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Chroniques
Faire du neuf avec du vieux, la recette BCE
08/08/2018 | 16:59
3 min

 

Apparemment, le nouveau parachute doré à la mode pour l’Etat tunisien est de devenir conseiller à la présidence de la République. Ce fût le cas de la nomination de l’ancien chef du gouvernement, Habib Essid, en tant que conseiller auprès du président de la République chargé des affaires politiques, excusez du peu !

Pourquoi parachute doré ? Parce que l’on voit mal comment Habib Essid peut être chargé des affaires politiques en sachant qu’il n’a jamais été encarté dans n’importe quel parti, qu’il n’a jamais manifesté d’intérêt pour la chose et qu’il n’a pas l’historique politique nécessaire pour occuper ce poste. Parachute doré parce que Habib Essid a été viré comme un malpropre de son poste de chef du gouvernement en vertu d’un insipide accord de Carthage. Le même qui fait appel à lui aujourd’hui, à savoir Béji Caïd Essebsi, disait qu’il avait échoué dans sa mission et a même annoncé sa mise à l’écart en direct à la télé.

 

C’était un bruit qui courait depuis quelques jours dans les arcanes de Carthage. Béji Caïd Essebsi allait nommer Habib Essid auprès de lui, comme l’annonçaient déjà Acharaâ Al Magharibi et Nessma. Tentant de faire correctement notre travail journalistique, nous avons appelé Carthage pour demander ce qu’il en était. On nous a alors assuré qu’il n’y en avait rien, que cette nomination n’était qu’un bruit de couloirs et qu’elle n’aurait pas lieu pour toutes les raisons que l’on sait. Quelques jours plus tard, nous apprenons via une publication de la page de la présidence de la République que le monsieur a été nommé conseiller, en confirmation de tous les bruits que l’on avait entendus depuis des jours. C’est dire la gabegie qui règne au palais de Carthage, où l’on nomme et l’on renonce en quelques heures, nous rappelant ainsi des heures sombres de novembre 1987 et une atmosphère de pré-putsch.

 

Aujourd’hui Habib Essid est chargé des affaires politiques au palais de Carthage. L’absence de mérite et le peu d’importance que l’on accorde à la compétence intrinsèque s’illustrent au plus haut niveau de l’Etat et sont incarnés par le président de la République lui-même ! Encore une fois, comme lorsqu’il était chef du gouvernement, on ne peut rien avoir de personnel contre Habib Essid, commis dévoué de l’Etat, mais il ne s’agit pas, encore une fois, de la bonne personne. C’est un fonctionnaire qui n’a jamais eu quelque chose à voir avec la chose politico-politicienne, ce n’est pas un tribun, ce n’est pas un « loup » politique. Il a peut-être été recruté pour son passif avec le document de Carthage et en « chef du gouvernement viré ». Et puis, l’on se souvient de son dernier discours en tant que chef du gouvernement, où il avait dit : « Cette fois, le chef du gouvernement est remplacé en vertu d’un accord consensuel, espérons qu’il ne le sera pas la prochaine fois en vertu d’une fatwa, n’est-ce pas cheikh ? (en regardant Rached Ghannouchi) ». Est-ce vraiment le bon profil pour les affaires politiques du palais ? Vraiment ?

On ne peut s’empêcher de penser qu’il s’agit d’un lot de consolation et que Habib Essid se trouve, malgré lui, embarqué dans une lutte de clans. Impossible de savoir s’il en a conscience ou pas. Avouez qu’en termes d’affaires politiques, il commence déjà mal.

 

De l’autre côté, à la Kasbah, on fait appel aux lumières de Kamel Haj Sassi dont la nomination a été annoncée le même jour que celle de Habib Essid. Une espèce de pied-de-nez fait à la présidence de la République. Des agissements de cour d’école pour voler la vedette à la nomination de Carthage.

Il est clair aujourd’hui que la Kasbah et Carthage sont en guerre ouverte. Tout le monde a les échéances électorales de 2019 en ligne de mire, chacun essaye de se positionner, de neutraliser l’autre et de mettre dans ses rangs les éléments les plus fiables. Pendant ce temps, sous la torpeur estivale, la colère gronde…

 

 

08/08/2018 | 16:59
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Commentaires (4)

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Microbio.
| 09-08-2018 13:38
Dans un pays qui n´a presque pas de croissance économique et a des difficultés dans tous les secteurs, mais toutes ses banques vont des croissances annuelles de deux chiffres!!!
Y a-t-il quelqu'un qui puisse m' expliquer cette contradiction économique et financière?

TATA
| 09-08-2018 12:26
En effet, Mr. Essid, a fait baisser le taux directeur de 5% à 3.5%; il a fait baisser l'impôt sur les sociétés de 30% à 25%, il a injecté 10 milliards de dinars (et même beaucoup plus) dans notre système bancaire oligarque (recapitalisation), il a fait baisser le prix du carburant, il a fait baisser La taxe sur les dividendes et il a facilité la sortie/exportation de nos capitaux, et ceci afin de motiver nos entrepreneurs à investir, mais rien de cela! Oui rien de cela! ==> Aujourd'hui il faut changer de tactique, on ne peut plus appliquer les mêmes recettes désastreuses du temps de notre ex-troïka et du temps de Mr. Essid!

Mr Essid a exercé une politique de relance par les dépenses publiques afin de faire passer la Tunisie de la phase basse à la phase haute du cycle économique. Notre problème est évident, on n'est pas passé à la phase haute du cycle, on s'est enfoncé encore plus dans la phase basse du cycle économique! Bravo Mr. Essid :(

==>
Aujourd'hui il faut penser autrement la croissance économique que Mr. Essid.

Oui, Si Marouen: "Faire du neuf avec du vieux [plutôt avec des perdants]"

@BCE: pourquoi de 12Millions de Tunisiens vous choisissez un Tunisien qui a déjà dilapidé des milliards d'euros au profit de l'oligarchie tunisienne, qui a ruiné nos finances et notre économie?! Faut-il vraiment lui donner encore une chance? A mon avis, absolument non!

Mouzal
| 09-08-2018 11:31
Si l'on arrivait à faire du neuf avec du vieux ça serait bien si ça partait d'un bon principe basée sur l'expérience et les acquis.
Mais le problème chez nous c'est l'on veut faire du vieux avec du neuf c.a.d reproduire le passé rejeté avec un semblant de neuf!
Serions nous donc incapable encore une fois d'intelligence collective?

Microbio.
| 08-08-2018 20:35
C'est une man'?uvre perfide de BCE. Il appelle l'ex-Premier ministre en tant que conseiller politique, qu il a lui même éliminé de son poste de PM et l´ a remplacé par Mr. Y Chahed!

Pourquoi cette nomination ? pour aider son fils à déstabiliser Y. Chahed?

Est-ce que M. Habib Essid devrait maintenant être chef de gang à Carthage?