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L’outrage fait à Abir Moussi
Par Synda Tajine
29/10/2019 | 15:59
3 min
L’outrage fait à Abir Moussi

 

Contrairement aux autres chefs de partis représentés au nouveau parlement, Abir Moussi refuse toujours de rencontrer Kaïs Saïed, président élu de la République.

Le chef de l’Etat a beau s’être entretenu avec son ancien adversaire à la présidentielle, les chefs de partis qui le soutiennent et d’autres qui l’exècrent, une seule personne n’a pas souhaité répondre présente. Il s’agit de l’indomptable présidente du parti destourien libre, Abir Moussi.

 

Dans une missive adressée hier à Kaïs Saïed, Abir Moussi explique que l’invitation qu’elle a reçue était prématurée étant donné que le président élu n’a pas encore mis en application les décisions qu’il avait annoncées et consacré les principes qui étaient les siens. Moussi regrette également le fait que le locataire du palais de Carthage n’ait pas encore officiellement annoncé les noms des membres de sa future équipe. Elle exprime, ainsi, la crainte de voir « les Frères musulmans, les intégristes, les incompétents et les anarchistes » nommés au sein de cette équipe. Plus encore, Abir Moussi insiste pour que soient respectés les « fondements d’un Etat indépendant, l’histoire et les symboles du pays avec à leur tête le leader Habib Bourguiba, père de la pensée moderniste centriste et éclairée et émancipateur de la femme tunisienne ». Des symboles qu’elle dit vouloir protéger…comme si elle en avait l’apanage.

 

Kaïs Saïed est en poste depuis le 23 octobre. Soit très exactement une semaine. Un laps de temps trop court pour juger de ses accomplissements, de son respect des principes auxquels il se dit attaché et pour prouver quoi que ce soit à ses partisans comme à ses détracteurs. Pour l’instant, l’homme reste exagérément prudent et refuse même de dévoiler les noms de ceux qui feront son équipe. Un excès de prudence qui pourrait lui porter préjudice.

Alors qu’il reçoit des personnalités nationales et internationales depuis une semaine, Kaïs Saïed refuse toujours de dire qui est qui et continue de bafouer le protocole et les usages sans s’en offusquer outre-mesure. Un chef de cabinet (Abderraouf Betbaieb) qui n’en est pas un, officiellement. Un conseiller diplomatique (Tarak Bettaieb) qui n’en est pas un officiellement non plus et qui est, pour l’instant, l’ambassadeur de Tunisie à Téhéran (Iran). Cherchez l’erreur.

 

Mais au-delà de l’affront diplomatique à Khemaïes Jhinaoui, ministre des Affaires étrangères, encore en exercice mais récemment zappé du tableau, Abir Moussi préfère extrapoler et faire croire qu’elle est plus royaliste que le roi.

Aucun des Mohsen Marzouk, Nabil Karoui, Mohamed Abbou, Selim Azzabi, Ali Hafsi, Yassine Ayari, Seif Eddine Makhlouf, Rached Ghannouchi et les autres n’ont formulé la moindre objection à rencontrer le président élu. Certains d’entre eux sont d’anciens concurrents dans la course à Carthage et tous ont joué le jeu et répondu présents à son invitation en tant que chefs de partis. Seule Abir Moussi se démarque. S’agit-il d’une position de principe extrémiste ou la réaction d’une mauvaise perdante qui refuse de serrer la main à son adversaire d’hier ? Sans doute un peu des deux.

 

La présidente du parti destourien libre entame cette nouvelle ère politique – appelons là comme ça – en affichant peu de considération aux institutions de l’Etat mais aussi aux règles du jeu démocratique. Ceux qui ont affirmé vouloir se placer du côté de l’opposition, ont de leur côté accepté de faire honneur aux convenances. Pas Abir Moussi. Elle continue, comme elle l’a fait auparavant, à jouer en solo et à refuser de faire preuve de mesure en abordant des comportements tout simplement contreproductifs.

Juger Kaïs Saïed une semaine après son investiture et décider de ne pas serrer la main du président de la République élu sous prétexte que les grands principes énoncés lors de son discours du 23 octobre n’ont pas été respectés frise le ridicule. Que cherche à prouver Abir Moussi ? Rien, ne si ce n’est qu’elle n’a elle-même rien à offrir de plus, pour l’instant, que des positions puériles.

« Le vrai test pour Kaïs Saïed sera la composition de son nouveau cabinet », a déclaré Abir Moussi. Si Kaïs Saïed n’a visiblement pas eu le temps de faire ses preuves, Abir Moussi, elle, a incontestablement raté sa première…

 

Par Synda Tajine
29/10/2019 | 15:59
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Commentaires (32)

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Malahi
| 03-11-2019 14:08
Non madame ne pas aller à la soupe, c'est respecté les électeurs et en démocratie il faut accepter la différence de faire partie de ceux qui attendent des postes ou bien de continuer avec courage de refuser toutes les alliances, le président rencontre de "ELKARAMa" et Tous les autres c'est son choix et c'est le droit de ABIR MOUSSI de faire alliance avec ces divers obscurantistes! ..

Maxula
| 02-11-2019 02:19
Certains commentaires ont cru judicieux de faire remarquer à S.T. que le titre ne correspondait pas à l'article !
Sauf que la bizarrerie apparente du titre est, non seulement voulue mais elle a eu l'effet escompté, c'est à dire, faire hurler les vierges effarouchées qui s'attendaient à une charge anti-KS ou pro-virago !
Cela porte le doux nom d'antiphrase.(*)
Une figure de style bien connue des linguistes.
Maxula.
(*) Larousse : "manière de s'exprimer consistant à faire usage, par ironie ou euphémisme, d'un mot ou d'un groupe de mots signifiant le contraire de ce que l'on pense".

Maxula
| 02-11-2019 01:44
"une semaine après avoir été intronisé, il ne consent toujours pas à lever le voile sur l'identité de ses collaborateurs"

"Une semaine !"
Autant dire un siècle !
Et qu'est-ce qui obligerait KS à se précipiter pour satisfaire ses détracteurs qui ne se privent pas de donner dans le dénigrement systématique et "les" procès d'intention, alors même que le nouveau gouvernement tarde, plus qu'à son tour, d'être esquissé sur le papier; que YC est encore à la Kasbah, et que le gouvernement de celui-ci expédie les affaire courantes ?
Sauf peut-être à confondre vitesse et précipitation !
Et ce serait là vraiment la marque du béotien dans toute sa splendeur !
Maxula.

Maxula
| 02-11-2019 01:24
Article plutôt lucide, et qui fait tache dans le paysage médiatique plein d'a priori hostiles à KS, à l'image de BN et de ses différents rédacteurs. A commencer par le grand manitou !
Disons que Synda Tajine(*) est en l'occurrence, l'exception qui confirme la règle. Et rassure plutôt quant à l'intelligence, pour ne pas dire l'honnêteté intellectuelle de certains journalistes, trop peu nombreux, hélas !

Mention spéciale à "Tounsi | 30-10-2019 11:31", qui a tout dit et bien dit ! Bravo !

Maxula.
(*) Même si elle va vite en besogne quand elle écrit : "Kaïs Saïed refuse toujours de dire qui est qui et continue de bafouer le protocole et les usages sans s'en offusquer outre-mesure."

khlifa
| 01-11-2019 21:13
insolente et manque de respect au peuple tunisien.
ancienne leche botte de ben ali et du rcd pour ramasser
et pour ouvrir son cabinet aux speculations du fric.
comme laabidi,boukhari,ahmadi,ben youssef.abdallah....
devenus ministre et ambassadeurs et riches par la kwada
les draps,la salive,la tamaa,le colportage,des vendus.
fini ben ali le trafiquant pour toujours et ben salha nage..
celui qui a offert un local a son parti est elu.
voir l'exemple type se zaghouan.
si elle est d'accord pour voir le president,il faut
lui couper court le chemin et l'envoyer balader.

Chokri
| 31-10-2019 14:45
L'outrage est fait à Kais Saïed et non à Abir Moussi, souvent vos articles prennent des « aises » avec le Français, les contresens, une tendance devenue naturelle en Tunisie.

Mohamed 1
| 30-10-2019 16:08
Dommage Mme Synda. Pour cette fois je vous trouve à côté de la plaque
J'espère qu'un jour on comprendra que s'abstenir est un message politique démocratique et non un affront.
Il persiste encore en nous des réminiscences de la déification du Président intégrée dans notre inconscient par le passé.
Ne pas répondre aux souhaits du président n'est pas un "outrage", en démocratie, mais juste un message politique pressant. En parler avec lui en audience aura moins d'impact sur le Président. La réputation de loyauté, de droiture et d'honnêteté précédant le Président devraient aisément lui faire comprendre la raison de ce faux-bond.

pit
| 30-10-2019 15:00
Nous ne savons absolument rien des intentions de ce président atypique. Donc, un ou deux rounds d'observation, comme le font les boxeurs, ne ferons de mal à personne...les lécheurs de bottes se sont précipités pour baiser la main de celui qui causera peut-être leur perte...libre à eux...2 y ont déjà laissés leurs plumes pour des motifs, somme toute assez rocambolesques, comme disait Chirac!

citoyen
| 30-10-2019 13:43
Article nul avec comme seul souci de dire du mal de Abir Moussi.
Je précise que je n'ai pas voté pour elle.

Tounsi
| 30-10-2019 11:31
Cet article est tout à fait pertinent.
Moussi ne joue pas le jeu démocratique et nous rappelle les heures sombres de la dictature.
Elle remet en cause les résultats du second tour avec comme argument "les bureaux de vote étaient vides et on veut nous faire croire que 4 millions d'électeurs se sont déplacés ?"
Elle refuse de féliciter et de rencontrer le président élu pour des pretextes futiles.
Abir Moussi ne croit pas à la démocratie sauf quand elle lui permet de vaincre.
En fait elle est toujours dans la mentalité de Ben Ali et des mensonges permanents.
Cette position lui donne un certain succès auprès des vieux nostalgiques de Ben Ali et du semblant d'ordre qui régnait à l'époque. Mais à force de pousser le bouchon trop loin elle risque de se ridiculiser.
Par ailleurs, elle parie et souhaite un échec du futur gouvernement et du nouveau président qui lui permettra de se présenter comme celle qui avait raison.
Comme tous les extrémistes, elle préfère la ruine du pays à la réussite de ses adversaires.