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Ebauche de programme de relance pour l’économie tunisienne post Covid-19
13/04/2020 | 18:45
8 min
Ebauche de programme de relance pour l’économie tunisienne post Covid-19

 “There is a danger of expecting the results of the future to be predicted from the past.”
― John Maynard Keynes

Tous les experts s’accordent sur l’imminence d’une crise économique profonde. Soyons clairs, il se s’agit pas ici de faire du sensationnalisme, la crise sera sans précédent. Les Etats-nations vont voir leurs dettes exploser dans un contexte de récession économique profonde, massive et brutale. Plusieurs analogies sont faites avec les crises précédentes notamment celles de 2008 et de 1929, mais absolument rien n’est comparable à cette crise par sa soudaineté et son caractère planétaire.

Au-delà de l’urgence sanitaire qui doit être la priorité des priorités, les services de l’Etat doivent se poser avec gravité les questions économiques suivantes : Comment sortir de cette crise avec le moins de dégâts possibles ?  Comment limiter l’impact sur les plus démunis ?  Et si cette crise était une opportunité pour la Tunisie pour changer de modèle de développement…

Dans cette note, nous essayerons de présenter une esquisse de modèle de sortie de crise pour l’économie tunisienne.

 

  1. 1.    Les leçons de 1929

Depuis 1 929, Keynes nous a donné la recette pour faire face à une crise : le volontarisme politique et économique qui devrait se traduire par un programme d’investissements publics.

Le réflexe naturel « animal » d’un investisseur dans un contexte de récession serait de limiter, voire même de stopper, tout investissement, de réduire ses stocks, préserver son cash avec des conséquences souvent dramatiques sur les embauches et la préservation de l’emploi. De l’autre côté, le réflexe du salariat (privé et fonctionnaire) serait de limiter sa consommation et d’augmenter son épargne de précaution.

Ainsi, les deux moteurs de l’économie de marché se trouvent à l’arrêt (l’investissement et la consommation) et sans intervention massive et urgente de l’Etat-nation, le système tout entier s’effondre. C’est la logique froide du fonctionnement d’une économie. Ceux qui pensent que pendant cette crise, il faut réduire les investissements publics et l’endettement n’ont rien compris à rien, ils sont toujours dans la logique de la gestion d’une entreprise et non d’une économie nationale. 

 

  1. 2.    Retour sur la situation tunisienne post-révolution

L’évolution des principaux indicateurs macro-économiques de 2010 à 2018 (dernier rapport annuel de la Banque Centrale de Tunisie publié) montre :

  • Une augmentation de la dette extérieure de 100% et de la dette intérieure de 26%. Le taux d’endettement est passé ainsi de 40% du PIB en 2010 à 77% du PIB en 2018
  • Une baisse des investissements de 25% durant cette période passant de 24.5 % du PIB en 2010 à 18.5% PIB en 2018
  • Une chute de l’épargne nationale de 60% passant de 21.5% en 2010 à 9% PIB en 2018
  • Un taux de chômage toujours élevé aux alentours de 15% avec un taux de chômage des diplômés toujours élevé se situant aux alentours de 28%
  • Une pression fiscale en hausse de 3 points pour passer de 20% du PIB en 2010 à 23% en 2018

A cela, s’ajoutent les disparités régionales qui sont toujours d’actualité, malgré toutes les incitations fiscales et financières.

Ces chiffres démontrent les limites du modèle de développement économique actuel.

La crise qui s’annonce exige de nous un changement radical de modèle de développement tourné en premier lieu vers un plan d’investissement public.

Sans investissement, il ne peut y avoir de croissance économique durable et de baisse du taux de chômage. Il appartient à l’Etat de prendre ses responsabilités.

 

  1. 3.    L’ébauche d’un programme de relance pour l’économie tunisienne.

Tout d’abord, après la fin de la crise sanitaire, il y aura certainement une conférence internationale entre les créanciers et les états-nations pour renégocier, restructurer, voire même effacer une partie de la dette des Etats-nations. Le gouvernement tunisien doit travailler dès maintenant sur un dossier de restructuration de sa dette. Ce genre de dossier nécessite des compétences très fines et un appui diplomatique auprès des puissances régionales et des créanciers. Attendre la fin de la crise pour commencer à travailler sur ce volet serait trop tard.

Par ailleurs, le gouvernement doit travailler sur un plan de relance ambitieux et volontariste couplé avec des réformes de lutte contre le marché parallèle et l’accélération de la transformation digitale de l’administration.

La restructuration de la dette aura tout son sens en la couplant avec un programme d’investissement majeur.

 

  1. 4.    L’investissement public

En temps de crise, la relance passe avant tout par l’investissement public. Un plan minimum de 10 milliards de dollars, soit environ 29 milliards de dinars tunisiens, doit être mis en œuvre. Cette somme représente 25% du PIB et fera doubler le budget d’investissement annuel de l’Etat pour les 4 prochaines années 2021-2025. Ces investissements publics vont avoir un effet multiplicateur entrainant les investissements privés dans leur sillage.

  • Création d’une nouvelle ville au centre de la Tunisie

Pour désenclaver une partie de la Tunisie, il faut opter pour la décentralisation. Cette décentralisation passe par la création d’une nouvelle ville au centre de la Tunisie. Elle trouverait refuge sur le tracé de la nouvelle autoroute Tunis-Jelma-Gafsa où elle devrait être connectée à Kairouan, Kasserine, Sidi Bouzid et Siliana et à équidistance de grandes villes (100 km de Sousse, 200 Km de Tunis, Sfax et Gafsa). Elle aurait l’ambition de devenir la capitale économique de la région et administrative de la Tunisie

La présidence de la République, le gouvernement, le Parlement, les ministères, les sièges des banques publiques, et des entreprises publiques seront décentralisés dans cette nouvelle ville.

La ville sera dotée d’un campus universitaire, avec des pépinières d’entreprises, des incubateurs de projets et d’une zone industrielle. Un centre hospitalo-universitaire, et une faculté de médecine, un pôle technologique trouveront résidence dans la nouvelle ville. 

L’environnement sera une priorité avec un transport public et des pistes cyclables. Les habitations devront côtoyer les administrations, les résidences universitaires devront se situer au sein du campus universitaire. La zone industrielle, le pôle technologique, l’incubateur de projet et le campus universitaire devraient travailler en totale harmonie. 

Les habitations de 3 catégories (haut standing, moyen standing et populaire) seront conçues dans les mêmes quartiers, il n’y aura pas de zone par catégorie sociale comme ce fut le cas dans les constructions des 50 dernières années, aucune place ne sera laissée à la prolifération des bidons-villes.

Les habitations seront en hauteurs et écologiques (équipées en photovoltaïques), les boulevards et avenues seront conçus de sorte à libérer de l’espace pour les parcs, activités sportives, etc…

Cette nouvelle cité, sera un moteur de croissance nationale. Imaginez tous les projets d’investissement à édifier, les chantiers de construction, les infrastructures à établir. Elle générera des centaines de milliers d’emploi directs et indirects pour ces régions dont le taux de chômage est le plus élevé en Tunisie.

Les villes avoisinantes profiteront indirectement de cette nouvelle capitale et principalement Siliana, Sidi Bouzid, Kasserine et Kairouan.

Ce projet de création de nouvelle ville entre 2021 et 2025 s’accompagnerait de :

  • L’accélération de l’édification du Port Enfidha
  • L’accélération de la construction de la première partie de l’autoroute Tunis-Gafsa
  • Un programme de numérisation totale des services pour sortir une fois pour toute de la bureaucratie.
  • Des réformes fiscales (imposition du patrimoine immobilier, un impôt sur le foncier non bâti, lutte contre la fraude fiscale)

 

Il faut sortir des mentalités des années 80. Nous avons besoin de programmes à taille humaine et réactifs qui privilégient les circuits courts et l’environnement. Pour tous ces projets, la transparence doit être la règle, que ce soit au niveau de l’attribution de marchés ou des conditions de financement. Il faut privilégier les entreprises tunisiennes, faire en sorte de créer des filières industrielles nouvelles dans le photovoltaïque, l’agriculture... Les nouvelles filières seront protégées par des barrières douanières.

  • Le financement
  • Budget de l’Etat à hauteur de 10 milliards de dollars (25% PIB environ) sur 4 ans : Doublement du budget d’investissement actuel pour passer de 7 à 14 milliards de dinars par an. Vu la limite du budget de l’Etat, les ressources proviendraient de prêts extérieurs (programme de conversion des dettes, organismes internationaux, prêts bilatéraux) et intérieurs (prêts nationaux, montée du taux d’endettement intérieur en aménageant les conditions actuelles)
  • Vente du parc foncier de Tunis, une fois les déménagements susmentionnés effectués.
  • Coopération avec les capitaux privés qui souhaitent s’associer aux projets (PPE).

L’augmentation du niveau de l’endettement de 30 milliards de dinars correspondra à l’accroissement de l’endettement de ces dernières années, mais ces investissements vont permettre de créer les conditions d’une croissance durable et respectueuse de l’environnement.

 

5.    En guise de conclusion

 Nous devons préparer cet après-crise. Nos principaux partenaires économiques sont parmi les plus touchés et nous serons lourdement impactés. Cependant, il ne faut pas céder au fatalisme et à la morosité. Un programme cohérent d’investissements publics efficient et efficace pourrait créer les conditions de la réussite. Les incitations fiscales et les vœux chimères par le développement par le capital privé ont montré leurs limites. Il est temps de planifier et d’exécuter un programme d’investissement public.

Un dernier point et qui n’est pas des moindres. L’État doit se poser avec gravité la question de l’accompagnement des plus démunis qui seront les plus touchés par cette crise. Nous devons trouver un équilibre qui permettra l’émergence d’un revenu citoyen pour chaque Tunisien dans le besoin, tout en veillant à ce que ces aides ne deviennent pas une trappe à l’inactivité. La numérisation, l’identifiant unique, la réforme de la caisse de compensation permettront de cibler efficacement cette population. 

 

 

Walid Hasni Docteur en économie

Taoufik Moussa, Expert-comptable

13/04/2020 | 18:45
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Commentaires
Zohra
@TAOUFIK
a posté le 14-04-2020 à 16:05
Monsieur super analyse et propositions, le problème comme toujours en Tunisie est le tiraillement politique et l'absence totale d'union malgré la gravité de la situation.

Monsieur, malgré que je suis sceptique de ces gens aux gouvernements, je vous souhaite de tout coeur de l'écoute et de la solidarité. Car la réussite c'est du tous ensemble. Il y a de quoi faire

Bon courage
Jamel MAAZOUN
Tribune Walid HASNI et Taoufik MOUSSA
a posté le 14-04-2020 à 15:39
Une nouvelle ville ? ? Y déplacer le grand Tunis ?
Oui 10 Mds de dollars dans de gros investissements dans la santé , l'éducation,l'infrastructure routière , les énergies renouvelables , le soutien massif des entreprises, (Répartition des projets en fonction des besoins et opportunités) pourront être la locomotive.
Mondher
Idée audacieuse et pertinente, mais...
a posté le 14-04-2020 à 15:17
Ce projet mettra trop de temps à se réaliser (mise à disposition du foncier et expropriation, rédaction du cahier des charges, sélection du modèle de contrat (PPP, concession, .... ).
Il faut d'autres projets en parallèle de cette envergure, et qui vont occuper le plus de monde possible pour réduire la marginalisation et le chômage...
Taoufik
@Zohra
a posté le 14-04-2020 à 15:11
Tout à fait, c'est ce que nous essayons d'étayer en ce début d'article. Et c'est pour cela que nous demandons à ce que la réponse de l'Etat soit à la hauteur de cette crise sans précédent pour la Tunisie
Zohra
Il y a des gens qui doutent
a posté le 14-04-2020 à 14:18
De la crise économique, d'ailleurs ce n'est même pas une crise mais un effondrement sans précédent. 3 milliards de personnes a l'arrêt pendant deux mois ou plus. Des dinosaures d'entreprises mondiales à l'arrêt. Plus d'avions, plus de bateaux, plus de trains, plus de bus, plus de voitures, plus de restaurants, plus de cafés, ect...
Tout est l'arrêt.
D'ailleurs quel beau spectacle, plus de pollution, le ciel est clair on voit les étoiles magnifique.

Allah yoster
Taoufik
@DHEJ
a posté le 14-04-2020 à 13:16
Le constat est que le moteur de la croissance par la consommation sera à l'arrêt, compte tenu de la perte de pouvoir d'achat des ménages. comme vous l'avez précisé le relancer, comme ce fut le cas, en 2012 avec le programme Go&stop, conduira inévitablement à un déficit de la balance de paiements et inflation ( comme ce fut le cas ces dernières années).
Reproduire les mêmes mesures conduira forcément aux mêmes résultats ( attendre un résultat différent est un danger dixit keynes).
La relance de la croissance par l'Investissement, profitera aux 4 régions cités, et bien plus entrainera une activité économique supplémentaires et du travail dans ces régions. Mais bien sûr, augmentera l'endettement, qui sera assumé en cette période de crise et qu'il faut négocier avec les partenaires étrangers de la Tunisie, particulièrement que depuis 2011, au moins, le G7, G20 parle de plan Marshall pour la Tunisie, particulièrement qu'aujourd'hui les institutions internationales parlent de Renégociation/annulation/conversion de dettes pour les pays émergents et l'Afrique.
Oui, l'endettement augmentera, comme il a augmenté entre 2011 et 2020 et il continuera d'augmenter pour les prochaines années compte tenu de la crise. Je préfère que l'?tat emprunte pour Investir pour les 5-10-20 prochaines années, ces investissements créeront des emplois ( secteur du BTP, métiers connexes, etc) que des mesurettes de soutiens artificiels de pouvoirs d'achats et voir nos Entreprises faire faillite faute de marché, ou de soutien réel. Avons-nous aux conséquences sur le secteur du tourisme cet été...
DHEJ
TAOUFIK ne m'a pas compris
a posté le 14-04-2020 à 11:20
Quelle relance pour quels maux?

C'est bien dans l'article que je lis : moteur de croissance sont

La consommation et l'investissement !


Alors consommation du produit local ou celui importé ?

Où est est-ce la consommation à l'international pour dire export ?

Or la Tunisie souffre de 2 maux majeurs :

Balance de paiement et balance commerciale.

Pour dire investir alors en Tunisie où a l'étranger pour booster nos exportations ?

4 pays

La Chine avec des barrières draconiennes pour limiter l'accès à son marché en omposant un visa difficile à avoir et une fois en chine, liberté individuelle restreinte !

La Russie idem

L'Italie alors problème de visa

Et la Turquie....

Pour me demander où sont les solutions aux maux de la Tunisie dans ce programme de relance?

CHDOULA
SOYONS SERIEUX SVP !!!!!!!!
a posté le 14-04-2020 à 08:55
Ce programme est ambitieux , mais il ne verra jamais le jour , il faut être réaliste sans être trop pessimiste . les personnes compétentes , expertes et patriotes ont quitté la Tunisie depuis belle lurette et les experts et génies qui sont restés dans tous les domaines font de l'a peu près et chacun pense à sa pomme mais surement pas aux intérêts du pays ! Ce n'est pas une ville nouvelle qu'il faudrait , mais un pays nouveau , il faut tout raser et reconstruire à nouveau ! Il est trop tard mais il est toujours permis de rêver !
Lol
Dans le meilleur des monde
a posté le 14-04-2020 à 08:33
Ces idées pourraient marcher dans le meilleur des mondes mais on ne vit pas dans ce monde.
Comme tous les projets qu'on nous présente on parle très peu du financement. Comment mobiliser de telles ressources en période de crise mondiale?
On ne parle pas non plus de la capacité de l'?tat a lancer des projets pharaoniques qu'on a jamais pu lancer en temps de paix sociale.
Bref, il n'y a que des mesures coûteuses qui reviennent a mettre tous les oeufs dans le même panier et aucune explication sur la capacité de notre pays quasiment en faillite a les exécuter et les financer.
Taoufik
@ Professeur de droit
a posté le 14-04-2020 à 01:20
Professeur,

Pour l'export, n'avons pas besoin d'infrastructure et notamment portuaire, n'avons pas atteint la limite de la politique des 50 dernières années ou tout est concentré au littoral avec l'exode provoqué des régions interieurs et la saturation de la capital Tunis.
Depuis 14 ans, nous parlons du port en eau profonde, il m'a semblé que la société a été créée et l'emplacement de nouveau confirmé après la révolution. La zone logistique existe et l'aéroport est fonctionnel depuis 9 ans. Peut être que ce n'est pas l'emplacement idéale, qu'allons nous faire, attendre encore 14 ans.....
N'est il pas temps de revoir l'aménagement de nos ville côtière dont Tunis, combien d'habitants dans 10- 20 ans, quel aménagement alors que nous avons détruit tant de zones agricoles ( Sokra, borj touil) et de parcs notamment Nahli avec ennasr 1.2.3 bientôt 4.
N'est il pas temps de s'occuper des régions interieurs, prenez les 4 gouvernorats cités dans l'article, n'ont ils pas le droit à un CHU, à un développement économique, à l'installation d'usine notamment pour l'export. Avec le digital, pouvons nous penser à s'éloigner de Tunis....
Ce n'est pas un projet de grattes ciel, mais d'un minimum pour ces régions, Hôpital, campus universitaire....En plus une fois que l'Etat aurait édifié les premiers édifices, le privé suivra....
En tout cas, on reste ouvert pour toute idée d'élargissement pour ce débat d'idée
'?conomiqueur
Merci
a posté le 14-04-2020 à 00:53
Super analyse. Merci de mettre un peu de sens et de clarté dans ce flou ambiant. Votre programme est ambitieux pour une Tunisie qui le mérite. C'est grâce à des Hommes comme vous que le pays s'en sortira. N'écoutez pas les critiques debiles des aigris qui pensent détenir toutes les vérités et qui avancent des sornettes (notamment sur le port en eaux profondes et une pseudo étude de GS qui prendrait que c'est à bizarre qu l'OL faut le faire- tous les partenaires économiques de la tunisie disent que ça doit être à proximité d'un aéroport internationale, le bon sens le dit, mais un inscrit veut nous soutenir le contraire. Ensuite il parle du marché européen qui est serait salut quand même les chinois à 15 000 km ont compris que c'était vers l'Afrique qu'il faut se tourner)
DHEJ
Le m'as-tu vu?
a posté le 13-04-2020 à 21:23
Du bluff !

Les mecs parlent de deux monteurs de croissance

La consommation et l'investissement chic!

Alors je dis consommation BALANCE COMMERCIALE D'?FICITAIRE , et investissement augmenter le nombre de diplomates à Pékin voire ouvrir 3 consulats !
Taoufik
@Mouna
a posté le 13-04-2020 à 21:19
Comme écrit, ce programme serait dans le cadre d'une restructuration de la dette extérieur, qui est demandé en cette période de crise. L'Etat doit prendre ces responsabilités...
Professeur de droit
Aux deux auteurs de l'article
a posté le 13-04-2020 à 21:09
Messieurs,
vous etes certainement des personnes bien formées, mais sans expérience pratique de la vision que les grands investisseurs internationaux ont de la région.
Permettez à un modeste conseiller des grandes firmes internationales, de par son expérience, de vous signaler les trois péchés capitaux de votre projet :
1- L'orientation stratégique du projet :
La Tunisie émergente (de l'époque) a fait fortune dans l'intégration au marché mondial, via son industrie orientée export, en profitant de sa position géographique " dans les faubourgs" du premier marché solvable du monde : L'espace européen.
Penser la relance de la Tunisie, dans des circonstances aussi difficiles, sans un projet AVANT TOUT concentré vers ce trésor, revient à une plaisanterie, qui aurait fait rire, si la situation n'était pas aussi dramatique.

2- Le port d'Enfidha
D'où tenez-vous que le port d'Enfidha est un projet viable? Apprenez, pour l'histoire, que les premiers investisseurs US qui ont proposé ce projet à la Tunisie ( Le constructeur Bechtel et la puissante banque Goldman Sachs) , avait souhaité réaliser, avec leurs propres fonds, un port en eaux profonde...à Bizerte ! Seul site réellement concurrentiel ( eh oui ! Notez qu'il y a une concurrence féroce, entre grands ports en méditerrannée !). C'est la betise régionaliste des dirigeants tunisiens, qui a déplacé le site du projet à Enfidha, lequel ne répond nullement (en position géographique, comme en bathymétrie) aux normes souhaitables, pour assurer une exploitation rentable aux investisseurs.
Le groupement d'investisseurs est parti dégouté et, depuis près de 15 ans, le Gouvernement tunisien, aveugle qui ne veut pas voir, ne remarque pas que PERSONNE ne vient solliciter Enfidha, et que tous les appels à manifestation d'intéret essayés ont résonné dans le vide...
Et que, pendant cette traversée de désert du projet tunisien, dans la meme zone d'impact, les plus grands investisseurs du monde sont venus à Malta OT3 (Malte), Pirée 2 (grèce), Haifa 2 (Israel), Port-Said (Egypte), et surtout Tanger med 1,2 et 3 (Maroc).
Et, pendant ce temps, la Tunisie, le pire des aveugles, continue de ne pas voir...En 2012, mes collègues juristes de la banque Goldman Sachs m'ont prédit " A notre avis, le carcan régionaliste est tel, en Tunisie, que ce pays s'accrochera à son illusion jusqu' au retour de la paix en Libye, et à la construction des ports en eaux profondes à Tobrouk et à Benghazi, puis finalement à Al Hamdanya (Algérie).
Ce jour-là, plus personne ne voudra investir dans un port, dans la région, meme si on revenait sur Bizerte...

3- La nouvelle ville, au centre.
Ca résonne bien à l'oreille, mais dans les 50 dernières années, à ma connaissance, seuls les grands producteurs de pétrole ont essayé pareille aventure, qui demande plus de 100 milliards USD, dans des travaux qui ne rapportent pas de l'argent directement.
Ce sont les Etats qui ne vivent pas des impots de leurs citoyens, qui se risquent dans des tels gouffres financiers, ou l'Egypte de Sissi, qui fait du chantage sécuritaire aux riches pays du Golfe, qui paient à sa place. Avant d'imiter des voisins, soyez bien certains de savoir de quelles armes, ils disposent.
Finalement, il me semble que le sujet était beaucoup trop sérieux, pour le bricoler à deux. La prochaine fois, élargissez (beaucoup, beaucoup...) le cercle.
MB
Je suis pantois
a posté le 13-04-2020 à 21:01
Economiste et Expert Comptable dites vous? Mas vous vivez chez les bisounours ou quoi?
Bjadkom ta7kiw yekhi?
Mouna
@Dr. Walid Hasni && Mr. Taoufik Moussa
a posté le 13-04-2020 à 19:56
votre programme est très ambitieux, mais dites nous plutôt/d'abord comment nourrir notre peuple le temps de vaincre corona.

Dr. Jamel Tazarki nous donne une réponse très réaliste:
"Nos agriculteurs sont là pour nous nourrir,
oui la compagne doit continuer à travailler, les slogans comme 'restez chez vous', 'ne sortez que pour faire les courses' et 'pratiquez le télétravail' ne font aucun sens pour nos paysans ==> oui, les vaches doivent être traites, les légumes récoltés, les semis plantés et il faut seulement garantir à nos paysans et agriculteurs des points de vente. Oui, il faut aménager des espaces en plein air qui respectent les consignes de distanciation...

Il faut rassurer les Tunisiens que la nature est en pleine forme et ne souffre pas de Corona, et que les tomates et les piments arrivent en très grandes quantités avec le mois de mai et de Juin...

Il faut seulement garantir une logistique fonctionnant afin de distribuer dans tous les coins de la république.

Que la Tunisie enregistre une récession de 3,8% ou de 4,3% en 2020 intéresse très peu le Tunisien qui veut manger à sa faim...

@Mr.Kais Saied: prière d'encourager s.v.p. nos paysans et nos agriculteurs afin qu'ils puissent nourrir les Tunisiens, et pour cela il faut encourager la production agricole des aliments de base. Il faut renoncer à certaines cultures au profit de la pomme de terre afin que les tunisiens puissent manger à leur faim tout en ayant une nourriture saine.

Première priorité de la Tunisie en cette période très difficile est de fournir les engrais, la semence et le matériel agricole à nos agriculteurs et paysans afin qu'ils puissent cultiver la terre et nourrir les Tunisiens."

voir le lien :
https://www.businessnews.com.tn/hakim-ben-hammouda--la-tunisie-enregistrera-une-recession-de-38-et-un-omage-de-188,520,97440,3