent et obtiennent des baisses d'impôts et des dépenses publiques et privent ainsi l'Etat tunisien des moyens financiers de jouer son rôle d'entrepreneur dans des secteurs économiques indispensables pour la Tunisie où personne n'ose investir (logistique et infrastructure) , elles assèchent ainsi les moyens de la source d'investissement de l'état sans pour autant apporter de remèdes à notre économie. Notre ex-Premier Ministre, Mr. Essid*, a fait baisser le taux directeur de 5% à 3.5% afin de motiver nos entrepreneurs à investir, mais rien de cela! ===> Même un taux directeur négatif (ce qui est du non-sens, mais à la limite faisable) ne pourrait pas motiver certains de nos hommes d'affaire affairistes à investir.

Il ne faut pas refaire les mêmes fautes que Mr. Essid*, on ne peut pas se permettre les mêmes délits!

L'action** publique est irremplaçable en Tunisie. Et ça ne sert à rien de jouer avec la valeur du taux directeur afin de motiver nos hommes d'affaires affairistes à investir et de faire ainsi fonctionner notre économie' Il faut faire face à la réalité et l'accepter sinon on risque la faillite totale et le collapse socio-économique!


Non, Il nous faut une politique socio-économique/industrielle qui devrait redonner à l'intervention publique une place centrale**, non comme correcteur des échecs de marché ou garant de la libre concurrence, mais comme entrepreneur dans des domaines où personne n'ose prendre le risque (logistique et infrastructure**) comme créateur de marchés. Cela exige de ne plus financer les firmes tunisiennes privées passivement et indirectement avec des mécanismes ruineux.

*Mr. Essid a fait un très bon travail, mais malheureusement notre oligarchie entrepreneuse a profité des avantages d'une politique de finance très généreuse sans fournir un effort d'investissement mesurable...

**afin de minimiser les disparités régionales, il faudrait d'abord que l'on investisse en infrastructure et en logistique dans ces régions.

** sans une bonne logistique et infrastructure tout développement socio-économique serait impossible.

Fazit: Et vous madame Tajine, vous nous proposez de refaire les mêmes fautes que notre ex-troïka --> non, et non et non·'?'

Dr. Jamel Tazarki, Mathématicien

PS: On ne recapitalise pas des banques qui appartiennent en grande partie à l'oligarchie et à la bourgeoisie avec l'épargne de la masse pauvre sans les avoir nationalisées à 100% auparavant et ceci à zéro dinars/euros. L'Allemagne a eu le courage de nationaliser entièrement et à zéro euro l'une de ses plus grandes banques avant d'y injecter de l'argent, la Hypo Real Estate. Alors que notre ex-gouvernement de Mr. Essid injecte inconditionnellement des milliards de dinars dans le système bancaire tunisien en grande partie oligarque. ==> La nationalisation à zéro dinars/euros et entière des banques tunisiennes en faillites aurait dû être faite déjà en 2011. Toute autre solution (sans la nationalisation à 100% et à zéro dinars/euros ou la fermeture) coûte plus chère aux Tunisiens!

C'est dans l'intensité, la régularité et le renouvellement du débat socio-politique que se forge le gouvernement du peuple. La bonne santé de notre jeune démocratie tunisienne se mesure à ses contre-pouvoirs. Voilà pourquoi l'indépendance des médias, de la justice, l'activité syndicale et la qualité du débat parlementaire concernent tous les Tunisiens.

Emeli Sandé - Read All About It

https://www.youtube.com/watch?v=vaAVByGaON0
ANTIRELIGIONS
PAS D4ARGENT
a posté le 05-09-2020 à 17:08
Espérons que les allemands ne commettront pas l'erreur de verser directement l'argent, mais qu'ils financent les projets et surveiller le déroulement. Sinon rien ne se fera et l'argent finira dans les poches./
rz
Etat sans régime
a posté le 05-09-2020 à 13:10
Dans ce pays on n'a pas l'impression que quelqu'un de capable nous gouverne; le pays est abandonné à lui même et c'est perceptible; 10 ans de débandade et d'abrutissement ne peut aboutir à un gouvernant qui a une strategie. Le pays a un Etat grace à Bourguiba et c'est lui qui continue à faire marcher ce pays, quant aux régimes qui se sont succédés depuis 2011 nous ont montré leur faillite.
Nephentes
Analphabetisme economique ;irresponsabilite
a posté le 05-09-2020 à 07:21
Nos responsables actuels ne savent pas ce que c'est une politique economique

Vous croisez au sein de l 'adminustration publique des 'decideurs' incapables de vous decrire des mecanismes elementaires de politique economique comme par exemple les effets vertueux d'une politique d'innovation sectorielle

Vous decrouvez derriere les portes matelassees l'imposant bureau en acajou des zozos vous tenant un dicours de comptoir de cafe

Il faut bien se rendre compte que l'administration tunisienne est en majorite constituee d'ignares arrogants incapables je vous le garantis

incapables a l'heure actuelle de gerer efficacement un plan de relance analogue dans ses lignes directrices a ceux de nos voisins europeens

Pratiquement aucune concertation sectorielle ou patronale (surtout au niveau TPE PME l'essentiel de notre economie) pas de vision ne serait qu'au coyrs des deux prochaines annees

Cgacun refile la patate chaude a l'autre

Des criminels parce que l'argent est la je sais ce que je dis
DHEJ
Michichi énarque...
a posté le 04-09-2020 à 20:12
Reviens demain!