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Entre info et intox, les Tunisiens paniqués devant le risque du chaos
15/01/2011 | 1
min
Entre info et intox, les Tunisiens paniqués devant le risque du chaos
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Pénurie de carburant, boulangeries et pharmacies fermées, supermarchés dévalisés, pillages, bandes armées en voitures, c’est une panique générale précédant ce qui pourrait ressembler à un chaos.
Entre les gens cloitrés chez eux, à l’affut des infos sur les satellitaires et l’internet, ceux sortis à la recherche d’un pain ou d’un médicament, ou encore ceux mobilisés en groupes de voisins pour contrer les attaques de pilleurs, le sentiment d’insécurité totale a gagné, depuis hier vendredi après-midi et jusqu’à aujourd’hui samedi, toute la population tunisienne. Le couvre-feu est officiellement décrété à 17 heures, mais les rues se vident de plus en plus bien avant.

Les nouvelles se transmettent par internet (essentiellement Facebook) et via les communications téléphoniques aux chaînes de télévision. Panique à Mutuelleville, feu à Cité la Ghazala, attaques de domiciles à la Marsa, bandes armées venant de Bouselsla, les Tunisiens ne savent plus distinguer le vrai du faux.
Le climat d’insécurité a été fortement alimenté par l’absence de la police dans les différents quartiers de Tunis depuis vendredi matin. Samedi, en milieu de journée, certains quartiers ont commencé à voir l’arrivée de l’Armée et la réouverture des postes de police.
Du côté des politiques, le pays a connu trois présidents en moins de 24 heures : Zine El Abidine Ben Ali puis Mohamed Ghannouchi puis Foued Mebazaa.
Ce dernier, après avoir prêté serment, a annoncé un gouvernement d’union nationale et nommé Mohamed Ghannouchi au Premier ministère.
Au moment où nous publions ces lignes, M. Ghannouchi est en réunion avec les leaders politiques de tous les partis y compris le PDP et le FDTL.

Mais ce n’était pas pour calmer vraiment les esprits au vu du climat d’insécurité et des batailles politiques qui commencent ou celles qui finissent telles qu’annoncées (souvent en employant le conditionnel) par les chaînes satellitaires arabes.
Celles-ci ont commencé à appeler les islamistes à intégrer le gouvernement, après avoir été exclus du paysage politique tunisien depuis des décennies.
Les mêmes parlent de l’implication de branches policières dirigées par le général Ali Seriati, chef de la garde présidentielle) dans les pillages et l’alimentation du climat d’insécurité dans l’objectif de prouver aux Tunisiens que sans Ben Ali c’est le chaos qui prévaut.

Pour ne rien arranger, des dizaines de morts ont été enregistrés à la prison de Monastir (source officielle) et à la prison de Mahdia (selon Al Jazeera) ainsi qu’un incendie à la prison de Nadhour (source Al Jazeera) avec, à la clé, beaucoup d’évasions.
La télé publique (qui a abandonné son nom officiel Tunis 7), Hannibal TV et Nessma TV essaient tant bien que mal de rassurer les citoyens en démentant certaines rumeurs ou en montrant les images d’arrestation des pilleurs (une première dans le pays).
Le plus dur est que l’heure du couvre-feu approche et, avec, l’angoisse de la longue nuit qui attend les Tunisiens. La sécurité sera-t-elle assurée ?
Personne n’a de réponse en ce moment et tout le monde craint que la révolution de jasmins ne dure longtemps pour se concrétiser et que le prix de la liberté tant attendue ne se transforme en chaos total.

Photo : AP
15/01/2011 | 1
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