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Chroniques
La Constitution, occasion idoine pour se donner en spectacle ?!
12/01/2014 | 1
min
La Constitution, occasion idoine pour se donner en spectacle ?!
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Par Sofiene Ben Hamida

Les dernières séances de l’ANC, consacrées à la discussion et l’adoption de la nouvelle constitution ont connu une recrudescence de la tension entre les députés. Des querelles, des rixes et des prises de bec multiples ont eu lieu entre les députés pour des raisons parfois futiles.

Par moments, les Tunisiens qui suivaient les séances de l’ANC en direct étaient à deux doigts d’assister à des séances de pugilat. Ces scènes désolantes montrent que certains élus ne méritent pas de se trouver sous l’hémicycle, qu’ils occupent leurs sièges actuels par accident, grâce à des mécanismes et à des circonstances particulières qui ont précédé la campagne électorale en 2011. Mais ces scènes de tension ne sont ni inquiétantes, ni inattendues.

En effet, plusieurs indices poussent à croire que ces moments de tension ne sont pas inquiétants. D’abord, parce que les personnes impliquées sont toujours les mêmes et heureusement, elles ne sont pas nombreuses. Les Tunisiens commencent à s’habituer aux écarts de langage et de comportement de certains de leurs députés comme ils se sont habitués à d’autres réactions caricaturales de la part d’autres députés qui, eux aussi, Dieu merci, ne sont pas nombreux. Quant à la majorité des députés de l’ANC, même si on peut leur adresser d’autres reproches, ils gardent dans l’ensemble une attitude respectueuse des lieux et assument leur statut de représentants du peuple.

D’un autre côté, il faut saluer le calme de la présidence de l’ANC qui avait été à plusieurs reprises une source de tension mais qui a gagné en maturité et a œuvré souvent à décrisper l’ambiance et à calmer les esprits. Parfois, le président de séance, se trouve même dans l’obligation de suspendre les débats. Mais ce n’est jamais pour longtemps et la reprise se fait généralement dans le calme.
Il faut avouer aussi que le fait que les séances à l’ANC soient retransmises en direct par la télévision nationale y est pour quelque chose dans ces tensions. Certains élus profitent, en effet, de ce moment de communion avec le peuple pour faire leurs shows et se donner en spectacle. C’est leur manière de communiquer et de faire leur autopromotion auprès de leurs électeurs. Ceci n’est pas spécifique à la Tunisie. Tous les parlements, même dans les pays les plus démocratiques, connaissent des séances plénières houleuses en présence du public et des caméras alors que les rapports entre les députés de tous bords au sein des commissions de travail parlementaires sont cordiaux et fraternels.

Ces moments de tension étaient aussi, attendus et inévitables. L’ANC est composée, il ne faut pas l’oublier, de députés représentants de tendances diverses qui défendent des positions idéologiques, politiques et parfois tactiques opposées. Au fil des 26 mois derniers, et compte tenu des crises répétées vécues par le pays, des manœuvres politiques des uns et des autres, des alliances politiques constantes ou éphémères, les rapports entre les élus de l’ANC se sont détériorés. Après l’assassinat de Mohamed Brahmi et le sit-in du Bardo, la rupture été consommée entre les députés de la troïka et ceux de l’opposition qui ne s’adressaient même plus la parole sauf pour se chamailler et s’injurier donnant aux Tunisiens une piètre image de leur classe politique dans son ensemble.

Le dialogue national, engagé sous la direction du quartette, a permis le retour des représentants de l’opposition à l’hémicycle. Il a même permis de réactiver la commission du consensus qui a certes accompli un travail énorme qui permet aujourd’hui une discussion rapide et sans trop de problèmes des articles de la nouvelle constitution et accélère leur adoption. Mais cette commission ne dispose pas d’une baguette magique pour estamper l’animosité accumulée durant des mois entre les députés. En politique, les citrouilles se transforment rarement, sinon jamais, en carrosses et les crapauds en princes charmants, même si des prestidigitateurs ne se lassent jamais de tenter de nous jouer des tours, nous prendre pour des lapereaux blancs, nous faire avaler des couleuvres et nous miroiter le paradis quand nous vivons l’enfer.
12/01/2014 | 1
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