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Tribunes
Etablissements publics de santé: regain d’intérêt ou rempart de circonstance ?
03/04/2020 | 11:25
3 min
Etablissements publics de santé: regain d’intérêt ou rempart de circonstance ?

 

Depuis plus de 10 ans, le secteur public de la santé en Tunisie n’a cessé d’être impitoyablement massacré et anéanti.

En effet, toutes les politiques de santé qui se sont succédées depuis cette pseudo-révolution, aussi médiocres et superficielles les unes que les autres, faisant fi des problèmes fondamentaux dont souffrent les structures publiques de santé, ainsi que l’œuvre sournoisement destructrice de l’activité privée complémentaire (APC) qui a désastreusement envahi nos hôpitaux, ont fini par réduire en ruine tout le tissu public de santé, pourtant jadis considéré comme un fleuron et une des rares fiertés dont jouit notre pays aussi bien sur le plan local qu’en dehors des frontières.

Pour se rendre compte du rôle central incarné par le secteur public de la santé, sensé l’être pour tout pays qui respecte ses citoyens, il a fallu que des catastrophes surgissent comme le décès d’une quinzaine de nourrissons à l’hôpital La Rabta remis à leurs parents dans des boites en carton ou ce fléau actuel causé par un microorganisme de la taille d’une centaine de nanomètres qui fait trembler le monde entier, y compris ces « géants » de la planète réduits à des nains de Lilliput, totalement impuissants devant les milliers de morts quotidiennement enregistrés dans leurs pays.                                                                                        

On voudrait que ces établissements publics de santé, comme dans un tour de magie et un claquement des doigts qui réveille soudainement tout ce beau monde profondément endormi depuis des lustres, se transforment miraculeusement, à la manière d’un conte de fée, en de superbes châteaux attisant toutes les convoitises, avec des fonds sortis de nulle part qui y sont injectés comme par enchantement ; la peur serait-elle la meilleure des vertus, essentielle à l’instinct de survie ?  

Sommes-nous en train de s’acheminer enfin vers une réelle prise de conscience et une authentique revalorisation des hôpitaux publics ? Il est toujours permis de rêver et de nourrir l’espoir de voir un jour des ruines reprendre leur prestigieuse configuration d’antan, en espérant que cet espoir ne soit pas vite réduit à cette légende des « jardins suspendus de Babylone ».

Le comble de l’ironie du sort, désormais une des spécificités de ce pays, est que les destructeurs d’hier, opportunistes par excellence, continuent aujourd’hui leur macabre besogne en fréquentant assidument et en prenant d’assaut tous les plateaux médiatiques, en se mettant dans la peau d’un journaleux ou encore en figurant dans la plupart des comités et cellules de veille, faisant figure de fer de lance pour faire face à ce redoutable ennemi, en quête d’un vain désir de briller et faire valoir leurs moindres lumières dans une peine perdue de fausse reconstruction.

Bon gré mal gré, la Tunisie finira par vaincre ce mal pernicieux grâce à ses valeureux soldats de l’ombre sur lesquels elle pourra toujours compter, ceux qui travaillent jour et nuit en toute discrétion sur le terrain, ces vaillants et sincères défenseurs des structures publiques de santé qui ont courageusement et en toute circonstance consacré tout leur savoir et toute leur conscience au service du citoyen tunisien et de l’humanité toute entière.

Que Dieu les protège et protège notre pays…   

 

                                                                          Professeur Fathi El Younsi

                                                                         Professeur en Néphrologie

 

03/04/2020 | 11:25
3 min
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Commentaires
Titus
SOS santé publique.
a posté le 14-04-2020 à 11:39
Au sujet des médecins étrangers surexploités durant leur période d'essai, j'ai entendu un chef de service français louer les compétences des médecins tunisiens "au moins aussi bons " que leurs confrères français a-t-il déclaré. Bien entendu, le Pr Fathi El Younsi fait partie de cette catégorie de médecins humains, consciencieux et compétents, et ses suggestions concernant le "sauvetage " de la santé publique gagneraient à être entendues. Alors la peur sera-t-elle le déclic qui réveillera enfin les consciences ?
Titus
SOS santé publique
a posté le 14-04-2020 à 11:25
Au sujet des médecins étrangers surexploités durant leur période d'essai, j'ai entendu un chef de service français louer les compétences des médecins tunisiens "au moins aussi bons "que leurs confrères français" a-t-il déclaré. Bien entendu le Pr Fathi El Younsi fait partie de cette catégorie de médecins humains, consciencieux, et surtout compétents, et ses suggestions concernant le sauvetage de la santé publique gagneraient à être entendues. Alors la peur sera-t-elle le déclic qui réveillera enfin les consciences ?
Témoin gênant
Nul n'est prophète en son pays
a posté le 04-04-2020 à 14:32
Depuis plusieurs années, ce même médecin, Fathi El Younsi, n'a cessé de mettre a nu les pratiques et dépassements qui ont ruiné le système de la santé publique. Mais nul n'est prophète en son pays. On l'a tous vu tirer la sonnette d'alarme dans plusieurs articles et lettres ouvertes aux différents ministres de la santé qui se sont succédé depuis la révolution, des articles publiés dans la presse nationale et sur les sites électroniques. Il a dénoncé l'APC qui a crée un système de santé parallèle dans les hôpitaux publics et qui a détourné les patients, contre leur gré, vers les cliniques privées. Une pratique qui a permis à certains professeurs de n'exercer que cette activité au détriment des malades et des médecins en formation dans les hôpitaux qui ne bénéficient plus de l'encadrement requis, tout ça sans aucune contre partie pour l'hôpital. Des professeurs, souvent reconduits à leurs postes de responsabilités, même après la retraite, comme si pour leur donner plus de temps pour finir leur sale tâche et anéantir le système de la santé publique. Résultat : en pleine crise de COVID 19, les cliniques privées proposent aujourd'hui un lit de réanimation à 3000 dinars par jour, ceci sans compter les frais d'hôtellerie et les extras. C'est le président de la chambre syndicale des cliniques privées qui l'a annoncé sur les ondes d'une radio privée. Et dire que tout le monde est mobilisé pour vaincre l'épidémie du nouveau coronavirus. Ceci sans compter le réseau parallèle de l'enseignement de la médecine pour les médecins voulant accéder au résidanat. Deux exemples de ce cancer qui ne cesse de gangrener notre système de la santé publique. Les appels incessants lancés par ce médecin pour interdire l'APC et réhabiliter les structures de santé publique sont toujours tombées dans les oreilles d'un sourd, même celles de l'actuel ministre de la santé qui avait occupé ce poste du temps de la Troika. Et comme ça, aujourd'hui par simple miracle, nos valeureux responsables et certains spécialistes (de l'APC), découvrent que notre système de santé est en ruine et doit être reconstruit.
A quelque chose malheur est bon. L'épidémie du COVID 19 a permis de dévoiler la réalité dans toute sa cruauté et de mettre a nu les pratiques qui ont détruit nos structures publiques de santé. Aujourd'hui personne ne peut plus prétendre qu'il n'en savait rien. Le ministère de la santé doit désormais réhabiliter et surtout se fier à ces médecins honnêtes et dévoués qui se sont consacrés durant toute leur carrière à servir le pauvre tunisien sans aucune contre partie. Quant à ceux qui ont bénéficié du système et qui se sont sucrés sur le dos du commun des mortels, ils doivent être rappelés à l'ordre. L'histoire ne pardonnera personne. Nous serons les témoins gênants.
le déçu
IL YA QUELQUES V'?RIT'?S A AJOUTER
a posté le 04-04-2020 à 08:35
en ma qualité de retraité hospitalo universitaire parmi les fondateurs de certaines des institutions universitaires, je me dois d'affirmer deux choses complémentaires àcet article qui décrit bien la descente aux enfers de la structure sanitaire dans son ensemble!:c'est
__la réforme du plein temps aménagé de 1988 qui a institué à sa place l'APC pratiqué au sein de l'institution sanitaire une médecine à deux vitesses avec filière payante qui bénéficiait aux professeurs et agrégés avec ancienneté de plus de 5 ans ce qui à l'origine de tiraillements au sein meme de certains services hospitaliers.n ous étions quelques uns à s'y être opposés et devant le refus à présenter nos démissions
_ la deuxième cause de cette dégradation est la démédicalisation de l' hôpital ou la voix du personnel médical a été marginalisée au profil d'une bureaucratie étouffante et peu à meme de se laisser conseiller ou guider par les praticiens du domaine àvec une dilution à l'infini du pouvoir décisionnel
Médecin
BRAVO
a posté le 03-04-2020 à 22:47
Merci pour cet article.. il faut abolir l'APC
Alya
Merci l ami
a posté le 03-04-2020 à 21:41
Et encore toi et moi nous appartenons à des spécialités que le secteur privé n a pas cherché à concurrencer
OLM
Le Ministre devrait être à l'écoute des Médecins
a posté le 03-04-2020 à 18:22
Le Ministre de la santé et son ministère devraient être directement à l'écoute des médecins qui sont plus proches de la réalité des hôpitaux que les directeurs des hôpitaux , dont beaucoup sont de 'simples gestionnaires' sans formation aucune sur le secteur. Certains des administrateurs des hôpitaux manqueraient d'efficience technique, managériale (et même morale) pour gérer la présente crise et les dons importants qui ont afflué et que les médecins n'arrivent pas encore à pouvoir en bénéficier jusqu'à présent à juste titre des besoins.
Assistant HU
10000 bravo pour l'article
a posté le 03-04-2020 à 17:34
1000 bravo.. Je suis un médecin hospitalo-universitaire et je le dis haut et fort.. C'est l.'APC qui a détruit l' hôpital. C'est très simple
Limou
Illusions
a posté le 03-04-2020 à 15:40
Il ne faut pas se faire d'illusions cher docteur, une fois la crise passée c'est la logique économique qui l'emportera. Ceci est malheureux mais le monde actuel est ainsi fait.
DHEJ
Mon constat.
a posté le 03-04-2020 à 13:05
Le médecin tunisien a tué la santé publique !

J'avais posé une question à N.B restée sans réponse et je vous la repose

Quel est le taux d'encadrement du ministère de la santé ?

Quel est le ratio des ingénieurs par rapport aux médecins ?


Le ministère de la santé c'est des bâtiments : génie civil, fluide, climatisation etc.


'?quipement et matériel : là alors les mécatroniciens , les biomédicaux etc...

Puis absence de ve sue que j'appelle des M'?DECINS H.S.E


Merci d'étudier et de me répondre.

Faten zeglaoui
Triste réalité
a posté le 03-04-2020 à 11:54
Analyse très intéressante