Prêts depuis juillet 2011, les résultats de l’enquête nationale sur la violence à l’égard des femmes, ont été rendus publics aujourd’hui, lors d’un séminaire organisé par l’Office National de la Famille et de la Population (ONFP) principal auteur de ce travail.
C’est la première véritable enquête populationnelle qui est réalisée sur ce sujet encore tabou. Le mérite revient à la lutte qu’ont menée les femmes tunisiennes dès les années 90, en particulier l’association des femmes démocrates et, pour rendre à César ce qui appartient à César, les femmes de l’Union Nationale de la Femme Tunisienne. Par la suite et dans le cadre du projet « Equité de Genre et Prévention de la Violence en Tunisie », le flambeau a été repris par l’ONFP, grâce à la coopération de l’Agence Espagnole de Coopération Internationale et de Développement.

Nous apprenons donc que presque une femme sur deux est violentée au cours de sa vie (47,1% en milieu urbain et 48,7% en milieu rural). La palme de la violence revient à la région du Sud-Ouest où 72,2% des femmes sont victimes de violence. Elles sont moins exposées quand elles vivent au Centre-Est où la prévalence de la violence est la plus basse, 35,9%.
Plus les femmes sont instruites moins elles sont victimes de violence mais dans des proportions très peu significatives : 49,5% quand elles sont analphabètes et 41,66% quand elles ont fait des études supérieures. Quant à l’auteur des violences, il s’agit d’abord du partenaire intime, responsable dans 47,2% des cas de violences physiques, 68,5% des violences psychologiques, 78,2% des violences sexuelles et 77,9% des violences économiques. Au deuxième rang des auteurs des violences faites aux femmes on retrouve la famille qui s’y met dans 43% des cas de violences physiques, 22,1% des violences économiques et 16,7% des violences psychologiques.

Les femmes sont également l’objet de violences dans l’espace public y compris au travail. Dans ce registre on note que les violences sexuelles sont importantes et concernent 21,3% des cas de violences subies par les femmes en dehors de chez elles. La violence psychologique et la violence physique menacent également les femmes en dehors de la sphère familiale ou conjugale. Elles contribuent respectivement à 14,8% et 9,8% des cas de violences subies dans ce contexte.